L’industrie manufacturière de 2006 à 2015 : l’agroalimentaire et la construction aéronautique et spatiale résistent au repli du secteur
Entre 2006 et 2015, l’industrie manufacturière a perdu 27 300 établissements employeurs (– 18 %) et 530 000 salariés (– 16 %). La taille moyenne des établissements reste stable. La crise de 2008-2009 a durement touché ce secteur, déjà en repli auparavant ; cette tendance s’est poursuivie ensuite.
Dans presque toutes les activités industrielles, le nombre d’établissements employeurs et les effectifs salariés diminuent fortement. Les baisses les plus importantes concernent les industries du textile, de l’habillement et du cuir, celles du bois, du papier et de l’imprimerie, la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, la métallurgie et la fabrication de produits métalliques. Dans la fabrication de matériel de transports, l’industrie automobile est très fortement touchée, notamment ses établissements de 250 salariés ou plus.
Au sein de l’industrie manufacturière, le secteur agroalimentaire résiste mieux, confirmant ainsi sa position prédominante. À un niveau plus fin, certaines activités spécifiques sont en essor, notamment la construction aéronautique et spatiale.
L’industrie manufacturière est en repli dans l’ensemble du territoire, et plus particulièrement dans le bassin parisien, le nord, l’est et le centre de la France.
- Entre 2006 et 2015, l'industrie manufacturière perd 530 000 salariés
- Les établissements de toutes tailles sont affectés
- Ce repli touche presque toute l’industrie manufacturière, des industries textiles…
- … à l’industrie automobile
- Les industries alimentaires résistent mieux
- La construction aéronautique et spatiale est en essor
- Le repli de l’industrie manufacturière concerne l’ensemble du territoire
Entre 2006 et 2015, l'industrie manufacturière perd 530 000 salariés
En France, en décembre 2015, l’ensemble des secteurs marchands non agricoles (sources) compte 1,4 million d’établissements employeurs et 14,7 millions d’effectifs salariés. Avec 123 300 établissements et 2,7 millions de salariés, l’industrie manufacturière est le deuxième secteur employeur, derrière le commerce. Ce dernier l’a devancée à partir de 2009.
Entre 2006 et 2015, le nombre d’établissements employeurs dans l’industrie manufacturière a diminué de 27 300 (– 18 %) et le nombre de salariés de ces établissements de 530 000 (– 16 % ; figure 1). Dans l’ensemble de l’économie marchande non agricole, c’est le secteur dont le repli a été le plus fort sur cette période, loin devant le secteur de la construction, dans lequel le nombre d’établissements a diminué de 19 200 (– 9 %) et le nombre de salariés de presque 100 000 (– 7 %). Dans le même temps, le nombre d’établissements employeurs et le nombre de salariés ont fortement augmenté dans les activités spécialisées scientifiques et techniques, de services administratifs et de soutien (respectivement + 19 100 établissements et + 386 300 salariés) et dans l’hébergement et la restauration (respectivement + 13 300 et + 124 000).
tableauFigure 1 - Évolution de l'industrie manufacturière entre 2006 et 2015, en nombre d'établissements employeurs et en effectif salarié
2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre d'établissements employeurs | 150 600 | 147 100 | 142 600 | 138 500 | 134 600 | 131 700 | 129 200 | 127 000 | 125 100 | 123 300 |
Nombre d'établissements de 10 salariés ou plus | 46 000 | 45 900 | 44 600 | 42 400 | 41 600 | 41 200 | 40 500 | 39 900 | 39 500 | 39 200 |
Effectif salarié | 3 266 000 | 3 243 000 | 3 153 000 | 2 970 000 | 2 906 000 | 2 886 000 | 2 850 000 | 2 805 000 | 2 766 000 | 2 736 000 |
Effectif salarié des établissements de 10 salariés ou plus | 2 892 000 | 2 877 000 | 2 799 000 | 2 623 000 | 2 568 000 | 2 556 000 | 2 527 000 | 2 487 000 | 2 452 000 | 2 426 000 |
- Lecture : fin 2015, l'industrie manufacturière compte 123 300 établissements employeurs et 2,736 millions de salariés.
- Champ : France, établissements employeurs dont l'activité principale est dans l'industrie manufacturière.
- Source : Insee, répertoire des entreprises et des établissements - Sirene.
graphiqueFigure 1 - Évolution de l'industrie manufacturière entre 2006 et 2015, en nombre d'établissements employeurs et en effectif salarié
Du fait de la crise, l’année 2009 a été particulièrement difficile pour l’industrie manufacturière, marquée par une baisse de 4 100 établissements employeurs et surtout de 184 000 salariés (respectivement – 3 % et – 6 % par rapport à 2008). L’emploi salarié dans l’industrie est en repli depuis 1975. La part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée de l’ensemble de l’économie a été divisée par deux entre 1970 et 2014. Plusieurs causes structurelles sont généralement évoquées, notamment les gains de productivité, l’externalisation vers les services, une concurrence étrangère accrue, parfois accompagnée de délocalisations, ou encore la déformation de la demande au profit des services (bibliographie).
Les établissements de toutes tailles sont affectés
Pour l’ensemble de l’industrie manufacturière, la baisse du nombre de salariés résulte quasi exclusivement de celle du nombre d’établissements employeurs, alors que la taille moyenne des établissements est stable. En effet, un établissement employeur de l’industrie manufacturière compte en moyenne 22 salariés en 2015, comme en 2006 (figure 2).
tableauFigure 2 - Évolution de l'industrie manufacturière entre 2006 et 2015, en nombre d'établissements employeurs et en effectif salarié, selon la tranche de taille de l'établissement
Tranche de taille | Nombre d'établissements employeurs (A) | Nombre moyen de salariés par établissement (B)/(A) | Effectif salarié des établissements employeurs (B) | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Effectif 2006 (en milliers) | Effectif 2015 (en milliers) | Évolution entre 2006 et 2015 (en %) | 2006 | 2015 | Évolution entre 2006 et 2015 (en %) | Effectif 2006 (en milliers) | Effectif 2015 (en milliers) | Évolution entre 2006 et 2015 (en %) | |
Moins de 10 salariés | 104,6 | 84,1 | -20 | 3,6 | 3,7 | 3 | 374 | 310 | -17 |
10 à moins de 20 salariés | 19,8 | 17,5 | -12 | 13,6 | 13,5 | -1 | 268 | 236 | -12 |
20 à moins de 50 salariés | 15,0 | 12,3 | -18 | 31,2 | 31,0 | -1 | 469 | 380 | -19 |
50 à moins de 100 salariés | 5,4 | 4,5 | -17 | 69,5 | 70,0 | 1 | 377 | 315 | -17 |
100 à moins de 250 salariés | 3,9 | 3,4 | -14 | 154,5 | 154,2 | 0 | 604 | 519 | -14 |
250 à moins de 500 salariés | 1,3 | 1,1 | -15 | 343,1 | 338,9 | -1 | 444 | 373 | -16 |
500 à moins de 1 000 salariés | 0,5 | 0,4 | -15 | 682,4 | 673,8 | -1 | 302 | 253 | -16 |
1 000 salariés ou plus | 0,2 | 0,2 | -10 | 2 286,7 | 2 077,9 | -9 | 428 | 349 | -18 |
Ensemble | 150,6 | 123,3 | -18 | 21,7 | 22,2 | 2 | 3 266 | 2 736 | -16 |
- Lecture : fin 2015, l'industrie manufacturière compte 123 300 établissements employeurs (après 150 600 fin 2006, soit – 18 %). Ils emploient 2,736 millions de salariés fin 2015 (après 3,266 millions fin 2006, soit – 16 %).
- Champ : France, établissements employeurs dont l'activité principale est dans l'industrie manufacturière.
- Source : Insee, répertoire des entreprises et des établissements - Sirene.
Le nombre d’établissements employeurs et le nombre de leurs salariés baissent fortement pour toutes les classes de taille, de ceux employant moins de 10 salariés (– 20 % d’établissements employeurs et – 17 % de salariés) à ceux de 1 000 salariés ou plus (respectivement – 10 % et – 18 %). Le nombre de salariés moyen par établissement est quasiment stable pour toutes les classes de taille, à l’exception des établissements de 1 000 salariés ou plus, dont la taille moyenne diminue de 9 %.
Ce repli touche presque toute l’industrie manufacturière, des industries textiles…
Presque toutes les familles d’activités industrielles manufacturières sont en repli, qu’elles produisent des biens intermédiaires, d’équipement ou de consommation. Le secteur de la fabrication de textiles et des industries de l’habillement, du cuir et de la chaussure est le plus durement touché : entre 2006 et 2015, le nombre d’établissements employeurs et les effectifs salariés baissent de plus d’un tiers (– 3 200 établissements et – 54 000 salariés ; figure 3). Dans ce secteur peu concentré, huit salariés sur dix travaillent dans un établissement de moins de 250 salariés et quatre sur dix dans un établissement de moins de 50 salariés. La plus forte baisse concerne la fabrication de vêtements de dessus, que ce soit en nombre d’établissements employeurs (– 1 500, soit – 50 %) ou en effectifs salariés (– 12 500, soit – 38 %).
tableauFigure 3 - Évolution de l'industrie manufacturière entre 2006 et 2015, en nombre d'établissements employeurs et en effectif salarié, selon l'activité principale de l'établissement
Secteur d'activité* | Nombre d'établissements employeurs (A) | Nombre moyen de salariés par établissement (B)/(A) | Effectif salarié des établissements employeurs (B) | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Effectif 2006 (en milliers) | Effectif 2015 (en milliers) | Évolution entre 2006 et 2015 (en %) | 2006 | 2015 | Évolution entre 2006 et 2015 (en %) | Effectif 2006 (en milliers) | Effectif 2015 (en milliers) | Évolution entre 2006 et 2015 (en %) | |
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac | 48,1 | 43,6 | -9 | 11,7 | 12,8 | 10 | 562 | 560 | 0 |
Fabrication de textiles, industries de l'habillement, industrie du cuir et de la chaussure | 8,4 | 5,3 | -37 | 18,5 | 19,3 | 4 | 156 | 102 | -35 |
Travail du bois, industries du papier et imprimerie | 15,5 | 11,3 | -28 | 15,7 | 16,1 | 3 | 243 | 181 | -26 |
Cokéfaction et raffinage | 0,1 | 0,1 | -35 | 115,3 | 128,6 | 12 | 12 | 9 | -27 |
Industrie chimique | 3,1 | 2,6 | -17 | 53,8 | 55,1 | 2 | 166 | 142 | -15 |
Industrie pharmaceutique | 0,7 | 0,6 | -21 | 132,2 | 137,6 | 4 | 92 | 75 | -18 |
Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique ainsi que d'autres produits minéraux non métalliques | 11,8 | 9,4 | -20 | 28,9 | 27,6 | -4 | 339 | 260 | -23 |
Métallurgie et fabrication de produits métalliques à l'exception des machines et des équipements | 17,2 | 16,4 | -5 | 25,7 | 23,0 | -10 | 442 | 377 | -15 |
Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques | 3,8 | 2,4 | -37 | 43,2 | 54,4 | 26 | 162 | 129 | -20 |
Fabrication d'équipements électriques | 2,7 | 2,1 | -22 | 50,2 | 53,1 | 6 | 134 | 111 | -17 |
Fabrication de machines et équipements n.c.a. | 7,2 | 4,8 | -33 | 29,8 | 36,9 | 24 | 213 | 177 | -17 |
Fabrication de matériels de transport | 2,9 | 2,5 | -14 | 146,5 | 144,3 | -2 | 415 | 353 | -15 |
Autres industries manufacturières ; réparation et installation de machines et d'équipements | 29,4 | 22,6 | -23 | 11,2 | 11,6 | 3 | 330 | 262 | -21 |
Ensemble | 150,6 | 123,3 | -18 | 21,7 | 22,2 | 2 | 3 266 | 2 736 | -16 |
- * Niveau d’agrégation A38 de la NAF rév. 2.
- Lecture : fin 2015, l'industrie manufacturière compte 123 300 établissements employeurs après 150 600 fin 2006 (– 18 %). Ils emploient 2,736 millions de salariés fin 2015, après 3,266 fin 2006 (– 16 %).
- Champ : France, établissements employeurs dont l'activité principale est dans l'industrie manufacturière.
- Source : Insee, répertoire des entreprises et des établissements - Sirene.
Dans le travail du bois et les industries du papier et de l’imprimerie, les nombres d’établissements employeurs et de salariés diminuent de plus d’un quart entre 2006 et 2015 (– 4 300 établissements employeurs et – 63 000 salariés). Ce secteur est également peu concentré : neuf salariés sur dix travaillent dans un établissement de moins de 250 salariés et cinq sur dix dans un établissement de moins de 50 salariés. Dans ce secteur, c’est dans l’imprimerie et la reproduction d’enregistrements que le recul est le plus important, à la fois en nombre d’établissements employeurs (– 3 200, soit – 37 %) et en effectifs salariés (– 35 400, soit – 38 %).
… à l’industrie automobile
Une sévère baisse touche également la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique ; celle-ci perd un cinquième de ses établissements employeurs et près d’un quart de ses salariés entre 2006 et 2015 (– 2 300 établissements employeurs et – 79 000 salariés ; figure 3). Dans ce secteur, c’est pour la fabrication de pièces techniques à base de matières plastiques que les effectifs salariés reculent le plus (– 21 200, soit – 38 %). Le nombre de salariés diminue aussi fortement dans la fabrication et le rechapage de pneumatiques (– 11 700, soit – 37 %), essentiellement dans les établissements de 1 000 salariés ou plus, et dans la fabrication d’autres articles en caoutchouc (– 7 900, soit – 28 %).
Dans le secteur de la métallurgie et de la fabrication de produits métalliques, très touché par la crise, la baisse est marquée pour les effectifs salariés (– 65 000, soit – 15 %), moins pour le nombre d’établissements employeurs (– 800, soit – 5 %). Dans ce secteur, c’est dans la sidérurgie que les effectifs salariés diminuent le plus (– 10 600, soit – 28 %), essentiellement dans les établissements de 500 salariés ou plus. Le nombre de salariés se replie aussi dans le découpage et l’emboutissage (– 8 800, soit – 26 %).
Dans la fabrication de matériels de transport, pour la seule industrie automobile, le nombre d’établissements employeurs baisse de 16 % en 9 ans (– 340 établissements) et celui des salariés de 28 % (– 80 000). Ce recul est très concentré sur les établissements de 250 salariés ou plus, dont le nombre diminue d’une cinquantaine sur la période et les effectifs de 77 000. Pour les seuls établissements de 1 000 salariés ou plus, leur nombre baisse d’une dizaine et leurs effectifs de 58 000. Dans ce secteur très concentré, les trois quarts des salariés travaillent dans un établissement de 250 salariés ou plus et la moitié dans un établissement de 1 000 salariés ou plus.
Dans les autres activités manufacturières (principalement dans la fabrication de meubles ou dans la réparation et l’installation de machines et équipements), le nombre d’établissements employeurs diminue de 6 900 entre 2006 et 2015 (– 23 %) et l’effectif salarié de 68 000 (– 21 %).
Les industries alimentaires résistent mieux
Fin 2015, les industries de fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac emploient 560 000 salariés dans 43 600 établissements (figure 3). Par rapport à 2006, le nombre d’établissements employeurs baisse de 9 % (– 4 500), mais leur effectif salarié de seulement 0,4 % (– 2 400). Le secteur se concentre légèrement et confirme en 2015 sa position prédominante dans l’industrie manufacturière, avec 35 % des établissements employeurs (32 % en 2006) et 20 % des salariés (17 % en 2006).
L’essentiel de la diminution du nombre d’établissements concerne les industries alimentaires, qui regroupent 96 % des établissements du secteur. En revanche, le nombre de salariés augmente légèrement dans cette activité (+ 900, soit + 0,2 %), alors qu’il est en recul dans la fabrication de boissons (– 1 400, soit – 3 %) et en fort recul dans la fabrication de produits à base de tabac (– 1 900, soit – 62 %), essentiellement pour les établissements de 250 salariés ou plus.
Au sein des industries alimentaires, les activités de boulangerie et de boulangerie-pâtisserie sont de loin les plus fréquentes, avec près de deux établissements employeurs sur trois fin 2015 et un quart des effectifs. Dans ces activités, le nombre d’établissements employeurs baisse de 6 % entre 2006 et 2015 (– 1 500 établissements), mais les effectifs salariés augmentent de 12 % (+ 14 100). Sur la même période, le nombre d’établissements employeurs et les effectifs salariés diminuent dans les activités de charcuterie (respectivement – 1 600 et – 3 700). Il en est de même pour la préparation industrielle de produits à base de viande (respectivement – 300 et – 5 400) et la transformation et la conservation de viande de boucherie (respectivement – 100 et – 4 300).
La construction aéronautique et spatiale est en essor
À un niveau plus fin, la construction aéronautique et spatiale est la principale activité industrielle dont les effectifs salariés s’accroissent entre 2006 et 2015 (+ 21 700, soit + 24 %), avec une quarantaine d’établissements supplémentaires. Elle compte ainsi au total près de 114 000 salariés fin 2015, travaillant dans environ 240 établissements. Cette hausse du nombre de salariés est imputable essentiellement aux établissements de 1 000 salariés ou plus (+ 19 800), qui emploient les trois quarts des salariés du secteur.
D’autres activités spécifiques se développent, comme la fabrication de structures métalliques et de parties de structures. Le nombre d’établissements employeurs y est en forte hausse (+ 1 000, soit + 53 %) ainsi que le nombre de salariés (+ 10 600, soit + 28 %). Il en va de même, dans une moindre mesure, pour la réparation d’ouvrages en métaux, l’installation de machines et équipements mécaniques ou la fabrication de produits pharmaceutiques de base. La fabrication d’articles de voyage, de maroquinerie et de sellerie résiste également en se concentrant davantage : en 2015, une centaine d’établissements en moins (– 17 % par rapport à 2006) y emploient 3 200 salariés de plus (+ 20 %).
Le repli de l’industrie manufacturière concerne l’ensemble du territoire
L’industrie manufacturière est en repli sur l’ensemble du territoire national. Néanmoins, les zones d’emploi les plus fortement touchées sont celles du bassin parisien, du nord, de l’est et du centre de la France. Entre 2006 et 2015, la zone d’emploi de Paris est l’une des plus durement affectées, en nombre d’établissements industriels employeurs (– 31 %, soit – 3 800 établissements) comme en nombre de salariés (– 26 %, soit – 54 200 salariés ; figure 4). La plupart des secteurs de l’industrie manufacturière y sont en repli.
graphiqueFigure 4 – Évolution des effectifs salariés des établissements de l’industrie manufacturière entre 2006 et 2015, par zone d’emploi
Les grands établissements industriels (250 salariés ou plus) sont particulièrement présents dans les zones d’emploi de Paris (une centaine d’établissements ; figure 5), Lyon (une soixantaine), Saclay (une quarantaine), Toulouse, Grenoble, Rouen et Nantes (une trentaine chacun) ainsi que Bordeaux, Rennes, Roissy-Sud Picardie, Belfort-Montbéliard-Héricourt et La Roche-sur-Yon (une vingtaine chacun). Par ailleurs, 28 % des zones d’emploi comptent au moins un établissement industriel de 1 000 salariés ou plus, mais dans les deux tiers des cas seulement un. Cinq zones d’emploi en comptent entre 5 et 16 : Paris, Saclay, Toulouse, Lyon et Valenciennes.
graphiqueFigure 5 – Nombre d’établissements de 250 salariés ou plus de l’industrie manufacturière en 2015 par zone d’emploi
Dans la plupart des zones d’emploi où la majorité des salariés de l’industrie sont employés par des établissements de 250 salariés ou plus, le nombre de salariés diminue fortement entre 2006 et 2015 (jusqu’à – 30 %). Cette baisse est notamment le fait de l’industrie automobile (Poissy, Douai, Valenciennes, Béthune-Bruay, Belfort-Montbéliard-Héricourt) et de la fabrication de matériel de transport maritime (Le Havre). Elle est aussi due à la métallurgie et la fabrication de produits métalliques (Dunkerque, Metz) et à la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique (Clermont-Ferrand, Saint-Omer). Parmi les exceptions, Toulouse est la plus grande zone d’emploi où l’industrie manufacturière se développe en nombre de salariés entre 2006 et 2015 (+ 5 %, soit + 3 500 salariés), malgré une diminution du nombre d’établissements employeurs (– 14 %, soit – 400 établissements). Dans cette zone d’emploi, la hausse est surtout liée à la construction aéronautique et spatiale.
En 2015, l’industrie manufacturière représente plus de la moitié des salariés des secteurs marchands dans seulement neuf zones d’emploi : Sablé-sur-Sarthe, La Ferté-Bernard, Ambert, Segré, Saint-Claude, Oyonnax, Issoudun, La Vallée de l’Arve et Thiers. Toutefois, l’industrie manufacturière recule également dans ces zones, à l’exception de celles d’Issoudun et Ambert.
Sources
Les données proviennent du répertoire des entreprises et des établissements (REE) issu de Sirene (Système informatique pour le répertoire des entreprises et de leurs établissements). Le REE décrit les parcs d’entreprises et d’établissements en activité au 31 décembre de chaque année en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer (DOM). Il offre de l’information sur l’activité, la localisation géographique et la taille des unités sur les champs marchand et non marchand. Le REE permet également de décrire chaque année les créations d’entreprises et d’établissements.
Afin d’assurer la comparabilité entre 2006 et 2015, ont été exclus de l’analyse les auto-entrepreneurs (régime entré en vigueur en 2009), certaines associations et fondations (élargissement du champ marchand en 2011) ainsi que les établissements de Mayotte (DOM depuis 2011).
Définitions
Établissement employeur : dans le répertoire des entreprises et des établissements, sont inscrites des unités légales productives marchandes, personnes physiques ou morales. Elles sont assimilées à des « entreprises » dans les études sur la démographie des entreprises. L’activité de ces personnes physiques ou morales est localisée dans un ou plusieurs lieux d’implantation géographique. Chacun de ces lieux géographiques est une unité légale locale, rattachée à l’unité légale « entreprise ». Dans le langage courant, on parle d’établissement. Un établissement employeur est alors un établissement employant au moins un salarié.
Les effectifs de cette étude sont des effectifs salariés en fin d’année (au 31 décembre), provenant du système d’information « Connaissance locale de l’appareil productif » (Clap), qui combine des données issues des déclarations annuelles des données sociales (DADS) et du dispositif « Extension du projet Urssaf sur les revenus et l’emploi » (Epure).
L’industrie manufacturière correspond à la section C de la NAF rév.2. L’analyse des familles d’activités de l’industrie manufacturière utilise principalement la nomenclature agrégée au niveau international (38 positions pour l’ensemble de l’économie, 13 pour l’industrie manufacturière). Au sein de ces secteurs, des analyses plus détaillées sont réalisées au niveau des divisions (88 divisions pour l’ensemble de l’économie, 24 pour l’industrie manufacturière) et au niveau le plus fin des sous-classes de la NAF rév.2.
Zone d’emploi : une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main-d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts. Le découpage actualisé se fonde sur les flux de déplacement domicile-travail des actifs observés lors du recensement de 2009. La zone d’emploi de Saclay inclut notamment les communes de Versailles et Massy.
Pour en savoir plus
Hurpeau B. et Sémécurbe F., « 96 % des actifs résident à moins de 15 km d’un grand établissement employeur privé », Insee Focus n° 99, novembre 2017.
Rignols É., « L’industrie manufacturière en Europe de 1995 à 2015 – Sa part dans l’économie recule, sauf en Allemagne », Insee Première n° 1637, mars 2017.
Rignols É., « L’industrie manufacturière de 1970 à 2014 – Recul de son poids dans l’économie, plus marqué de 2000 à 2007 », Insee Première n° 1592, avril 2016.
Hecquet V., « Emploi et territoires de 1975 à 2009 : tertiarisation et rétrécissement de la sphère productive », Économie et statistique n° 462-463, janvier 2014.