Bourgogne-Franche-Comté : un jeune de 6 à 18 ans sur cinq ne pouvait pas accéder à un bon haut débit fixe chez lui au début de l’année scolaire 2019‑2020

Face à la pandémie de Covid-19, des mesures de confinement ont été prises dans différents pays pour tenter d'endiguer la propagation du virus. En France, les écoles, les collèges, les lycées ont ainsi été fermés dès le lundi 16 mars 2020. Afin d’assurer la continuité pédagogique, la classe virtuelle, principalement via l’Espace numérique de travail (ENT) et par mail, est devenue la règle. Or, tous les logements ne bénéficient pas encore d’une bonne couverture fixe, ce qui a pu contribuer à creuser les inégalités scolaires.

Un bon haut débit (≥ 8 Mbit/s) est pourtant nécessaire pour naviguer sur internet de manière fluide, de passer des appels via le web, ou encore de télécharger une vidéo dans une qualité optimale. Le très haut débit (≥ 30 Mbit/s) assure en outre une stabilité de connexion, des transferts instantanés de fichiers ou encore un usage simultané optimal. Dans un contexte de confinement général, il permet donc d’assurer une qualité de connexion indispensable pour toute une famille, entre les besoins générés par le télétravail, l’enseignement à distance et les loisirs numériques.

En Bourgogne-Franche-Comté, 75 000 jeunes en âge d’être scolarisés du primaire au lycée n’avaient pas de couverture en bon haut débit fixe chez eux au 1^er octobre 2020, soit un jeune sur cinq. En parallèle, près de 143 000 jeunes, soit un peu moins de quatre sur dix, bénéficiaient d’une couverture fixe très haut débit.

Parmi les jeunes privés d’une couverture en bon haut débit ou en très haut débit, 40 % sont en primaire, 34 % au collège et 26 % au lycée, reflet de la structure du système éducatif au niveau de la région.

Le déploiement des technologies de l’Internet fixe, essentiellement filaires, est plus coûteux et donc plus long à mettre en œuvre dans les zones où l'habitat est dispersé. Ainsi, les jeunes de 6 à 18 ans les plus mal lotis en couverture fixe résident généralement dans des territoires ruraux. C’est le cas pour 65 % des jeunes ne bénéficiant pas d’un bon haut débit et de 57 % des jeunes exclus du très haut débit.

Dans le Jura, la Haute-Saône et la Saône-et-Loire, plus de 25 % des jeunes sont privés d’une couverture en bon haut débit fixe contre 6 % dans le Territoire de Belfort et 12 % dans le Doubs, plus densément peuplés (figure 1).

C’est d’ailleurs dans ces deux seuls départements de la région que les jeunes sont majoritaires à disposer d’une couverture en très haut débit.

La Saône-et-Loire concentre à elle seule 30 % des jeunes de 6 à 18 ans n’ayant pas de couverture en bon haut débit. Ceux vivant dans les communautés de communes de Marcigny, du Canton de Semur-en-Brionnais, de Clayette Chauffailles-en-Brionnais et de Saint-Cyr Mère Boitier sont en proportion les plus exclus de ce niveau de couverture (figure 2).

À l’inverse, les jeunes bénéficiant d’une couverture avec les meilleurs débits fixes se concentrent dans les zones les plus denses de la région, notamment dans Dijon Métropole mais aussi dans le Doubs, en particulier le long de la frontière suisse, où le très haut débit est davantage développé grâce à la fibre optique (figure 3). En effet, ce département a pris une avance considérable dans le déploiement de cette technologie : au 1^er avril 2020, 56 % de ses locaux y étaient raccordés jusqu’à l'abonné contre 31 % au niveau régional. Seule la communauté de communes des Portes du Haut Doubs est en marge de cette tendance : le déploiement de la fibre optique se faisant prioritairement aux entreprises, aux établissements de santé et aux administrations, la montée en puissance auprès des habitants aura lieu en 2022-2023.

Enfin, malgré leur ruralité, les intercommunalités de Haute-Saône font plutôt figures d’exception avec une moindre proportion de jeunes exclus du très haut débit fixe qu’à l’ouest et au sud de la région.

Les jeunes en âge d’être scolarisés du primaire au lycée qui résident dans un territoire ne disposant pas d’une couverture minimale de 8 Mbit/s vivent plus souvent dans une famille traditionnelle ou recomposée que ceux bénéficiant d’une couverture dépassant les 30 Mbit/s. En effet, ces familles résident davantage en maison, souvent en périphérie des villes ou à la campagne où la couverture numérique peut être moins bonne. À l’inverse, suite à un divorce ou une séparation, le niveau de vie baissant, les familles monoparentales se rapprochent généralement des villes, mieux couvertes, pour occuper des logements plus petits et moins onéreux. Ainsi, 26 % des jeunes entre 6 et 18 ans vivant dans une famille traditionnelle ou recomposée résident en ville-centre contre 41 % pour ceux vivant dans une famille monoparentale.

Les jeunes de 6 à 18 ans les plus désavantagés en couverture fixe vivent moins souvent dans une famille défavorisée que ceux bénéficiant d’une bonne couverture. En effet, la couverture fixe est meilleure dans les zones les plus denses, or dans ces zones, qui concentrent la majorité de la population, le taux de pauvreté apparaît plus important. En Bourgogne-Franche-Comté, il est près de deux fois plus élevé que celui des banlieues et que celui des communes rurales.

Dans la région, les familles des jeunes n’ayant pas de couverture en bon haut débit ont, en moyenne, un revenu supérieur d’environ 370 € à celui des familles accédant au très haut débit. Au niveau départemental, les écarts sont encore plus importants, hormis en Côte-d’Or et dans le Doubs qui échappent au constat régional. Dans la première, l’agglomération de Dijon, la mieux couverte en internet fixe, concentre les emplois les plus qualifiés et les mieux rémunérés. Dans le second, outre l’effet de Besançon, la bande frontalière, particulièrement bien couverte en très haut débit fixe, concentre des travailleurs frontaliers qui ont des salaires élevés.