Un climat conjoncturel toujours maussade

Au troisième trimestre 2014, la légère reprise de l'activité économique observée en France ne permet pas d’endiguer la baisse de l'emploi salarié marchand. En Picardie comme au niveau national, l’emploi diminue ce trimestre (respectivement -0,3% et -0,4%). Avec 362 000 emplois, soit 1 100 de moins qu'en juin, les effectifs salariés marchands picards sont en recul pour le troisième trimestre consécutif. Ce repli est moindre qu'au 1^er trimestre (-1 600 emplois), mais, sur un an, l'évolution régionale reste plus défavorable que celle du niveau national (-1,1% contre -0,4 %) (figure 1).

En Picardie comme en France, les effectifs diminuent dans tous les secteurs, sauf dans les services hors intérim. Au niveau régional, les effectifs de ce secteur progressent, pour la première fois depuis quatre trimestres, tandis qu'au niveau national, ils sont stables. Néanmoins, la hausse dans les services hors intérim picards reste modérée (+600 emplois) et ne suffit pas à compenser les pertes des autres secteurs d’activité (figure 2).

L'industrie picarde continue de perdre des effectifs au même rythme qu'au deuxième trimestre (-0,6% soit 600 emplois), toujours deux fois plus rapidement qu'au niveau national (-0,3%).

La construction reste en difficulté, au niveau régional (-1%) comme national (-1,1%). Ainsi, en Picardie, l'accélération des destructions d'emplois, observée au deuxième trimestre, se confirme et se solde par un recul de -350 emplois.

Depuis onze trimestres, le commerce picard alterne stabilité et diminution des effectifs. Ce trimestre, la contraction est importante : 300 emplois de moins qu'en juin, soit les trois quarts du déficit d'emplois observé dans ce secteur sur les douze derniers mois.

Dans un contexte d'incertitude économique, l'évolution du secteur de l'intérim est en dents de scie depuis deux ans, en Picardie comme en France. La légère progression du trimestre dernier (+0,5%) fait place à une nouvelle baisse (-2,7%), soit une perte de 450 emplois. Toutefois, le recul est moins marqué qu'au niveau national (-4,0%) (figure 3).

Tous secteurs confondus, ce trimestre, l'Oise (-0,5%) est le département picard le plus touché : 750 emplois ont disparu, soit les deux tiers des pertes régionales, notamment dans l’intérim et l’industrie. Dans l'Aisne (-0,2%), la légère hausse des services hors intérim (+0,4%) ne compense qu'une partie de la diminution des effectifs du commerce et de la construction. Dans la Somme, la contraction est équivalente (-0,2%), mais est principalement due au secteur de l'industrie qui concentre à lui seul 58% des pertes du département.

Le taux de chômage picard repart à la hausse au troisième trimestre 2014. Après l’accalmie observée depuis l’été 2013, il s’est accru de 0,3 point entre juin et septembre 2014 pour atteindre 11,6% de la population active (9,9% en France métropolitaine). La Picardie reste la troisième région française à égalité avec la Provence-Alpes-Côte d’Azur, derrière le Languedoc-Roussillon et le Nord-Pas-de-Calais, à avoir le taux de chômage le plus élevé. Néanmoins, ce rebond du chômage picard n’est pas un phénomène isolé puisque quinze régions métropolitaines connaissent une hausse du taux de chômage supérieure ou égale à 0,3 point (+0,2 en France métropolitaine) (figure 4).

L’Aisne est le département picard le plus marqué par l’augmentation du taux de chômage avec les hausses les plus élevées à Laon (+0,5 point), Tergnier ou Château-Thierry (+0,4 point).

Sur un an, l’évolution du chômage reste toutefois orientée à la baisse dans les trois départements picards (-0,3 point dans la Somme, -0,2 point dans l’Aisne et l’Oise) alors qu’il est stable en France métropolitaine.

Au cours du troisième trimestre 2014, le nombre de demandeurs d’emploi, ayant exercé ou non une activité réduite, a continué d’augmenter en Picardie à un rythme comparable à celui de la France métropolitaine (respectivement +1,6% et +1,7%). Fin septembre 170 900 Picards sont inscrits à Pôle emploi en catégorie A, B ou C. Sur un an, la hausse du nombre de demandeurs d’emploi s’élève à +3,1%, légèrement moins qu’au niveau national (+5,7%).

Les demandeurs d’emploi âgés de plus de 50 ans sont toujours ceux qui ont le plus de difficultés à s’insérer sur le marché du travail : en hausse de +2,5% au troisième trimestre 2014 et de +10,8% en un an, ils représentent désormais 21,6% des inscrits à Pôle emploi contre moins de 15% avant le début de la crise économique de 2008.

Pour la première fois depuis juin 2013, les jeunes de moins de 25 ans sont, eux aussi, plus nombreux à être demandeurs d’emploi (+1,7 % ce trimestre).

Les demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an sont en augmentation de +1,8 % ce trimestre. Ils représentent 47,3 % de la demande d’emploi picarde.

Au troisième trimestre 2014, le nombre de permis de construire délivrés se stabilise pour la première fois depuis mi 2013 en Picardie. Avec près de 2 000 logements autorisés, il est pratiquement égal à celui enregistré à la même période en 2013. Cette stabilisation est essentiellement portée par le logement résidentiel. En effet, 500 autorisations ont été accordées ce trimestre (contre 85 au cours du troisième trimestre 2013) pour des projets de résidences étudiantes ou de personnes âgées, notamment dans la Somme et dans l’Aisne. En revanche, le nombre d’autorisations est toujours en baisse dans les secteurs de l’individuel et du collectif.

Sur un an, 7 000 nouvelles autorisations ont été accordées en Picardie, soit un repli de -30 % par rapport à l’année précédente. Même si, hormis l’Alsace, toutes les régions accusent un recul des permis de construire, cette baisse est plus marquée en Picardie qu’en moyenne nationale (-13,1%) (figure 5).

Concernant le nombre de logements commencés, la Picardie enregistre aussi une légère amélioration ce trimestre : 1 600 logements ont été mis en chantier, soit une hausse de +14% par rapport au troisième trimestre 2013. Celle-ci n’est cependant pas suffisante pour compenser le déficit cumulé sur un an. En effet, le nombre de logements commencés entre octobre 2013 et septembre 2014 reste inférieur de –24% à celui observé un an auparavant (figure 6).

Au cours du troisième trimestre 2014, 771 000 touristes ont été hébergés en Picardie. Ce nombre est en recul de -1% par rapport à la même période de 2013, alors que la baisse atteint -1,6 % en France métropolitaine. Du fait d’une météo médiocre, les touristes français ont été moins nombreux à visiter la région (-2,9%). Cependant cette baisse est partiellement compensée par une fréquentation accrue d’étrangers (+4,3%), attirés pour certains par les nombreuses manifestations commémoratives. Sur l’ensemble de l’hexagone, les touristes ont été moins présents, qu’ils soient Français (-2%) ou étrangers (-1,1%).

Le mois de juillet reste particulièrement décevant pour le tourisme picard qui accuse une baisse de fréquentation (-5,5%). Août et septembre demeurent plus attractifs avec une augmentation de +1,5% du nombre d’estivants pour chacun d’eux. La région se démarque ainsi du niveau national touché par une baisse générale de la fréquentation touristique : -3% en juillet, -0,3% en août et -1,5% en septembre. En Picardie, l’influence étrangère reste prégnante tout au long de la période : +1,1% en juillet, +7,8% en août et +3,4% en septembre. Ce n’est pas le cas ailleurs en France où seul le mois d’août affiche une progression de 2,2% de vacanciers étrangers.

Cette année, le tourisme de mémoire explique en partie cet afflux de touristes étrangers, surtout en Picardie. Dans la région, les nationalités qui ont le plus contribué sont les Allemands (pour 29,3%) et les Néerlandais (pour 23,9%). Le Compiégnois-Noyonnais, qui propose notamment le Mémorial de la clairiére de l'Armistice, voit sa fréquentation étrangère bondir de 29% et le Grand-Amiénois de 11% ( figure7).

Avec 2 518 entreprises créées au cours 3^e trimestre 2014 la dynamique entrepreneuriale reste orientée à la baisse en Picardie. Le nombre de créations diminue de -4,8% en Picardie alors qu’il augmente de +4,6% en France métropolitaine par rapport à la même période en 2013. Les créations hors régime du micro-entrepreneur , en recul de -9,6% ce trimestre, sont les premières concernées en Picardie. Néanmoins, au total sur une année, le nombre de créations d’entreprises reste stable pour la région (+0,3%) quand il est en légère hausse au niveau national (+2,6%) (figure 8).

Comparée au 3^e trimestre 2013, la construction enregistre une nouvelle baisse de -15,1% (-3,7% en France), et le secteur industriel continue à créer de moins en moins d’entreprises en Picardie (-9,8%) contrairement à la tendance nationale (+5,8%). En revanche, le commerce est en augmentation de +1,3% et représente 23% des nouvelles entreprises Picardes. Le secteur de l’hébergement et de la restauration, bien que représentant un volume moindre, repart à la hausse (+30%) en Picardie.

Après une stabilité observée au deuxième trimestre 2014, le nombre de défaillances d’entreprises est à nouveau en baisse en Picardie au 3^e trimestre. La région enregistre 325 procédures de redressement ou liquidation judiciaire d’entreprises, soit une diminution plus rapide qu’en France métropolitaine (-8,7% contre -1,7%). Sur une année, le constat est similaire : les défaillances baissent de -8,1% en Picardie et sont relativement stables dans l’hexagone (+0,3%) (figure 9).