Trente ans d’évolution de l’emploi en Poitou-Charentes
En 30 ans, 110 000 emplois supplémentaires ont été créés dans la région, soit une augmentation de 18,9 %. Cette croissance des emplois régionaux est proche de la moyenne de France métropolitaine (20,5 %). Les emplois productifs picto-charentais diminuent (-11,4 %) suite aux pertes d’emplois agricoles et industriels alors que ceux du présentiel augmentent (44,2 %).Ces mouvements plus marqués qu’au niveau national, témoignent de l’évolution des métiers. Dans les zones d'emploi, les préfectures bénéficient de leur rôle administratif (Poitiers, La Rochelle et Niort), le littoral tire profit de son attractivité (Royan, Rochefort, La Rochelle) alors que les anciennes zones agricoles (Parthenay et Thouars Loudun) et industrielles (Châtellerault et Angoulême) subissent plus les restrictions d’emplois.
- L’emploi présentiel, principal moteur de l’économie régionale
- Progression des services à la population
- Montée des fonctions métropolitaines
- Moins d’emplois productifs, plus de fonctions transversales
- La Rochelle gagne dans les deux sphères, Poitiers et Niort dans le tertiaire
- Productif en berne mais rebond en cours ?
- Depuis 2006, les écarts se creusent
Sur 30 ans, malgré les crises, la région a généré plus de 111 200 emplois. Le Poitou-Charentes se classe entre les régions méditerranéennes, l’Île-de-France et Rhône-Alpes, le littoral ouest, aux populations et économies dynamiques, et les régions du Centre et de l’Est, de tradition industrielle et agricole (figure 1).
graphiquefigure_1 – Variation de l’emploi total de 1982 à 2011 par zone d’emploi
Pour éclairer ces changements, les emplois s’analysent selon deux sphères (définition). Comme ailleurs, le Poitou-Charentes gagne des emplois en présentiel et en perd en productif.
L’emploi présentiel, principal moteur de l’économie régionale
En Poitou-Charentes, l’emploi présentiel progresse plus vite qu’en France métropolitaine (44,2 % contre 41,5 %). En 30 ans, 141 750 emplois ont été créés, en particulier dans le sanitaire et social. En 2011, le résentiel représente 66 % de l'emploi total contre 55 % en 1982. À l’inverse, le productif perd 30 500 emplois (-11,4 contre -5,9 % au niveau métropolitain), surtout dans la fabrication concrète (figure 2).
tableaufigure_2 – Répartition des emplois et évolutions selon les sphères en Poitou-Charentes
Poitou-Charentes | France métropolitaine | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Nombre d'emplois en 2011 | Part de l'emploi total en 2011 (en %) | Évolutions 1982/2011 | Part de l'emploi total en 2011 (en %) | Évolutions 1982/2011 | ||
Total sphère productive | 237188 | 33,9 | -11,4 | 34,5 | -5,9 | |
Total sphère présentielle | 462 632 | 66,1 | 44,2 | 65,5 | 41,5 | |
Emploi total | 699 820 | 100,0 | 18,9 | 100,0 | 20,5 |
- Sources : Recensements de la population, exploitation complémentaire au lieu de travail
Parallèlement, les métiers exercés au sein de chaque sphère ont beaucoup changé. Ces métiers sont classés en 4 groupes : fonctions présentielles, métropolitaines, de fabrication ou transversales (figure 3).
tableaufigure_3 – Répartition de l'emploi par groupe de fonctions en Poitou-Charentes
2011 | 1982 | |
---|---|---|
Fonctions transversales | 108 289 | 82 896 |
Fonctions à orientation présentielle | 289 850 | 176 140 |
Fonctions de production concrète | 160 208 | 247 728 |
Fonctions métropolitaines | 141 473 | 81 872 |
- Sources : Recensements de la population, exploitation complémentaire au lieu de travail
graphiquefigure_3 – Répartition de l'emploi par groupe de fonctions en Poitou-Charentes
Progression des services à la population
290 000 personnes rendent des services de santé, d’éducationformation, de proximité, de distribution et d’administration. La santé et l’action sociale créent 38 000 emplois en plus. Le gain est plus fort qu’au niveau métropolitain.
Ces activités sont souvent financées par des budgets sociaux. Les services de proximité emploient 71 300 personnes, en progression de 79,2 % comme au national. L’administration publique régionale regroupe 65 700 emplois en 2011 et progresse un peu plus que sur l’ensemble du territoire national.
Montée des fonctions métropolitaines
Les fonctions métropolitaines réunissent les activités de culture-loisirs, de commerce inter entreprises, de conception-recherche, de gestion et de prestations intellectuelles. En 2011, 141 700 personnes exercent dans ces fonctions, soit 20,2 % des actifs contre 25,8 % au national. À l’exception des emplois de prestations intellectuelles, les fonctions métropolitaines croissent plus vite qu’en France métropolitaine (72,8 % à 57,4 %).
Moins d’emplois productifs, plus de fonctions transversales
Les fonctions de production concrète (agriculture, bâtiment-travaux publics et fabrication) baissent de plus de 35 % en Poitou-Charentes comme en France. Ainsi, la transformation du monde agricole a détruit 58 500 emplois. Le secteur agricole n’accueille plus que 5,5 % des emplois contre 16,5 % en 1982. La fabrication picto-charentaise a été impactée par les mutations industrielles avec un repli de 30 200 emplois, soit -26 % contre -38 % au niveau national. Le bâtiment-travaux publics, qui offre 52 700 emplois, connaît une baisse d’effectifs de 8 % en région comme au national. En revanche, du fait de l’automatisation et de la mondialisation, un nombre croissant d’actifs (108 300) exercent dans la logistique et l’entretien-réparation, en proportion plus qu’au niveau national.
Comme pour les sphères, les évolutions d’emplois diffèrent d’un territoire à l’autre. Construites comme marché local du travail, les zones d'emploi sont adaptées à ces analyses. L’emploi dans celles de La Rochelle, Royan et Poitiers a bien progressé, les classant parmi les zones d'emploi françaises les plus dynamiques. Celles de Niort, Saintes et Rochefort, entre 18 % et 25 % de gain, suivent la tendance nationale. En revanche, 6 autres territoires s’inscrivent avec une légère hausse de l’emploi (de 2,3 % à 7,6 %). Seule la zone de Parthenay perd 2,1 % de ces emplois (figure 1) et (figure 4) .
graphiquefigure_4 – Évolution de la sphère productive entre 1982 et 2011
La Rochelle gagne dans les deux sphères, Poitiers et Niort dans le tertiaire
Toutes les zones d'emploi régionales progressent dans la sphère présentielle et reculent dans la sphère productive, hormis La Rochelle. Cette ville littorale, attractive pour les résidents comme pour les touristes, connaît un gain en emploi attendu dans le présentiel, mais aussi dans le productif. Sa spécialisation industrielle l’a protégée des dernières crises. À Poitiers, en dépit de pertes industrielles comme Michelin, la zone du Futuroscope s’est développée autour du tourisme, de l’administration, de centres d’appel et du CNED. Cette zone, comme celle de Niort, concentrent des activités présentielles marquées par une croissance de l’emploi supérieure à celle de la population. De plus, Niort bénéficie du développement des mutuelles et de la zone logistique de la Crèche.
Productif en berne mais rebond en cours ?
Angoulême et Châtellerault pâtissent d’une baisse de l’emploi industriel non compensée entièrement par des emplois métropolitains. La zone d’emploi de Bressuire, touchée par les difficultés d'Heuliez, reste l'une des plus résilientes grâce au dynamisme de ses entreprises locales. Sur les baisses d’emplois agricoles, Parthenay a été pénalisée. Sur Jonzac Barbezieux Saint Hilaire, l’emploi agricole a été comprimé, mais les fonctions logistiques ont amorti les pertes. À Cognac, l’emploi agricole a moins diminué car la viticulture a mieux résisté et le présentiel progresse. Quant à la côte, l’emploi y est soutenu par le tourisme. Royan bénéficie de son positionnement et développe des emplois liés à l’accueil des retraités. Rochefort et dans une moindre mesure, Saintes et Saint-Jean-d’Angély profitent aussi de l’attractivité touristique et résidentielle.
Depuis 2006, les écarts se creusent
Entre 2006 et 2011, à cause de la crise de 2008/2009, l’emploi n’augmente que de 1,3 % contre 1,9 % au niveau national (sur 30 ans, le rythme régional était de 18,9 % contre 20,5 % au national). Si la sphère productive résiste mieux en Poitou-Charentes, le présentiel marque le pas. Parthenay poursuit sa baisse d’emploi, accompagnée par Châtellerault et Thouars Loudun. À l’inverse, les économies de La Rochelle, Niort et Poitiers produisent une croissance de l’emploi qui s’appuie sur les deux sphères.
Définitions
Sphères : à partir des secteurs d'activités principaux des établissements, les activités qui dans l'ensemble ont un ancrage local et destinées aux particuliers sont classés dans la sphère présentielle (écoles élémentaires, boulangeries, hypermarchés…). Les autres activités sont rattachées à la sphère productive, caractérisées par un marché potentiellement mondial et plutôt destinées aux entreprises.
Pour en savoir plus
Reynard R., Vialette P., Gass C., «Trente ans de mutations fonctionnelles de l’emploi dans les territoires» Insee Première n°1538, février 2015.