Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesRecherche et développement : une dépense proche de l’objectif de 3 % du PIB

Thierry Geay, Stéphanie Depil, Insee

La recherche et développement, source d’innovation, est un facteur clé de la croissance. En Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014, la dépense intérieure de recherche et développement représente 2,7 % du PIB pour un montant global investi de 6,6 milliards d’euros. Les entreprises y contribuent pour plus des deux tiers, dans une grande diversité de branches dont certaines bien spécifiques à la région. Le reste provient des administrations, principalement le CEA et le CNRS. Les emplois de recherche sont plutôt concentrés dans les grands pôles urbains, donnant ainsi une place majeure aux départements de l’Isère, du Rhône et du Puy-de-Dôme. Entre 2007 et 2014, la dépense totale croît de 26 % en Auvergne-Rhône-Alpes, surtout dans les administrations, quand le nombre de chercheurs augmente de 24 %.

Thierry Geay, Stéphanie Depil, Insee
Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes No 44- Septembre 2017

La recherche et développement (R&D) est un élément majeur de la croissance et du développement économique. Il s’agit d’un investissement à plus ou moins long terme, même si sur le plan financier, la fonction R&D représente d’abord un coût. Le développement expérimental comme la recherche fondamentale ou appliquée génèrent des innovations, aussi bien pour une entreprise ou une administration que pour les territoires concernés.

En Auvergne-Rhône-Alpes, les dépenses de recherche et développement se montent à 6,6 milliards d’euros en 2014 (figure 1). C’est donc 2,7 % du PIB régional qui est investi dans ce domaine. L’effort de recherche s’approche ainsi de l’objectif européen de 3 % que s’est fixé l’Union européenne à l’horizon 2020 pour favoriser la croissance et l’emploi. Si, en 2014, la moyenne française se situe encore loin de cet objectif (2,2 %), la région Auvergne-Rhône-Alpes fait plutôt figure de bon élève. Elle se place au troisième rang des régions françaises derrière l’Occitanie (3,6 %), qui a d’ores et déjà dépassé l’objectif grâce à l’aéronautique, et l’Île-de-France (2,9 %) avec ses nombreux sièges sociaux. Mais les évolutions observées entre 2007 et 2014 sont faibles, au niveau national comme régional. En sept ans, la progression n’est ainsi que de 0,2 point au niveau national et de 0,3 point pour la région.

Au niveau européen, Auvergne-Rhône-Alpes occupe une bonne place parmi le quart des régions qui investissent le plus dans les activités de R&D. Dans ce classement, parmi les régions françaises, seule l’Occitanie se place dans le top 10 des régions européennes 1 . Les régions allemandes, comme le Bade-Wurtemberg à 4,8 % de son PIB avec ses géants industriels et automobiles, et les régions des pays nordiques comme la Suède, la Finlande et ses nombreuses politiques de soutien à l’innovation ou le Danemark font mieux qu’Auvergne-Rhône-Alpes. Les régions espagnoles et italiennes sont à la traîne, comme la Catalogne et la Lombardie, avec respectivement 1,5 % et 1,3 % de leur PIB consacré à la R&D.

Figure 1Un effort de recherche proche de 3 % du PIBDépenses de recherche et développement en 2014 par région

Un effort de recherche proche de 3 % du PIB
Dépenses intérieures de R&D (en millions d'euros) Part des dépenses (en %) Effort de recherche (en % du PIB)
des administrations des entreprises des administrations des entreprises Total 2014
Île-de-France 19 026 31 69 0,9 2,0 2,9
Auvergne-Rhône-Alpes 6 616 32 68 0,9 1,8 2,7
Occitanie 5 591 40 60 1,4 2,2 3,6
Provence-Alpes-Côte d'Azur 3 417 42 58 1,0 1,3 2,3
Nouvelle-Aquitaine 2 210 37 63 0,5 0,9 1,4
Grand Est 1 994 46 54 0,6 0,7 1,3
Bretagne 1 730 38 62 0,7 1,2 1,9
Hauts-de-France 1 659 36 64 0,4 0,7 1,1
Bourgogne-Franche-Comté 1 312 21 79 0,4 1,4 1,8
Pays de la Loire 1 263 36 64 0,4 0,8 1,2
Normandie 1 244 23 77 0,3 1,1 1,4
Centre-Val de Loire 1 146 27 73 0,5 1,2 1,7
France 47 919 35 65 0,8 1,4 2,2
  • Note : la Corse et l'Outre-mer ne sont pas cités pour cause de respect du secret statistique. En revanche, la ligne « France » en tient compte.
  • Source : MESR, Enquête annuelle sur les moyens consacrés à la recherche et développement dans les entreprises

1 Les régions européennes sont ici classées selon des enjeux comparables. Au nombre de 181, elles mélangent les niveaux NUTS 1 ou NUTS 2 (Länder pour l’Allemagne ou communautés autonomes d’Espagne).

Une dépense de recherche forte dans plusieurs secteurs industriels

Dans la région, les deux tiers des dépenses de R&D sont effectués par les entreprises. Elles mènent ce type d’activités afin d’améliorer l’efficacité de leur production, sa qualité ou pour créer de nouveaux biens et services et se différencier ainsi de leurs concurrents. En 2014, les entreprises d’Auvergne-Rhône-Alpes ont consacré 4,5 milliards d’euros à la R&D, sur un total national de plus de 31 milliards.

La région est, loin derrière l’Île-de-France, la deuxième région française en termes de montants investis. L’Occitanie se place au 3e rang avec 3,4 milliards investis.

En Auvergne-Rhône-Alpes, les activités de recherche et développement sont présentes dans un très grand nombre de branches. Ainsi, les cinq premières branches d’activité ne couvrent dans la région que la moitié de l’investissement total. À l’opposé, certaines régions sont beaucoup plus spécialisées, comme la Bourgogne-Franche-Comté dans l’industrie automobile (60 % de l’investissement total) ou l’Occitanie dans la construction aéronautique et spatiale (47 %).

Parmi les principales branches de recherche, trois d’entre elles sont très spécifiques à la région Auvergne-Rhône-Alpes et ne se retrouvent pas, au niveau national, parmi les activités qui consacrent le plus de budget à la recherche. Ce sont la fabrication de composants, cartes électroniques et ordinateurs, la fabrication de produits en plastique et en caoutchouc et la fabrication d’équipements électriques (figure 2). Ainsi, parmi les entreprises régionales majeures, MFP Michelin et STMicroelectronics France figurent parmi les 10 entreprises qui investissent le plus au niveau national, au 5e et 8e rang respectivement.

L’industrie pharmaceutique est également un secteur d’investissement important, bien que moins spécifique à la région (10 % des dépenses des entreprises, comme en moyenne française).

Figure 2Trois branches d'activité très spécifiques avec des montants investis élevésSpécificité des branches d'activité et montants investis en recherche et développement, en 2014 en Auvergne-Rhône-Alpes

Trois branches d'activité très spécifiques avec des montants investis élevés
Branche de recherche – 32 postes Dépense intérieur en Recherche et Développement Dépenses intérieures de Recherche et Développement en millions d'euros
Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique 4,40 518,9
Cokéfaction et raffinage 4,31 146,5
Fabrication d'équipements d'irradiation médicale, d'équipements électromédicaux et électrothérapeutiques 3,16 53,5
Fabrication d'équipements électriques 3,06 453,4
Composants, cartes électroniques, ordinateurs, équipements périphériques 2,87 580,2
Fabrication de textiles, industries de l'habillement, industrie du cuir et de la chaussure 2,66 53,8
Travail du bois, industries du papier et imprimerie 2,37 30,6
Fabrication de machines et équipements n.c.a. 1,87 290,5
Métallurgie 1,69 101,0
Autres industries manufacturières n.c.a. 1,53 83,9
Fabrication de produits métalliques, à l'exception des machines et des équipements 1,13 119,4
Industrie pharmaceutique 1,05 457,9
Industrie chimique 0,98 251,2
Activités spécialisées, scientifiques et techniques 0,97 290,11
Édition, audiovisuel et diffusion 0,97 152,11
Activités informatiques et services d'information 0,66 199,52
Fabrication d'instruments et d'appareils de mesure, d'essai et de navigation ; horlogerie 0,48 112,34
Industrie automobile 0,42 265,12
  • Source : MESR, Enquête annuelle sur les moyens consacrés à la recherche et développement dans les entreprises

Figure 2Trois branches d'activité très spécifiques avec des montants investis élevésSpécificité des branches d'activité et montants investis en recherche et développement, en 2014 en Auvergne-Rhône-Alpes

  • Source : MESR, Enquête annuelle sur les moyens consacrés à la recherche et développement dans les entreprises

Le CEA et le CNRS concentrent la moitié de la dépense des administrations

La dépense intérieure de R&D des administrations couvre un peu plus d’un tiers des dépenses globales de R&D. Auvergne-Rhône-Alpes occupe ici le troisième rang (2,1 milliards d’euros), devancée par la région Occitanie (2,2 milliards d’euros), en particulier en lien avec la présence du Centre national d’études spatiales (CNES) sur son territoire, et bien sûr par l’Île-de-France (6 milliards d’euros).

La R&D des administrations se dirige vers trois principaux groupes d’établissements. Présents sur l’ensemble du territoire, les établissements de l’enseignement supérieur captent la plus grande part de la dépense (37 %).

Les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) en représentent 32 %. Orientés vers la recherche fondamentale, cinq des huit EPST sont présents dans la région, mais les dépenses sont essentiellement portées par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Celui-ci concentre, à travers l’ensemble de ses sites, plus de 22 % de la dépense régionale totale des administrations. Derrière, l’Inra et l’Inserm regroupent respectivement 3 % et 1,4 % de la dépense globale.

Les établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) représentent 22 % de la dépense. De statuts différents, ils sont aussi plus tournés vers la recherche appliquée. Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des cinq régions où l’implantation de ces Epic est significative, grâce au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) qui focalise 26 % de la dotation régionale des administrations.

Les autres administrations, comprenant la recherche effectuée dans les centres hospitaliers universitaires par exemple, ne représentent que 9 % de la dépense totale.

L’emploi dédié à la R&D des entreprises est surtout présent dans l’Isère

Les emplois de conception-recherche () sont concentrés dans les pôles urbains. Leur poids est ainsi plus élevé dans les départements de l’Isère (5,3 %), du Rhône (4,4 %) et du Puy-de-Dôme (3,2 %) (figure 3). La place de l’Isère est notamment liée à une forte concentration des effectifs de R&D dans les entreprises du département, comme STMicroelectronics France, auxquelles s’ajoute la présence du CEA. Pour les seuls chercheurs, l’Isère se place loin devant avec 184 chercheurs pour 10 000 emplois salariés, contre 90 dans le Rhône et seulement 52 dans le Puy-de-Dôme. Dans ce département, l’entreprise Michelin a depuis 2016 regroupé les technologies dédiées à l’innovation dans un centre de recherche et de développement au nord de Clermont-Ferrand.

Figure 3Des emplois en conception-recherche concentrés dans le Rhône, l'Isère et le Puy-de-DômeNombre et part des emplois de conception-recherche dans l'emploi total par département

Des emplois en conception-recherche concentrés dans le Rhône, l'Isère et le Puy-de-Dôme
Département Emploi de la Conception-Recherche Emploi total Poids des emplois de la Conception-Recherche dans l'emploi total (en %)
Ain 4547 218040 2,1
Aisne 1732 177086 1,0
Allier 1044 127627 0,8
Alpes-de-Haute-Provence 786 59148 1,3
Hautes-Alpes 256 58761 0,4
Alpes-Maritimes 13948 412499 3,4
Ardèche 1462 107512 1,4
Ardennes 984 96645 1,0
Ariège 531 53874 1,0
Aube 1180 114472 1,0
Aude 855 124761 0,7
Aveyron 1019 110962 0,9
Bouches-du-Rhône 24193 789460 3,1
Calvados 4588 277034 1,7
Cantal 331 58897 0,6
Charente 1905 141629 1,3
Charente-Maritime 2413 230956 1,0
Cher 1799 116390 1,5
Corrèze 1006 97688 1,0
Cote-d'Or 4979 229763 2,2
Cotes-d'Armor 2922 220448 1,3
Creuse 259 44562 0,6
Dordogne 1019 150836 0,7
Doubs 6265 215839 2,9
Drome 4274 206749 2,1
Eure 4210 201827 2,1
Eure-et-Loir 2580 149240 1,7
Finistère 7797 354335 2,2
Corse-du-Sud 287 61343 0,5
Haute-Corse 314 64876 0,5
Gard 4293 242452 1,8
Haute-Garonne 41370 597912 6,9
Gers 568 70664 0,8
Gironde 17355 635136 2,7
Hérault 11833 405912 2,9
Ille-et-Vilaine 13299 444708 3,0
Indre 819 86688 0,9
Indre-et-Loire 6131 244122 2,5
Isère 25678 487509 5,3
Jura 1250 97771 1,3
Landes 1356 147327 0,9
Loir-et-Cher 2354 125948 1,9
Loire 4554 283828 1,6
Haute-Loire 683 82495 0,8
Loire-Atlantique 18050 573549 3,1
Loiret 7426 267398 2,8
Lot 917 65956 1,4
Lot-et-Garonne 994 124915 0,8
Lozère 96 32032 0,3
Maine-et-Loire 6002 325299 1,8
Manche 3072 195624 1,6
Marne 3198 240822 1,3
Haute-Marne 715 72796 1,0
Mayenne 1892 127176 1,5
Meurthe-et-Moselle 5550 265384 2,1
Meuse 498 67527 0,7
Morbihan 3720 280830 1,3
Moselle 5590 364736 1,5
Nièvre 625 79048 0,8
Nord 21651 982391 2,2
Oise 5459 275119 2,0
Orne 1170 110665 1,1
Pas-de-Calais 5126 485948 1,1
Puy-de-Dome 8383 266213 3,1
Pyrénées-Atlantiques 6017 271344 2,2
Hautes-Pyrénées 1196 88343 1,4
Pyrénées-Orientales 1072 153876 0,7
Bas-Rhin 13853 464983 3,0
Haut-Rhin 5713 280860 2,0
Rhône 37110 845989 4,4
Haute-Saône 983 80094 1,2
Saône-et-Loire 3179 214556 1,5
Sarthe 3896 220671 1,8
Savoie 3041 188440 1,6
Haute-Savoie 5575 294452 1,9
Paris 68303 1791007 3,8
Seine-Maritime 9579 504413 1,9
Seine-et-Marne 9498 451020 2,1
Yvelines 35035 539793 6,5
Deux-Sevres 3163 153796 2,1
Somme 2920 214795 1,4
Tarn 1704 133190 1,3
Tarn-et-Garonne 941 87080 1,1
Var 4059 354561 1,1
Vaucluse 2384 214639 1,1
Vendee 3246 260119 1,2
Vienne 3388 171521 2,0
Haute-Vienne 1899 146584 1,3
Vosges 1477 140240 1,1
Yonne 1206 123177 1,0
Territoire de Belfort 2121 54240 3,9
Essonne 27281 440003 6,2
Hauts-de-Seine 79714 952053 8,4
Seine-Saint-Denis 20513 561840 3,7
Val-de-Marne 18666 518534 3,6
Val-d'Oise 10867 431366 2,5
France métropolitaine 720761 25776738 2,8
  • Source : Insee, Recensement de la population 2013, exploitation complémentaire

Figure 3Des emplois en conception-recherche concentrés dans le Rhône, l'Isère et le Puy-de-DômeNombre et part des emplois de conception-recherche dans l'emploi total par département

  • Source : Insee, Recensement de la population 2013, exploitation complémentaire

Si le personnel de la R&D est principalement constitué de chercheurs, il est également composé de personnels dédiés à la recherche comme des techniciens, ouvriers, laborantins, etc. ici nommés personnels de soutien. En Auvergne-Rhône-Alpes, les chercheurs représentent 61 % de l’ensemble des personnels. C’est moins qu’au niveau national où ils forment 64 % des effectifs (figure 4). On les trouve en plus grande proportion dans les administrations que dans les entreprises. La part des chercheurs dépend du secteur d’activité et de la politique de recherche de l’entreprise. Ainsi, la part de techniciens est forte dans le secteur du caoutchouc, au détriment de celle des chercheurs. C’est aussi le cas chez les constructeurs automobiles.

Figure 4Une proportion de chercheurs inférieure à la moyenne nationaleEffectifs de la recherche et développement en 2014 par région

Une proportion de chercheurs inférieure à la moyenne nationale
Région d'exécution de la recherche Entreprises Administrations Ensemble
Effectifs de R&D Part des chercheurs (en %) Effectifs de R&D Part des chercheurs (en %) Effectifs de R&D Part des chercheurs (en %)
Île-de-France 99 170 72 56 670 62 155 840 68
Auvergne-Rhône-Alpes 36 940 59 21 300 65 58 250 61
Occitanie 25 000 71 20 360 63 45 360 67
Provence-Alpes-Côte d'Azur (Corse incluse) 15 890 70 13 770 62 29 660 66
Nouvelle-Aquitaine 11 470 58 9 330 63 20 790 60
Grand Est 9 780 53 10 280 62 20 050 58
Bretagne 9 180 69 6 850 60 16 040 65
Hauts-de-France 8 970 52 7 110 66 16 080 58
Pays de la Loire 8 740 56 5 530 58 14 270 57
Bourgogne-Franche-Comté 8 380 51 3 200 62 11 590 54
Normandie 7 450 54 3 640 65 11 090 58
Centre-Val de Loire 6 880 51 3 450 56 10 320 53
Non ventilé - - 5 220 50 5 220 50
Total France métropolitaine 247 850 65 166 710 62 414 560 64
  • Source : MESR, Enquête annuelle sur les moyens consacrés à la recherche et développement dans les entreprises

En volume, ce sont 22 000 chercheurs qui officient dans les entreprises et 14 000 chercheurs qui travaillent dans les administrations d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2014. C’est l’Île-de-France qui concentre la plus grande part des chercheurs dans les administrations, puisque plus d’un chercheur des administrations sur trois y exerce. En Auvergne-Rhône-Alpes comme dans l’ensemble du pays, la moitié de ces chercheurs exercent leur activité au sein de l’enseignement supérieur. Le reste oeuvre pour 33 % dans des EPST et pour 20 % dans des Epic. Mais les disparités régionales sont très importantes au gré de l’implantation de ces établissements.

Un nombre de chercheurs en hausse

Entre 2007 et 2014, la dépense totale de R&D croît de 26 % en Auvergne-Rhône-Alpes et le nombre de chercheurs de 24 %. Sur cette période, la hausse enregistrée par la dépense est plus conséquente dans les administrations que dans les entreprises, contrairement à ce qui s’observe au niveau national. Ceci est principalement dû à la plus faible croissance de la dépense dans les administrations d’Île-de-France (+ 10 %). La dépense à destination des EPST et des Epic fluctue fortement d’une région à l’autre. Celle destinée à l’enseignement supérieur est beaucoup plus homogène, comprise entre + 21 % en Normandie et + 41 % en Nouvelle-Aquitaine.

Sur la période, ce sont les PME qui enregistrent l’augmentation des dépenses la plus nette (+ 56 %). Les régions Île-de-France, Hauts-de-France et PACA connaissent les plus fortes hausses (entre + 90 % et + 100 %).

Côté emploi, l’évolution des effectifs diffère fortement entre chercheurs et personnels de soutien. Dans la région, entre 2007 et 2014, les premiers enregistrent une progression de leurs effectifs de + 24 % quand les personnels de soutien voient leurs effectifs stagner. Dans les entreprises, le nombre de chercheurs augmente de façon importante (+ 33 %) face à la stagnation des personnels de soutien. Dans les administrations, les deux populations sont en hausse – plus contenue toutefois (+ 13 % de chercheurs et + 5 % chez les personnels de soutien).

Un plus grand nombre de doctorants dans les écoles iséroises

En 2015, en Auvergne-Rhône-Alpes, près de 9 700 élèves sont inscrits dans les écoles doctorales de la région. Pour 22 % d’entre eux, ce sont des premières inscriptions. Près d'un inscrit sur quatre l'est dans le domaine des sciences humaines et de l’humanité. Viennent ensuite les sciences pour l’ingénieur, la biologie, médecine et santé, puis les sciences et technologies de l’information et de la communication et les sciences de la société. Trois spécialités sont particulièrement présentes dans la région : les sciences pour l’ingénieur, la physique et les sciences et technologies de l’information et de la communication.

Rapporté à la population des étudiants inscrits dans un cursus d'études supérieures, l'académie de Grenoble compte 39 doctorants pour 1 000 étudiants quand la moyenne nationale est de 29. Ils ne sont que 28 pour 1 000 dans celle de Lyon et 21 dans celle de Clermont-Ferrand, confirmant la place particulière de Grenoble.

Le nombre d’écoles doctorales est fortement disproportionné au sein de la région. Le Rhône en compte 56 sur un total de 80, soit plus de deux sur trois. Elles sont beaucoup moins nombreuses dans l'Isère, mais concentrent davantage d’étudiants.

Aides publiques à la recherche et développement

En plus de l’accompagnement de Bpifrance et des aides régionales ou européennes (horizon 2020), les aides publiques prennent principalement la forme de crédits d'impôts restituables et de réductions des charges sociales et fiscales.

Le crédit d’impôt recherche (CIR) est ainsi l’un des outils phares de l’État sous forme de mesure fiscale d'incitation à la recherche, assise sur les dépenses de R&D des entreprises. Le taux du CIR varie selon le montant des investissements réalisés.

En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 2 400 entreprises ont bénéficié du crédit d’impôt au titre des dépenses de recherche en 2013, soit 16 % des bénéficiaires nationaux. Elles ont déclaré seulement 11 % des dépenses totales. En effet, le montant moyen des dépenses est deux fois plus élevé en Île-de-France qu’ailleurs. Ces bénéficiaires ont au final perçu 9,3 % du CIR, l’écart avec le niveau de dépenses s’expliquant par la localisation hors de la région des maisons-mères ayant perçu l’impôt.

Sources

Les dépenses de recherche et développement en France sont mesurées à partir de deux enquêtes réalisées par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : l’une auprès des entreprises, l’autre auprès des administrations. La première interroge environ 11 000 entreprises. Elle est réalisée de manière exhaustive pour les entreprises ayant des dépenses de R&D supérieures à 400 000 euros et par sondage pour les autres. L’enquête auprès des administrations couvre les institutions qui exécutent des travaux de recherche pour l’État, les organismes publics de recherche, l’enseignement supérieur, les centres hospitaliers universitaires et les centres de lutte contre le cancer, ainsi que les associations et les fondations.

Définitions

Le champ des emplois de conception-recherche est plus large que celui des enquêtes du ministère en charge de la recherche car ces emplois ne sont pas nécessairement liés à « un élément de nouveauté non négligeable et la dissipation d’une incertitude scientifique ou technologique ». On en dénombre 700 000 dans le recensement de la population de 2011, contre environ 360 000 emplois de chercheurs ou ingénieurs de R&D dans les entreprises et les administrations. La principale différence provient des services et des activités informatiques.

Recherche et développement : travaux de création entrepris en vue d’accroître la somme des connaissances. Ils regroupent de façon exclusive les activités suivantes : la recherche fondamentale, la recherche appliquée, le développement expérimental.

La recherche fondamentale porte sur des travaux expérimentaux ou théoriques entrepris principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application ou une utilisation particulière.

La recherche appliquée vise à acquérir des connaissances nouvelles, dirigées vers un but ou un objectif pratique déterminé.

Le développement expérimental s’appuie sur des connaissances existantes obtenues par la recherche ou l’expérience pratique pour la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs ou l’amélioration considérable de ceux qui existent déjà.

La dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) correspond à la somme des moyens financiers, nationaux et étrangers, mobilisés pour l’exécution en France de travaux de R&D. Elle est ventilée entre le secteur des administrations et celui des entreprises. Elle comprend les dépenses courantes que sont la masse salariale des personnels de recherche, les dépenses de fonctionnement et les dépenses en capital comme les achats d’équipements nécessaires à la R&D.

L’effort de recherche régional rapporte les dépenses intérieures de R&D réalisées dans la région à son produit intérieur brut.

Pour en savoir plus

Tableaux de l’économie française, Édition 2017, Insee Références, rubrique « Recherche & Développement », mars 2017

Portrait de la Bourgogne-Franche-Comté, Insee Dossier n° 2, rubrique « Économie – Recherche et développement », avril 2016

L’effort de recherche dans les régions, Insee Première n° 1559, juin 2015