Témoignages d'administrateurs

L'Insee et la statistique publique
Dernière mise à jour le : 20/02/2025

Nagui BECHICHI, ENS – Ensae

Adjoint au chef du bureau de l’appui à l’évaluation des politiques publiques et de soutien à la recherche – service statistique du ministère de l’Education nationale
(titularisation administrateur 2020)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee après l’Ecole normale supérieure (ENS) ?

La diversité des carrières offertes, la forte dimension technique des missions, et surtout le rôle central que joue le système statistique public dans le maintien de la confiance envers les institutions sont les principales raisons qui m’ont conduit à préparer le concours du corps des administrateurs de l’Insee. Mes premières expériences de stage au sein du service statistique public, notamment à la direction générale de l’Insee et au service statistique du ministère de l’enseignement supérieur, ont également renforcé mon souhait d’intégrer ce corps.


Après une année de formation complémentaire administrateur, vous avez débuté votre carrière au département des études économiques à l’Insee.

Durant cette année de formation complémentaire, j’ai travaillé au sein du département Éducation de l’Institut des Politiques Publiques, où j’ai approfondi mes compétences en économétrie appliquée et en évaluation des politiques publiques. J’ai ensuite rejoint le département des études économiques de l’Insee, plus précisément la division Redistribution et Politiques Sociales. Ce poste m’a permis de conserver un lien fort avec le monde de la recherche tout en produisant des études accessibles sur la situation économique et sociale en France. Pendant ces trois années, j’ai continué à travailler sur des questions éducatives, tout en étant en co-responsable du modèle de microsimulation des retraites de l’Insee, Destinie, dans un contexte d’actualité forte sur ces thématiques.

Puis vous avez rejoint la DEPP, le service statistique ministériel de l’Éducation nationale.

J’ai intégré la DEPP pour mon deuxième poste, afin d’élargir mon expérience dans un service statistique traitant de sujets qui me passionnent. En tant que chargé d’études, j’ai travaillé au sein d’un bureau responsable des enquêtes sur les pratiques enseignantes. Par la suite, mes fonctions ont évolué, en devenant l’adjoint à la cheffe du bureau. Parallèlement, j’ai commencé un doctorat à l’École d’économie de Paris (PSE) pour maintenir un lien étroit avec le milieu académique. Étant co-fondateurs de la chaire de recherche « Politiques éducatives et mobilité sociale », la DEPP et PSE offrent un cadre particulièrement stimulant pour mener à bien ce projet.

Et maintenant ?

Depuis septembre 2024, je suis adjoint à la cheffe du bureau de l’appui à l’évaluation des politiques publiques et au soutien à la recherche. Ce poste est passionnant : il consiste notamment à renforcer les liens entre la DEPP et les chercheurs qui exploitent les nombreuses sources de données produites par le service, tout en participant activement à des évaluations de politiques publiques.

Stéphanie COMBES, X – Ensae

Directrice générale du GIP ‘Health data hub’
(titularisation administrateur 2010)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee à la sortie de l’École polytechnique ?

Mon goût pour la technicité et les mathématiques appliquées m’ont conduite à considérer l’Ensae comme école d’application de manière assez naturelle. Attachée à mettre en pratique les enseignements théoriques dans la vie réelle, j’ai trouvé qu’intégrer le corps de l’Insee constituait une opportunité de le faire tout en nourrissant mon envie de contribuer au service public.

À l’époque, l’Ensae dispensait déjà les tout premiers cours de machine learning et de data science même si cela n’en portait pas encore le nom, et cela a alimenté toute ma trajectoire professionnelle par la suite. Compte tenu des missions du corps, j’ai également trouvé judicieux d’enrichir ma palette de compétences en m’inscrivant en formation complémentaire au master « Analyse et politique économiques ». J’ai pu y suivre un grand nombre de cours de micro et macro-économie, désirant encore à ce stade garder toutes les options ouvertes.

Vous démarrez votre carrière à la direction générale du Trésor. Qu’en avez-vous retenu ?

C’était ma toute première expérience professionnelle. Je garde le souvenir d’une expérience formatrice à tous les niveaux. Si j’ai pu mettre à profit mes enseignements techniques par le biais de modèles de simulation des tarifs progressifs de l’électricité ou de prévision de la croissance trimestrielle du produit intérieur brut (PIB), il m’a également été demandé de me forger des avis rapidement sur des problématiques complexes, de produire des livrables fiables et de qualité et d’être en mesure de les exposer de manière pédagogique à la hiérarchie ainsi qu’à des membres de cabinets ministériels. Cette expérience exigeante m’a également permis de développer ma capacité à nouer les bons contacts et à aller chercher les informations. En travaillant sur des problématiques énergétiques à Bercy, j’ai dû rapidement me familiariser avec un écosystème vaste. Dans le contexte de Fukushima, j’ai aussi pu contribuer modestement à des missions d’expertise conduisant à des réflexions sur le bouquet énergétique de la France à long terme.

En 2014, vous amorcez un tournant important en choisissant d’être actrice du développement de l’innovation en data science.

Effectivement en 2014 je rejoins l’Insee où j’ai contribué, auprès de Pauline Givord, à l’exploration du potentiel des data science pour l’Institut. Nous avons conduit plusieurs projets en parallèle tels que l’analyse des données de téléphonie mobile pour la caractérisation du territoire, l’analyse des données bibliométriques pour étudier le gender gap dans la recherche en économie, l’analyse des tendances de recherche pour enrichir les modèles de prévision conjoncturelle ou encore l’utilisation des techniques de scraping pour améliorer la gestion des données manquantes dans les enquêtes. Ces projets, associés à l’animation de séminaires, la production de supports de formation, et la participation à un hackathon européen, ont permis la création d’un lab data science (SSP Lab) à l’Insee et je suis fière d’avoir apporté ma pierre à l’édifice !

3 ans plus tard, toujours passionnée par la data science, vous vous orientez vers le domaine de la santé : pour quelles raisons ?

Comme beaucoup de monde, je me sens concernée par les enjeux de santé. C’est une des thématiques que j’avais explorées lors de mon poste à l’Insee avec un modèle de prédiction des récidives de tentative de suicide. L’ouverture du poste d’Administrateur ministériel des données à la m’a motivée pour m’orienter vers un service statistique ministériel, ce que je n’avais pas encore eu l’occasion de faire. J’ai ainsi mis à profit l’expérience accumulée tout en découvrant un tout nouveau champ d’application aux limites insondables, que je continue d’ailleurs à explorer en tant que directrice du Health Data Hub. Créé il y a 4 ans, le Health Data Hub est un groupement d’intérêt public qui vise à garantir un accès aisé, unifié, transparent et sécurisé aux données de santé pour améliorer la qualité des soins et l’accompagnement des patients. En 4 années, il a su imposer sa présence au sein de l’écosystème des données de santé. Aujourd’hui il accompagne 133 projets de recherche, dispose d’une plateforme technologique de pointe et compte plus d’une centaine de collaborateurs.

Thibaut DE SAINT POL, ENS – Ensae

Directeur de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative
(titularisation administrateur 2007)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee après l’École normale supérieure (ENS) ?

Mon choix de rejoindre la statistique publique a été avant tout motivé par la volonté de pouvoir contribuer à guider les décisions publiques en les fondant sur des connaissances objectives. Dès mon premier poste à la direction générale de l’Insee, j’ai été frappé par le poids de la statistique publique dans les réunions interministérielles comme boussole de l’action publique.


Vous avez occupé des postes à la et la , deux services statistiques ministériels. Que retenez-vous de ces expériences ?

Un des grands intérêts du corps des administrateurs de l’Insee est de pouvoir exercer des fonctions dans différents ministères, aux cultures et enjeux divers. J’ai ainsi pu travailler avec des enseignants spécialistes du système éducatif à la Depp, mais aussi des médecins à la Drees. C’est particulièrement enrichissant de pouvoir bénéficier de leur regard sur nos pratiques et nos productions statistiques.

Ensuite vous rejoignez l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, au sein duquel se trouve le service statistique ministériel Jeunesse et sports.

J’ai eu la chance de diriger pendant 5 ans le service à compétence nationale en charge de la production de données et d’études dans le champ jeunesse, vie associative et sports. J’ai pu en tant que chef du service statistique ministériel accompagner, en lien direct avec les ministres et leurs conseillers, la mise en place de plusieurs politiques structurantes.

En 2021, vous êtes directeur de cabinet ministériel.

J’ai eu l’opportunité de passer de l’autre côté en devenant directeur de cabinet ministériel au sein du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse. J’avais envie de mobiliser l’expertise acquise au sein du service statistique public pour passer à l’action. Ce sont d’ailleurs mes compétences en tant qu’administrateur de l’Insee qui ont conduit à ce que l’on me propose ce poste.

Et maintenant ?

Je suis directeur de la Jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, administration centrale qui pilote les politiques publiques dans ce domaine et comprend le service statistique ministériel Jeunesse et sports. C’est un travail passionnant et mon parcours à l’Insee trouve son application directe dans la manière dont nous construisons et suivons les politiques publiques en lien avec les données produites par le service statistique public.

Lino GALIANA, ENS – Ensae

Coordonnateur des données émergentes et du réseau de datascientists à l’Insee
(titularisation administrateur 2020)

Pourquoi avoir choisi le corps des administrateurs de l’Insee après l’Ecole normale supérieure (ENS) ?

Mon parcours à l'ENS m'a donné des clés pour appréhender des phénomènes faisant appel à plusieurs champs disciplinaires des sciences économiques et sociales. J'avais néanmoins une frustration liée au débouché naturel de cette formation : la recherche. Je pense être un touche à tout, curieux d'explorer de nombreux problèmes alors que la recherche pousse plutôt à la spécialisation dans un seul domaine. La richesse des sujets traités par les administrateurs de l'Insee

au cours de leur carrière correspondait davantage à mon penchant pour l'éclectisme.

Vous démarrez votre carrière au département des études économiques à l’Insee. Pourquoi ?

Le fil conducteur de ce poste a été l'analyse des inégalités en valorisant des sources diverses comme les données de téléphonie mobile, tickets de caisse, données hospitalières... Si j'ai apprécié l'étude approfondie de phénomènes socio-économiques, je retiens surtout ma participation à la production des statistiques de déplacement de population au moment du confinement de mars 2020 à partir de données de téléphonie mobile. J'ai l'impression d'avoir participé à la production de chiffres qu'on retrouvera dans les livres d'histoire.

Puis vous avez privilégié l’innovation en data science, toujours à l’Insee.

Je suis convaincu que c'est une chance pour l'Insee d'avoir un lab de data science, où une grande liberté est laissée aux équipes pour conduire des expérimentations innovantes sur la base de cas d’usages portés par les équipes métiers. Dans la continuité de mes enseignements à l'Ensae, je voulais aussi profiter de ce poste pour faire mieux connaître les nouvelles pratiques du monde de la data, notamment l'apport de l'ingénierie des données à des chaînes de production de statistiques. En complément de cette fonction de datascientist menant des projets en collaboration avec d'autres équipes de l'Insee, j'ai aussi pour mission d'animer la communauté de la data science dans la statistique publique. Ce rôle m'a permis de découvrir que même là où on pourrait penser que rien n’évolue, les changements en coulisse peuvent être importants.

Et maintenant ?

J'ai appris énormément de mes deux premiers postes. J’aimerais maintenant partager mon expérience de manière différente, notamment en tant que manager.

Anne JAUBERTIE, ENS – Ensae

Cheffe de la division des revenus et du patrimoine des ménages à l’Insee
(titularisation administrateur 2014)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee après l’École normale supérieure (ENS) ?

J’ai suivi une formation en sciences sociales à l’ENS. Après un master recherche, j’ai souhaité privilégier une orientation plus opérationnelle. Et le corps des administrateurs de l’Insee propose de nombreux postes avec une double composante, opérationnelle et technique, permettant de garder un lien avec le monde académique.


Vous avez occupé trois postes à la direction générale du Trésor. Que vous ont apporté ces expériences ?

J’ai rejoint la DG Trésor en sortie d’Ensae et j’ai eu la chance de travailler sur des sujets très différents à la fois techniques mais également proches de la décision politique. Au départ, je voulais profiter de l’année de formation complémentaire pour repartir à l’étranger, mais un poste en macroéconomie avec une dimension internationale s’est ouvert à la DG Trésor. Il était bien adapté à une sortie d’école : développement de modèles et liens avec le monde de la recherche, tout en proposant une première approche d’évaluation de politiques. Ce premier poste m’a donné le goût du conseil en politique économique. J’ai pu développer mes compétences dans ce domaine en prenant un autre poste sur l’évaluation des politiques, de redistribution cette fois, en particulier de lutte contre les inégalités et la pauvreté. Il avait une composante de conseil plus prononcée que le précédent et conservait une dimension technique avec un modèle de microsimulation. Après un passage à la Commission européenne, je suis revenue à la DG Trésor en tant que cheffe du bureau « Énergie et Transport ». Le poste a été très formateur, rythmé par les réponses à apporter aux différentes crises : plan de relance à la suite de la crise sanitaire, plan « Fit-for-55 » européen et surtout crise des prix de l’énergie.

À la Commission européenne, vous avez été expert national à la direction générale de l’économie et des finances (DG ECFIN)

Entre 2018 et 2020, j’ai travaillé au sein du bureau en charge du suivi de la France à la DG ECFIN où j’étais en charge des prévisions macroéconomiques. Cette période a été très riche : exercices de prévisions inédits avec le Brexit et la crise sanitaire, travail dans un cadre international, apprentissage des institutions européennes (sur ce dernier sujet, je conseille la très bonne série « Parlement »).

Et maintenant ?

Dans mes premiers postes, j’ai exploité des données dans le cadre d’évaluation de politiques publiques ou de prévisions. Je n’avais toutefois pas encore eu l’occasion d’en produire. Depuis fin 2022, je suis cheffe de la division « Revenu des ménages » à l’Insee : un retour sur les sujets sociaux qui me permet de mieux comprendre la production des enquêtes, en particulier celle que j’avais exploitée lors de mon poste sur les politiques de redistribution ! C’est un poste très complet, qui me permet d’enrichir mes compétences aussi bien d’un point de vue managérial que technique (conduite d’enquêtes auprès des ménages, exploitation de données administratives).

Blandine LEGENDRE, Ensae

Cheffe du service études et diffusion à la direction régionale Pays de la Loire de l’Insee
(titularisation administrateur 2018)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee après l’École normale supérieure (ENS) ?

Étudiante en sciences économiques et sociales à l’ENS Cachan (aujourd’hui Paris-Saclay), je pressentais que la recherche académique ou l’enseignement n’étaient pas des voies dans lesquelles je m’épanouirais vraiment. J’étais à la recherche d’un métier au service des politiques publiques, avec un aspect plus opérationnel. Le corps des administrateurs offrait cette possibilité, notamment à travers les postes

en service statistique ministériel (SSM) – tout en permettant d’évoluer sur d’autres types de postes, si j’en ressentais un jour l’envie.

Après l’Ensae, vous avez été assistante de recherche à l’Université McGill dans le cadre de la formation complémentaire administrateur.

Lorsqu’on entre à l’Ensae directement en troisième année, le corps des administrateurs de l’Insee permet de différer sa prise de poste pour effectuer une formation complémentaire d’une année. J’ai saisi cette opportunité pour partir à l’étranger. J’ai étudié les liens entre histoire familiale et revenus à partir d’une enquête de l’agence fédérale Statistique Canada. Le contenu des travaux était très intéressant – à la fois en termes techniques, avec l’étude de parcours de vie, et dans la compréhension des mécanismes démographiques et sociaux sous-jacents. Néanmoins j’aspirais à davantage d’interactions au quotidien, à des échéances plus rythmées et à une plus grande diversité de travaux.

Puis vous choisissez un poste à la Drees, service statistique ministériel (SSM) Santé et solidarités. Pourquoi ?

J’avais envie de découvrir un SSM, puisque c’est dans cet environnement que je m’étais projetée le plus lorsque j’avais passé le concours d’administrateur. Le poste que j’ai choisi avait une dimension très opérationnelle, avec la production d’un indicateur d’accessibilité aux soins de ville utilisé par le ministère pour déterminer les zones où inciter à l’installation de professionnels de santé. Ce poste avait aussi une composante d’analyse, à travers la réalisation d’études statistiques variées sur la thématique de l’accès aux soins. J’ai également développé un outil de diffusion cartographique, mis en ligne sur le site de la Drees. J’ai apprécié la grande diversité des missions qui m’étaient confiées, ainsi que les nombreuses interactions avec différents types d’acteurs (statisticiens, chercheurs, juristes, professionnels de santé). À la fin de mon poste, j’avais acquis une vision assez large des problématiques d’accès aux soins.

En 2021, vous prenez un poste en méthodologie du recensement de la population à l’Insee.

Je souhaitais découvrir enfin l’environnement Insee. J’ai choisi un poste très différent du précédent, en méthodologie, afin d’accroître mon bagage technique. J’ai découvert l’univers du recensement de la population, sous l’angle de l’innovation : estimation de population par zone de 1 km² de côté, codification en nouvelle nomenclature des professions via un modèle de machine learning… Contribuer à la mise en place de ces évolutions au sein de l’Insee a été extrêmement stimulant, avec là encore une diversité de travaux.

Et maintenant ?

Aujourd’hui je suis en poste à la direction régionale de l’Insee Pays de la Loire, à Nantes. Je dirige un service dont la mission est de réaliser des analyses régionales, pour alimenter le débat public local. Une grande partie sont effectuées en partenariat avec des administrations déconcentrées ou collectivités territoriales, afin de les accompagner dans la définition et la mise en œuvre de leurs politiques. Je vois très concrètement l’utilité des chiffres que produit l’institut, ce qu’ils apportent aux décideurs publics mais aussi à d’autres types d’acteurs, notamment du monde économique. L’intensité des contacts rend ce poste passionnant : je découvre d’autres domaines professionnels qui renouvellent ma manière d’appréhender la statistique publique.

Bérengère MESQUI, X – Ensae

Sous-directrice de l’énergie au service statistique du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
(titularisation administrateur 2004)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee à la sortie de l’École polytechnique (X) ?

Si je n’avais pas intégré l’X, je serais sans doute allée à l’Ensae car j’aimais beaucoup les mathématiques. À l’X, j’ai choisi les majeures de mathématiques appliquées et d’économie. C’est donc naturellement que je me suis intéressée aux perspectives offertes par le corps de l’Insee. La variété des thématiques sur lesquelles travaillent les administrateurs de l’Insee et la diversité des carrières au sein du corps ont achevé de me convaincre.


Et à la sortie de l’Ensae, vous choisissez un poste à la , service statistique ministériel. Pourquoi ?

Un peu par hasard, car c’est difficile de se projeter dans un poste quand on sort d’un parcours qui, à l’époque, incluait très peu de stages. Je voulais un poste de chargé d’études pour consolider mes compétences techniques, la thématique du marché du travail m’intéressait et le positionnement en service statistique ministériel, en lien avec la politique publique tout en restant indépendant, me plaisait.

Vous avez également occupé plusieurs postes à la direction générale du Trésor, qu’en avez-vous retenu ?

Mon passage à la DG Trésor a été extrêmement formateur. J’y ai découvert le conseil en politique économique qui m’a beaucoup plu. Les postes proposés au Trésor permettent de traiter des sujets très divers, et la nécessité d’être tout de suite opérationnel oblige à se former très vite. Ce sont des postes souvent proches de la décision publique, ce qui est très stimulant, même si cela impose un rythme de travail intense.

En 2014, vous amorcez un changement de domaine de compétences.

En 2014, l’Insee me signale un poste d’adjoint au sous-directeur de l’économie des ressources naturelles et des risques au ministère de l’environnement. Je ne connais rien au sujet, mais j’adore découvrir de nouveaux thèmes et de nouveaux environnements, donc je tente ma chance. Changement climatique, biodiversité, ressources, économie circulaire, transition énergétique, risques naturels, pollutions... J’y ai découvert des sujets passionnants et extrêmement variés, sur lesquels les statisticiens et économistes ont un vrai rôle à jouer.

Et maintenant ?

Je suis sous-directrice des statistiques de l’énergie au Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Ce poste me permet d’approfondir les thématiques environnement - énergie tout en revenant au cœur de métier des administrateurs de l’Insee : la production de données et d’études. Entre la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine et les objectifs ambitieux de transition énergétique, les défis à relever pour rendre compte et évaluer nos politiques publiques sont nombreux !

Jean-François OUVRARD, X – Ensae

Executive director - Economic Research à la Banque Morgan Stanley
(titularisation administrateur 2002)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee à la sortie de l’École polytechnique (X) ?

Je n’avais jamais fait d’économie avant d’entrer à l’X. Mais j’ai été tout de suite fasciné par la macroéconomie qui pose un regard scientifique sur le fonctionnement du monde. Au gré de mes lectures et rencontres, j’ai rapidement eu envie de contribuer à la définition des politiques économiques et le corps de l’Insee s’est naturellement imposé comme ma priorité à la fin de ma scolarité.


Vous démarrez votre carrière au département des études économiques à l’Insee.

À ma sortie de l’Ensae j’ai hésité entre rejoindre la DG Trésor et prendre un poste à la division des études macroéconomiques de l’Insee. Au cours des entretiens, j’ai été impressionné par le chef de la division qui m’a dit qu’il fallait plusieurs années pour devenir un macroéconomiste capable de jongler entre les mécanismes et les ordres de grandeur. C’était exactement ce que je voulais devenir et j’ai choisi l’Insee. Je n’ai jamais regretté, la modélisation macroéconomique – Mésange existait déjà ! – m’a donné un bagage que j’utilise encore chaque jour.

Vous occupez ensuite plusieurs postes à la direction générale du Trésor, dont un poste de conseiller économique en ambassade à Berlin : quels sont vos souvenirs marquants ?

J’ai beaucoup de très bons souvenirs de la DG Trésor, en particulier grâce à des collègues remarquables. J’ai commencé à la division des finances publiques et, les prises de poste se faisant en septembre, j’ai été plongé immédiatement dans la préparation des budgets. Un sacré challenge ! Le poste de conseiller économique en ambassade demande de développer une grande polyvalence, pour parler prévisions le matin, services financiers le midi et politique industrielle l’après-midi. De retour à Paris en 2009, je suis devenu chef du bureau environnement et agriculture de la DG Trésor. A l’époque, les sujets climatiques n’étaient pas encore aussi importants qu’aujourd’hui mais, avec mon équipe, nous avions un esprit de pionnier ! Nous avons travaillé pendant des mois sur le projet de taxe carbone du Gouvernement de l’époque. Un projet dont nous apprendrons un matin à la radio qu’il est abandonné. Peu importe, j’avais, de nouveau, beaucoup appris.

Puis vous vous tournez vers l’analyse conjoncturelle et les études et prévisions macroéconomiques, à l’Insee puis dans le privé et à la Banque de France.

J’ai eu l’occasion de devenir le chef de la synthèse conjoncturelle à l’Insee en 2010, en charge de la note de conjoncture trimestrielle. Pour un Insee à tendance macro, impossible de refuser ! J’ai adoré coordonner les nombreuses contributions à chaque publication, élaborer nos prévisions de croissance, d’inflation ou de chômage, avec en point d’orgue les présentations à la presse finalement pas si stressantes car nous étions bien préparés. Ensuite, je suis parti à Rexecode, parce que je crois que le débat économique français gagnerait fortement à avoir des voix indépendantes et crédibles plus fortes. Puis j’ai rejoint la Banque de France en 2015, en charge du service préparant les prévisions et développant les modèles macro. Deux passions réunies, qui plus est dans le cadre de l’Eurosystème. J’ai passé sept excellentes années dans cette grande institution.

Enfin la Banque Morgan Stanley en Allemagne, depuis 2022.

J’ai rejoint la Recherche économique de Morgan Stanley en 2022. Je suis basé à Francfort, en charge de la macro sur la zone euro et la France, ainsi que de l’analyse de la Banque centrale européenne. J’étais curieux de découvrir le monde de la finance, de comprendre comment la macro peut concrètement être utile aux décisions d’investissement. Je ne suis pas déçu ! Mes interlocuteurs sont à la recherche d’un regard différent sur l’économie, pas de ce qu’ils ont déjà lu dans le journal. Expertise, efficacité, polyvalence. Tout que j’ai appris grâce à mon parcours au sein du corps de l’Insee !

Tom SEIMANDI, X – Ensae

Data scientist confirmé au Pôle d’expertise de la régulation numérique – Direction générale des entreprises
(titularisation administrateur 2018)

Pourquoi avez-vous choisi le corps des administrateurs de l’Insee après l’Ecole Polytechnique ?

Pour moi, rejoindre le corps des administrateurs de l’Insee permettait d’appliquer les méthodes apprises au cours de ma scolarité avec un objectif très concret, celui de produire des chiffres de référence alimentant le débat public. J’étais enthousiaste à l’idée de travailler sur des thématiques diverses et ancrées dans la réalité de la vie en France au sein d’une administration reconnue pour son expertise et son sérieux.


A la sortie de l’Ensae, vous choisissez un poste à la Drees, service statistique ministériel de la santé et des solidarités. Quels sont vos souvenirs marquants de cette période ?

Mes derniers mois de travail coïncidaient avec l’arrivée du Covid-19 en France. Il fallait travailler vite pour apporter des éclairages aux décideurs publics sur des sujets inédits : par exemple créer un système d’information national permettant de suivre en direct les lits capables d’accueillir des patients atteints du Covid-19, ou encore recueillir des éléments sur l’impact de l’épidémie sur la prise en charge dans les services d’urgence de certaines pathologies (AVC, cardiaques, etc.) qui doit être rapide pour être efficace.

Puis dans le cadre d’une formation complémentaire administrateur, vous partez à Berlin.

Oui ! Je souhaitais bénéficier du dispositif de formation complémentaire qui offre une possibilité de vivre à l’étranger, ainsi que de sortir de son cadre de travail un an pour découvrir un autre environnement. J’ai ainsi travaillé pendant un an dans une petite entreprise comme ingénieur de recherche, sur le thème de la robustesse et de l’explicabilité en machine learning.

De retour en France, vous rejoignez l’unité innovation en data science de l’Insee, le SSP Lab.

En effet. Le SSP Lab me permettait tout d’abord de continuer à travailler sur des sujets techniques. En outre, sa mission de moderniser la production statistique publique par la mobilisation de nouvelles sources de données et de nouvelles méthodes est vitale pour l’Insee. Pendant trois ans, j’ai pu travailler par exemple sur la classification de textes dans des nomenclatures statistiques ou sur l’utilisation de données satellites pour faciliter le recensement de la population en Guyane et à Mayotte. L’environnement de travail était génial au SSP Lab ! J’ai pu acquérir une vision d’ensemble de la production statistique publique tout en développant une expertise sur de nombreux sujets à la frontière entre statistique et informatique.

Et maintenant ?

Je travaille depuis septembre à la direction générale des entreprises, au sein du pôle d’expertise de la régulation du numérique (PEReN), un centre interministériel d’expertise en sciences des données. Le rôle du PEReN est d’appuyer les services de l’État ou les autorités de régulation qui le souhaitent pour analyser le fonctionnement des plateformes numériques, ou sur des questions en lien avec l’intelligence artificielle.

La Drees, direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, est le service statistique ministériel dans les domaines de la santé et du social.

La Depp, direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance , est le service statistique ministériel de le domaine de l’éducation.

La Drees, direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, est le service statistique ministériel dans les domaines de la santé et du social.

La Dares, direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, est le service statistique ministériel dans le domaine du travail.