Concurrence, part des profits et concentration des entreprises

Jocelyn BOUSSARD (Banque de France), Raphaël LEE (Insee - Crest)

Documents de travail
No G2020-04
Paru le :Paru le07/09/2020
Jocelyn BOUSSARD (Banque de France), Raphaël LEE (Insee - Crest)
Documents de travail No G2020-04- Septembre 2020

Cet article étudie les effets distributionnels de la concurrence de type « winner-takes-most » (ou effet superstar), et son rôle dans les récentes tendances macroéconomiques des économies avancées. Nous documentons une corrélation positive entre les variations au niveau sectoriel des parts du travail et du capital dans la valeur ajoutée, et une corrélation positive entre les variations de la part des profits et la concentration sectorielle. Toutefois, en mobilisant des données sectorielles procurant des informations sur la distribution des marges au niveau des entreprises, nous trouvons une corrélation négative entre la concentration et de nombreux quantiles de cette distribution. Nous proposons un modèle d'équilibre général avec des entreprises hétérogènes selon lequel une augmentation de la concurrence, c'est-à-dire ici une augmentation de la sensibiliité des consommateurs aux prix relatifs des différentes variétés d'un même bien, et donc une diminution du taux de marque des entreprises, conduit à une augmentation de la concentration sectorielle, une diminution des parts des profits au niveau des entreprises mais une augmentation des parts des profits au niveau sectoriel. Nous étudions l'effet d'un changement d'environnement compétitif sur le sentier de croissance équilibré (SCE). Contrairement aux modèles à entreprise représentative, la concurrence réduit la probabilité de succès à l'entée et donc la diversité des produits. Si les consommateurs valorisent cette dernière, nous montrons que la croissance, le taux d'intérêt naturel et le bien-être décroissent avec le niveau de concurrence.