Travail dominical, usages du temps et vie sociale et familiale : une analyse à partir de l'enquête Emploi du temps

Jean-Yves Boulin et Laurent Lesnard

Les débats relatifs au travail dominical opposent d'un côté les tenants de la liberté de travailler sans contrainte qui mettent en avant les gains de compétitivité de l'économie et les gisements d'emploi que recélerait l'ouverture des commerces le dimanche, et de l'autre côté à la fois les défenseurs, de moins en moins nombreux, d'un temps consacré à la sanctification et ceux qui prônent le maintien d'un temps commun consacré à la vie en société et à la famille. Les premiers invoquent l'évolution de la société, des modes de consommations, la compétition économique dans un monde globalisé tandis que les seconds font appel aux travaux socio historiques, à la dimension socio-anthropologique du dimanche et à la nécessité d'en préserver la spécificité. D'un côté comme de l'autre, peu de référence est faite aux conditions de vie et de travail des salariés amenés à travailler le dimanche. L'étude réalisée ici à partir de l'enquête Emploi du temps, bien que n'étant pas une étude d'impact du travail le dimanche à proprement parler, permet de comparer les usages du temps de ceux qui travaillent le dimanche à ceux qui ne travaillent pas ce jour-là. Selon les estimations économétriques, travailler le dimanche va de pair avec une perte de sociabilité familiale et amicale et une diminution du temps de loisir allant au delà de celles observées un jour de semaine et qui ne sont pas, en général, entièrement contrebalancées par le jour de repos compensateur. De plus, les salariés concernés par le travail le dimanche, c'est-à-dire par une forme de travail atypique, sont également ceux qui sont le plus concernés par des horaires de travail atypiques les jours de la semaine.

Economie et Statistique
No 486-487
Paru le :Paru le07/07/2016
Jean-Yves Boulin et Laurent Lesnard
Economie et Statistique No 486-487- Juillet 2016