Rhône : les déplacements domicile-travail influent sur les besoins d’accueil des jeunes enfants

Pour les parents d’un jeune enfant, concilier travail et famille, c’est d’abord trouver un mode d’accueil pour leurs enfants. Pour répondre au mieux aux besoins de ces parents, l’étude de leurs déplacements domicile-travail est un élément important à prendre en compte (encadré). Dans l’aire de compétence du Conseil départemental du Rhône, qu’on appellera Rhône dans la suite de cette étude (méthodologie), 19 100 familles dont tous les parents travaillent (le parent dans une famille monoparentale ou les deux parents pour les couples avec enfants) ont au moins un enfant de moins de six ans. En 2014, 24 500 enfants de moins de six ans vivaient dans ces familles. La plupart d’entre elles sont structurées autour d’un couple, tandis qu’une famille sur dix est monoparentale. Les enfants ont besoin d’un mode d’accueil, que ce soit à la journée pour les plus jeunes ou sur le temps périscolaire et de loisirs pour les plus grands qui sont scolarisés.

Parmi ces familles, trois sur quatre ne comptent qu’un seul enfant de moins de six ans. Pour les autres, qui ont au moins deux enfants de moins de six ans, il semble alors plus pratique de trouver un lieu d’accueil unique pour leurs enfants, ou des lieux proches.

En 2014, les familles du champ de l’étude comprennent 11 000 enfants de moins de trois ans. Leurs parents ont majoritairement besoin d’un accueil à la journée, et donc éventuellement d’un lieu de garde sur le trajet domicile-travail. En effet, seuls 15 % des enfants du Rhône âgés de deux ans sont scolarisés. En revanche, 94 % des enfants âgés de trois à cinq ans vivant dans le Rhône vont à l’école. Leurs besoins d’accueil sont donc centrés sur le temps périscolaire en période scolaire et l’accueil de loisirs les mercredis et pendant les vacances scolaires.

À l’avenir, ces besoins d’accueil devraient évoluer. En effet, dans le Rhône, la démographie est dynamique avec une croissance moyenne de 1,1 % entre 1999 et 2014. Portée par un phénomène de périurbanisation, cette croissance a été plus forte à proximité de la Métropole de Lyon et le long de l’autoroute A6. Si cette évolution se poursuit, d’ici 2050, le nombre d’enfants de moins de six ans devrait continuer à augmenter mais à un rythme plus modéré. De plus, une proportion de plus en plus grande de femmes travaillent. Ces deux phénomènes renforcent les besoins d’accueil de jeunes enfants. La demande de places en structures d’accueil devrait donc être plus importante dans les prochaines années.

Au-delà du nombre de naissances et de l’arrivée de nouvelles familles avec des enfants en bas âge, beaucoup d’autres facteurs interviennent dans la demande d’accueil de jeunes enfants. Par exemple, des évolutions sociétales ou législatives peuvent pousser les parents à privilégier un mode d’accueil plutôt qu’un autre, voire à réduire leur activité professionnelle pour s’occuper eux-mêmes de leurs enfants. Pour les institutions compétentes en matière de petite enfance, la problématique ne se limite pas uniquement à déterminer le nombre de places d’accueil à créer mais aussi à choisir le lieu d’implantation de nouvelles structures. Les déplacements domicile-travail des parents sont un des éléments à prendre en compte. En effet, les besoins d’accueil s’apprécient au lieu de résidence de la famille, mais aussi en fonction du lieu de travail ou encore du lieu de scolarisation des enfants.

Dans le Rhône, les navettes domicile-travail sont nombreuses. Dans les familles étudiées, sept parents sur dix (figure 1) quittent leur zone de résidence (méthodologie) pour aller travailler et 53 % ne travaillent pas sur le territoire de compétence du Conseil départemental. Une grande partie de ces navettes s’effectue vers la Métropole de Lyon, où 44 % des parents travaillent. Ainsi, quatre parents sur cinq travaillant en dehors du Rhône vont travailler dans la Métropole. Au total, c’est le cas de 8 400 familles du Rhône.

Ces flux domicile-travail sont encore plus importants, tant en nombre qu’en proportion, pour les parents habitant des territoires frontaliers de la Métropole de Lyon. Plus de la moitié d’entre eux réalisent quotidiennement le trajet vers la Métropole (figure 2). Ainsi, dans la Communauté de communes du Pays de l’Ozon et celle de la Vallée du Garon, plus de 750 familles travaillent dans la Métropole. En revanche, dans la partie nord-est du Rhône, ces navettes vers la Métropole sont moins nombreuses, elles concernent moins de 30 % des familles. En effet, dans ces territoires, la part de parents qui travaillent dans leur zone de résidence est importante (supérieure à 40 %). Lorsque les parents résident et travaillent dans un même territoire, il est fort probable qu’ils cherchent un mode d’accueil dans celui-ci.

Dans les zones voisines de la Métropole de Lyon, on compte parmi les navetteurs un nombre important de familles nouvellement installées en provenance dans la Métropole. Beaucoup ont gardé leur emploi après avoir emménagé dans le Rhône. Ainsi, en 2014, parmi les nouveaux habitants du Rhône, 42 % résidaient dans la Métropole de Lyon un an auparavant. Cette part est plus importante à proximité de la Métropole.

L’arrivée de ces nouvelles familles, dont certaines avaient déjà de jeunes enfants lors de leur installation dans le Rhône, explique que le nombre d’enfants de trois à cinq ans augmente plus rapidement (+ 0,9 % par an entre 1999 et 2014) que celui des moins de trois ans (+ 0,6 % par an).

Étant donné l’ampleur des navettes domicile-travail, l’offre d’accueil est à penser bien au-delà du périmètre des communes, comme cela peut être le cas de l’offre actuelle (encadré). La réflexion est à mener, en particulier pour les parents des enfants de moins de trois ans, le mode d’accueil pour les enfants scolarisés dépendant plutôt de leur lieu de scolarisation.

Parmi les parents de jeunes enfants, 84 % rejoignent leur lieu de travail en voiture. Ce mode de déplacement est majoritairement utilisé pour le transport de jeunes enfants, car il permet notamment de faire un détour vers le lieu d’accueil. Les parents peuvent alors faire le choix de déposer leur enfant sur leur trajet ou à proximité de leur lieu de travail.

À l’intérieur du Rhône, les navettes sont moins nombreuses, puisque seulement 19 % des parents travaillent dans une autre zone du Rhône. Ces flux intérieurs se concentrent vers la zone de Villefranche Beaujolais Saône Est, qui est le principal pôle d’attraction du Rhône (figure 3). Plus de 1 000 familles résidant dans les zones voisines vont y travailler, principalement en provenance des zones de Saône Beaujolais Sud et de Villefranche Beaujolais Saône Ouest. Les autres pôles ont des flux bien plus faibles. Ainsi, 350 familles des autres zones du Rhône travaillent dans la zone des Pays de l’Arbresle Nord, et 200 dans celles de Saône Beaujolais Sud et Beaujolais Pierres Dorées Sud. Tous ces trajets peuvent générer des besoins d’accueil dans les communes de travail, ou dans les territoires traversés.

Les besoins d’accueil des enfants peuvent tendre vers des amplitudes horaires plus importantes lorsque le temps de trajet domicile-travail est long. En moyenne, les familles étudiées habitent à 25 minutes et à une distance de 21 km de leur lieu de travail. Ce temps de trajet est même supérieur à 35 minutes pour un quart de ces familles. Les amplitudes d’accueil peuvent alors être déterminantes dans le choix par les parents du lieu et du mode de garde.

La profession et le temps de travail des parents influencent également le temps d’accueil des enfants. Parmi les parents du champ de l’étude, 22 % sont cadres ou professions intellectuelles supérieures.

Cette part est plus élevée à proximité de la Métropole de Lyon, où les emplois de cadres sont plus nombreux. Ces familles peuvent avoir besoin d’amplitudes horaires plus importantes avec une arrivée plus matinale et un départ plus tardif. Les parents travaillant de nuit ou le week-end et ceux ayant des horaires irréguliers ont également des besoins spécifiques. Au-delà du nombre de places et de leur localisation se posent donc des questions concernant les modalités d’accueil. Le coût de l’accueil de l’enfant, qui diffère grandement d’un type d’accueil à l’autre, est également pris en compte par les parents. En fonction de toutes leurs contraintes, les parents vont se tourner vers un ou plusieurs types d’accueil disponibles près de chez eux afin de satisfaire leurs besoins : crèche, assistante maternelle, école, activités périscolaires, accueil de loisirs...