Qui est pauvre en Europe ? Deux figures différentes de la pauvreté, par l’approche monétaire ou par la privation matérielle et sociale

Julien Blasco, François Gleizes

La pauvreté monétaire et la privation matérielle et sociale sont deux approches différentes de la pauvreté. La première, fondée sur le revenu du ménage, est définie de manière relative : le seuil de pauvreté dépend du niveau de richesse du pays. La seconde repose sur les conditions de vie et établit un même seuil pour tous les pays. Les personnes identifiées par ces deux approches de la pauvreté ne sont pas les mêmes, et cela a un impact sur les comparaisons entre pays de l’Union européenne (UE).

En 2016, 12,7 % de la population française et 15,7 % de la population de l’UE sont en situation de privation matérielle et sociale. La pauvreté monétaire, elle, touche 13,6 % des Français et 17,3 % des Européens. La France a un des plus faibles taux de pauvreté monétaire de l’UE et un taux de privation matérielle et sociale médian. Les deux taux sont corrélés, mais certains pays présentent des taux de pauvreté proches selon une définition et très éloignés selon l’autre. Au sein d’un même pays, les populations pauvres définies par ces deux indicateurs ne se recoupent que partiellement : en France, moins de 6 % de la population est touchée par les deux formes de pauvreté. Pour autant, dans la majorité des pays de l’UE, les populations exposées à l’un ou l’autre type de pauvreté sont relativement similaires du point de vue du statut d’activité, de la profession et de la configuration familiale. Les indépendants, les agriculteurs et les jeunes sont toutefois beaucoup plus touchés par la pauvreté monétaire que par la privation matérielle et sociale.

Les pays les plus aisés ont dans l’ensemble des taux de privation matérielle et sociale bien plus faibles que dans le reste de l’UE, mais leurs taux de pauvreté monétaire sont plus proches de la moyenne. Par ailleurs, les personnes en situation de privation matérielle et sociale dans ces pays ont un niveau de vie bien plus élevé, mais une satisfaction dans la vie du même ordre que leurs homologues des pays moins aisés.

Insee Références
Paru le :Paru le16/04/2019
Julien Blasco, François Gleizes
La France dans l'Union européenne- Avril 2019