Informatisation, productivité du travail et emploi : des effets différenciés entre industries selon le niveau technologique

Charles-Marie Chevalier et Antoine Luciani

Documents de travail
No G2018/02
Paru le :Paru le07/06/2018
Charles-Marie Chevalier et Antoine Luciani
Documents de travail No G2018/02- Juin 2018

Le progrès technique, notamment au travers de l’informatisation, pose des enjeux pour le devenir de certains emplois. En parallèle, les gains de productivité se sont essoufflés dans de nombreux pays développés et l’usage de l’informatique ne semble pas se traduire nécessairement dans les statistiques de productivité, en particulier dans les industries manufacturières non productrices de capital informatique aux États-Unis (Acemoglu, Autor, Dorn, Hanson, et Price, 2014). Afin d’étudier si les diminutions d’effectifs et les faibles gains de productivité du travail associés à l’informatisation surviennent séparément dans différents secteurs, cette étude adopte une approche méso-économique pour la France entre 1994 et 2007. Le travail pouvant être soit substituable soit complémentaire au capital informatique, selon que les tâches correspondantes sont routinières ou non, une attention privilégiée est portée au niveau technologique et au degré de qualification des emplois. Les principaux résultats sont les suivants. Contrairement aux États-Unis, les secteurs producteurs de capital informatique ne montrent pas de gains de productivité liés à l’informatisation. Cependant, pour les secteurs non producteurs, elle est associée à des effets positifs mais fragiles sur la productivité du travail, et à des baisses d’effectifs sans équivoque. Celles-ci se concentrent dans les industries de faible technologie, principalement parmi les travailleurs peu qualifiés, avec in fine des gains de productivité particulièrement nets. Dans les industries de moyenne-haute technologie, de tels effets ne sont pas identifiés. L’informatisation n’y est pas associée à des baisses d’effectifs quelle que soit la catégorie d’emploi, mais est reliée à une part de l’emploi qualifié plus élevée. Au final, l’informatisation pourrait accompagner des changements sectoriels structurels, avec une amélioration de la productivité pour les secteurs en déclin et un enrichissement en travail pour ceux en essor. (Document en anglais)