Insee Focus · Décembre 2025 · n° 372

Le tissu productif français par catégorie d’entreprises en 2023 Plus d’une entreprise de taille intermédiaire sur deux appartient à un groupe multinational

En 2023, en France, hors secteurs agricoles et financiers, on compte 5,2 millions d’entreprises (incluant toutefois les exploitations forestières, les auxiliaires de services financiers et d’assurance et les holdings) qui emploient près de 16 millions de salariés en équivalent temps plein (ETP) (figure 1). Ce tissu productif est fortement concentré : un peu plus de 300 grandes entreprises (GE) occupent 28 % du total des salariés et contribuent à 32 % de la valeur ajoutée (VA). À l’opposé, près de 5 millions de microentreprises (MIC) emploient 17 % des salariés et génèrent 19 % de la valeur ajoutée. Entre ces deux extrêmes, les près de 7 500 entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les quelque 175 000 petites et moyennes entreprises (PME) hors microentreprises représentent respectivement 26 % et 29 % de la part des salariés et participent pour 26 % et 23 % à la valeur ajoutée.

Sur le champ plus restreint des secteurs principalement marchands, non agricoles et non financiers, qui compte 4,2 millions d’entreprises, 96 % sont des microentreprises (dont 1,6 million bénéficient du régime du micro‑entrepreneur). Celles-ci ne réalisent que 12 % du chiffre d’affaires et 16 % de la valeur ajoutée de l’ensemble (figure 2). À l’inverse, les ETI et GE, très peu nombreuses (moins de 0,2 % des entreprises), représentent les deux tiers du chiffre d’affaires total (respectivement 30 % et 37 %), ainsi que 26 % et 34 % de la valeur ajoutée totale. Les PME, quant à elles, représentent 21 % du chiffre d'affaires total et génèrent 23 % de la valeur ajoutée totale.

Plus de la moitié des entreprises des secteurs principalement marchands, non agricoles et non financiers exercent leur activité principale dans les services marchands (56 %), mais elles ne représentent que 20 % du chiffre d’affaires total et un tiers de la valeur ajoutée (35 %) (figure 3). À l’inverse, seules 8 % des entreprises appartiennent au secteur industriel, alors qu’elles génèrent 31 % du chiffre d’affaires et 27 % de la valeur ajoutée totale.

La structure sectorielle des microentreprises reflète des activités centrées autour d’un marché de proximité. Ainsi, les microentreprises sont tournées essentiellement vers des activités de services (57 % des microentreprises) et de commerce (17 %). Pour autant, le chiffre d’affaires généré est plus équilibré entre services et commerce, ces deux secteurs représentant chacun un peu plus du tiers du chiffre d’affaires des microentreprises. 7 % des microentreprises ont une activité principalement industrielle, avec une prépondérance pour l’artisanat commercial (notamment les boulangeries-pâtisseries) ; leur chiffre d’affaires représente 8 % du total.

À l’opposé, les ETI et GE se distinguent des autres catégories d’entreprises par leur orientation industrielle, en particulier manufacturière. Ainsi, 30 % des ETI et 36 % des GE appartiennent au secteur industriel et réalisent respectivement 32 % et 46 % du chiffre d’affaires ainsi que 34 % et 37 % de la valeur ajoutée de leur catégorie.

Moins industrielles que les ETI et les GE, les PME hors microentreprises se répartissent de façon plus équilibrée que les autres catégories d’entreprises dans les grands secteurs d’activité : pour plus de 37 % d’entre elles, leur activité principale est tournée vers les services, tandis que 26 % exercent dans le commerce, 16 % dans l’industrie et 16 % dans la construction. C’est le secteur du commerce (en particulier dans le commerce de détail en magasin non spécialisé) qui génère la plus grande part du chiffre d’affaires des PME (41 %). Néanmoins, elles n’y réalisent que 23 % de leur valeur ajoutée. Le taux de valeur ajoutée est structurellement plus faible dans le secteur du commerce, indépendamment de la catégorie d’entreprise. À l’inverse, les services marchands concentrent seulement 24 % du chiffre d’affaires des PME, mais 40 % de leur valeur ajoutée (les activités juridiques et comptables y sont particulièrement bien représentées).

La dispersion de la valeur ajoutée diffère selon la catégorie d’entreprise et le secteur d’activité. Ainsi, les microentreprises montrent une forte hétérogénéité, notamment dans l’industrie : un quart d’entre elles dépasse 54 000 euros de valeur ajoutée, tandis que la moitié reste en dessous de 5 000 euros. Cette disparité résulte de la coexistence, dans cette catégorie, de micro-entrepreneurs ayant par ailleurs une activité salariée et d’autres plus durablement établis. De même, pour les GE dans le secteur des transports, la moitié réalise au moins 739 millions d’euros de valeur ajoutée, quand un quart dépasse 3,3 milliards d’euros, certaines étant des acteurs majeurs du secteur. À l’inverse, la dispersion est plus faible pour les PME et ETI, aucun secteur ne présentant de différences marquées.

Compte tenu de leur orientation industrielle, les ETI et les GE jouent un rôle essentiel dans le commerce extérieur. Elles réalisent, ensemble, 88 % du chiffre d’affaires à l’export des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers (respectivement 30 % et 58 %), notamment parce que la majorité d’entre elles appartient à des multinationales, pour lesquelles les exportations sont en partie des échanges avec d’autres filiales du groupe à l’étranger (figure 4). Ces exportations concernent principalement le secteur de l’industrie (67 % du chiffre d’affaires à l’export de l’ensemble des ETI et GE) et dans une moindre mesure le commerce (17 %).

Les PME hors microentreprises représentent une part beaucoup plus faible (10 %) du total des exportations. Leurs exportations sont concentrées à parts égales dans l’industrie (33 %) et le commerce (35 %).

Les microentreprises, tournées vers une économie de proximité, ne pèsent que pour 2 % dans le total des exportations. Le chiffre d’affaires à l’export est souvent réalisé par des petites entités spécialisées dans les activités d’import-export du commerce de gros ou dans les services de conseil (gestion, ingénierie, informatique, etc.).

Les entreprises peuvent être indépendantes, ou appartenir à un groupe de sociétés uniquement françaises (groupe franco-français), ou appartenir à une multinationale, elle-même sous contrôle français ou étranger.

Cette structure de l’organisation et du contrôle des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers est étroitement liée à la catégorie à laquelle elles appartiennent. Ainsi, la quasi-totalité des microentreprises sont indépendantes (97 %), mais les PME hors microentreprises se partagent entre entreprises indépendantes (48 %) et celles appartenant à un groupe franco-français (44 %) et plus rarement entreprises appartenant à une multinationale (8 %) (figure 5).

Les ETI et les GE sont en revanche majoritairement détenues par un groupe franco-français ou une multinationale. Plus précisément, les ETI appartiennent pour 41 % d’entre elles à un groupe franco-français et 53 % à une multinationale soit française (29 %), soit étrangère (24 %), 5 % d’entre elles étant indépendantes. Les GE appartiennent presque toujours à une multinationale, française (pour 68 % d’entre elles) ou étrangère (29 %). Les multinationales sous contrôle français, qu’elles soient PME, ETI ou GE, emploient en moyenne plus de salariés que les entreprises sous d'autres types d'organisation et de contrôle.