Des spécificités socioprofessionnelles régionales
Selon le recensement de la population de 2007, la France métropolitaine compte 29 millions d’actifs de 15 ans et plus, qui peuvent se décomposer en six groupes sociaux. Ces derniers sont inégalement répartis sur le territoire. Les principales disparités concernent tout d’abord les agriculteurs exploitants et les ouvriers agricoles, qui sont plus représentés dans les régions de l’Ouest que de l’Est. Par ailleurs, les autres grandes catégories de non-salariés, les artisans, commerçants, et autres professions libérales, sont plus présentes dans la moitié Sud de la France. Enfin, les cadres sont particulièrement concentrés en Île-de-France ; cela se vérifie plus particulièrement chez les jeunes cadres et les cadres ayant un diplôme de niveau inférieur à Bac+2.
- La répartition des groupes sociaux sur le territoire n’est pas homogène
- Les agriculteurs et les ouvriers agricoles : surtout dans l’Ouest
- Artisans, commerçants et professions libérales, relativement plus nombreux dans le Sud
- Plus du tiers des cadres vivent en Île-de-France
- Les jeunes diplômés particulièrement concentrés en Île-de-France
La répartition des groupes sociaux sur le territoire n’est pas homogène
D’après le recensement de la population de 2007, la France métropolitaine compte 29 millions d’actifs de 15 ans et plus. Les actifs qui ont déjà travaillé sont au nombre de 28,7 millions et se répartissent en six groupes de catégories socioprofessionnelles. Les employés constituent le groupe social le plus important avec 29 % des actifs. Les ouvriers et les professions intermédiaires suivent avec un peu moins d’un quart des actifs (24,1 % pour les ouvriers et 23,9 % pour les professions intermédiaires). Les cadres et professions intellectuelles supérieures regroupent 14,7 % de la population active. Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise forment un groupe plus restreint (5,6 % de la population active). Les agriculteurs exploitants représentent moins de 2 % de la population active.
Les différents groupes sociaux ne sont pas répartis de façon homogène dans les régions (tableau). De multiples facteurs peuvent expliquer la plus ou moins grande concentration de ces groupes sociaux dans certaines régions. Il peut s’agir par exemple, de la géographie agricole, des structures industrielles régionales ou bien encore de la structure par âge et par niveau de revenu de la population qui entraîne une demande plus ou moins forte pour les services aux particuliers. Cette étude décrit les spécificités régionales, sans chercher à toutes les expliquer.
En dehors des disparités régionales historiques pour les ouvriers, les écarts les plus nets concernent les agriculteurs, les non-salariés et les cadres. Par ailleurs, la répartition sur le territoire des professions intermédiaires et des employés est à peu près similaire à celle des actifs.
tableauTableau – Répartition des différents groupes sociaux dans les régions
en % | ||||||||
Actifs | Agriculteurs exploitants | Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | Cadres et professions intellectuelles supérieures | Professions intermédiaires | Employés | Ouvriers | Chômeurs n’ayant jamais travaillé | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Alsace | 3,1 | 1,4 | 2,5 | 2,7 | 3,1 | 2,9 | 3,8 | 2,7 |
Aquitaine | 5,0 | 7,8 | 6,1 | 4,1 | 4,9 | 5,2 | 5,0 | 3,5 |
Auvergne | 2,1 | 5,3 | 2,5 | 1,4 | 1,9 | 2,1 | 2,3 | 1,6 |
Basse-Normandie | 2,3 | 4,6 | 2,6 | 1,5 | 2,1 | 2,3 | 2,7 | 1,8 |
Bourgogne | 2,6 | 4,4 | 2,7 | 1,8 | 2,4 | 2,6 | 3,1 | 2,0 |
Bretagne | 4,9 | 9,3 | 5,2 | 3,9 | 4,8 | 4,8 | 5,4 | 2,3 |
Centre | 4,1 | 5,0 | 3,8 | 3,1 | 3,9 | 4,1 | 4,7 | 2,8 |
Champagne-Ardenne | 2,2 | 4,3 | 1,9 | 1,4 | 1,9 | 2,2 | 2,7 | 2,6 |
Corse | 0,5 | 0,5 | 0,8 | 0,3 | 0,4 | 0,6 | 0,4 | 0,6 |
Franche-Comté | 1,9 | 2,1 | 1,8 | 1,3 | 1,8 | 1,7 | 2,5 | 1,6 |
Haute-Normandie | 2,9 | 2,1 | 2,5 | 2,1 | 2,8 | 2,9 | 3,6 | 3,4 |
Languedoc-Roussillon | 3,8 | 5,1 | 5,4 | 3,1 | 3,8 | 4,1 | 3,4 | 5,1 |
Limousin | 1,1 | 3,0 | 1,3 | 0,8 | 1,0 | 1,2 | 1,2 | 0,9 |
Lorraine | 3,8 | 2,6 | 3,0 | 2,7 | 3,5 | 4,0 | 4,6 | 4,3 |
Midi-Pyrénées | 4,5 | 9,0 | 5,4 | 4,5 | 4,6 | 4,4 | 4,0 | 3,7 |
Nord-Pas-de-Calais | 6,1 | 3,3 | 4,5 | 4,6 | 5,9 | 6,2 | 7,5 | 13,1 |
Pays de la Loire | 5,6 | 9,1 | 5,5 | 4,3 | 5,4 | 5,4 | 6,8 | 3,2 |
Picardie | 3,1 | 2,9 | 2,5 | 2,1 | 2,8 | 3,1 | 3,9 | 4,2 |
Poitou-Charentes | 2,7 | 5,5 | 3,1 | 1,8 | 2,4 | 2,9 | 3,1 | 1,9 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 7,4 | 4,0 | 9,9 | 6,9 | 7,6 | 8,2 | 6,2 | 9,0 |
Rhône-Alpes | 10,0 | 7,5 | 11,1 | 9,9 | 10,7 | 9,4 | 10,1 | 6,9 |
Province | 79,4 | 98,6 | 83,8 | 64,3 | 77,7 | 80,3 | 86,9 | 77,2 |
Ile-de-France | 20,6 | 1,4 | 16,2 | 35,7 | 22,3 | 19,7 | 13,0 | 22,8 |
France métropolitaine | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
- Lecture : 2,1 % des employés de France métropolitaine résident en Auvergne.
- Champ : population active de 15 ans et plus.
- Source : Insee, Recensement de la Population 2007.
Les agriculteurs et les ouvriers agricoles : surtout dans l’Ouest
Les 531 000 agriculteurs exploitants, qui représentent 1,8 % de la population active, constituent le groupe social le moins nombreux de métropole. Les agriculteurs exploitants sont présents dans les régions de la façade ouest de la France (Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Aquitaine) ainsi qu’en Midi-Pyrénées, dans le Limousin et en Auvergne : ces régions concentrent au total la moitié des agriculteurs exploitants de métropole, alors qu’elles ne représentent qu’un quart de la population active (carte 1). À l’inverse, les agriculteurs exploitants sont sous-représentés dans une large moitié est de la France, et en particulier dans les régions disposant d’un grand centre urbain. Ainsi, seulement 1,4 % des agriculteurs exploitants vivent en Île-de-France (mais la moitié d’entre eux sont à la tête d’exploitations professionnelles de plus de 100 ha) quand cette région accueille 20,6 % des actifs (tableau). L’écart est moins accentué en Provence-Alpes-Côte d’Azur (4 % des agriculteurs, quand cette région accueille 7,4 % des actifs), Nord - Pas-de-Calais (3,3 % des agriculteurs, 6,1 % des actifs), Alsace (1,4 % des agriculteurs, 3,1 % des actifs) ou encore Rhône-Alpes (7,5 % des agriculteurs, 10 % des actifs).
La France métropolitaine compte 277 000 ouvriers agricoles. Ils sont eux aussi plus concentrés dans la moitié Ouest de la France que dans la moitié Est, même si la distinction Est-Ouest est moins marquée que pour les agriculteurs exploitants (carte 2). De façon générale, les ouvriers agricoles sont particulièrement nombreux dans les régions viticoles. Ainsi, l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon, Champagne-Ardenne, Poitou-Charentes et la Bourgogne regroupent 35,4 % des ouvriers agricoles, tandis que ces régions n’accueillent ensemble que 16,2 % des actifs.
graphiqueCarte 1 – Les agriculteurs exploitants comparés à la population active de la région
graphiqueCarte 2 – Les ouvriers agricoles comparés à la population active de la région
Artisans, commerçants et professions libérales, relativement plus nombreux dans le Sud
Les non-salariés autres que les agriculteurs exploitants sont concentrés dans quelques catégories socioprofessionnelles, essentiellement les artisans (761 000), les commerçants (696 000), les professions libérales (452 000) et les chefs d’entreprise de plus de 10 salariés (168 000). Ces derniers sont répartis de façon assez homogène sur le territoire métropolitain. Toutefois, ils sont relativement plus nombreux en Île-de-France et en Rhône-Alpes, et moins présents en Nord - Pas-de-Calais.
Les artisans, les commerçants et les professions libérales, sont relativement nombreux dans les régions du sud (carte 3). C’est notamment le cas dans les régions Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), où résident 9,8 % des artisans et 7,4 % des actifs, Languedoc-Roussillon (5,6 % des artisans, 3,8 % des actifs), Rhône-Alpes (11,4 % des artisans, 10 % des actifs), Aquitaine (6,4 % des artisans, 5 % des actifs) et Midi-Pyrénées (5,9 % des artisans, 4,5 % des actifs). À l’autre extrême, l’Île-de-France accueille 13,9 % des artisans de métropole, pour 20,6 % des actifs. De même, seulement 4 % des artisans vivent dans le Nord - Pas-de-Calais, qui héberge 6,1 % des actifs. Ce sont essentiellement les artisans en BTP, parcs et jardins (environ 40 % des artisans) qui expliquent ces écarts entre régions (graphique 1).
De façon similaire, les commerçants sont fortement concentrés en Paca et en Languedoc-Roussillon : si la répartition des commerçants suivait la répartition de la population active, il devrait y avoir 22 000 commerçants de moins en Paca et 13 000 de moins en Languedoc-Roussillon. En revanche, dans les régions du nord, en particulier en Île-de-France et dans la région Nord - Pas-de-Calais, il pourrait y avoir respectivement 23 000 et 8 000 commerçants de plus dans ces deux régions.
Les professions libérales sont également très présentes dans le Sud, en particulier en Paca et en Languedoc-Roussillon. Ce sont essentiellement les professionnels de la santé (médecins et pharmaciens libéraux, chirurgiens dentistes, psychologues, vétérinaires) qui expliquent cette plus forte présence dans le Sud. Ces professions sont relativement moins présentes dans toutes les régions du nord, à l’exception de l’Île-de-France qui accueille 28 % d’entre elles avec une prédominance des professions libérales juridiques et techniques (avocats, notaires, experts-comptables, architectes, etc.).
Par ailleurs, en prenant pour référence la population totale des régions plutôt que leur population active, il apparaît que la densité tant en artisans qu’en commerçants ou professions libérales est plus élevée dans les régions du sud que dans celles du nord. Par exemple, il y a 13,7 commerçants pour 1 000 habitants en Paca, tandis qu’il y en a presque moitié moins en Nord - Pas-de-Calais (7,7 pour 1 000 habitants).
graphiqueCarte 3 – Les artisans, commerçants et professions libérales comparés à la population active de la région
graphiqueGraphique 1 – Les artisans en BTP, parcs et jardins comparés à la population active de la région
Plus du tiers des cadres vivent en Île-de-France
4,2 millions d’actifs appartiennent au groupe des cadres et professions intellectuelles supérieures ; ils représentent 14,7 % de la population active métropolitaine. Ce groupe est nettement surreprésenté en Île-de-France (graphique 2) : cette région accueille 36 % des cadres et professions intellectuelles supérieures, soit presque le double de la proportion d’actifs. Dans la totalité des autres régions françaises, les cadres sont relativement peu concentrés. De façon générale, cette rareté est d’autant moins marquée que la région considérée abrite un centre urbain de taille importante : Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Paca et l’Alsace enregistrent ainsi des « sous-représentations » d’au plus 20 000 cadres. Cette règle souffre deux exceptions notables : le Nord - Pas-de-Calais et les Pays de la Loire avec des « sous-représentations » par rapport à la population active de respectivement 66 000 et 57 000.
La forte présence des cadres en Île-de-France concerne particulièrement trois catégories socioprofessionnelles. Les professions de l’information, des arts et des spectacles sont à plus de 45 % hébergées dans cette région (+ 25 points par rapport à la proportion d’actifs vivant en Île-de-France, soit 77 000 personnes). Une observation similaire peut être faite sur les cadres administratifs et commerciaux d’entreprise (+ 23,7 points, soit 270 000 personnes). Enfin, les ingénieurs et cadres techniques d’entreprise sont à près de 40 % en Île-de-France (soit + 17,5 points, ou presque 200 000 personnes). Cette concentration s’explique en particulier par les ingénieurs et cadres techniques dans les domaines de l’informatique et des télécommunications, dont plus de la moitié résident en région parisienne.
Les cadres de la fonction publique d’une part, les professeurs et professions scientifiques d’autre part, sont également surreprésentés en Île-de-France mais de façon moins marquée (+ 9,2 % et + 3,3 % respectivement).
La concentration des cadres en Île-de-France s’observe dans toutes les tranches d’âge, mais elle est plus particulièrement marquée pour les cadres de 15 à 29 ans : 42,8 % des jeunes cadres sont franciliens, contre 32,4 % des cadres de 50 ans et plus.
graphiqueGraphique 2 – Les cadres et professions intellectuelles supérieures comparés à la population active de la région
Les jeunes diplômés particulièrement concentrés en Île-de-France
Une autre caractéristique de l’Île-de-France est le grand nombre de diplômés qui y résident. Ainsi, si la région parisienne accueille environ un cinquième des actifs (20,6 %), elle héberge dans le même temps plus du tiers des actifs ayant un diplôme de 2e ou 3e cycle universitaire, d’école d’ingénieur ou de grande école (34 %). Cette forte présence de diplômés en Île-de-France va du reste de pair avec la concentration de cadres dans cette région.
Par ailleurs, il est remarquable qu’à niveau de diplôme égal, un habitant d’Île-de-France est plus souvent cadre qu’un habitant d’une autre région. Cela se vérifie en particulier pour les actifs ayant un diplôme de niveau inférieur ou égal à Bac+2 : ils sont 6,5 % à être cadres en moyenne en France métropolitaine, mais 11,5 % à être cadres en Île-de-France.
Sources
Les résultats présentés ici pour l’année 2007 proviennent du recensement de la population, cumul des cinq enquêtes annuelles de recensement réalisées entre 2005 et 2009 en métropole. Elles décrivent une situation moyenne au début 2007.
Définitions
La population active au sens du recensement de la population rassemble les personnes qui déclarent :
- exercer une profession (salariée ou non) même à temps partiel ;
- aider un membre de la famille dans son travail (même sans rémunération) ;
- être apprenti, stagiaire rémunéré ;
- être chômeur à la recherche d’un emploi ;
- être étudiant ou retraité mais occupant un emploi.
La catégorie socioprofessionnelle des actifs correspond, pour les personnes ayant un emploi, à la catégorie de l’emploi occupé au moment de l’enquête et, pour les personnes au chômage, à la catégorie du dernier emploi occupé.
La surreprésentation ou la sous-représentation d’une catégorie socioprofessionnelle dans une région se définissent en référence à la proportion de la population active résidant dans cette région.
Ainsi, dans une région accueillant 5 % des actifs d’une part, et 8 % des membres d’une catégorie socioprofessionnelle d’autre part, on parlera d’une « surreprésentation » de 3 points dans cette catégorie socioprofessionnelle. Dans le cas d’une catégorie socioprofessionnelle représentant 100 000 actifs, la « surreprésentation » atteint alors 3 000 personnes dans cette catégorie.
À l’inverse, dans une région accueillant 5 % des actifs d’une part, et 3 % des membres d’une catégorie socioprofessionnelle d’autre part, on parlera d’une « sous-représentation » de 2 points dans cette catégorie socioprofessionnelle. Dans le cas d’une catégorie socioprofessionnelle représentant 100 000 actifs, la « sous-représentation » atteint 2 000 personnes dans cette catégorie.