PIB limousin : une croissance toujours en retrait

Maryse Aguer

Le Limousin affiche un produit intérieur brut par habitant structurellement plus faible que dans la majorité des régions, principalement en raison de ses spécialisations économiques. De plus, la croissance du PIB reste inférieure à la moyenne nationale, y compris sur la période récente. En particulier, le développement des activités à forte valeur ajoutée demeure moins rapide que dans d'autres régions.

Publication électronique
No 13
Paru le :Paru le01/04/2008
Maryse Aguer
Publication électronique No 13- Avril 2008

Avec un produit intérieur brut régional (PIB) d'environ quinze milliards d'euros en 2006, le Limousin contribue pour 1 % à la richesse nationale, poids légèrement inférieur à celui de sa population (1,2 %). Le PIB national reste fortement concentré, en raison de l'importance de la population et de l'activité économique de certaines régions : l'Île-de-France participe pour plus du quart au PIB du pays (28,5 %), suivie par Rhône-Alpes (9,9 %) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (7,3 %).

La démographie n'est pas seule en cause

Le PIB rapporté à la population permet de s'affranchir du poids démographique des régions. En Limousin, il s'élève à 23 600 euros par habitant en 2006, soit 7 % de moins que la moyenne de province (25 300). Ce montant place le Limousin en 17e position des 22 régions de France métropolitaine, rang qu'il occupait déjà en 1990.

L'âge élevé de la population limousine n'explique pas à elle seule la faiblesse du PIB par habitant. En effet, la région compense la forte proportion de retraités par un taux d'activité féminin plus élevé qu'en moyenne nationale. Ainsi, la part de la population limousine qui exerce un emploi est peu éloignée de la moyenne nationale (40 %). La place du Limousin dans le classement des régions selon le PIB par habitant s'explique davantage par sa structure économique. Les activités à forte valeur ajoutée demeurent sous-représentées. L'industrie limousine reste encore marquée par une forte composante manufacturière, et le poids de l'agriculture est important. Rapporté au nombre d'emplois, le PIB limousin (59 700 euros) est inférieur de 9 % à la moyenne de province. Le Limousin se place même en dernière position selon cet indicateur, derrière l'Auvergne et la Basse-Normandie.

Figure 1PIB par emploi : le Limousin dans le peloton de queue

  • Source : Insee

Une croissance en retrait...

L'examen de la croissance du PIB en volume, depuis 1990, fait apparaître de fortes disparités entre les régions. Les plus fortes variations du PIB au long de cette période (plus de 50 %) concernent les Pays de la Loire et la Bretagne ; elles correspondent à un rythme annuel moyen de 2,5 %. Dans une moindre mesure, les régions les plus au sud, ainsi que Rhône-Alpes et Poitou-Charentes enregistrent une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ces régions bénéficient en effet d'une démographie soutenue et d'une hausse de l'emploi supérieure à la moyenne de province. À l'inverse, les régions du Nord, de l'Est, l'Auvergne et le Limousin enregistrent des croissances en retrait. La progression limousine se situe parmi les plus faibles de France : le PIB limousin s'est accru de près de 25 % en volume (1,3 % en moyenne annuelle), devançant seulement la Picardie, l'Auvergne et la Lorraine.

Figure 2Croissance plus élevée sur les franges sud et ouest du pays

  • Source : Insee

Des explications démographiques et conjoncturelles

Depuis 1990, la population ainsi que l'emploi n'ont que faiblement augmenté en Limousin. De plus, la diversification du tissu productif a été moins rapide que dans d'autres régions, avec un développement moins marqué des secteurs à forte valeur ajoutée. L'écart de croissance s'est avéré particulièrement marqué de 1993 à 1997, années pendant lesquelles l'économie limousine a connu une reprise beaucoup plus lente qu'au niveau national. Sur la période récente, de 2000 à 2006, le PIB régional enregistre toujours une progression inférieure à la croissance de province. En particulier, le contexte économique des années 2003-2004 a accentué le décrochage.

Figure 3Une progression plus faible sur l'ensemble de la période

  • Source : Insee

Agriculture et industrie perdent du terrain, la construction résiste

La part de l'agriculture dans la valeur ajoutée régionale reste importante en Limousin : 3,8 % en 2006, contre 2,8 % dans l'ensemble de la province. Elle s'est cependant encore affaiblie nettement depuis 1990, date à laquelle elle atteignait 5,8 % dans la région. Sur la période, le poids de l'industrie a également diminué, en Limousin comme en province, de près de 6 points. Il est en 2006 de 13,8 % (16,2 % en province). Les activités commerciales ont légèrement reculé : -1 point dans la région et dans l'ensemble de la province.

En revanche, la construction a fait preuve de vigueur en Limousin, sa part dans la valeur ajoutée régionale passant même de 6,5 % à 7,9 % (+ 0,4 point seulement dans le reste de la province). Bénéficiant d'une conjoncture favorable, la valeur ajoutée de la branche construction a presque doublé dans la région en seize ans (+ 96 % à prix courants).

Figure 4Forte croissance de la branche construction en Limousin

  • Source : Insee

Un essor des services aux entreprises moins rapide qu'au niveau national

Ce sont surtout les services qui occupent une part croissante dans l'économie : + 8 points dans la valeur ajoutée de la région (+ 9 en province) entre 1990 et 2006. Ils représentent 64 % de l'ensemble de la valeur ajoutée en 2006. En particulier, les services administrés (éducation, santé, action sociale, administration) sont surreprésentés en Limousin : ils contribuent pour 29 % à la valeur ajoutée totale, soit 6 points de plus qu'en province.

Dans l'ensemble des régions de province, les branches qui affichent la plus forte croissance de valeur ajoutée sont les services aux entreprises (+ 118 % depuis 1990), les services aux particuliers (+ 108 %), devant les activités financières et immobilières (+ 106 %). En Limousin, la croissance des services aux entreprises est moins rapide (+ 87 %) ; elle est même dépassée par celle des services administrés (+ 100 %). Le développement des activités financières et immobilières est plus réduit également (+ 71 %).

Figure 5Les services toujours plus créateurs de valeur ajoutée

  • Source : Insee - Comptes économiques régionaux, base 2000

Remarque : Les produits intérieurs bruts régionaux sont établis en conformité avec le système européen des comptes 1995, actuellement en base 2000. Les valeurs de 1990 à 2004 sont définitives, celles de 2005 sont semi-définitives et celles de 2006 sont provisoires.