Une économie régionale convalescente Note de conjoncture régionale – 2ᵉ trimestre 2020
Sous l’effet de la crise économique, les pertes d’emploi se poursuivent au deuxième trimestre en Nouvelle-Aquitaine. La baisse de l’emploi salarié est plus marquée dans la fonction publique que dans le secteur privé. Seul l’emploi intérimaire se redresse, mais ce rebond de 36 % ne compense pas la chute du trimestre précédent. Le recours à l’activité partielle recule nettement pour atteindre en juin 6 % des salariés du secteur privé. Dans un contexte économique incertain, les offres d’emploi sont en forte baisse alors que, dans le même temps, le nombre de demandeurs d’emploi augmente. Suite au déconfinement, l’activité économique redémarre de façon différenciée selon les secteurs. Ainsi, la fréquentation touristique déficitaire au deuxième trimestre engendre un début de saison très difficile dans l’hôtellerie-restauration.
- La baisse de l’emploi se propage au secteur public
- Seul l’emploi intérimaire se redresse après sa chute inédite
- Dégradation de l’emploi : recul des embauches
- La hausse des demandeurs d’emploi révélatrice de la détérioration du marché du travail
- Vers une reprise progressive de l’activité générale avec des disparités selon les secteurs
- Mais un deuxième trimestre qui reste marqué par l’ampleur de la chute
- Début de saison d’été très difficile pour les hôtels et restaurants de la région
- Encadré 1 - Contexte international – Une reprise progressive dans un contexte d’incertitudes
- Encadré 2 - Contexte national – La reprise entamée à la levée du confinement pourrait marquer le pas d’ici la fin de l’année
La baisse de l’emploi se propage au secteur public
Observé dans les 15 derniers jours du premier trimestre, l’impact économique de la crise sanitaire se traduit par la chute brutale de l’activité due au confinement. Au deuxième trimestre, la moitié de la période est concernée par des restrictions fortes de déplacements imposées à la population. L’emploi salarié continue de baisser de 0,6 % dans la région, soit une perte nette de 12 100 emplois, après – 1,9 % au trimestre précédent. Cette évolution est moins marquée qu’au niveau national (– 0,9 % après – 2 %).
Tout comme en France (hors Mayotte), ce trimestre se caractérise par une baisse plus importante dans le secteur public : en Nouvelle-Aquitaine, l’emploi de la fonction publique diminue de 0,8 % (– 4 000 emplois) et l’emploi salarié privé de 0,5 % (– 8 100 emplois). Au cours du trimestre précédent, l’emploi salarié s’est contracté essentiellement dans le secteur privé (– 2,5 % contre – 0,1 % dans le public). La fonction publique est donc elle aussi impactée par la crise sanitaire qui conduit les employeurs à restreindre le renouvellement de contrats à durée limitée (contractuels, vacataires, etc.).
Seul l’emploi intérimaire se redresse après sa chute inédite
À partir du 11 mai, l’assouplissement des restrictions permet à l’activité de redémarrer. Cependant, sur le marché de l’emploi, seul l’intérim bénéficie de cette reprise au second trimestre. Après une chute historique de 42 % au premier trimestre, l’emploi intérimaire rebondit de 36 % (+ 13 600 emplois) en Nouvelle-Aquitaine, la deuxième plus forte hausse derrière Provence-Alpes-Côte d’Azur, sensiblement supérieure à celle observée en France (+ 23 %). Le recours à l’intérim double dans la construction en Nouvelle-Aquitaine. Dans le secteur tertiaire, le rebond est de 25 %, et de 18 % dans l’industrie.
En revanche, l’emploi dans les services marchands continue de se détériorer dans la région (figure 1) : – 1,9 %, soit une perte de 16 400 emplois, après – 1,2 % au premier trimestre. La dégradation touche notamment l’hôtellerie-restauration dont les établissements n’ont été autorisés à réouvrir qu’à partir de début juin selon un protocole sanitaire strict. L’absence presque totale d’activité pendant la majeure partie du trimestre, l’ouverture sous restrictions et les appréhensions des consommateurs expliquent la diminution de 7 600 emplois, soit une baisse de 8,8 % après – 5,1 % au premier trimestre. Dans les « services aux ménages », la chute de l’emploi (– 2,8 %) est identique au trimestre précédent, tandis que les activités immobilières, jusque-là préservées, sont à leur tour impactées (– 1,2 %). Elle s’accentue aussi dans le transport : – 1 % après – 0,3 %.
tableauFigure 1 – La dégradation de l’emploi se poursuit dans le secteur marchand et atteint le tertiaire non marchandÉvolution de l'emploi salarié par secteur en Nouvelle-Aquitaine
Construction | Industrie | Tertiaire marchand hors intérim | Tertiaire non marchand | |
---|---|---|---|---|
T4 2010 | 100 | 100 | 100 | 100 |
T1 2011 | 99,91 | 99,86 | 100,3 | 100,22 |
T2 2011 | 99,58 | 100,1 | 100,64 | 100,31 |
T3 2011 | 99,35 | 100,03 | 100,79 | 100,13 |
T4 2011 | 99,06 | 99,78 | 100,64 | 100,38 |
T1 2012 | 99,01 | 99,7 | 100,84 | 100,44 |
T2 2012 | 98,52 | 99,34 | 100,75 | 100,7 |
T3 2012 | 98,37 | 99,34 | 100,65 | 101,03 |
T4 2012 | 98,2 | 99,42 | 100,7 | 101,49 |
T1 2013 | 97,5 | 99,13 | 100,78 | 101,52 |
T2 2013 | 96,77 | 98,78 | 100,33 | 101,9 |
T3 2013 | 96,59 | 98,62 | 100,59 | 102,36 |
T4 2013 | 96,07 | 98,62 | 100,77 | 103,05 |
T1 2014 | 95,85 | 98,33 | 100,76 | 103,12 |
T2 2014 | 95,17 | 98,05 | 100,98 | 103,38 |
T3 2014 | 94,09 | 97,99 | 100,84 | 103,53 |
T4 2014 | 92,89 | 97,66 | 101,02 | 103,62 |
T1 2015 | 91,85 | 97,56 | 101,05 | 103,49 |
T2 2015 | 91,22 | 97,32 | 101,21 | 103,66 |
T3 2015 | 90,6 | 97,06 | 101,54 | 103,59 |
T4 2015 | 90,52 | 97,05 | 101,72 | 103,76 |
T1 2016 | 90,17 | 96,85 | 102,12 | 104,03 |
T2 2016 | 90,25 | 96,67 | 102,47 | 104,15 |
T3 2016 | 90,35 | 96,6 | 102,83 | 104,46 |
T4 2016 | 90,18 | 96,42 | 103,02 | 104,47 |
T1 2017 | 90,41 | 96,24 | 103,76 | 104,55 |
T2 2017 | 90,76 | 96,29 | 104,22 | 104,55 |
T3 2017 | 90,94 | 96,47 | 104,82 | 104,39 |
T4 2017 | 91,53 | 96,92 | 105,31 | 104,27 |
T1 2018 | 92,2 | 96,97 | 105,76 | 104,22 |
T2 2018 | 92,41 | 97,22 | 106,13 | 104,05 |
T3 2018 | 92,65 | 97,48 | 106,33 | 103,94 |
T4 2018 | 93,35 | 97,8 | 106,84 | 104,25 |
T1 2019 | 94,22 | 98,22 | 107,44 | 104,27 |
T2 2019 | 94,6 | 98,37 | 107,69 | 104,31 |
T3 2019 | 95,04 | 98,44 | 107,83 | 104,31 |
T4 2019 | 95,68 | 98,47 | 108,53 | 104,25 |
T1 2020 | 95,62 | 98,4 | 107,23 | 104,1 |
T2 2020 | 95,72 | 97,47 | 105,22 | 103,32 |
- Notes : données CVS, en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
- Champ : emploi salarié total.
- Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.
graphiqueFigure 1 – Évolution de l'emploi salarié par secteur en Nouvelle-Aquitaine
L’emploi salarié dans les services principalement non marchands baisse de 0,7 % dans la région (chute de 5 200 emplois), notamment dans les établissements d’enseignement. La construction résiste toujours (+ 0,1 %) alors que le secteur industriel est touché (– 0,9 %). Le rythme de diminution d’emploi s’accentue dans l’agriculture (– 2,8 %), probablement en raison du manque de main-d’oeuvre, les saisonniers étrangers étant notamment freinés dans leurs déplacements.
Dégradation de l’emploi : recul des embauches
Dès le premier trimestre, l’emploi intérimaire absorbe instantanément la brutalité de la crise. Le dispositif exceptionnel d’indemnisation de l’activité partielle permet aux entreprises de retenir leur main-d’œuvre malgré la chute de l’activité économique : en avril, plus d’un quart des salariés néo-aquitains du secteur privé. Le recours à ce dispositif diminue progressivement les deux mois suivants, son usage se réduisant aux secteurs encore affectés par des restrictions sanitaires : 16 % des salariés sont encore en activité partielle en mai et 6 % en juin. Au total, de mars à juin, les salariés néo-aquitains cumulent plus de 100 millions d’heures d’activité partielle pour un montant d’indemnisation de 1 milliard d’euros. La Nouvelle-Aquitaine est la cinquième région pour le volume d’heures indemnisées consommées au deuxième trimestre, après l’Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Occitanie.
La Gironde, les Pyrénées-Atlantiques et la Charente-Maritime constituent les plus gros consommateurs d’heures indemnisées de la région (respectivement 33 %, 13 % et 10,5 %). De mars à juin, les secteurs du commerce et de l’hébergement-restauration utilisent le plus l’activité partielle, au niveau national comme au niveau régional.
Avec les conditions strictes de confinement et l’arrêt plus ou moins marqué des activités de production, la période est peu propice aux recrutements. Ainsi, au deuxième trimestre 2020, le nombre d’offres d’emploi collectées par Pôle emploi chute de 39 % en Nouvelle-Aquitaine, après – 17 % au premier trimestre (– 43,5 % et – 17 % au niveau national). Dans trois départements (Gironde, Dordogne, Pyrénées-Atlantiques), il diminue de plus de la moitié au deuxième trimestre comparé à la même période de l’année précédente. Corollairement, le nombre de déclarations d’embauche (hors intérim) de plus d’un mois chute de 36 % après une baisse de 5,6 % au premier trimestre, similaire aux évolutions nationales. La diminution des déclarations d’embauche en CDI (– 44 %) est plus marquée que celle des CDD de plus d’un mois (– 29 %) comme au niveau national. Les déclarations de CDD de moins d’un mois fléchissent de 48 % (– 57,5 % au niveau national).
La hausse des demandeurs d’emploi révélatrice de la détérioration du marché du travail
Le taux de chômage est de 6,8 % (7 % en France métropolitaine), en baisse de 0,3 % dans la région durant le deuxième trimestre, impacté jusqu’à début mai par les restrictions de sortie, l’arrêt de l’activité dans certains secteurs et les contraintes de garde d’enfants (avertissement). Au niveau départemental, ce taux s’échelonne entre 5,4 % dans les Deux-Sèvres et 7,8 % en Charente-Maritime.
Sur cette même période, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A, B et C augmente fortement, reflétant les évolutions négatives du marché de l’emploi (figure 2). La hausse est de 6,9 % dans la région (après + 0,1 %) proche du niveau national (+ 6,5 %). Le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans bondit de 15 % avec près de 10 000 inscriptions supplémentaires ce trimestre en Nouvelle-Aquitaine.
Les mesures de sauvegarde de l’emploi visé par le dispositif d’activité partielle et le contexte économique ayant pu décourager certains de se déclarer demandeur, les nouvelles inscriptions sur les listes de Pôle emploi diminuent (– 15,8 %) par rapport à la même période de l’an passé. Simultanément, les sorties des listes de Pôle emploi diminuent fortement (– 27 %) par rapport à la même période l’an passé (– 0,4 %), les conditions sanitaires n’étant pas favorables aux recrutements. Ce facteur explique principalement l’augmentation du nombre de chômeurs. Plus précisément, la catégorie A (sans activité) est celle qui porte l’évolution : + 27 % soit 4 points de plus qu’au niveau national révélant le transfert de chômeurs auparavant inscrits en catégories B et C (ayant exercé une activité réduite ou longue). Les Landes (+ 8,8 %), la Charente-Maritime (+ 8,5 %) et les Pyrénées-Atlantiques (+ 8,2 %) sont les départements néo-aquitains les plus touchés par cette hausse du nombre de demandeurs d’emploi (A, B et C) inscrits à Pôle emploi.
tableauFigure 2 – Forte hausse des demandeurs d’emploi ce trimestreDemandeurs d'emploi (A, B, C) inscrits à Pôle emploi
Nouvelle-Aquitaine | France entière | |
---|---|---|
T4 2010 | 100 | 100 |
T1 2011 | 101,01 | 101,13 |
T2 2011 | 101,9 | 102,11 |
T3 2011 | 103,66 | 103,58 |
T4 2011 | 105,77 | 105,3 |
T1 2012 | 107,49 | 107,09 |
T2 2012 | 109,3 | 108,83 |
T3 2012 | 112,07 | 111,79 |
T4 2012 | 115,08 | 114,77 |
T1 2013 | 117,36 | 117,57 |
T2 2013 | 119,21 | 119,46 |
T3 2013 | 119,58 | 120,18 |
T4 2013 | 121,32 | 121,78 |
T1 2014 | 123,19 | 123,2 |
T2 2014 | 125,19 | 124,87 |
T3 2014 | 127,31 | 126,48 |
T4 2014 | 130,07 | 128,82 |
T1 2015 | 132,87 | 130,96 |
T2 2015 | 135,75 | 133,7 |
T3 2015 | 136,44 | 134,15 |
T4 2015 | 137,34 | 135,26 |
T1 2016 | 137,93 | 135,55 |
T2 2016 | 137,54 | 134,68 |
T3 2016 | 138,21 | 135,45 |
T4 2016 | 138,26 | 135,64 |
T1 2017 | 139,21 | 136,64 |
T2 2017 | 140,44 | 137,65 |
T3 2017 | 141,95 | 138,88 |
T4 2017 | 143 | 139,41 |
T1 2018 | 142,81 | 139,54 |
T2 2018 | 142,8 | 139,7 |
T3 2018 | 142,88 | 139,77 |
T4 2018 | 142,74 | 139,18 |
T1 2019 | 142,2 | 139,03 |
T2 2019 | 141,48 | 138,34 |
T3 2019 | 139,56 | 137 |
T4 2019 | 137,52 | 135,05 |
T1 2020 | 137,7 | 135 |
T2 2020 | 147,25 | 143,73 |
- Notes : données CVS-CJO.
- Avertissement : le nombre de demandeurs d'emploi du trimestre est une moyenne des données mensuelles afin de mieux dégager les évolutions tendancielles.
- Source : Pôle emploi-Dares, STMT.
graphiqueFigure 2 – Demandeurs d'emploi (A, B, C) inscrits à Pôle emploi
Le taux de chômage au sens du BIT a diminué sur les deux premiers trimestres de 2020, mais il s’agit d’une baisse « en trompe-l’oeil ». En effet, pour être considéré comme chômeur, il faut être sans emploi, disponible pour travailler et avoir fait des démarches actives de recherche d’emploi. Au cours des deux premiers trimestres de l’année 2020, la période de confinement a fortement affecté les comportements de recherche active d’emploi (en particulier pour les personnes sans emploi dont le secteur d’activité était à l’arrêt), ainsi que la disponibilité des personnes (contrainte de garde d’enfant par exemple). Au total, la nette baisse du chômage au sens du BIT début 2020 ne traduit pas une amélioration du marché du travail mais un effet de confinement des personnes sans emploi.
Le champ des taux de chômage localisés couvre à présent les DOM (hors Mayotte) sur une période débutant au premier trimestre 2014.
Enfin, l'introduction de la déclaration sociale nominative (DSN) en remplacement du bordereau récapitulatif de cotisations (BRC) peut entraîner des révisions accrues sur les données, durant la phase de montée en charge de la DSN.
Vers une reprise progressive de l’activité générale avec des disparités selon les secteurs
Le confinement provoque une baisse immédiate du trafic routier (figure 3). La circulation des véhicules lourds atteint son minimum à la mi-avril : elle est réduite de moitié par rapport à son niveau de référence (période du 13 janvier au 2 février 2020) en France comme en Nouvelle-Aquitaine. Elle retrouve son niveau de début d’année au cours du mois de juin, signe de la reprise progressive de l’activité économique. Il dépasse son niveau de référence en juillet, mais s’effondre le mois suivant : les interdictions de circulation concernant ce type de véhicules au mois d’août expliquent cette tendance contradictoire.
De même, la consommation d’électricité révèle l’arrêt puis la reprise progressive de l’activité des entreprises, différenciée selon les secteurs. En Nouvelle-Aquitaine, elle baisse de 27 % dans l’industrie dès la première semaine complète de confinement fin mars, puis repart lentement à la hausse pour atteindre – 4 % à la fin du deuxième trimestre. La consommation diminue plus progressivement dans le secteur tertiaire néo-aquitain : elle atteint son minimum (– 24 %) au cours du mois d’avril et peine à repartir. Fin juin, elle reste inférieure de 6 % à son niveau de l’année précédente. Au niveau national, les mêmes tendances sont observées pour chacun des deux secteurs : elles reflètent l’hétérogénéité de la reprise d’activité selon les branches.
tableauFigure 3 – À partir de mi-juin, la circulation du fret routier retrouve son niveau de référenceÉvolution du trafic routier en Nouvelle-Aquitaine (en %)
Tous Véhicules | Poids Lourds | |
---|---|---|
13 jan-2 fév. | 0,0 | 0,0 |
3 février | 4,3 | 2,0 |
10 février | 8,6 | 2,6 |
17 février | 12,1 | 4,4 |
24 février | 0,3 | -5,1 |
2 mars | -5,0 | -6,0 |
9 mars | -9,0 | -5,0 |
16 mars | -54,4 | -27,0 |
23 mars | -74,0 | -46,7 |
30 mars | -73,6 | -48,4 |
6 avril | -72,3 | -48,9 |
13 avril | -71,4 | -49,6 |
20 avril | -65,0 | -36,9 |
27 avril | -65,4 | -42,3 |
4 mai | -58,9 | -34,6 |
11 mai | -28,1 | -15,4 |
18 mai | -25,0 | -20,4 |
25 mai | -14,7 | -3,0 |
1 juin | -13,0 | -16,1 |
8 juin | -4,1 | -2,4 |
15 juin | 8,3 | 6,6 |
22 juin | 8,6 | 3,9 |
29 juin | 12,3 | 3,9 |
6 juillet | 26,3 | 8,7 |
13 juillet | 24,1 | -4,4 |
20 juillet | 28,6 | 8,6 |
27 juillet | 35,1 | 8,9 |
3 août | 33,1 | 0,1 |
10 août | 29,7 | -12,1 |
17 août | 30,3 | -10,1 |
24 août | 21,3 | -33,0 |
31 août | 15,7 | 1,1 |
7 sept. | 9,7 | -2,6 |
- Note : évolution des moyennes hebdomadaires par rapport à la période de référence calculée sur le débit moyen journalier du 13 janvier au 2 février 2020 pour éviter les effets liés aux vacances scolaires et au début du confinement.
- Source : Cerema
graphiqueFigure 3 – À partir de mi-juin, la circulation du fret routier retrouve son niveau de référenceÉvolution du trafic routier en Nouvelle-Aquitaine
Mais un deuxième trimestre qui reste marqué par l’ampleur de la chute
À l’image de l’activité économique, les créations d’entreprises repartent à la hausse après un net coup d’arrêt aux mois de mars et avril. En Nouvelle-Aquitaine, en dépit de ce redressement progressif, 13 040 entreprises nouvelles ont été enregistrées au deuxième trimestre 2020 en baisse de 19 % par rapport à la période précédente, chute plus marquée qu’au niveau national (– 13,5 % au niveau national). Les secteurs néo-aquitains sont diversement impactés par le fléchissement du dynamisme entrepreneurial : – 13 % dans l’industrie, – 15 % dans les services, – 20 % dans la construction et jusqu’à – 25 % pour les activités de commerce, transport et hébergement-restauration. Au niveau national, ce dernier secteur porte cependant le fort rebond des créations constaté à partir de mai, notamment grâce aux activités de restauration rapide et de services de livraison à domicile qui se développent en réponse au contexte sanitaire.
Dans la construction, l’arrêt de l’activité de nombreuses entreprises pendant le confinement et la difficulté d’approvisionnement en matériaux font chuter les mises en chantier de logements. Les autorisations de construction diminuent aussi nettement faute de pouvoir réunir les commissions délivrant les permis de construire. La reprise des activités de construction est manifeste dès la levée des mesures d’endiguement : les mises en chantier repartent à la hausse au mois de mai et continuent de progresser en juin. Le nombre de permis de construire délivrés en juin a presque doublé en Nouvelle-Aquitaine par rapport au mois d’avril. Sur les 12 derniers mois, le nombre de logements autorisés (41 600 à la fin du deuxième trimestre) reste cependant inférieur de 12 % à celui de la période précédente, une baisse plus marquée qu’au niveau national (– 10 %).
Début de saison d’été très difficile pour les hôtels et restaurants de la région
En Nouvelle-Aquitaine, la fréquentation touristique d’avril à juin représentait ces dernières années autant de nuitées que celle d’un mois de juillet. En 2020, en raison de la crise sanitaire, la saison touristique n’a pu véritablement débuter qu’au mois de juin, avec l’autorisation de réouverture des hébergements collectifs à la clientèle touristique et la possibilité pour les restaurants d’accueillir des clients à partir du 2 juin.
Dans la région, la fréquentation des hôtels a baissé de 83 % sur un an, pour un total de 755 000 nuitées durant le deuxième trimestre 2020. Le déficit en nuitées hôtelières atteint ainsi 3,6 millions dans la région par rapport à 2019 et près de 50 millions de nuitées en France métropolitaine.
Au niveau national, les hôtels les plus étoilés sont les plus affectés par la baisse de fréquentation : – 77 % pour ceux classés entre 3 et 5 étoiles, contre – 66 % pour les hôtels des autres gammes (non classés, classés 0, 1 ou 2 étoiles). En Nouvelle-Aquitaine, l’écart de fréquentation est moindre avec respectivement – 65 % et – 62 %.
Les activités touristiques sont mises en pause au mois d’avril et de mai. Au plus fort du confinement, au mois d’avril, seuls un quart des 1 750 hôtels de la région sont ouverts, avec un taux d’occupation inférieur à 5 % pour deux tiers d’entre eux. Dans le secteur de la restauration, le chiffre d’affaires se réduit de 93 % par rapport à l’année passée.
En mai, moins de la moitié des hôtels de la région sont ouverts : la perte de fréquentation atteint 92 % sur un an. Dans la restauration, la possibilité de vendre à emporter ou de livrer à domicile permet de limiter la perte de chiffre d’affaires à 75 % par rapport à l’année précédente.
En juin, la plupart des établissements hôteliers ont rouvert (près de 9 hôtels sur 10), mais la présence des clients, résidents ou non-résidents, est loin d’atteindre le niveau de juin 2019. Les hôtels néo-aquitains enregistrent ainsi une baisse de fréquentation de 64 % contre une diminution de 73 % en France métropolitaine, des résultats largement impactés par la situation de l’Île-de-France. Le redémarrage de l’activité est plus marqué dans la restauration avec une perte de chiffre d’affaires limitée à 24 %. La Nouvelle-Aquitaine figure parmi les régions qui ont le mieux résisté, loin des pertes enregistrées en Île-de-France (– 44 %) et en Corse (– 54 %).
Le département de la Vienne est le département le plus en difficulté sur le mois de juin. Cette situation est liée en grande partie à la reprise tardive des activités sur le site du Futuroscope, ce qui a limité le tourisme d’affaires et le tourisme d’agrément. Sur l’ensemble du département, le chiffre d’affaires chute de 75 % dans l’hôtellerie et de 37 % dans la restauration.
La baisse d’activité concerne également les départements littoraux et la Dordogne. Dans l’hôtellerie, elle varie de 55 % pour la Charente-Maritime à 65 % pour les Pyrénées-Atlantiques. Dans la restauration, la Dordogne et la Gironde enregistrent des baisses supérieures à la moyenne régionale.
Encadré 1 - Contexte international – Une reprise progressive dans un contexte d’incertitudes
Dans les économies touchées au printemps par l’épidémie, l’activité se relève progressivement de sa chute du deuxième trimestre, liée à l’instauration des mesures de restrictions sanitaires. Ce rebond prend des configurations qui peuvent varier selon les pays. Dans les pays occidentaux, la demande intérieure s’est redressée avec l’allègement des restrictions et les mesures de soutien aux ménages. De son côté, l’activité chinoise est portée par le dynamisme de sa production et de ses exportations, mais la consommation intérieure reste en retrait. La reprise dans le monde pourrait toutefois ralentir à l’automne, dans un contexte d’incertitudes autour d’une résurgence de l’épidémie qui entraînerait de nouvelles mesures sanitaires, et de la tenue des élections américaines.
Encadré 2 - Contexte national – La reprise entamée à la levée du confinement pourrait marquer le pas d’ici la fin de l’année
Depuis la levée des mesures de restrictions, l’activité a entamé une reprise graduelle. Au troisième trimestre, la plupart des secteurs ont progressivement retrouvé un niveau d’activité proche de celui d’avant-crise, mais certains restent pénalisés par les effets de la crise sanitaire (transport aérien de voyageurs, hébergement et restauration, activités culturelles, …). La consommation des ménages, en net rebond dès la fin du confinement, se serait globalement maintenue durant l’été à un niveau proche de celui d’avant-crise.
Au quatrième trimestre, les incertitudes quant à la résurgence de l’épidémie conduiraient à un essoufflement de la reprise. Les secteurs les plus touchés par la crise pourraient voir leur activité se dégrader du fait des mesures de restrictions, et la consommation pourrait fléchir. En fin d’année, après un vif rebond au troisième trimestre (+ 16 % par rapport au deuxième), le PIB français resterait stable, 5 % environ en dessous de son niveau d’avant-crise. Sur l’année 2020, il se contracterait d’environ 9 %.
L’indicateur de trafic de poids lourds en France est calculé par le CEREMA à partir des données de trafic de plus de 1 200 stations de comptage réparties sur l’ensemble du réseau routier national non concédé.