En Poitou-Charentes, l’emploi salarié se détériore nettement au 3e trimestre 2014

Entre le 2^e et le 3^e trimestre 2014, l’emploi salarié dans les secteurs principalement marchands a fortement diminué dans la région (-0,9 %). Ce sont un peu plus de 3 300 emplois supprimés en un seul trimestre, c’est-à-dire la plus forte dégradation depuis le 1^er trimestre 2009 situé au cœur de la première phase de la crise. Ce trimestre, les destructions d’emploi ont totalement annulé le léger gain observé au trimestre précédent. Au niveau national, l’emploi se réduit aussi, mais plus légèrement (-0,3 %) (figure 1). Dans la région, deux secteurs sont particulièrement touchés par les réductions d’emplois. L’intérim (-6,0 %, soit près de 950 emplois détruits) qui subit la baisse générale de l’activité et la construction (-1,9 %, soit près de 700 emplois perdus) sur laquelle se répercute en partie, la réduction des effectifs du chantier de la LGV. Aucun des autres grands secteurs n’a été créateur net d’emplois au 3^e trimestre 2014. L’industrie, le commerce et même les «services marchands hors intérim» ont détruit de nombreux emplois (figure 2)et (figure 3)

D’un trimestre sur l’autre, le niveau de l’emploi dans les départements s’est partout réduit de façon significative. La Charente-Maritime perd 1,0 %, les Deux-Sèvres et la Vienne 0,9 % et la Charente 0,8 %. Dans la Vienne, le secteur du BTP subit la fin des grands travaux de terrassement de la LGV (-4 %).

Au 3^e trimestre 2014, 9,4 % de la population active du Poitou-Charentes est au chômage (figure 4). Par rapport au 2^e trimestre 2014, le taux de chômage s’est sensiblement dégradé (+0,3 point). Ce trimestre annule quatre trimestres de diminution ou de stabilité. Le taux de la région reste inférieur au taux métropolitain qui augmente (+0,2 point). Les quatre départements de la région sont impactés. L’augmentation la plus faible (+0,2 point) se situe dans les Deux-Sèvres, tandis que la Charente-Maritime subit la plus forte dégradation (+0,4 point). La Charente et la Vienne occupent une situation intermédiaire (+0,3 point).

Douze des treize zones d’emploi picto-charentaises connaissent une détérioration de leur taux de chômage entre le 2^e et le 3^e trimestre 2014. Dans la zone de Bressuire, le taux de chômage s’est toutefois amélioré (-0,1 point). C’est d’ailleurs la zone d’emploi régionale où le taux de chômage est le plus bas (6,8 %). Avec une croissance de 0,7 point de son taux, la zone de Jonzac-Barbezieux-Saint Hilaire est l’une des zones d’emploi métropolitaines les plus touchées. La zone d’emploi de Rochefort, dont le taux de chômage est depuis plusieurs décennies le plus fort de la région, n’a pas été épargnée (+0,5 point).

Au 3^e trimestre 2014, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A enregistré à Pôle Emploi en Poitou-Charentes s’est, une nouvelle fois, inscrit à la hausse. Fin septembre 2014, 85 100 demandeurs étaient décomptés par l’établissement public (+1,2 % en trois mois), soit près de 1 000 demandeurs supplémentaires par rapport à juin 2014.

L’augmentation a surtout concerné les plus jeunes, qui bénéficiaient jusqu’alors de meilleures tendances. La baisse sensible survenue entre juin et décembre 2013 a été suivie d’une période de stabilisation. Puis en juin 2014, une nouvelle dégradation de leur situation est intervenue. Au 3^e trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans s’est aggravé (+5,2 %, soit 750 demandeurs supplémentaires). L’augmentation du nombre de demandeurs d’emplois de moins de 25 ans représente les trois-quarts de l’augmentation totale observée ce trimestre. Les demandeurs d’emploi de 25 à 49 ans sont moins touchés ce trimestre (+0,2 %), tandis que l’augmentation de ceux de plus de 50 ans n’a pas faibli (+0,9 %).

Au cours du 3^e trimestre 2014, 16 700 offres d’emploi ont été recueillies par Pôle Emploi en Poitou-Charentes dont près de 42 % sont des offres durables concernant des contrats de six mois et plus. La collecte globale d’offres est inférieure de 470 propositions à celle du 2^e trimestre 2014 et de 2 000 par rapport au 3^e trimestre 2013. Sur un an, la perte d’offres dans la région (-10,8 %) est plus importante que celle enregistrée en métropole (-0,5 %).

En Poitou-Charentes, comme sur l’ensemble de la métropole, l’activité de la construction reste morose au 3^e trimestre 2014. Dans la région, le mouvement baissier du nombre de permis de construire accordés, entamé dès 2012, s’est arrêté au 2^e trimestre 2014, mais à un niveau 40 % moindre qu’auparavant. La baisse tendancielle des autorisations semble stoppée, mais les signes tangibles de franche reprise se font encore attendre. Une note d’optimisme toutefois : durant le 3^e trimestre 2014, les autorisations de construire des logements (y compris les logements en résidences) se sont légèrement accrues en Poitou-Charentes (+ 2,8 % en glissement trimestriel) notamment grâce à des programmes de logements collectifs supplémentaires. Sur l’ensemble de la France métropolitaine, l’arrêt de la dégradation au 2^e trimestre, suivie d’une timide reprise (+ 0,8 %) au 3^e sont aussi observées.

Sur un an, dans la région, 9 478 autorisations de construction de logements ont été délivrées entre octobre 2013 et septembre 2014. Le nombre d’autorisations (figure 5) chute par rapport à la même période un an auparavant (-18,7 %). Sur un an, la baisse dans la région est plus forte que celle observée au niveau national (-13,1 %).

L’activité des entreprises du bâtiment est subordonnée au démarrage des chantiers de construction, elle reste donc fragile. Sur un an, entre octobre 2013 et septembre 2014, 9 843 logements ont été commencés dans la région. Par rapport à la même période l’année précédente, les mises en chantier de logements ont augmenté (+5,4 %). Les travaux de construction entrepris ont bénéficié d’un fort regain de logements en résidence dû à la mise en place du Center Parcs ainsi que de certaines structures d’hébergement pour personnes âgées et pour étudiants. Dans le même temps, au niveau national, les mises en chantier reculent (-12,1 %).

Au cours du 3^e trimestre, les mises en chantier se sont légèrement orientées à la baisse en Poitou-Charentes. Le recul du dernier trimestre est peu marqué (-0,4 % en glissement trimestriel) mais les entames de chantier au mois d’octobre n’augurent pas d’un 4^e trimestre très porteur d’activité (figure 6).

Au cours du 3^e trimestre 2014, en Poitou-Charentes, 2 911 entreprises ont été créées. Par rapport au 2^e trimestre, le nombre de créations est en diminution (-5,9 %). La création classique (hors auto-entrepreneur) est toutefois en baisse atténuée (-1,0 %) tandis que la création d’auto-entreprises chute de 9,4 %. Au niveau national, les créations totales d’entreprises sont aussi en baisse (-1,3 %), celles des auto-entrepreneurs accusant une moindre inflexion (-1,7 %) que celle observée dans la région. D’un trimestre sur l’autre, les créations ont été supérieures dans le département de la Charente (+4,6 %) tandis qu’en Charente-Maritime, dans les Deux-Sèvres et dans la Vienne, elles ont reculé de façon sensible.

Par rapport au 3^e trimestre 2013, le nombre de créations progresse de 3,1 % en Poitou-Charentes (figure 7). Cette augmentation est tributaire de la hausse du nombre de créations d’auto-entreprises (+7,0 %, soit 110 créations supplémentaires sous ce régime), tandis que la création d’entreprises traditionnelles a faibli (-1,6 %).

Un peu plus de 1 700 entreprises ont été placées en redressement ou en liquidation judiciaire entre octobre 2013 et septembre 2014, soit une très légère hausse tendancielle de 0,3 % en glissement du cumul annuel (figure 8). Les données du 3^e trimestre 2014 sont encore provisoires et susceptibles d’être révisées à la hausse, par la prise en compte de défaillances non encore comptabilisées. La situation en Poitou-Charentes est équivalente à celle de la France métropolitaine où le nombre de défaillances suit la même tendance annuelle.

Au 3^e trimestre 2014, l’hôtellerie de la région a enregistré 1 700 000 nuitées, soit -3,4 % par rapport à la même période de l’année précédente (figure 9) Les visiteurs français sont venus moins nombreux dans les hôtels, avec pour effet une forte diminution de leurs nuitées (-4,8 %). Si les touristes étrangers sont venus plus nombreux dans les structures hôtelières (+12,5 %), la durée de leur séjour a diminué. Au total, ils ont consommé plus de nuitées qu’au 3^e trimestre 2013 (+3,6 %). Sur l’ensemble de la France métropolitaine, la fréquentation hôtelière est en repli (-1,6 %) mais de façon moins nette que dans la région.

Grâce à un mois de juin très porteur, la fréquentation dans les campings de la région a été excellente. Sur l’ensemble de la saison 2014 (mai à septembre), elle a augmenté de 2,9 % par rapport à 2013. Les français ont consommé davantage de nuitées (+4,3 %) qu’en 2013, tandis que les étrangers ont diminué les leurs (-3,6 %). 2014 est la meilleure saison pour les campings de la région depuis 2010. Au niveau de la métropole, elle détient également le record de nuitées, mais l’évolution est moins tranchée (+0,3 %).

Par rapport au 3^e trimestre 2013, les exportations de la région ont reculé ce trimestre (-6,9 %, en données brutes) tandis que leur valeur au niveau national s’est légèrement accrue (+0,6 %). Pour la région, la tendance générale (cumul en année glissante) est également baissière. En effet, entre le 4^e trimestre de 2013 et le 3^e de 2014, en comparaison avec la période correspondante un an plus tôt, la valeur des exportations de boissons recule (-10,2 %) ainsi que celle des produits hors boissons (-13,1%). Hormis les sorties d’appareils électroménagers et électriques qui se maintiennent (+0,4 %), les autres composantes principales des exportations sont en baisse. Notamment, les produits de l’agriculture et de l’élevage (-28,2 %) qui subissent un recul des cours des denrées et les produits chimiques de base (-10,2 %).

La tendance des importations est en recul (-3,2 %), moins accentuée cependant que celle des exportations. La valeur des produits pétroliers raffinés importés est stable. L’augmentation du volume importé et la dépréciation de l’euro face au dollar ont en partie compensé la baisse des prix du brut.