Les prix de production de l’industrie en zone euro : depuis dix ans, France et Allemagne évoluent au même rythme

Au cours des dix dernières années, les prix de production de l’industrie ont progressé de 17 % dans la zone euro (figure 1) ; ce chiffre couvre l’ensemble des prix, quel que soit le marché destinataire, intérieur ou extérieur. La hausse est un peu plus modérée en France et en Allemagne (+ 15 %), proche de la moyenne en Italie (+ 18 %), et plus forte en Espagne (+ 26 %) et aux Pays-Bas (+ 27 %). La crise économique de 2008 a durement touché l’industrie européenne. De juillet 2008 à juillet 2009, les prix de production ont reculé de 7,4 % dans l’ensemble de la zone euro, retrouvant alors leur niveau de l’été 2007. Ils se sont ensuite redressés jusqu’en 2012, avant de s’éroder à nouveau, principalement en raison de la baisse des cours du pétrole. Entre janvier 2013 et décembre 2014, les prix de production ont ainsi baissé de 3,3 %.

Au sein de la zone, tous les prix de production suivent les mêmes phases et le même profil d’évolution. Les évolutions au fil des mois sont assez semblables en France, en Allemagne et en Italie, en particulier entre les deux premiers pays. Sur les quatre dernières années, toutefois, les variations mensuelles de prix sont un peu plus marquées en France. Ceci s’explique par la prise en compte des prix du marché de gros de l’électricité dans les indices français. Les fluctuations sont plus amples en Espagne et, surtout, aux Pays-Bas. La proximité des évolutions de prix entre la France, l’Allemagne et l’Italie contraste avec celles des volumes de production. En effet, sur ce plan, l’Allemagne, après une baisse importante en 2008, s’est plus vite redressée que ses partenaires.

Aux Pays-Bas, les variations de prix sont plus marquées que dans l’ensemble de la zone euro. Ainsi au premier semestre 2008, puis entre septembre 2010 et avril 2011, les prix de production ont augmenté plus de deux fois plus vite que la moyenne de la zone euro. À l’inverse, lors de la crise financière de l’été 2008, ils ont baissé près de trois fois plus (figure 2).

Cette volatilité accrue s’explique par le poids économique du raffinage des produits pétroliers aux Pays-Bas, quatre fois plus important qu’en France par exemple. Ainsi, l’évolution des prix de production de l’industrie néerlandaise est très similaire à celle du cours du Brent (figure 3).

Dans les autres pays de la zone euro, le raffinage de produits pétroliers pèse moins dans l’économie. Cependant, les variations des prix de production suivent partout, avec un retard de quelques mois, les tendances du cours du Brent. En effet, les produits pétroliers et leurs dérivés sont utilisés comme intrants dans de nombreux processus industriels ; les industriels répercutent donc sur leurs prix de production les variations à la hausse où à la baisse subies sur leurs coûts. Par ailleurs, les prix des autres sources d’énergie, notamment le gaz et l’électricité, évoluent en partie comme le prix du pétrole, par effet de complémentarité (dans les cas de production conjointe de pétrole et de gaz, et des centrales thermiques d’électricité) ou par effet de substituabilité.

Les évolutions des prix des produits agroalimentaires sont particulièrement proches au niveau européen (figure 4). Certes, en janvier 2009, les prix de production baissent bien plus fortement en France (- 6,4 %) que dans les autres pays. Cette différence tient toutefois à un effet comptable : l’entrée en application en janvier 2009 de certaines mesures de la loi de modernisation de l’économie (LME) a entraîné une baisse des prix de vente à la grande distribution des produits agroalimentaires, en compensation de la disparition des marges arrière. Ce phénomène s’est mécaniquement répercuté au niveau des prix des industries agroalimentaires. Si l’on annule le choc de traitement comptable entre décembre 2008 et janvier 2009, les évolutions des prix de production des industries alimentaires de la France deviennent tout à fait comparables à celles des autres pays de la zone euro.

Les évolutions de prix de production de l’électricité sont très convergentes entre la France, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro jusqu’à la mi-2012. À partir de cette date, les prix de production de la France deviennent plus volatils. Les indices français prennent en effet en compte le marché de gros de l’électricité, très fluctuant par nature (figure 5). Le même phénomène a déjà été observé au Royaume-Uni. En revanche, les prix de production fluctuent peu en Allemagne et dans d’autres pays européens qui n’intègrent pas les prix du marché de gros.