Début 2016, le compte n’y est toujours pas

Après une remontée modérée au cours des trois trimestres précédents, l'emploi salarié marchand en Nord-Pas-de-Calais-Picardie se stabilise au premier trimestre 2016. Il s'établit à 1 227 800 salariés, soit une centaine de moins qu'au trimestre précédent. Dans le même temps, en France métropolitaine, l'emploi poursuit sa progression, avec + 0,3 %. Si dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, la stabilisation des effectifs peut s'interpréter comme une pause après une progression de 0,8 % en 2015, la situation est tout autre sur le versant picard. L'Oise et la Somme enregistrent des pertes d'emploi de 0,2 % après des reculs l'an dernier de respectivement 0,6 % et 0,3 %. Dans l'Aisne (7 % de l'emploi salarié régional), l'embellie est tout de même de mise avec un + 0,3 % qui succède à la perte de 0,4 % en 2015.

Au final, entre mars 2015 et mars 2016, l'emploi en Nord-Pas-de-Calais-Picardie progresse moins qu'en moyenne nationale, avec + 0,6 % contre + 1,0 %. Le résultat du département du Nord se rapproche tout de même de la moyenne nationale. L’Oise est le grand perdant avec un volume d'emplois en retrait de 0,4 %.

Après une augmentation très importante au trimestre précédent (+ 5,6 %), le recours à l’intérim augmente plus modestement au premier trimestre 2016 (+ 0,8%). Dans le même temps, il est quasi stable au niveau national. Le nombre d’emplois intérimaires (60 000 fin mars 2016) reste ainsi à un niveau élevé, supérieur de 13,1 % à celui de fin mars 2015, s’inscrivant dans le mouvement national (+ 11 % en un an). Au niveau départemental, il continue de croître début 2016 dans l’Aisne et le Pas-de-Calais (respectivement + 3 % et + 4 %) où le recours à cette forme d’emploi connaît les plus importantes progressions en un an (+ 15,1 % et + 20,0 %).

La conjoncture défavorable de la région au 1er trimestre 2016 se traduit par une diminution de 1 800 emplois dans l'industrie (– 0,6 % contre – 0,3 % au niveau national), avec des pertes particulièrement marquées dans la fabrication de matériels de transport du Pas-de-Calais et du Nord. Dans la construction, l’emploi est toujours orienté à la baisse (– 0,4 % ce premier trimestre) tandis qu’il amorce une remontée en France (+ 0,1%). Plus de la moitié des diminutions d’emploi de ce secteur se concentre dans l’Oise (– 1,6 %).

Ces diminutions d’emploi dans l’industrie et la construction ne sont pas compensées par les gains dans le tertiaire marchand hors intérim. En effet, malgré la progression toujours soutenue des effectifs dans l’hébergement et restauration (+ 1,3 %) et dans l’information et la communication (+ 1,2 %), l’emploi dans les services augmente moins fortement qu’au niveau national (+ 0,3 % contre + 0,6 %). Les effectifs salariés du commerce sont stables, avec un bilan fortement négatif dans l’Aisne tandis qu’ils progressent au plan national (+ 1 % en un an).

Le taux de chômage régional a entamé un mouvement de décrue à partir de la fin du troisième trimestre 2015. Il se situe fin mars 2016 à 12,3 %, soit 0,3 point de moins que fin mars 2015. Cette diminution est portée essentiellement par le Pas-de-Calais où le taux perd 0,5 point en un an. Le taux national s’établit, quant à lui, à 9,9 %. L’écart entre le taux régional et national est ainsi passé de 2,6 points à 2,4 points en un an.

Fin mars 2016, 573 200 personnes inscrites à pôle emploi étaient tenues de faire des actes positifs de recherche d’emploi (catégorie A, B et C), soit 1 % de moins qu’en décembre 2015. La diminution est moins importante au plan national (– 0,4 %). Tous les départements sont concernés, particulièrement l’Aisne et l'Oise avec – 2 % et – 1,7 %. Sur un an, la situation est moins défavorable pour la région que pour la France, avec une hausse de 1,7 % contre 3 %.

Le nombre de demandeurs de moins de 25 ans poursuit sa baisse (– 2,7 % ce premier trimestre 2016), ce qui porte la diminution à – 4,2 % sur un an. Le nombre de demandeurs de plus de 50 ans, stable ce trimestre, progresse en un an de 5,7 %. Par ailleurs, le nombre des demandeurs d’emploi d’un an ou plus, également stable ce trimestre, est en hausse de 4,4 % en un an. Le chômage de longue durée concerne 48 % des demandeurs de la région contre 44 % en France.

La déconnexion entre la situation régionale et nationale perdure ce trimestre. Alors que la reprise dans la construction semble là au plan national, elle se fait attendre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Le cumul sur douze mois du nombre de permis délivrés s’établit à 20 900, en retrait de 7,9 % par rapport à son niveau de 2014 tandis qu’en France métropolitaine, la progression atteint 8,2 %. Seul le département de la Somme se démarque grâce à une progression de 9,2 % sur un an des autorisations de construire, quasiment concentrées sur la métropole amiénoise.

Logiquement, la conjoncture en termes de mises en chantier ne connaît pas davantage d’amélioration. Le nombre de logements commencés est encore en repli de 1 100 unités au premier trimestre 2016 par rapport au même trimestre de 2015. Au total entre avril 2015 et mars 2016, 19 400 logements ont été mis en chantier, soit 3 200 de moins que durant les douze mois précédents. Le département du Nord contribue très fortement à ce déficit avec un recul de 2 600 constructions tandis que la Somme se démarque encore avec un supplément de 500 logements.

Au cours de ce premier trimestre 2016, les hôtels dans la région comptabilisent 1,91 million de nuitées, en progression de 9,2 % (+ 1,9 % en France métropolitaine). Cette hausse est portée par la clientèle française (+ 7,4 %) mais surtout étrangère (+ 16,7 %). En effet, les touristes anglais (+ 7,2 %) et belges (+ 29,5 %) ont été particulièrement présents ce trimestre dans la région. Dans l'hexagone, le nombre de nuitées françaises n'augmente que de 3,0 % et celui des nuitées étrangères reste stable.

Comme le trimestre précédent, l'activité touristique hôtelière diminue dans l'Aisne (– 4,1 %) et plus fortement dans l'Oise (– 15,1 %). Elle reste en progression dans la Somme (+ 4,4 %) et davantage encore dans le Nord (+ 10,9 %) et le Pas-de-Calais (+ 21,9 %).

La présence toujours importante des forces de l'ordre sur le littoral, le calendrier favorable incluant le week-end de Pâques en mars et le report sur les aéroports régionaux d’une partie des touristes empêchés de partir de Bruxelles en raison des attentats peuvent expliquer ces résultats positifs.

Le nombre de créations d’entreprises hors micro-entreprises poursuit sa tendance haussière, dans les mêmes proportions qu’au plan national. Au premier trimestre 2016, le supplément de créations par rapport au trimestre précédent est de + 1,3 % dans la région à comparer au + 1,6 % en France métropolitaine.

Dans le même temps, la création de micro-entreprises connaît un sursaut, habituel en début d’année qui marque souvent le démarrage symbolique d’activité, avec une progression de 7 % des immatriculations sous ce régime par rapport au volume observé au quatrième trimestre 2016. Ce mouvement n’est pas propre à la région. Le régime n’en reste pas moins en perte de vitesse avec un déficit de 10 % de créations par rapport au même trimestre de 2015.

Sur l’année complète, le bilan fait état d’une diminution de 2 200 créations, tous types confondus.

Le nombre de défaillances est toujours en repli sur la région en un an (– 4,5 %) comme au plan national (– 4,1 %).