Nouvelle-Aquitaine en Europe : une région âgée qui pourrait compter sur la relève de ses actifs

Au 1^er janvier 2017, 511 millions d’habitants résident dans l’un des 28 États membres de l’Union européenne (UE). Représentant 1,2 % de la population de l’UE, la Nouvelle-Aquitaine se classe parmi les 30 régions européennes les plus peuplées sur 276. Comparée aux territoires infranationaux dotés de compétences administratives en matière d’aménagement du territoire (sources), elle figure même au 18^e rang de ce classement. Dans cet ensemble, 5 régions seulement dépassent les 10 millions d’habitants et 25, dont la Nouvelle-Aquitaine, accueillent entre 5 et 10 millions d’habitants. Région la plus peuplée, le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie abrite 18 millions de résidents tandis que 29 000 personnes vivent dans la région finlandaise d’Äland, la moins peuplée.

La région se distingue par un rapport de dépendance démographique des personnes âgées élevé (définition) : ainsi, sur les 100 régions les plus peuplées d’Europe, la Nouvelle-Aquitaine est la 4^e par l’importance du nombre de seniors (60 ans ou plus) rapporté à sa population en âge de travailler (20-59 ans), derrière trois régions allemandes : les Länder de Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe (figure 1). En 2017, ce rapport de dépendance s’élève à 62 % dans la région, davantage qu’en moyenne française (50 %) et européenne (48 %).

En Europe, les régions avec une forte proportion de personnes âgées se situent majoritairement dans les pays nordiques, en Europe occidentale ou méridionale, contrastant avec les régions de l’est de l’Europe. Cette situation s’observe également dans des régions abritant une capitale ou une métropole.

Depuis le début des années 2000, le rapport de dépendance démographique des 60 ans ou plus augmente dans tous les pays de l’Union européenne, après avoir été stable pendant toute la deuxième moitié du XX^e siècle. Cette hausse s’explique en partie par l’allongement de l’espérance de vie, mais surtout par l’arrivée des générations du baby-boom aux âges de la retraite.

Le baby-boom, désignant le phénomène de hausse importante de la natalité dans le quart nord-ouest de l’Europe après la seconde guerre mondiale, n’a pas impacté de la même manière tous les pays concernés. La France, où le baby-boom s’est étendu sur la plus longue période (de 1942 à 1973), est un des seuls pays où se côtoient des générations du baby-boom, dans la vie active, à la retraite et proches de la grande vieillesse. Sous l’effet du vieillissement de sa population, accentué notamment par l’attractivité résidentielle vis-à-vis d’actifs en fin de carrière, la Nouvelle-Aquitaine est l’une des régions européennes qui concentre le plus de seniors très âgés. En effet, 4 % de sa population a atteint ou dépassé 85 ans ; seules les régions espagnoles de Castille-et-Léon et de Galice ainsi que les régions italiennes de Toscane et d’Émilie-Romagne en comptent davantage.

Dans les régions accueillant une forte proportion de seniors comme la Nouvelle-Aquitaine, les besoins liés à la santé et aux soins de longue durée pourraient s’accroître encore avec l’arrivée à des âges avancés des générations du baby-boom. Les enjeux y sont multiples allant de l'accompagnement de la dépendance et des situations de précarité aux adaptations de l'habitat ; se dessinent aussi des opportunités de développement dans les secteurs liés à l'économie des seniors.

Pour faire face aux nombreux départs à la retraite des papy-boomers, les régions européennes ne disposent pas des mêmes ressources démographiques. Avec 46 jeunes de moins de 20 ans pour 100 personnes âgées de 20 à 59 ans, la Nouvelle-Aquitaine bénéficie d’un taux de renouvellement des actifs supérieur de 7 points à la moyenne européenne. Elle se rapproche ainsi des régions des pays à fort taux de fécondité, comme l’Irlande, le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède.

Parmi les régions européennes à forte proportion de personnes âgées, la Nouvelle-Aquitaine figure parmi celles qui pourront s’appuyer dans les années à venir sur une relève démographique en mesure de compenser les départs à la retraite des dernières générations du baby-boom (figure 2(1) ). Ce profil démographique régional reste proche de la majorité des régions françaises, mais aussi du sud-ouest de l’Angleterre, de la région des Flandres et des régions scandinaves.

A contrario, les régions avec une population de 60 ans ou plus prépondérante, mais avec une faible proportion de jeunes pourront rencontrer des difficultés pour stabiliser leur population active, à moins de recourir à des migrations. Ces régions se situent essentiellement en Italie, au nord de l’Espagne et couvrent une grande partie de l’Allemagne (figure 2(2) ).

Parmi celles ayant une moindre proportion de personnes âgées, on distingue les régions des pays à fécondité basse, comme l’Espagne, la Pologne, l’Allemagne et l’Autriche (figure 2(3) ). Si leur population jeune paraît insuffisante pour renouveler la population active, les régions qui abritent de grandes villes comme Madrid, Barcelone, Berlin ou Prague pourront s’appuyer sur leur attractivité pour compenser ce déficit démographique.

Enfin, celles qui cumulent une proportion conséquente de population en âge de travailler et une relève démographique supérieure à la moyenne européenne se situent majoritairement dans le nord de l’Europe occidentale, autour des grandes métropoles que sont Paris, Londres, Bruxelles ou Amsterdam (figure 2(4) ).