Fin 2014, le Limousin attend toujours une embellie

Au quatrième trimestre 2014, l’emploi salarié marchand en Limousin (données révisées, corrigées des variations saisonnières) diminue de 0,1 %, après trois trimestres de forte baisse. Au niveau national, il repart à la hausse (+ 0,1 %) après une stabilisation au premier semestre et une forte dégradation au troisième trimestre. En un an, la région a perdu ainsi plus de 2 000 emplois, soit une diminution de 1,5 %, cinq fois plus importante qu’en France métropolitaine (– 0,3 %).

L’emploi se replie dans six autres régions de province au quatrième trimestre : la Corse est la plus impactée (– 0,6 %), devant Champagne-Ardenne (– 0,4 %). À l’opposé, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées affichent la plus forte progression (+ 0,4 %). Sur un an, l’emploi salarié marchand se replie pour l’ensemble des régions de province sauf en Corse et Rhône-Alpes. Quatre régions dont le Limousin enregistrent une baisse supérieure ou égale à 1,5 %.

L’emploi reste stable en Creuse et en Corrèze, tandis que la Haute-Vienne perd 150 emplois salariés (– 0,2 %) au quatrième trimestre 2014. Sur un an, l’emploi salarié s’inscrit à la baisse dans l’ensemble des départements de la région. La Haute-Vienne est la plus affectée (– 2,0 %). Les diminutions d’effectifs sont aussi importantes en Creuse (– 1,9 %), elles sont plus contenues en Corrèze (– 0,7 %).

Malgré des conditions climatiques plutôt favorables en fin d’année, la construction continue de se dégrader dans la région et enregistre de nouveau un recul important au quatrième trimestre 2014 (– 1,1 % après – 1,8 %). Les emplois salariés dans le commerce sont aussi fortement impactés (– 0,5 %), tandis que les effectifs dans l’industrie et les services marchands hors intérim sont quasiment stables (– 0,2 % et – 0,1 %).

Au final, en 2014, les pertes d’effectifs sont conséquentes pour l’ensemble des secteurs dans la région. La construction affiche la plus forte baisse (– 5,0 %) et perd 700 emplois. Le commerce se replie fortement (– 1,7 %), l’industrie et les services marchands hors intérim dans une moindre mesure (– 1,2 % et – 0,6 %).

Au quatrième trimestre 2014, l’emploi intérimaire s’inscrit à la hausse (+ 5,0 %) limitant le repli de l’emploi en Limousin. En France métropolitaine, il enregistre une augmentation similaire. Depuis le début de l’année 2014, l’emploi intérimaire alterne hausses et baisses marquées, pouvant indiquer un manque de confiance des entreprises. Les effectifs régionaux peinent ainsi à retrouver le niveau atteint fin 2013. Sur un an, les emplois intérimaires diminuent de 2,3 % en région, une évolution plus défavorable qu’en France métropolitaine où les effectifs restent stables.

Au quatrième trimestre 2014, l’emploi intérimaire augmente en Corrèze et en Creuse, et se stabilise en Haute-Vienne. Sur un an, tandis que les effectifs en Creuse et en Haute-Vienne diminuent (– 11,8 % et – 5,5 %), les effectifs corréziens progressent (+ 5,3 %).

Le taux de chômage en Limousin augmente pour le deuxième trimestre consécutif et s'établit à 9,2 % de la population active. Au niveau national, il augmente dans une même mesure et s'élève à 10 %, niveau qu'il n'avait plus atteint depuis mi 2013. L’écart entre le taux de chômage régional et national reste ce trimestre encore de 0,8 point.

Le chômage en Haute-Vienne augmente de 0,1 point et s’élève à 9,8 %, soit un taux jamais atteint depuis au moins trente ans. Le chômage en Corrèze augmente au même rythme et atteint 8,1 %. Le chômage se stabilise en Creuse à 9,7 % de la population active.

Sur un an, le taux de chômage augmente en Limousin (+ 0,4 point), entraîné par la hausse du taux de chômage en Haute-Vienne (+ 0,5 point) et en Corrèze (+ 0,4 point). Le taux de chômage augmente dans une moindre mesure en Creuse (+ 0,2 point).

La demande d’emploi continue d’augmenter en Limousin, pour atteindre 53 000 demandeurs de catégorie A, B ou C fin décembre 2014. Si la progression s’accentue tant en rythme trimestriel (+ 1,6 %) qu’annuel (+ 5,9 %), elle demeure inférieure à celle observée en France métropolitaine (+ 1,8 % et + 6,4 % au niveau national). Au final, en un an, 2 930 nouveaux demandeurs d'emploi se sont inscrits à Pôle emploi.

La hausse des demandeurs d’emploi concerne toutes les classes d’âge. Cependant, les plus de 50 ans sont fortement impactés avec une augmentation supérieure à celle observée en France métropolitaine. Sur un an, leur nombre augmente de nouveau (+ 10,7 %). La hausse de la demande d’emploi des moins de 25 ans ralentit au quatrième trimestre (+ 2,1 %, après + 2,6 %). Cependant, sur un an, le chômage des jeunes repart légèrement à la hausse fin décembre (+ 0,4 %). Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d’un an s'oriente de nouveau à la hausse au quatrième trimestre, mais deux fois moins rapidement qu’au trimestre précédent.

La Creuse accuse la plus forte augmentation en fin d’année 2014, après un troisième trimestre de stabilisation (+ 2,0 % après – 0,1 %). L’augmentation des inscrits à Pôle Emploi en Corrèze s’accélère fortement (+ 1,6 % après + 0,4 %). En Haute-Vienne, la demande d’emploi enregistre une progression similaire à celle du trimestre précédent (+ 1,5 %).

Après deux trimestres de progression, les offres d’emploi repartent à la baisse en Limousin (– 6,3 %). Ce recul concerne plus particulièrement les offres d’emploi non durables (moins de six mois), qui diminuent de 13,3 %. Les offres d’emploi durables (six mois et plus) sont en repli mais dans une moindre mesure (– 3,5 %) après une forte chute au troisième trimestre (– 10,8 %).

En Limousin comme en France métropolitaine, l’activité dans le bâtiment ne s’améliore toujours pas fin 2014. Avec 2 100 logements mis en chantier depuis janvier 2014, la construction se contracte au quatrième trimestre : – 9 % sur trois mois glissants . Ce repli est supérieur à celui observé au troisième trimestre (– 3 %) et à celui constatée au niveau national (– 2 %). Sur un an, la baisse des mises en chantier est aussi plus importante en région qu’en France métropolitaine (– 28 % contre – 11 %).

La contraction de l’activité au cours du quatrième trimestre 2014 concerne les trois départements de la région avec un repli plus marqué en Haute-Vienne et en Corrèze, que cela soit en rythme trimestriel ou annuel.

Malgré un léger rebond des autorisations de construction mi 2014 en Limousin, les perspectives s’annoncent moroses en fin d’année. Le nombre de permis autorisés recule de 13 %, un rythme beaucoup plus soutenu qu’au niveau national (– 3 %). En cumul sur un an, le nombre de logements autorisés à la construction décroît de 36 %. Ce repli est trois fois plus important qu’en France métropolitaine.

Dans ce contexte économique difficile, l’avenir semble s’éclaircir pour le marché des constructions de locaux en Limousin avec des autorisations en hausse depuis le printemps 2014. Leur nombre progresse tant en rythme trimestriel (+ 4 %) qu’annuel (+ 12 %). Les perspectives nationales restent quant à elles fortement dégradées.

Néanmoins, la hausse des autorisations ne se fait pas encore sentir et les chantiers de construction de locaux peinent à redémarrer. Les surfaces de plancher commencées sur un an baissent de 1% par rapport au troisième trimestre 2014, et de 14 % en rythme annuel.

Selon l’enquête de conjoncture de la Cellule économique du BTP Limousin, le bilan 2014 laisse apparaître une contraction de l’activité, autant dans les mises en chantier de logements que dans le secteur des Travaux Publics, et le niveau atteint est historiquement bas. Les carnets de commande inspirent l’inquiétude des entrepreneurs.

Dans la région, la fréquentation hôtelière poursuit son déclin pour le onzième trimestre consécutif (– 5 % sur un an contre – 0,7 % au niveau national). Au quatrième trimestre, l’hôtellerie limousine pâtit d’une forte baisse de la clientèle étrangère (– 17 %). Ce repli de la fréquentation étrangère contribue pour près d’un tiers au recul total des nuitées dans l’hôtellerie limousine.

Seuls les hôtels situés à Limoges et ses environs enregistrent une progression de fréquentation, qui reste très modérée (+ 0,4 %). Sur le reste du territoire, la fréquentation chute en moyenne de 9 %.

En hiver, une partie des hôtels ferment leurs portes quelques semaines, voire quelques mois. Alors qu’en août 262 hôtels étaient ouverts, ils n’étaient plus que 253 en octobre et 231 en décembre, principalement du fait des fermetures saisonnières. Pour les établissements restés ouverts, l’activité ralentit à partir du mois de novembre. Seulement 40 % des chambres ont été louées dans la région en novembre, et 37 % en décembre, contre 46 % en moyenne sur l’année.

Au quatrième trimestre 2014, 1 053 entreprises ont été créées en Limousin. Après deux trimestres de repli, les créations d’entreprises augmentent de 1,9 %, grâce à la hausse des immatriculations d’auto-entreprises (586 unités créées, soit + 6,2 %). En revanche, la création d’entreprises classiques se replie (– 2,9 %). La création repart à la hausse au niveau national, quel que soit le statut.

Les transports et l’entreposage, ainsi que le commerce de gros et de détail comptent parmi les secteurs les plus dynamiques en termes de création d’entreprises fin décembre 2014. D’autres secteurs enregistrent moins de nouvelles entreprises qu’au trimestre précédent, comme l’hébergement et la restauration, et les activités financières et d’assurances.

Les procédures de redressement judiciaires diminuent au quatrième trimestre 2014 et concernent 672 entreprises, soit 45 de moins qu’au troisième trimestre. La baisse des défaillances d’entreprises est plus marquée en Limousin (– 6,3 %) qu’en France métropolitaine (– 2,0 %). Sur un an, le nombre d’entreprises en cessation d’activité est en recul dans la région (– 0,9 %) comme au niveau national (– 0,7 %).

Comme attendu, l’activité a peu progressé en France au quatrième trimestre 2014 (+ 0,1 %). Au premier semestre 2015, la consommation des ménages serait dynamique, soutenue par le regain de pouvoir d’achat offert notamment par la forte baisse des prix du pétrole. En revanche, le climat des affaires, qui n’a que légèrement progressé depuis novembre et reste inférieur à sa moyenne de long terme, fait état d’un attentisme persistant des entreprises. Leur investissement stagnerait donc, malgré les conditions de financement favorables et la nette remontée de leur taux de marge, qui atteindrait son plus haut depuis début 2011. Par ailleurs, l’investissement des ménages continuerait de reculer. Au total, le PIB accélérerait à + 0,4 % au premier trimestre 2015, du fait d’un rebond ponctuel de la production d’énergie après un automne doux, puis progresserait de 0,3 % au deuxième trimestre. Mi-2015, la hausse de l’activité atteindrait + 1,1 % sur un an, le rythme le plus haut depuis fin 2011. Le regain d’activité et les politiques d’enrichissement de la croissance en emplois ne suffiraient pas à enrayer la baisse de l’emploi marchand sur le semestre et, malgré le soutien des emplois aidés, le chômage continuerait d’augmenter, à 10,6 % mi-2015.

Au quatrième trimestre 2014, l’activité est restée solide dans les pays avancés. Le dynamisme de la consommation a permis une croissance robuste aux États-Unis et au Royaume-Uni, tandis que l’activité a légèrement accéléré dans la zone euro. Dans les pays émergents, en revanche, l’activité a tourné au ralenti, notamment en Chine. Au premier semestre 2015, le décalage conjoncturel entre les pays anglo-saxons et la zone euro tendrait à s’amenuiser. Dans cette dernière, sous l’effet des baisses récentes du prix du pétrole et du cours de l’euro, la consommation et le commerce extérieur seraient dynamiques. L’activité resterait soutenue en Espagne, grâce aussi à la vigueur de l’investissement, et en Allemagne, qui bénéficierait de l’instauration du salaire minimum, mais elle redémarrerait très lentement en Italie. Aux États-Unis comme au Royaume-Uni, la vigueur de la consommation des ménages continuerait de générer une croissance soutenue, mais l’appréciation de leurs monnaies pèserait sur le commerce extérieur. Dans les pays émergents, l’activité continuerait de tourner au ralenti, et leurs importations seraient peu dynamiques.