Projections de population à l’horizon 2060 Un tiers de la population âgé de plus de 60 ans
Si les tendances démographiques récentes se maintiennent, la France métropolitaine comptera 73,6 millions d’habitants au 1er janvier 2060, soit 11,8 millions de plus qu’en 2007. Le nombre de personnes de plus de 60 ans augmentera, à lui seul, de plus de 10 millions. En 2060, une personne sur trois aura ainsi plus de 60 ans.
Jusqu’en 2035, la proportion de personnes âgées de 60 ans ou plus progressera fortement, quelles que soient les hypothèses retenues sur l’évolution de la fécondité, des migrations ou de la mortalité. Cette forte augmentation est transitoire et correspond au passage à ces âges des générations du baby-boom. Après 2035, la part des 60 ans ou plus devrait continuer à croître, mais à un rythme plus sensible aux différentes hypothèses sur les évolutions démographiques.
- 12 millions d'habitants en plus en France métropolitaine en 2060
- Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus pourrait augmenter de 80 %
- Après 2035, la part des plus de 60 ans progresse plus modérément
- Aucune variante démographique ne remet en cause la forte augmentation des plus de 60 ans dans la population
- En 2060, la part des plus de 60 ans dans la population dépendra surtout des gains d’espérance de vie
- Des hypothèses de projections proches de l’exercice de 2006
12 millions d'habitants en plus en France métropolitaine en 2060
Au 1er janvier 2060, si les tendances démographiques observées jusqu’ici se prolongent, la France métropolitaine comptera 73,6 millions d’habitants, soit 11,8 millions de plus qu’en 2007, date du dernier recensement. Cette projection est basée sur un scénario, dit « central », qui suppose que les tendances démographiques récentes se maintiennent : dans ce scénario, le nombre d’enfants par femme est de 1,95, le solde migratoire de 100 000 habitants en plus par an et l’espérance de vie progresse selon le rythme observé par le passé.
D’autres scénarios sont envisagés en modifiant les hypothèses d’évolutions des naissances, des décès et des personnes entrant ou quittant le territoire métropolitain (encadré). Ils permettent de mesurer l’impact d’hypothèses alternatives.
Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus pourrait augmenter de 80 %
Selon le scénario central, le nombre de personnes de 60 ans et plus augmenterait, à lui seul, de 10,4 millions entre 2007 et 2060. En 2060, 23,6 millions de personnes seraient ainsi âgées de 60 ans ou plus, soit une hausse de 80 % en 53 ans. L’augmentation est la plus forte pour les plus âgés : le nombre de personnes de 75 ans ou plus passerait de 5,2 millions en 2007 à 11,9 millions en 2060 ; celui des 85 ans et plus de 1,3 à 5,4 millions.
Le nombre des moins de 20 ans augmenterait légèrement d’ici 2060. Mais leur part dans la population métropolitaine baisserait, passant de 25 % en 2007 à 22 % en 2060 (tableau). Dès 2014, la proportion de personnes de moins de 20 ans serait inférieure à celle des 60 ans ou plus.
Le nombre de personnes âgées de 20 à 59 ans oscillerait autour de 33,1 millions sur toute la période : à la baisse jusqu’en 2035, puis à la hausse pour se fixer à 33,7 millions en 2060. La part des 20-59 ans passerait de 54 % en 2007 à 46 % en 2060, et celle des 20-64 ans de 59 % à 51 %.
La pyramide des âges de la France métropolitaine de 2060 renvoie l’image d’une répartition de la population par âge très équilibrée (graphique 1). L’empreinte des grands chocs démographiques passés (seconde guerre mondiale et baby-boom) aura disparu de la pyramide des âges en 2060. Les projections n’intègrent pas de chocs de ce type pour le futur. Jusqu’à 80 ans, les effectifs de femmes tournent autour de 400 000 pour chaque génération. Au-delà, les décès redonneront aux effectifs par âge leur forme pyramidale, avec des effectifs qui baisseront fortement d’un âge au suivant. Pour les hommes, la rupture se ferait plus tôt, autour de 70 ans.
graphiqueGraphique 1 – Pyramide des âges en 2007 et 2060
tableauTableau – Évolution de la population de la France métropolitaine de 1960 à 2060 (scénario central de projection)
Année | Population au 1er janvier (en milliers) | Proportion ( %) des | Solde naturel (en milliers) | Solde migratoire (en milliers) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
0-19 ans | 20-59 ans | 60-64 ans | 65-74 ans | 75 ans et + | ||||
1960 | 45 465 | 32,3 | 51,0 | 5,1 | 7,3 | 4,3 | 298,9 | 140 |
1970 | 50 528 | 33,1 | 48,8 | 5,2 | 8,1 | 4,7 | 308,1 | 180 |
1980 | 53 731 | 30,6 | 52,4 | 3,0 | 8,3 | 5,7 | 253,3 | 44 |
1990 | 56 577 | 27,8 | 53,2 | 5,1 | 7,1 | 6,8 | 236,2 | 80 |
2000 | 58 858 | 25,6 | 53,8 | 4,6 | 8,8 | 7,2 | 243,9 | 70 |
2007 | 61 795 | 24,8 | 53,8 | 4,9 | 8,1 | 8,5 | 263,9 | 100* |
2015 | 64 514 | 24,2 | 51,0 | 6,2 | 9,3 | 9,3 | 201,5 | 100 |
2020 | 65 962 | 23,9 | 49,6 | 6,0 | 11,0 | 9,4 | 173,2 | 100 |
2025 | 67 285 | 23,5 | 48,4 | 6,1 | 11,1 | 10,9 | 154,1 | 100 |
2030 | 68 532 | 23,0 | 47,5 | 6,0 | 11,1 | 12,3 | 142,1 | 100 |
2035 | 69 705 | 22,6 | 46,7 | 5,9 | 11,1 | 13,6 | 120,0 | 100 |
2040 | 70 734 | 22,4 | 46,6 | 5,3 | 11,1 | 14,7 | 82,4 | 100 |
2050 | 72 275 | 22,3 | 45,9 | 5,6 | 10,2 | 16,0 | 31,9 | 100 |
2060 | 73 557 | 22,1 | 45,8 | 5,4 | 10,5 | 16,2 | + 30,6** | 100 |
- * Solde migratoire issu de la projection.
- ** Chiffre pour l’année 2059. Les projections s’arrêtent au 1er janvier 2060. Le solde naturel de l’année 2060, différence entre les naissances de 2060 et les décès de cette année n’est donc pas projeté.
- Champ : France métropolitaine.
- Sources : Insee, estimations de population et statistiques de l’état civil jusqu’en 2007 et projection de population 2007-2060.
Après 2035, la part des plus de 60 ans progresse plus modérément
Jusqu’en 2035, le nombre de personnes de plus de 60 ans augmentera fortement : les générations nombreuses, nées après la seconde guerre mondiale et avant 1975, issues du baby-boom, auront alors toutes atteint 60 ans.
Entre 2035 et 2060, la part des 60 ans ou plus devrait continuer de progresser, mais plus modérément. Les générations nombreuses nées après-guerre auront plus de 90 ans, le nombre de décès augmentera donc fortement. Dans le scénario central présenté ici, le solde naturel passerait ainsi sous la barre des 100 000 personnes en plus par an et le solde migratoire deviendrait alors le principal moteur de la croissance démographique de la France métropolitaine. L’incertitude sur l’évolution future de ce solde migratoire est néanmoins particulièrement importante. À la fin de la projection, le nombre de naissances ne serait plus supérieur au nombre de décès que de 30 000.
Alors que 21 % de la population résidant en France métropolitaine avait 60 ans ou plus en 2007, cette proportion serait de 31 % en 2035 et de 32 % en 2060. L’âge moyen de la population passerait de 39 ans en 2007 à 43 ans en 2035, puis 45 ans en 2060.
Aucune variante démographique ne remet en cause la forte augmentation des plus de 60 ans dans la population
Les évolutions de la fécondité, de la mortalité et des migrations à long terme sont incertaines. Pour chacune de ces composantes, deux variantes ont été retenues par rapport à l’hypothèse centrale pour estimer l’effet d’un changement d’hypothèse sur les résultats projetés. Ce sont les hypothèses sur la fécondité qui ont le plus d’impact sur l’évolution de la population de la France métropolitaine d’ici 2060 (graphique 2). Entre la variante haute de fécondité (2,1 enfants par femme, au lieu de 1,95 dans le scénario central) et la variante basse (1,8 enfant par femme), l’écart de population est de 7,7 millions d’habitants en 2060. Dans le scénario de fécondité haute, la population continue de croître à un rythme très élevé sur toute la période. En 2060, il y a encore 150 000 naissances de plus que de décès. Dans le scénario de fécondité basse, les naissances sont moins nombreuses que les décès à partir de 2040 et la population se stabilise autour de 70 millions d’habitants.
Les variantes sur le solde migratoire offrent aussi un éventail très large car l’évolution future de cette composante est particulièrement incertaine. La variante haute (solde migratoire de 150 000 personnes en plus par an) est ainsi trois fois supérieure à la variante basse (+ 50 000). En 2060, il y a 7,1 millions d’habitants de plus dans la projection avec la variante haute du solde migratoire que dans celle avec la variante basse.
Les variantes sur les hypothèses de mortalité aboutissent également à plusieurs évolutions possibles : la variante haute d’espérance de vie suppose une espérance de vie à la naissance en 2060 de cinq années supérieure à la variante basse, ce qui se traduit par 3,6 millions d’habitants supplémentaires en 2060.
Cependant, quelle que soit la variante retenue, la proportion de personnes de 60 ans ou plus dans la population sera toujours en forte hausse et supérieure à 30 % dès 2035 (graphique 3).
De même, le rapport entre le nombre de personnes d’« âge inactif » (moins de 20 ans ou 60 ans et plus) et d’« âge actif » (entre 20 et 59 ans), appelé aussi ratio de dépendance économique, augmentera selon toutes les variantes (graphique 4). En 2007, il y avait 86 personnes d’« âge inactif » pour 100 d’« âge actif » ; il y en aurait 114 pour 100 en 2035 selon le scénario central, puis 118 en 2060. Pour maintenir le ratio de dépendance économique à son niveau observé en 2007, il faudrait alors en modifier les bornes et faire passer l’âge pivot de la définition à 68 ans en 2060 au lieu des 60 ans conventionnellement retenus actuellement.
graphiqueGraphique 2 – Évolution passée et future de la population, selon le scénario central et les six variantes retenues
graphiqueGraphique 3 – Évolution de la part des 60 ans ou plus
graphiqueGraphique 4 – Évolution du ratio de dépendance économique
En 2060, la part des plus de 60 ans dans la population dépendra surtout des gains d’espérance de vie
Ce sont les hypothèses sur la mortalité qui ont le plus d’impact à long terme sur la part des plus de 60 ans dans la population et sur le ratio de dépendance économique. Plus les gains d’espérance de vie sont importants, plus la part des 60 ans et plus dans la population et le ratio de dépendance économique augmentent.
Les hypothèses sur la fécondité conduisent, elles aussi, à des divergences fortes avec le scénario central sur la part des 60 ans ou plus mais beaucoup moins sur le ratio de dépendance économique. Les variantes basse et haute de fécondité aboutissent en effet au même ratio de dépendance économique en 2060, après avoir fortement divergé jusqu’en 2032 (graphique 4).
Mais quelles que soient ces hypothèses sur la mortalité et la fécondité, l’augmentation de la part des personnes âgées de plus de 60 ans est inéluctable : elle est inscrite dans l’actuelle pyramide des âges, les personnes qui atteindront 60 ans à l’horizon 2060 étant déjà toutes nées (en 1999 ou avant). Ces générations sont très nombreuses et la plupart de ces personnes vivront au-delà de 60 ans. Si bien que même si l’on faisait l’hypothèse, improbable compte tenu des évolutions passées, que les risques de décéder à chaque âge restaient à leur niveau de 2009, 94 % des femmes et 88 % des hommes nés en 2009 atteindraient tout de même l’âge de 60 ans. Le ratio de dépendance économique augmenterait alors de 86 en 2007 à 110 en 2035 pour se stabiliser à 106 en 2060.
Des hypothèses de projections proches de l’exercice de 2006
Le choix des hypothèses de projections a fait l’objet d’une large concertation, consignée dans un document de travail disponible sur le site de l’Insee (www.insee.fr).
La situation démographique de la France métropolitaine a évolué dans le sens attendu par le précédent exercice de projection datant de 2006 : l’exercice de projection de 2007-2060 peut donc être présenté comme une actualisation de celui de 2006.
Les nouvelles hypothèses diffèrent de celles de 2006 essentiellement sur une composante : la fécondité. Désormais, dans le scénario central, l’indice conjoncturel de fécondité est maintenu au niveau moyen observé depuis début 2004, soit 1,95 enfant par femme en moyenne (contre 1,90 lors de l’exercice 2006). L’âge moyen à la maternité se stabilise à 30,4 ans en 2015.
La tendance à la baisse de la mortalité à chaque âge, observée sur la période 1988-2002, est prolongée, comme pour l’exercice de 2006. En revanche, au-delà de 85 ans pour les hommes et de 91 ans pour les femmes, les hypothèses de mortalité sont un peu plus optimistes que celles retenues dans la projection précédente, la mortalité précédemment prévue à ces âges pour 2050 étant d’ores et déjà atteinte.
Les hypothèses sur le solde migratoire sont les mêmes que celles de l’exercice 2006.
Enfin, les précédentes projections s’appuyaient sur la population estimée au 1er janvier 2005. La nouvelle projection intègre les données démographiques observées depuis. La population a notamment été revue à la hausse avec les résultats du recensement rénové de la population (tableau).
Comme en 2006, les projections n’intègrent pas les départements d’outre-mer. Certaines données démographiques sont en effet observées depuis trop peu d’années pour que l’on puisse leur appliquer la même méthodologie que pour la France métropolitaine. D’ici la fin 2010, des projections régionales à l’horizon 2040 seront réalisées ; elles incluront des projections pour les départements d’outre-mer.
tableauTableau – Les hypothèses de la projection 2010 pour la France métropolitaine
Situation au dernier recensement | Hypothèse centrale | Variante basse | Variante haute | |
---|---|---|---|---|
Indice conjoncturel de fécondité* | 1,98 enfant par femme | 1,95 à partir de 2015 | 1,80 à partir de 2015 | 2,10 à partir de 2015 |
Espérance de vie à la naissance* des femmes | 84,2 ans | 91,1 ans en 2060 | 88,6 ans en 2060 | 93,6 ans en 2060 |
Espérance de vie à la naissance* des hommes | 77,2 ans | 86,0 ans en 2060 | 83,5 ans en 2060 | 88,5 ans en 2060 |
Valeur du solde migratoire* | + 115 000 personnes | + 100 000 par an à partir de 2007 | + 50 000 par an à partir de 2015 | + 150 000 par an à partir de 2015 |
- * voir définitions.
Sources
La projection 2007-2060 pour la France métropolitaine
Les nouvelles projections de population pour la France métropolitaine démarrent au 1er janvier 2007 et s’achèvent au 1er janvier 2060. Elles estiment chaque année le nombre d’hommes et de femmes de chaque âge à partir d’hypothèses sur l’évolution des trois composantes intervenant sur les variations de population : la fécondité, la mortalité et les migrations (émigration et immigration). D’une année sur l’autre, la population évolue en fonction de ces trois composantes.
Dans le bilan démographique de 2009, l’Insee a publié des estimations de population par sexe et âge définitives jusqu’au 1er janvier 2007 et provisoires pour le 1er janvier 2010. La population projetée au 1er janvier 2010 diffère légèrement de la population provisoire publiée dans le bilan démographique de 2009. En effet, dans les projections présentées ici, les estimations provisoires du solde migratoire issues du bilan démographique pour les années 2007, 2008 et 2009 ne sont pas retenues.
Pour chaque composante, l’exercice de projection retient trois hypothèses : centrale, basse et haute. Pour toutes les composantes, les hypothèses basse et haute sont symétriques par rapport à l’hypothèse centrale.
Le scénario central est celui qui retient pour chaque composante l’hypothèse centrale.
Les six autres scénarios étudiés ne diffèrent du scénario central que pour une seule hypothèse : ils permettent de montrer la sensibilité du scénario central aux hypothèses envisagées. Chacun de ces six scénarios est nommé variante « haute » ou « basse » de fécondité, d’espérance de vie ou de solde migratoire.
Les âges figurant dans cette publication sont toujours des âges révolus au 1er janvier.
Définitions
Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l’année. Ce concept est indépendant de la nationalité.
L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne − autrement dit l’âge moyen au décès − d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année.
Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.
L’indicateur conjoncturel de fécondité mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge l’année considérée demeuraient inchangés.
Pour en savoir plus
Robert-Bobée I., « Projections de population pour la France métropolitaine à l’horizon 2050 - La population continue de croître et le vieillissement se poursuit », Insee Première n° 1089, juillet 2006.