Economie et Statistique / Economics and Statistics n° 507-508 - 2019 Croissance de la productivité et réallocation des ressources en France : le processus de destruction création
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Question clé
Un processus de sélection du marché « efficace » devrait permettre la réallocation des ressources des entreprises les moins performantes vers les entreprises les plus performantes et accroître par voie de conséquence leur productivité ainsi que celle de leur secteur d’activité. En France, le ralentissement de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) depuis le début des années 2000 serait en partie attribué, selon certaines études récentes, à une mauvaise réallocation des ressources. Cet article revisite ce constat à partir d’un large échantillon d’entreprises françaises.
Méthodologie
La PTF est estimée par secteur à partir d’un panel d’entreprises sur la période 2000-2012. Son évolution est ensuite décomposée en trois principaux termes qui mesurent la contribution i) des performances internes aux entreprises, ii) de la réallocation des ressources entre entreprises pérennes et iii) du processus de destruction-création, à l’évolution de la productivité agrégée en France, avec 3 méthodes : Foster et al. (2001, FHK dans le graphique), Griliches & Regey (1995, GR) et Melitz & Polanek (2015, MP).
Principaux résultats
Les résultats confirment le ralentissement de la croissance de la productivité en France dans les années 2000. La croissance de la PTF dépend principalement de l’effet d’apprentissage, qui mesure les performances internes propres aux entreprises. Sa contribution négative après la crise de 2008 témoigne des difficultés rencontrées par les entreprises en France pour ajuster rapidement et efficacement leur échelle de production. Cette contribution négative de l’effet d’apprentissage a été atténuée par la réallocation totale des ressources au travers de deux mécanismes :
- un mécanisme de réallocation des ressources vers les entreprises pérennes les plus productives qui ne s’est manifesté de manière robuste qu’à partir de 2009 ;
- un processus schumpétérien de destruction-création, plus précoce, qui est apparu dès 2008.
graphiqueÉvolution de la PTF (Δ PTF) et contribution de l’effet d’apprentissage et de la réallocation des ressources
Message
Ces résultats nuancent l’idée selon laquelle l’inefficience allocative serait la principale cause du ralentissement de la productivité en France. Ils suggèrent que l’incapacité des entreprises à s’adapter à un environnement de plus en plus évolutif et hautement concurrentiel est un candidat sérieux à l’explication et que la réallocation des ressources que ce soit par la réallocation des ressources entre entreprises pérennes ou par un mécanisme schumpétérien de destruction-création joue en France un rôle très important dans l’amélioration des performances de l’appareil productif.
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