Auvergne Rhône-Alpes : un tissu industriel varié

Simon Desgouttes, Philippe Bertrand

Avec 490 000 emplois industriels, Auvergne Rhône-Alpes est l’une des régions les plus industrielles de France. Elle se place toutefois en position intermédiaire en Europe, bien loin des grandes régions industrielles d’Allemagne ou d’Italie du Nord. La tradition industrielle de la région est ancienne et a connu de profondes transformations dans les dernières décennies. L’activité industrielle est aujourd'hui structurée autour de huit grands secteurs industriels, dont la fabrication de produits métalliques et la fabrication de machines et équipements.

Insee Flash Rhône-Alpes
No 19
Paru le :Paru le15/10/2015
Simon Desgouttes, Philippe Bertrand
Insee Flash Rhône-Alpes No 19- Octobre 2015

Fin 2013 en Auvergne Rhône-Alpes, l’industrie regroupe 18 % de l’emploi salarié. Cela situe la région aux marges du cœur industriel de l’Europe composé de grandes régions qui consacrent 20 % à 30 % de l'emploi à l’industrie. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Düsseldorf), la Bavière (Munich), le Bade-Wurtemberg (Stuttgart), la République tchèque (Prague) et la Lombardie (Milan) comptent 2 à 3 fois plus d’emplois industriels qu’Auvergne Rhône-Alpes. Cette dernière est comparable à des régions de taille inférieure, telles que la Hesse (Francfort-sur-le-Main), la Basse-Saxe (Hanovre), la grande région de Varsovie, la région flamande (Anvers) ou encore le Midland de l’Ouest (Birmingham).

Une des régions les plus industrielles de France

Forte de ses 490 000 emplois industriels, la région figure toutefois parmi les plus industrialisées de France. Si la part de l’emploi consacrée à l’industrie (18 %) y est moins élevée qu’en Bourgogne-Franche-Comté (20 %), la région est au premier rang national pour son volume total d’emplois industriels.

La tradition industrielle de la région Auvergne Rhône-Alpes est ancienne. Dès les débuts de l’industrialisation, Lyon, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand et Grenoble développent une activité industrielle intense autour du textile et de la chimie (Lyon), de la mine et de l’armement (Saint-Étienne), des industries du caoutchouc (Clermont-Ferrand) et de l’énergie hydroélectrique (Grenoble). Parallèlement, des villes plus petites comme Cluses, Oyonnax, Roanne, Romans-sur-Isère, Ambert, Thiers ou encore Montluçon, développent également une forte spécificité industrielle. Dans la seconde moitié du XXsiècle, Grenoble s’impose, sous l’impulsion de la planification d’État, comme leader de la recherche scientifique et de l’industrie de pointe.

Sous l’effet de la métropolisation, les industries ont tendance à quitter le cœur des agglomérations au profit de la périphérie. Au cours des trente dernières années, la carte de l’industrie régionale s’est largement modifiée et la part de l’emploi industriel a fortement décliné. Dans les agglomérations de Lyon, Grenoble, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand, l’industrie a été suplantée par des activités de services, tandis qu’elle reste prépondérante dans des zones d’emploi périphériques telles que la Vallée de l’Arve, Oyonnax, Ambert et Thiers.

Figure 1Un poids industriel intermédiaire en Europe - L’emploi industriel dans les régions européennes (en %)

  • Source : Eurostat, Insee.

Un paysage industriel varié

L’industrie de la région Auvergne Rhône-Alpes se structure autour de huit grands secteurs d’activité.

La fabrication de produits métalliques (sauf machines et équipements), qui pèse près de 3 % de l’emploi régional, est présente sur l’ensemble du territoire avec quelques fortes implantations. La Vallée de l’Arve, spécialisée dans les activités de décolletage, héberge une centaine de sociétés de fabrication de pièces métalliques dont Frank et Pignard est la plus importante. À Rumilly, Tefal emploie plus de 1 500 salariés. À Ugine en Savoie, la société Ugitech compte plus de 1 000 salariés. Dans la zone d’emploi de Saint-Étienne, un vaste réseau de petites et moyennes entreprises du secteur emploie plus de 2 500 salariés. Issoire (Constellium), Lyon (Areva), Roanne (Nexter System), les Ancizes-Comps (Aubert et Duval), Thiers (coutellerie) constituent d’autres lieux d’implantation importants de l’industrie métallique.

La fabrication de produits en caoutchouc et en plastique emploie 50 000 emplois, dont 9 000 à Clermont-Ferrand, presque exclusivement liés à la multinationale Michelin. Par ailleurs, le géant du pneumatique, premier employeur industriel régional, emploie plus de 800 salariés sur son site de Roanne. Dans la zone d’emploi d’Oyonnax, la "Plastics Vallée" contribue aussi à faire de cette industrie une spécialité régionale. La commune d’Oyonnax héberge une douzaine de sociétés de 30 à 200 salariés dont les établissements George David, la plus importante d’entre elles. Autour de Sainte-Sigolène, au nord de la Haute-Loire, une soixantaine d’établissements pour un total de plus de 2 000 salariés, font de la localité un pôle important de la plasturgie.

La fabrication de produits électriques et électroniques est tout particulièrement présente dans l’agglomération de Grenoble qui s’en est fait une spécialité. Deux sociétés emblématiques dominent le secteur : STMicroelectronics et ses 5 000 salariés d’une part, Schneider Electric et sa douzaine d’établissements (pour près de 4 000 salariés) d’autre part. Ce secteur est par ailleurs bien implanté dans la région lyonnaise (Electricfil automotive, Robert Bosch, Alstom), à Cluses qui héberge le siège de Somfy, à Valence (Thales, Crouzet automatismes) et dans la zone d’emploi de Montluçon (Sagem).

La fabrication de machines et équipements est le secteur d’activité le plus fortement surreprésenté dans la région Auvergne Rhône-Alpes. Cette industrie est essentiellement localisée dans l’est de la région. On signalera, dans la banlieue lyonnaise, les sociétés Bosch et Aldes Aéraulique à Vénissieux, Montabert à Saint-Priest et Bayard à Meyzieu. Par ailleurs, Annecy héberge le siège de NTN-SNR, Faverges celui de Staubli et Culoz celui de la Compagnie Industrielle d'Application Thermique (CIAT). Plus au sud, l’agglomération grenobloise s’est depuis longtemps spécialisée dans le secteur (Alstom, Caterpillar, ECM Technologie) comme Bourg-lès-Valence (Markem-Imaje et Oerlikon Leybold Vacuum).

L’industrie chimique, si elle pèse moins de 1 % de l’emploi total, est nettement surreprésentée dans la région. C’est une industrie concentrée sur quelques sites dans la vallée du Rhône, notamment dans l’agglomération lyonnaise (Bayer, Rhodia, Kemone, BioMérieux, Bluestar Silicones, Arkema), à Pierrelatte (Areva, Eurodif) au sud de la Drôme et à Andrézieux-Bouthéon (SNF) dans la banlieue de Saint-Étienne.

L’industrie pharmaceutique constitue également un secteur industriel clé de la région. Particulièrement concentré, il est dominé par les sociétés Sanofi Pasteur et Sanofi Chimie qui emploient à elles deux plus de 5 000 salariés, soit un tiers de l’emploi du secteur. C’est dans l’agglomération lyonnaise que l’on trouve la plus forte implantation de l’industrie pharmaceutique. Elle abrite d'importants établissements de Sanofi à Lyon et Marcy-l’Étoile, les laboratoires Boiron à Messimy, les sociétés Mérial et Mylan à Saint-Priest. Trois sites importants sont également à signaler : Merck Sharp & Dohme et Sanofi dans le Puy-de-Dôme et Bayer en Haute-Savoie.

La fabrication de textiles occupe seulement 0,8 % de l’emploi régional. Mais elle figure historiquement parmi les spécificités sectorielles les plus marquées de la région. Son déclin, engagé dès les années 1970, s’est accéléré à la fin des années 2000. Elle est présente notamment dans les départements de la Loire et du Rhône, et tout particulièrement dans leurs chefs-lieux respectifs. Grâce à une reconversion industrielle dans le textile de luxe et/ou technique, représentée notamment par les sociétés Gibaud et Thuasne (textile médical) à Saint-Étienne et Zilli (habillement de luxe) à Lyon, l’industrie textile résiste à la désindustrialisation dans ces deux bassins d’emploi.

L’industrie agroalimentaire pèse 1,5 % de l’emploi régional. C’est moins qu’en moyenne métropolitaine (1,8 %). Elle est principalement constituée de petites unités de production éparpillées sur l’ensemble du territoire. Des concentrations plus fortes sont toutefois à signaler dans les vallées du Rhône et de la Saône, dans le sud de la Loire, dans l’agglomération de Clermont-Ferrand, dans la Bresse et dans le sillon Alpin nord.

Figure 2Huit secteurs structurent l'industrie régionale

en %
Huit secteurs structurent l'industrie régionale (en %)
Auvergne Rhône-Alpes France métropolitaine
Produits métalliques 2,9 1,8
Produits en caoutchouc| et en plastique 1,9 1,2
Produits électriques| et électroniques 1,8 1,1
Industrie agroalimentaire 1,5 1,8
Machines et équipements 1,4 0,8
Industrie chimique 0,9 0,7
Industrie textile 0,8 0,5
Industrie pharmaceutique 0,6 0,4
  • Source : Insee, Clap 2013.

Figure 2Huit secteurs structurent l'industrie régionalePart dans l'emploi salarié, par secteur d'activité

  • Source : Insee, Clap 2013.

Pour comprendre

Cette publication est extraite d'un atlas réalisé par les directions régionales de l'Insee et les agences d'urbanisme d'Auvergne et de Rhône-Alpes, avec l'appui financier des préfectures de région de Rhône-Alpes et d'Auvergne. Cet ouvrage a également reçu le soutien des conseils régionaux d'Auvergne et de Rhône-Alpes. Fruit de plusieurs mois de collaboration entre des équipes pluridisciplinaires de statisticiens, de géographes, d'urbanistes et de cartographes, ce recueil est le premier d'une série de trois tomes à paraître d'ici octobre 2016. Ouvrir dans un nouvel onglet« Auvergne Rhône-Alpes : géographie physique, humaine et urbaine », Atlas tome 1, octobre 2015