Insee Flash NormandieCaen, Le Havre et Rouen : une géographie différente des revenus

Jean-François Eudeline (Insee Normandie)

La pauvreté est particulièrement présente dans les agglomérations de Caen, Le Havre et Rouen. Elle se concentre surtout dans les villes-centres et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Les populations les plus aisées se concentrent plutôt dans la ville-centre pour Caen et Rouen et dans la banlieue au Havre. Les banlieues de Caen et Rouen abritent une population diversifiée. Les plus hauts revenus y sont cependant globalement sous-représentés, sauf dans quelques communes de la banlieue de Rouen.

Insee Flash Normandie
No 16
Paru le :Paru le28/06/2016
Jean-François Eudeline (Insee Normandie)
Insee Flash Normandie No 16- Juin 2016

En 2012, le niveau de vie médian des normands est de 19 200 €, un niveau légèrement inférieur à celui de la France de province. En Normandie comme ailleurs, le niveau de vie médian est plus faible dans les grands pôles urbains (18 700 €). Les inégalités de revenus y sont plus fortes et la part des habitants vivant sous le seuil de pauvreté plus importante. La précarité est particulièrement concentrée au sein des villes-centres de ces pôles.

Avec 19 300 €, les habitants de l’unité urbaine de Rouen disposent du niveau de vie médian le plus élevé parmi les trois plus grands pôles normands. Les agglomérations de Caen (19 000 €) et du Havre (18 700 €) sont à un niveau légèrement inférieur. Si le niveau de vie médian dans la ville-centre n’est que légèrement inférieur à celui de la banlieue à Caen et à Rouen, l’écart est important au Havre où il n’est que de 17 600 € dans la ville-centre.

Figure 1Dans les villes-centres, peu de hauts revenus au Havre, profil en U à Caen et Rouen - Répartition de la population dans les dix classes définies par les déciles de niveaux de vie nationaux

  • Note de lecture : 11 % des habitants de la banlieue de Caen disposent d’un niveau de vie situé entre le 2e et le 3e décile de niveau de vie national
  • Source : Insee-DGFIP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal 2012

Caen et Rouen ont des distributions des revenus assez proches (illustration 1). Dans les villes-centres, leur profil a une forme en U, les extrémités de la distribution étant sur-représentées par rapport à la moyenne nationale. Il correspond au profil moyen des villes-centres des grands pôles urbains. Les banlieues, plus homogènes avec des revenus intermédiaires mieux représentés, présentent un profil plus atypique. Dans la banlieue de Rouen, la distribution des revenus est proche de l’ensemble de la population nationale malgré la sous-représentation des hauts revenus. Les revenus intermédiaires sont plus représentés dans la banlieue de Caen, au détriment des bas et surtout des hauts revenus. Au final, le profil de ces unités urbaines, proche de celui de Lille, se retrouve assez peu en France.

Le Havre présente un profil différent. La ville-centre abrite peu de hauts revenus et la population est d’autant plus représentée que son revenu est faible. La situation est à l’opposé dans la banlieue où les revenus les plus élevés sont sur-représentés. Le profil du pôle urbain du Havre est similaire à celui d’autres tels Amiens, Clermont-Ferrand, Limoges, Montpellier, Poitiers ou Reims.

Les hauts revenus fortement concentrés dans certaines communes du Havre et de Rouen

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville ont été conçus comme les territoires de forte concentration de la pauvreté. Dans les trois villes, les zones de forte sur-représentation des bas revenus correspondent ainsi à ces quartiers (illustration 2).

A Caen, en dehors de ces zones de précarité, la ville-centre abrite une population socialement mixte. C’est le cas aussi pour la banlieue, même si la population aisée est légèrement sur-représentée dans l’ouest du territoire et à Épron.

Le Havre comporte peu de zones socialement mixtes. Les plus pauvres sont sur-représentés dans certains quartiers de la ville-centre, à Harfleur et à Gonfreville-l’Orcher. Dans le reste de la banlieue, la population aisée est sur-représentée, en particulier à Sainte-Adresse et à Fontaine-la-Mallet.

Rouen est dans une situation intermédiaire. Il existe une mixité sociale importante dans la ville-centre et quelques zones de banlieue. En revanche, certaines communes de banlieue, au nord-est et sud-est de Rouen, concentrent une forte part de population aisée. Celles-ci sont en particulier très présentes à Bois-Guillaume et Saint-Martin-du-Vivier.

Figure 2Plus de mixité sociale à Caen - Zones de sur-représentation des hauts et bas revenus

  • Source : Insee-DGFIP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal 2012

Définitions

La notion d'unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d'habitants. On appelle unité urbaine une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.

Le pôle urbain est une unité urbaine offrant au moins 10 000 emplois et qui n'est pas située dans la couronne d'un autre pôle urbain. Les communes qui le composent sont soit ville-centre, soit banlieue.

Le niveau de vie d’un individu est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (uc). On attribue 1 uc au premier adulte du ménage, 0,5 uc aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans.

Pour en savoir plus

Insee Références « Revenus et Patrimoine - Édition 2016 », article «Disparités de revenus et ségrégation dans les grands pôles urbains », Jean-Michel Floch (insee), juin 2016

Cent pour cent Basse-Normandie n°237 « Territoires urbains fragiles dans l'agglomération caennaise - Les difficultés ne se limitent pas aux quartiers politique de la ville », M. Lanson-Duranceau, E. Marguerite (Insee), déc. 2012.

Dossier d’Aval Haute-Normandie « Diagnostic social infra-urbain de la CODAH - Indicateurs sociaux dans les quartiers », J. Delamare, J. Follin, J. Marajda (Insee), février 2014.

Dossier d’Aval Haute-Normandie « Diagnostic social infra-urbain de la CREA - Indicateurs sociaux dans les quartiers », J. Delamare et al., février 2014