Insee Analyses OccitanieInactivité et chômage des jeunes : un éloignement de l’emploi à plusieurs facettes

Magali Flachère, Laurent Frénois (Insee), Estelle Kesseler, Dominique Terré (Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale)

Quelque 200 000 jeunes Occitans de 16 à 29 ans, non scolarisés, se déclarent inactifs ou au chômage en 2017. C’est un jeune sur cinq qui se trouve ainsi éloigné de l’emploi dans la région, voire un jeune sur trois dans certaines zones d’emploi du pourtour méditerranéen. Alterner emploi, chômage ou inactivité n’est pas rare au sein de cette population et les parcours sont propres à chacun. Mais de grands profils émergent. Ceux, tout d’abord, de jeunes chômeurs en grande difficulté : très jeunes « décrocheurs », par exemple, ayant quitté précocement le système scolaire, ou moins jeunes mais avec une faible qualification et qui n’ont pas trouvé d’emploi depuis au moins un an. Les jeunes chômeurs diplômés du supérieur à la recherche de leur premier contrat sont, eux, dans une situation a priori plus favorable. Chez les inactifs, les mères au foyer, globalement peu qualifiées, constituent un public particulièrement fragile.

La crise économique actuelle expose les jeunes à des risques accrus d’inactivité ou de chômage, compte tenu des secteurs dans lesquels ils travaillent.

Insee Analyses Occitanie
No 99
Paru le :Paru le15/12/2020
Magali Flachère, Laurent Frénois (Insee), Estelle Kesseler, Dominique Terré (Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale)
Insee Analyses Occitanie No 99- Décembre 2020

Cet Insee Analyses fait partie d'un ensemble de travaux annuels sur la précarité publiés par l'Insee Occitanie.

Entrer dans la vie active une fois son diplôme en poche, tel est le parcours souhaité par la grande majorité des jeunes élèves ou étudiants. Cette période de prise d’indépendance s’accompagne fréquemment d’un départ du foyer parental, d’une mise en couple, voire de l’arrivée d’enfants. Si pour certains, la transition s’effectue sans heurts, l’étape se révèle plus complexe pour d’autres : sortie précoce du système scolaire sans ou avec peu de qualification, alternance de périodes d’emploi et de chômage ou d’inactivité. Choisi ou subi, l’éloignement de l’emploi peut également s’avérer provisoire ou plus durable. Repérer et identifier dans quelles circonstances les jeunes s’éloignent de l’emploi et se retrouvent inactifs ou au chômage (méthodologie) est essentiel pour que les politiques publiques de lutte contre le décrochage scolaire et la précarité sur le marché du travail puissent prendre en compte la diversité des situations.

De nombreux jeunes inactifs ou au chômage dans la région

Parmi les jeunes de 16 à 29 ans qui vivent en Occitanie, 200 100 se déclarent inactifs non scolarisés ou au chômage en 2017. Ils représentent 22 % de cette classe d’âge dans la région, deux points de plus qu’en France métropolitaine (figure 1). L’Occitanie se place ainsi juste derrière les Hauts-de-France, la Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur, trois régions dans lesquelles 23 à 25 % des jeunes sont éloignés de l’emploi.

Figure 11 jeune sur 5 se déclare inactif non scolarisé ou au chômageRépartition des 16-29 ans selon leur situation face à l’emploi en Occitanie en 2017

1 jeune sur 5 se déclare inactif non scolarisé ou au chômage - Lecture : en Occitanie, 137 900 jeunes de 16 à 29 ans se déclarent au chômage. Ils représentent 15,0 % des 16-29 ans dans la région et 13,7 % en France métropolitaine.
Nombre en Occitanie Part parmi les 16-29 ans
En Occitanie (%) En France métropolitaine (%)
Ensemble des jeunes de 16 à 29 ans 916 100 /// ///
Actifs 534 200 58,3 60,7
dont actifs en emploi 396 300 43,3 47,0
dont chômeurs 137 900 15,0 13,7
Inactifs 381 900 41,7 39,3
dont élèves, étudiants ou stagiaires 319 700 34,9 33,1
dont femmes ou hommes au foyer 15 800 1,7 1,7
dont autres inactifs 46 400 5,1 4,5
Ensemble des jeunes inactifs non scolarisés ou au chômage 200 100 21,8 19,9
  • Lecture : en Occitanie, 137 900 jeunes de 16 à 29 ans se déclarent au chômage. Ils représentent 15,0 % des 16-29 ans dans la région et 13,7 % en France métropolitaine.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Figure 11 jeune sur 5 se déclare inactif non scolarisé ou au chômageRépartition des 16-29 ans selon leur situation face à l’emploi en Occitanie en 2017

  • Lecture : en Occitanie, 137 900 jeunes de 16 à 29 ans se déclarent au chômage. Ils représentent 15,0 % des 16-29 ans dans la région et 13,7 % en France métropolitaine.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Bien que la scolarité ne soit obligatoire que jusqu’à 16 ans, les jeunes restent en grande majorité dans le système éducatif jusqu’à 18 ans et le quittent ensuite plus ou moins rapidement, en fonction de leurs parcours d’études. Très faible entre 16 et 18 ans, le risque d’être inactif non scolarisé ou au chômage s’accroît donc avec l’âge. À 16 ans, 6 % des jeunes sont dans cette situation ; à 25 ans, 28 % le sont. Le risque se réduit ensuite légèrement, mais 25 % des jeunes restent encore éloignés de l’emploi à 29 ans (figure 2). Ce phénomène touche autant les femmes que les hommes. Pour autant, elles atteignent un pic d’inactivité et de chômage à 27 ans, soit cinq ans plus tard que les hommes. Deux éléments expliquent en partie cet écart. Les femmes sont de manière générale plus souvent diplômées du supérieur : leur entrée sur le marché du travail et leur éventuel passage par un épisode de chômage sont alors plus tardifs. En parallèle, la part des jeunes au foyer s’accroît de manière significative à partir de 23 ans, or les jeunes femmes sont là les principales concernées.

Figure 2Les hommes atteignent un pic d’inactivité et de chômage à 22 ans, soit 5 ans plus tôt que les femmesPart des inactifs et des chômeurs par sexe et âge en Occitanie en 2017

Les hommes atteignent un pic d’inactivité et de chômage à 22 ans, soit 5 ans plus tôt que les femmes - Lecture : les hommes atteignent un maximum de 26,1 % d’inactivité et de chômage à 22 ans. En particulier, 19,7 % d’entre eux se déclarent chômeurs, 6,2 % autres inactifs et 0,2 % au foyer. Chez les femmes, ce pic est atteint à 27 ans, avec 30,7 % d’inactives ou chômeuses. En particulier, 18,9 % d’entre elles se déclarent chômeuses, 6,5 % au foyer et 5,3 % autres inactives.
Age révolu (années) Hommes Femmes
Chômeurs Inactifs au foyer Autres inactifs (hors retraités) Chômeurs Inactifs au foyer Autres inactifs (hors retraités)
14 0,1 0,0 4,3 0,1 0,1 4,2
15 0,3 0,1 3,7 0,2 0,2 3,1
16 1,6 0,1 4,5 1,3 0,2 3,3
17 4,0 0,0 4,1 3,0 0,5 3,6
18 11,8 0,0 5,3 10,2 0,8 3,9
19 16,2 0,1 5,1 14,2 1,2 3,8
20 18,5 0,1 5,7 16,3 1,7 4,3
21 19,7 0,0 5,8 15,6 2,5 4,7
22 19,7 0,2 6,2 17,9 2,9 4,5
23 20,0 0,1 6,0 18,7 3,8 5,2
24 19,5 0,1 6,2 19,6 4,1 5,0
25 18,6 0,2 6,7 19,7 4,6 5,4
26 18,4 0,2 5,6 19,1 5,7 5,4
27 16,8 0,1 5,5 18,9 6,5 5,3
28 15,7 0,2 5,7 18,0 6,8 5,0
29 15,6 0,2 5,3 17,8 6,8 5,2
30 15,2 0,2 5,1 15,9 7,7 5,1
31 13,8 0,2 4,9 16,5 7,9 4,7
32 14,0 0,3 5,0 16,1 7,1 5,3
33 12,9 0,2 4,7 14,9 7,9 5,2
34 12,6 0,2 5,0 14,7 7,6 4,8
35 12,0 0,3 5,1 14,2 7,4 5,0
36 12,1 0,2 5,3 13,3 6,6 4,9
37 11,3 0,2 5,4 13,4 6,9 5,3
38 11,5 0,3 4,9 13,4 7,1 4,9
39 11,2 0,3 5,1 12,5 6,5 5,1
40 10,5 0,3 5,4 12,5 6,1 4,9
41 10,0 0,4 5,6 12,1 6,2 4,6
42 10,3 0,2 5,3 11,0 6,3 5,0
43 10,0 0,5 5,8 11,1 5,8 4,9
44 9,5 0,3 5,5 11,2 5,9 5,3
45 9,7 0,3 6,0 10,9 5,9 5,6
46 9,8 0,3 6,3 10,3 5,1 5,9
47 8,9 0,4 6,8 10,3 5,5 6,0
48 9,6 0,2 6,6 10,9 6,0 6,3
49 8,8 0,3 6,9 10,4 6,2 6,1
50 9,4 0,4 7,9 10,3 5,9 6,7
51 8,4 0,3 8,3 9,4 6,6 7,2
52 8,6 0,4 7,9 9,3 6,7 7,7
53 8,6 0,3 8,3 9,0 7,6 8,0
54 8,6 0,4 8,8 9,0 7,5 9,0
55 8,6 0,4 8,7 8,7 8,3 9,3
56 8,2 0,2 9,0 8,3 9,1 9,7
57 8,3 0,4 10,0 8,0 10,0 10,5
58 8,4 0,4 10,4 7,8 10,0 10,9
59 9,8 0,5 11,1 8,9 10,7 12,0
60 8,1 0,4 10,7 8,9 10,6 11,0
61 6,8 0,3 8,3 6,6 9,3 9,2
62 3,1 0,2 3,5 2,9 7,8 4,1
63 2,5 0,2 2,8 2,8 6,7 3,2
64 1,7 0,2 2,4 1,9 6,8 3,3
65 1,0 0,2 1,4 1,0 3,7 1,6
  • Lecture : les hommes atteignent un maximum de 26,1 % d’inactivité et de chômage à 22 ans. En particulier, 19,7 % d’entre eux se déclarent chômeurs, 6,2 % autres inactifs et 0,2 % au foyer. Chez les femmes, ce pic est atteint à 27 ans, avec 30,7 % d’inactives ou chômeuses. En particulier, 18,9 % d’entre elles se déclarent chômeuses, 6,5 % au foyer et 5,3 % autres inactives.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Figure 2Les hommes atteignent un pic d’inactivité et de chômage à 22 ans, soit 5 ans plus tôt que les femmesPart des inactifs et des chômeurs par sexe et âge en Occitanie en 2017

  • Lecture : les hommes atteignent un maximum de 26,1 % d’inactivité et de chômage à 22 ans. En particulier, 19,7 % d’entre eux se déclarent chômeurs, 6,2 % autres inactifs et 0,2 % au foyer. Chez les femmes, ce pic est atteint à 27 ans, avec 30,7 % d’inactives ou chômeuses. En particulier, 18,9 % d’entre elles se déclarent chômeuses, 6,5 % au foyer et 5,3 % autres inactives.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Comme ailleurs, le chômage est bien plus fréquent que l’inactivité. Les jeunes chômeurs représentent ainsi 15 % des 16-29 ans et les inactifs 7 %. Mais les jeunes sont plus souvent éloignés de l’emploi dans la région avant tout en raison de la prégnance du chômage : avec 1,3 point de plus que sur l’ensemble de la France métropolitaine, l’Occitanie est la deuxième région où la part de jeunes chômeurs est la plus élevée. En revanche, les jeunes inactifs non scolarisés sont en proportion, aussi nombreux qu’en France métropolitaine.

Malgré un emploi dynamique, les zones d’emploi du littoral méditerranéen restent globalement plus touchées par la précarité, avec notamment une forte saisonnalité de l’économie touristique, et des taux de chômage et de pauvreté parmi les plus élevés de France. Dans les zones d’Agde-Pézenas, Perpignan, Béziers et Narbonne, les jeunes sont alors davantage confrontés au chômage et à l’inactivité : jusqu’à 32 % des 16-29 ans y sont éloignés de l’emploi (figure complémentaire 1). Dans la zone d’emploi de Béziers, les inactifs non scolarisés représentent à eux seuls 12 % des jeunes.

Les situations de ces jeunes éloignés de l’emploi sont diverses car elles renvoient à des parcours individuels. Néanmoins, de grands profils émergent : parmi les jeunes au chômage d’une part et parmi les jeunes inactifs d’autre part.

Quatre grands profils identifiés chez les jeunes chômeurs

Chez les hommes comme chez les femmes, les jeunes chômeurs deviennent nettement plus nombreux à compter de 18 ans, jusqu’à atteindre un pic aux alentours de 24 ans : ils représentent alors 20 % des jeunes de cet âge. Puis les entrées plus fréquentes sur le marché du travail font diminuer cette part à 17 % pour les 29 ans.

Sur la base de l’âge, mais surtout du niveau de qualification, quatre grands profils types de jeunes chômeurs émergent.

Le profil le plus courant concerne un quart des jeunes chômeurs (figure 3). Ces 35 400 jeunes sont peu diplômés et s’éloignent de l’emploi. Âgés de 22 ans ou plus, ils ont quitté le système scolaire avant le baccalauréat et depuis plusieurs années, ce qui limite leurs chances de reprendre leurs études. Ils ont déjà travaillé, mais quatre sur dix recherchent un emploi depuis au moins un an, contre trois sur dix pour l’ensemble des chômeurs de 16 à 29 ans. Les jeunes de ce profil sont également plus souvent parents (34 % ont des enfants contre 17 % pour l’ensemble des jeunes chômeurs). Les contraintes horaires induites par cette parentalité touchent les femmes mais aussi les hommes qui sont sur-représentés parmi ces jeunes chômeurs.

Deuxième profil le plus fréquent, 29 300 jeunes nouvellement diplômés du supérieur sont à la recherche d’un premier emploi (21 % des jeunes au chômage). Leur situation apparaît plus confortable. La grande majorité d’entre eux sont en quête d’un contrat depuis moins d’un an et n’ont pas de contrainte d’emploi du temps liée à la naissance d’un enfant. Par ailleurs, ce profil concerne un peu plus fréquemment les femmes que les hommes, celles-ci étant plus nombreuses dans les parcours d’études longs.

Troisième profil, quelque 21 200 jeunes entre 16 et 19 ans ayant quitté l’école, se caractérisant surtout par leur jeunesse et leur renoncement à poursuivre leurs études (15 % des jeunes au chômage). Qu’ils soient bacheliers, titulaires d’un CAP ou, quatre fois sur dix, « décrocheurs » ayant quitté prématurément le système scolaire, leur recherche d’emploi est récente et la plupart vivent encore chez leurs parents. Les hommes sont plus nombreux que les femmes au sein de ce groupe.

Enfin, le parcours est plus atypique pour les 17 000 bacheliers professionnels en cours d’insertion (12 % des jeunes chômeurs). Ces jeunes de 20 à 29 ans ayant suivi un cycle d’études court, leur sortie du système scolaire date de quelques années. La grande majorité d’entre eux a déjà travaillé et est en recherche d’emploi depuis moins d’un an. Généralement, ils acquièrent les compétences professionnelles nécessaires à un emploi durable via plusieurs contrats courts, qu’ils alternent donc avec des périodes de chômage de courte durée.

À ces quatre profils, s’ajoutent 35 000 jeunes chômeurs qui présentent une grande diversité de situations individuelles, pour lesquels aucun profil type ne se dégage.

Figure 3Six grands profils de jeunes inactifs ou chômeursCaractéristiques des profils de jeunes chômeurs ou inactifs en Occitanie en 2017 (en %)

Six grands profils de jeunes inactifs ou chômeurs - Lecture : parmi les jeunes chômeurs « Peu diplômés s’éloignant de l’emploi », 39 % recherchent un emploi depuis un an ou plus.
Profils des jeunes chômeurs Profils des jeunes inactifs
Peu diplômés s’éloignant de l’emploi Nouvellement diplômés du supérieur à la recherche d’un premier emploi Renonçant à poursuivre leurs études Bacheliers professionnels en cours d’insertion Au foyer avec enfants Au foyer sans enfants
Sexe
Féminin 44 56 44 50 98 92
Tranche d’âge
16-19 ans 0 0 100 0 4 16
20-21 ans 0 8 0 29 7 17
22-24 ans 36 34 0 33 21 24
25-29 ans 64 58 0 38 68 43
Dernier diplôme obtenu
Sans diplôme, brevet des collèges ou CAP - BEP 100 0 64 0 70 68
Baccalauréat général ou technologique 0 0 21 0 11 12
Baccalauréat professionnel 0 0 14 100 8 7
Diplôme de l'enseignement supérieur 0 100 1 0 11 13
Situation sur le marché du travail
N’a jamais travaillé 0 16 54 14 45 56
Recherche d’emploi
Recherche depuis un an ou plus 39 18 19 29 // //
Situation familiale
Vit chez ses parents 30 38 76 47 0 18
Vit seul(e) 31 33 19 25 23 45
Vit en couple 39 29 5 28 77 37
Parentalité
A un ou plusieurs enfant(s) 34 7 1 17 100 0
  • Lecture : parmi les jeunes chômeurs « Peu diplômés s’éloignant de l’emploi », 39 % recherchent un emploi depuis un an ou plus.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Des jeunes inactifs deux fois plus nombreux à 29 ans qu’à 16 ans

Lorsqu’ils ne sont pas chômeurs, les jeunes non scolarisés éloignés de l’emploi se déclarent inactifs.

L’inactivité des jeunes croît de manière continue avec l’âge : de 4 % à 16 ans, elle atteint 9 % à 29 ans. Ceci peut refléter l’arrivée du (ou des) premier(s) enfant(s) qui conduit certains à retarder leur entrée dans la vie active, par nécessité ou par choix. Pour d’autres, cela peut être le signe d’un abandon progressif de la recherche d’emploi, qui fait basculer de la catégorie des chômeurs à celle des inactifs.

Tout comme les jeunes chômeurs, les jeunes inactifs ont de multiples visages. Pour 2 % des 16-29 ans, l’inactivité signifie être homme ou femme au foyer.

Une jeune mère au foyer sur deux a déjà travaillé

Être au foyer est avant tout une affaire de femmes (97 %), et surtout une affaire de mères puisque 8 femmes au foyer sur 10 ont des enfants. Chez celles-ci, l’arrivée d’un enfant semble souvent coïncider avec l’arrêt de leur activité, plus de la moitié déclarant avoir déjà travaillé. Bien que les jeunes mères au foyer vivent majoritairement en couple, un quart d’entre elles élèvent seules leurs enfants. Très peu se trouvent dans des conditions favorables à une reprise d’activité : la plupart n’ont pas le baccalauréat et 11 % seulement sont diplômées du supérieur.

Pour 2 jeunes femmes sur 10, être au foyer ne rime pas avec enfants. Comme les jeunes mères, elles sont peu nombreuses à avoir poursuivi leurs études au-delà du baccalauréat, et la moitié d’entre elles a déjà exercé une activité professionnelle. Leur situation traduit une volonté d’insertion rapide sur le marché du travail, mais aussi un possible découragement devant les difficultés pour accéder à un emploi stable. Ces jeunes femmes au foyer sans enfants se distinguent en revanche des mères par leur relative jeunesse, et le fait qu’elles vivent aussi souvent seules qu’en couple.

Des profils divers pour les autres inactifs

Pour les 46 400 jeunes qui ne se déclarent pas au foyer mais dans une autre situation d’inactivité (5 % des 16-29 ans), les profils sont extrêmement variables. En effet, certains peuvent faire une pause dans leurs études ou avant d’entrer dans la vie active, quand d’autres peuvent se sentir découragés par le marché du travail. D’autres encore peuvent se retrouver dans l’incapacité de travailler, notamment pour des raisons de santé ou de handicap, ou de situations particulières comme la détention. Globalement, un tiers de ces jeunes inactifs ne sont pas ou peu diplômés et n’ont jamais travaillé. Au contraire, un quart a au moins le baccalauréat et a déjà travaillé.

Les jeunes inactifs ou au chômage cumulent souvent d’autres fragilités

Parmi les 16-29 ans inactifs non scolarisés ou au chômage, 45 % sont exposés à une certaine fragilité professionnelle : ils n’ont pas le baccalauréat ou ils recherchent un emploi depuis au moins un an (méthodologie). Mais s’éloigner de l’emploi ne résulte pas uniquement d’un parcours individuel. La présence de parents ou conjoints en mesure de soutenir l’insertion professionnelle des jeunes a ici son importance, et vivre dans un milieu familial précaire s’avère être un facteur associé à l’inactivité ou au chômage. En effet, plus souvent que les autres jeunes, les inactifs ou chômeurs se retrouvent à la tête d’une famille monoparentale ou vivent avec des parents ou un conjoint ayant eux-mêmes des difficultés d’insertion sur le marché du travail. Cette situation de fragilité familiale concerne 54 % des jeunes inactifs ou au chômage, soit 21 points de plus que les jeunes en emploi ou en études. Les plus précaires (28 %) cumulent ces fragilités familiale et professionnelle (figure complémentaire 5). Cette situation est particulièrement répandue chez les jeunes au foyer.

Encadré 1 - Être peu diplômé, immigré ou parent majore le risque d’être inactif ou au chômage

Les difficultés rencontrées par les jeunes sont ici illustrées par une modélisation du fait d’être inactif ou au chômage par rapport aux jeunes élèves, étudiants ou actifs (méthodologie). Le diplôme joue un rôle décisif dans l’insertion sur le marché du travail, mais son importance varie fortement en fonction de l’âge.

Entre 16 et 20 ans, être peu diplômé est logiquement la norme, puisque la plupart des jeunes sont encore dans un parcours d’études. Avec l’âge, l’absence de diplôme s’avère bien plus problématique. Entre 21 et 24 ans notamment, ne pas être diplômé multiplie par 4,9 les risques d’être inactif ou au chômage par rapport à un bachelier de l’enseignement général. Les jeunes passant par l’enseignement professionnel ont en revanche un profil particulier. Ils font le choix d’un cycle d’études court, synonyme d’une sortie du système scolaire plus précoce que dans l’enseignement général. Souvent en recherche de plusieurs expériences professionnelles via des contrats à durée déterminée, ils s’insèrent progressivement sur le marché du travail en connaissant des épisodes de chômage de courte durée ou d’inactivité. Ainsi entre 16 et 20 ans, le détenteur d’un CAP-BEP ou d’un baccalauréat professionnel a 2,6 fois plus de risques d’être inactif ou au chômage que le détenteur d’un baccalauréat général. Avec l’âge et l’expérience acquise, ce risque diminue jusqu’à être équivalent à celui du bachelier général.

Un cycle d’études long est en revanche un facteur favorable : entre 25 et 29 ans, avoir un diplôme de l’enseignement supérieur multiplie par 1,7 les chances d’être en emploi ou encore en études.

De manière générale, la présence d’un enfant met nettement en retrait du marché du travail ou des études, que ce soit de manière volontaire ou non : les jeunes parents voient ainsi leur risque de s’éloigner de l’emploi ou des études multiplié par 2. Le jeune qui est a de son côté 1,8 fois plus de risques d’être inactif ou chômeur que celui qui ne l’est pas. Enfin, le contexte économique de la zone d’emploi de résidence joue également, mais dans une moindre mesure. Les jeunes vivant dans une zone d’emploi avec un chômage très prégnant ont 1,5 fois plus de risques de s’éloigner de l’emploi.

Encadré 2 - L’activité des jeunes particulièrement fragilisée par la crise liée à la Covid-19

Une fois le monde des études quitté et dans l’attente d’un emploi durable, les jeunes alternent fréquemment périodes d’activité et de chômage. La pandémie de la Covid-19 et la crise économique qui s’ensuit ont considérablement ébranlé l’emploi des 16-29 ans. En particulier, les professions qui ont été mises à l’arrêt lors du confinement de mars à mai 2020 sont bien souvent occupées par de jeunes actifs : c’est le cas notamment dans l’hôtellerie et la restauration, le sport et l’animation ou les arts et la culture, qui offrent des métiers dits de « début de carrière ».

Ainsi en Occitanie, les jeunes représentent 27 % des effectifs dans ces professions mises à l’arrêt pendant le confinement, contre seulement 18 % des actifs dans l’ensemble de l’économie régionale.

De plus, autre facteur de fragilité, 35 % de ces jeunes actifs sont sous contrat précaire (CDD, intérim, etc.), essentiellement dans le secteur de la restauration (serveurs, commis, garçons de café, etc.) ou du sport (moniteurs et éducateurs sportifs, sportifs professionnels). À cela s’ajoute le travail à temps partiel, courant (38 %), surtout dans la restauration où il concerne plus de la moitié des jeunes actifs.

Sans possibilité de travail à distance, ils sont exposés à des risques élevés de perte d’emploi dus à la crise. Entre avril et septembre 2020, le nombre de jeunes à Pôle emploi est nettement supérieur aux années précédentes (figure 4). Dans la région, entre mars et septembre 2020, les DEFM de 16 à 29 ans s’accroissent de 8,2 %, contre + 4,2 % pour l’ensemble des DEFM.

Figure 4En 2020, la crise sanitaire génère une forte progression du nombre de jeunes demandeurs d’emploiÉvolution du nombre de demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois (DEFM) de catégories A, B et C en Occitanie

En 2020, la crise sanitaire génère une forte progression du nombre de jeunes demandeurs d’emploi
2018 2019 2020
janvier 163 345 161 682 151 638
février 159 700 158 550 148 300
mars 155 843 155 638 151 579
avril 151 834 151 204 156 762
mai 149 790 148 284 157 165
juin 145 701 145 520 155 465
juillet 150 753 149 347 157 550
août 156 329 151 581 160 844
septembre 161 509 155 518 163 940
octobre 163 674 157 148 ///
novembre 161 430 153 635 ///
décembre 159 687 151 394 ///
  • Source : Pôle emploi, données brutes en fin de mois

Figure 4En 2020, la crise sanitaire génère une forte progression du nombre de jeunes demandeurs d’emploiÉvolution du nombre de demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois (DEFM) de catégories A, B et C en Occitanie

  • Source : Pôle emploi, données brutes en fin de mois

Pour comprendre

Méthodologie

Dans cette étude, les jeunes inactifs ou au chômage de 16 à 29 ans ne sont ni « actifs ayant un emploi », ni « élèves, étudiants, stagiaires » selon leur déclaration au recensement de la population. Ils ne correspondent pas exactement aux « NEET », qui sont les personnes ni en emploi, ni en études, ni en formation, définis au niveau national grâce à l’enquête Emploi (pour en savoir plus). En effet, le recensement ne permet ni de repérer certaines personnes en formation (parfois déclarées inactives ou au chômage), ni de définir le chômage au sens du Bureau international du travail. Cependant, il permet des études à des niveaux géographiques fins, au contraire de l’enquête Emploi.

Une zone d'emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Les zones d’emploi ont été redéfinies en 2020.

Un jeune est considéré exposé à une fragilité professionnelle lorsqu’il est au chômage depuis au moins un an ou lorsqu’il détient au maximum un brevet des collèges.

Un jeune connaît une situation de fragilité familiale :

- s’il est à la tête d’une famille monoparentale ;

- s’il vit en couple et que son conjoint a un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat ou une situation instable sur le marché du travail (CDD, intérim, apprenti, chômeur, étudiant ou inactif) ;

- s’il vit chez ses parents et que ses parents ont un diplôme inférieur au baccalauréat ou une situation instable sur le marché du travail (CDD, intérim, apprenti, chômeur, étudiant ou inactif).

La modélisation du fait d’être inactif ou au chômage prend la forme d’un modèle logit calculé pour l’ensemble des 16-29 ans. Il permet d’isoler les effets du niveau de diplôme, de l’âge, du sexe, du niveau du taux de chômage de la zone d’emploi de résidence, du mode de cohabitation, du fait d’être parent ou non, immigré ou non et dans une situation de fragilité familiale ou non.

Définitions

Est considérée comme immigrée toute personne résidant en France, née à l’étranger et n’ayant pas la nationalité française à la naissance. Un immigré peut être de nationalité étrangère ou de nationalité française s’il l’a acquise ultérieurement.

DEFM de catégories A, B et C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi (catégorie A) ou ayant exercé une activité réduite (catégories B et C).

Pour en savoir plus