L’industrie et les services aux entreprises soutiennent l’emploi salarié privé

Bertrand Ballet et Marie-Claire Tesseyre

Au 1er trimestre 2014, les économies avancées ralentissent, principalement du fait de la contraction de l’économie américaine. Dans la zone euro, l’activité accélère en Allemagne et en Espagne mais cale en France et en Italie. En Midi-Pyrénées, la filière aéronautique et spatiale reste dynamique. Ainsi, l’emploi salarié privé se maintient grâce aux embauches dans l’industrie et les services aux entreprises qui compensent le net repli de l’intérim. Le taux de chômage progresse légèrement. La construction de logements reste en berne avec un recul des mises en chantier plus marqué dans la région qu’en moyenne nationale. L’activité se contracte dans le bâtiment et les pertes d’emploi se poursuivent dans ce secteur. Au 1er trimestre 2014, la fréquentation touristique hôtelière progresse dans l’agglomération toulousaine et dans les stations de montagne par rapport au 1er trimestre 2013. Un effet de calendrier « pascal » défavorable entraine toutefois un fort repli des nuitées à Lourdes qui pèse sur l’ensemble de la fréquentation hôtelière régionale.

Insee Conjoncture Midi-Pyrénées
No 1
Paru le :Paru le11/07/2014
Bertrand Ballet et Marie-Claire Tesseyre
Insee Conjoncture Midi-Pyrénées No 1- Juillet 2014

Bonne tenue de l’activité aéronautique et spatiale

Au 1er trimestre 2014, la croissance du trafic mondial de passagers aériens reste soutenue notamment pour les compagnies aériennes d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient. Les commandes d’Airbus ralentissent  sensiblement : 158 appareils sont vendus au 1er trimestre 2014 contre 431 au 1er trimestre 2013 (dont 234 A320 commandés par une compagnie low-cost indonésienne en mars 2013). Le rythme de production de l’avionneur européen reste toutefois soutenu avec 141 avions livrés (dont 6 gros porteurs A380) contre 144 livraisons (dont seulement 4 A380) début 2013. Début 2014, les ventes du constructeur d’avions régionaux ATR sont particulièrement dynamiques avec plus de 100 commandes fermes au cours des quatre premiers mois contre 89 sur l’ensemble de l’année 2013. En 2014, le groupe EADS devient le Groupe Airbus en se réorganisant autour de trois divisions : Airbus (avions commerciaux), Airbus Defense and Space (DS - activités spatiales et de défense, y compris avions militaires) et Airbus Helicopters (hélicoptères civils et militaires, ex-Eurocopter).

Dans le spatial, les prises de commandes de Thales Alenia Space (TAS) et d’Airbus Space Systems sont dynamiques au 1er trimestre 2014. Thales signe notamment un contrat de réalisation d’un satellite de télécommunication russe et met en avant une importante commande d’équipements de satellite d’observation pour un client européen. De son côté, Space Systems d’Airbus DS réalisera notamment le segment sol du futur système d’observation par satellite de la Défense française (Musis) et prend commande d’un nouveau satellite de télécommunication utilisant la propulsion électrique pour le compte de l’opérateur luxembourgeois SES. L’activité est toutefois en repli chez TAS où la montée en charge des nouveaux programmes ne compense pas une moindre contribution de la fabrication des constellations de satellites. Elle est en hausse chez Airbus Space Systems avec deux lancements d‘Ariane 5 effectués au cours du 1er trimestre.

L’emploi salarié se maintient malgré un net repli de l’intérim

Au 1er trimestre 2014, l’emploi salarié stagne dans les secteurs marchands non agricoles de Midi-Pyrénées après le rebond du trimestre précédent (+ 0,3 %). En France métropolitaine, il baisse légèrement au 1er trimestre (- 0,1 %) du fait de l’intérim. Sur un an, l’emploi marchand recule faiblement en Midi-Pyrénées (- 0,1 %) et un peu plus sensiblement au niveau national (- 0,3 %).

À l’inverse, l’emploi intérimaire baisse fortement ce trimestre (- 4,3 %), annulant le rebond du trimestre précédent. La construction perd encore des emplois (- 0,5 %) et le nombre de salariés diminue dans le commerce (- 0,3 %). Dans l’industrie, la quasi-totalité des secteurs créent des emplois supplémentaires à l’exception des industries extractives et de l’énergie réunies qui restent stables. La fabrication de matériels de transport, avec la construction aéronautique et spatiale, et les secteurs traditionnels de la fabrication d’autres produits industriels sont les plus dynamiques. Dans les services marchands, la plupart des secteurs retrouvent de la vigueur, et en particulier, les services aux entreprises hors intérim (+ 0,7 %). Seuls le transport-entreposage (- 0,4 %) et l’hébergement-restauration (- 0,4 %) perdent des salariés ce trimestre.

Figure1Évolution de l’emploi salarié marchand

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs ; données corrigées des variations saisonnières. Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emplois

Figure2Évolution de l’emploi salarié marchand par secteur

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs ; données corrigées des variations saisonnières. Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emplois

Figure3Évolution de l’emploi intérimaire

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre ; données corrigées des variations saisonnières. Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emplois

Au 1er trimestre 2014, l’emploi salarié marchand progresse dans trois départements sur les huit de Midi-Pyrénées : l’Ariège (+ 1,3 %), la Haute-Garonne (+ 0,2 %) et le Lot (+ 0,2 %). L’emploi est quasi-stable dans le Tarn (- 0,1 %) et fléchit légèrement en Aveyron (- 0,2 %). La baisse de l’emploi salarié est plus marquée en Tarn-et-Garonne (- 1,2 %), dans les Hautes-Pyrénées (-1,0 %) et dans le Gers (- 1,0 %).

Le taux de chômage reste quasi stable

Au 1er trimestre 2014, le taux de chômage augmente très légèrement (+ 0,1 point) en Midi-Pyrénées et reste stable en France métropolitaine. Il s’établit à 10,0 % de la population active dans la région contre 9,7 % au niveau métropolitain. Sur un an, le taux de chômage recule faiblement en 2013 en Midi-Pyrénées (- 0,1 point) et au plan national (- 0,2 point). Au 1er trimestre 2014, le taux de chômage est stable ou quasi stable (+ 0,1 point) dans presque tous les départements de la région. La hausse est un peu plus sensible en Tarn-et-Garonne (+ 0,2 point). Sur un an, le taux de chômage est quasi stable dans tous les départements de Midi-Pyrénées hormis l’Ariège où il recule de 0,5 point.

Figure4Taux de chômage

  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, taux de chômage localisé (région), et au sens du BIT (France)

Nouveau repli de la construction de logements

En Midi-Pyrénées, le nombre de logements autorisés à la construction au cours des 12 derniers mois s’établit à 23 500 fin mars 2014. Il recule de 8 % par rapport au cumul atteint fin décembre 2013, et de 17 % par rapport à celui atteint fin mars 2013. Ce repli sur un an est toutefois moins important qu’au niveau national (- 21 %).

Au 1er trimestre 2014, le nombre de logements autorisés baisse dans tous les départements de la région, à l’exception de l’Aveyron (+ 6 %). Le repli est particulièrement fort dans les Hautes-Pyrénées (- 27 %), le Lot (- 26 %) et le Gers (- 21 %).

Figure5Évolution du nombre de logements autorisés à la construction

  • Note : données mensuelles brutes, en date de prise en compte. Chaque point représente la moyenne des 12 derniers mois.
  • Source : SoeS, Sit@del2

Figure6Évolution du nombre de logements commencés

  • Note : données mensuelles brutes, en date de prise en compte. Chaque point représente la moyenne des 12 derniers mois..
  • Source : SoeS, Sit@del2

Figure7Évolution de la fréquentation dans les hôtels

  • Notes : données mensuelles brutes. Suite au changement de méthodes intervenu début 2013, les données 2011 et 2012 ont été rétropolées.
  • Sources : Insee ; direction du tourisme ; partenaires régionaux

Le nombre de logements mis en chantier au cours des 12 derniers mois en Midi-Pyrénées s’établit à 18 000 fin mars 2014, soit une baisse de 6 % en trois mois et de 15 % en un an. Le recul est plus marqué en Midi-Pyrénées qu’en France métropolitaine où il est de respectivement de - 3 % et - 5 %. Au 1er trimestre 2014, les mises en chantier progressent nettement dans l’Ariège (+ 12 %), le Tarn (+ 9 %) et en Tarn-et-Garonne (+ 6 %). À l’inverse, les mises en chantier de logements diminuent sensiblement dans la Haute-Garonne (- 11 %), le Lot (- 7 %) et plus faiblement en Aveyron (- 4 %), dans le Gers (- 3 %) et dans les Hautes-Pyrénées ( - 1 %).

Fréquentation touristique en hausse dans les hôtels toulousains et de stations de montagne

La fréquentation des hôtels de Midi-Pyrénées fléchit au 1er trimestre 2014, poursuivant la baisse amorcée depuis plusieurs trimestres. Le nombre de nuitées recule de 2,3 % par rapport au même trimestre de l’année précédente, un peu moins qu’au niveau national (- 2,9 %). À Lourdes, cette année, les fêtes de Pâques tombant en avril, la fréquentation des hôtels affiche une forte diminution (- 15,9 %) par rapport à la même période 2013, en raison d’une absence de clientèle française. La clientèle étrangère est aussi moins présente dans la région (- 4,4 %). Toutefois, la fréquentation des hôtels de l’agglomération toulousaine augmente de 1,3 %, grâce à la clientèle d’affaire qui gagne 3 points par rapport au 1er trimestre 2013. Celle des hôtels des stations de montagne est également en hausse, de 5,9 %, soit une croissance légèrement supérieure à celle de la saison précédente. La présence de la clientèle étrangère (+ 31,7 %) a permis d’inverser la tendance après un début de saison morose perturbée par les mauvaises conditions météorologiques.

Augmentation des créations d’entreprises grâce aux auto-entrepreneurs

Au 1er trimestre 2014, le nombre total d’entreprises créées en Midi-Pyrénées progresse de 6 % par rapport au trimestre précédent, après une hausse de 9 % au 4e trimestre 2013. Les immatriculations d’auto-entreprises augmentent de 13 % et représentent 58 % des créations totales. Hors auto-entrepreneurs, le nombre de créations d’entreprises recule de 3 %. Au niveau national, l’évolution des créations d’entreprises au cours du 1er trimestre 2014 est proche de celle de Midi-Pyrénées (+ 5 %). Comme au niveau régional, elles sont portées par les immatriculations d’auto-entrepreneurs en hausse de 11 %, les créations hors auto-entrepreneurs étant en repli de 1 %.

Figure8Créations d’entreprises

  • Champ : ensemble des activités marchandes hors agriculture. Note : les créations d’entreprises hors entrepreneurs sont corrigées des jours ouvrables et corrigées des variations saisonnières (CJO-CVS), les créations sous régime d’auto-entrepreneurs sont brutes. Données trimestrielles.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements – Sirene)

Au 1er trimestre 2014, en Midi-Pyrénées, les créations d’entreprises sont plus nombreuses dans tous les grands secteurs d’activité à l’exception de l’industrie. La hausse des immatriculations d’auto-entreprises contribue fortement à l’augmentation des créations totales dans le secteur de la construction et dans celui regroupé du commerce, transports, hébergement-restauration. À l’inverse, le repli des créations hors auto-entrepreneurs contribue au recul des créations totales dans l’industrie. Dans les services, la croissance des immatriculations d’auto-entreprises compense le recul des créations hors auto-entrepreneurs.

Au 1er trimestre 2014, les créations d’entreprises sont en hausse dans tous les départements de la région à l’exception de l’Aveyron.

Un peu moins de défaillances d’entreprises

En Midi-Pyrénées, le nombre de défaillances jugées au cours des 12 derniers mois s’établit à 2 775 fin mars 2014. Ce nombre recule de 0,9 % par rapport au cumul atteint fin décembre 2013, tandis qu’il augmente de 5,6 % par rapport à celui de fin mars 2013. En revanche, en France métropolitaine, le nombre de défaillances s’accroît de 0,6 % sur un trimestre et de 3,7 % en un an.

Dans la région, les défaillances d’entreprises se replient au cours du 1er trimestre 2014 dans l’hébergement-restauration, les services aux ménages et la construction. À l’inverse, elles se développent dans le commerce et les services aux entreprises. Au 1er trimestre 2014, le nombre de défaillances jugées au cours des 12 derniers mois recule dans tous les départements de la région à l’exception des Hautes-Pyrénées et du Tarn-et-Garonne.

Figure9Défaillances d’entreprises

  • Note : données mensuelles brutes au 10 septembre 2013, en date de jugement. Chaque point représente la moyenne des douze derniers mois.
  • Source : Banque de France, Fiben

Contexte national - La croissance revient mais ne décolle pas

Au 1er trimestre 2014, l’activité stagne. La croissance reviendrait en France au 2e trimestre (+ 0,3 %). Au 2nd semestre, la croissance ne décollerait pas : elle resterait moyenne (+ 0,3 % par trimestre). Au total, le PIB progresserait de 0,7 % en 2014, après + 0,4 % en 2012 et en 2013. Des facteurs persistants continuent de limiter l’ampleur de la reprise. Le pouvoir d’achat des ménages s’améliore certes, mais trop modestement pour conduire à une franche accélération de la consommation (+ 0,3 % en 2014) et à une reprise de l’investissement en logements neufs. Confrontées à une demande qui ne décolle pas, et avec un taux de marge qui se redresse mais reste bas, les entreprises ne sont pas enclines à investir. Enfin, les exportations françaises ne profiteraient pas pleinement de l’accélération attendue du commerce mondial, pénalisées notamment par l’appréciation de l’euro. L’emploi total progresserait au 1er semestre 2014 (+ 22 000 postes) comme au 2nd semestre (+ 38 000) du fait des emplois aidés. Le taux de chômage augmenterait légèrement d’ici fin 2014 (10,2 %).

Contexte international - Les économies avancées ralentissent ponctuellement

Les économies avancées ralentissent au 1er trimestre 2014, principalement du fait de la contraction de l’économie américaine. Dans la zone euro, l’activité accélère en Allemagne et en Espagne mais cale en France et en Italie. Les économies émergentes traversent toujours une zone de turbulences : les attaques monétaires ont cessé mais les resserrements monétaires passés continueraient de peser sur l’activité. Leurs importations ne progresseraient que modérément d’ici la fin de l’année. À l’inverse, les économies avancées retrouveraient de l’élan d'ici fin 2014. Aux États-Unis, l’activité rebondirait fortement. Au Royaume-Uni, la demande intérieure progresserait vigoureusement malgré un marché immobilier qui s’assagirait au 2nd semestre. La zone euro, et notamment l’Espagne, retrouverait du tonus (+ 0,3 % par trimestre), grâce à une moindre consolidation budgétaire, un redressement de l’investissement et une baisse de l’épargne de précaution des ménages. En revanche, la construction continuerait de peser négativement dans la zone, excepté en Allemagne.