Emploi, chômage, revenus du travail Édition 2020

L’Insee et la Dares présentent dans cette cinquième édition de l’Insee Références Emploi, chômage, revenus du travail un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail.

Insee Références
Paru le :Paru le02/07/2020
Emploi, chômage, revenus du travail- Juillet 2020
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Salaires et coût du travail en Europe

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Paru le :02/07/2020

En 2019, dans l’Union européenne (UE à 28 pays), le dans l’industrie, la construction et les services marchands pour les entreprises de 10 salariés ou plus s’élève en moyenne à 27,8 euros (figure 1). Il varie fortement selon les pays, avec un écart relatif de 1 à 8 entre la Bulgarie (6,0 euros) et le Danemark (46,0 euros). La France occupe la 5e position des pays ayant les coûts horaires les plus élevés (37,3 euros), juste devant l’Allemagne (35,9 euros). Dans l’industrie, le coût horaire français (39,1 euros) est inférieur à celui de l’Allemagne (41,2 euros) (figure 2a). C’est l’inverse dans les services marchands (figure 2b) : 33,4 euros en Allemagne contre 37,0 euros en France.

Figure 1 - Coût horaire de la main-d'œuvre, salaire et écart femmes-hommes dans les pays de l'UE

Figure 1 - Coût horaire de la main-d'œuvre, salaire et écart femmes-hommes dans les pays de l'UE
Coût horaire de la main-d'œuvre en 2019 (en euros) Salaire et traitement brut horaire moyen en 2019 (en euros) Part des salaires et traitements bruts dans le coût du travail (en %) Cotisations sociales et autres à charge de l'employeur en 2019 (en euros) Moyenne d'heures travaillées par salarié en 2016 (en heures) Écart de salaire horaire moyen entre les femmes et les hommes en 2018 (en %) Temps partiel entre 15 et 64 ans en 2019 (en %) Taux d'emploi des femmes entre 15 et 64 ans en 2019 (en %)
Femmes Hommes
Bulgarie 6,0 5,0 83,3 1,0 1 742 13,9 2,1 1,7 66,0
Roumanie 7,3 nd nd nd 1 859 9,7 6,2 6,0 56,8
Lituanie 9,5 8,9 93,7 0,6 1 741 14,7 8,0 4,7 72,5
Lettonie 10,4 8,1 77,9 2,3 1 744 13,0 10,9 5,8 70,7
Pologne 10,4 8,5 81,7 1,9 1 750 16,4 9,3 3,5 61,1
Hongrie 10,7 8,5 79,4 2,0 1 821 11,7 6,8 2,5 63,0
Croatie 11,1 9,4 84,7 1,7 1 783 12,8 6,7 3,1 57,1
Slovaquie 12,7 9,3 73,2 3,4 1 706 19,5 6,5 2,9 62,4
Estonie 13,5 9,9 73,3 3,5 1 794 24,1 15,9 7,1 71,9
Rép. tchèque 13,6 9,9 72,8 3,7 1 757 15,0 10,6 2,8 68,1
Portugal 13,7 10,8 78,8 2,8 1 761 19,5 10,9 5,4 67,6
Malte 14,2 13,1 92,3 1,1 1 883 14,1 21,6 6,1 63,6
Chypre 15,3 12,9 84,3 2,5 1 881 20,9 14,6 6,3 65,2
Grèce 16,6 12,4 74,7 4,3 1 840 nd 13,5 5,9 47,3
Slovénie 19,2 16,1 83,9 3,1 1 654 9,8 12,7 4,8 68,6
Espagne 21,4 15,8 73,8 5,7 1 767 19,5 23,7 6,8 57,9
Royaume-Uni 27,3 22,8 83,5 4,5 1 925 21,1 39,3 10,8 71,1
Italie 27,9 19,8 71,0 8,1 1 725 15,62 32,9 8,2 50,1
Irlande 31,6 26,8 84,8 4,8 1 758 22,52 30,6 10,1 64,2
Finlande 34,8 27,9 80,2 6,8 1 673 15,2 21,3 10,1 71,8
Autriche 35,0 25,6 73,1 9,4 1 749 21,3 47,1 9,5 69,2
Pays-Bas 35,3 27,2 77,1 8,1 1 799 20,8 75,2 27,9 74,1
Allemagne 35,9 28,3 78,8 7,7 1 678 24,7 46,8 9,9 72,8
France 37,3 25,5 68,4 11,7 1 579 12,5 28,0 7,5 62,4
Suède 39,0 26,3 67,4 12,6 1 699 8,7 32,5 13,4 75,4
Belgique 40,8 29,9 73,3 10,9 1 561 10,6 41,0 10,5 61,7
Luxembourg 41,4 36,4 87,9 4,8 1 712 13,0 30,2 5,6 63,6
Danemark 46,0 39,8 86,5 6,2 1 625 14,7 33,9 15,3 72,0
UE28 27,8 21,4 77,0 6,4 1 742 18,2e 31,3 8,7 64,1
Zone euro1 31,3 23,5 75,1 7,9 1 688 19,3e 35,3 9,3 63,1
  • nd : non disponible. e : estimations.
  • 1. La zone euro comprend 19 pays.
  • 2. Pour l'Union européenne et la zone euro, données estimées comme moyennes des écarts nationaux, pondérées par l'emploi salarié dans les secteurs marchands de chaque pays (hors Grèce, Irlande et Italie, pays pour lesquels les données 2018 ne sont pas disponibles). Pour l'Irlande et l'Italie, les données portent sur l'année 2017.
  • Note : les colonnes 1 à 6 reposent sur les enquêtes européennes quadriennales sur le coût de la main-d’œuvre et sur la structure des salaires. Entre deux années d’enquête, les niveaux de coût et les écarts de salaire horaire femmes-hommes sont estimés en appliquant des évolutions issues d'autres sources (les DADS ou les DSN et l'indice du coût du travail pour la France). En France et dans la plupart des pays, les heures travaillées issues de ces enquêtes sont calculées à partir des déclarations des employeurs. Au Royaume-Uni, elles le sont à partir de celles des salariés.
  • Champ : colonnes 1 à 6 : ensemble des secteurs marchands (secteurs B à N de la NAF rév. 2), entreprises de 10 salariés ou plus ; colonnes 7 à 9 : ensemble des personnes.
  • Source : Eurostat, annual labour cost data, gender pay gap data ; enquêtes Labour Cost Survey ; enquêtes Labour Force Survey (colonnes 7 à 9).

Figure 2a - Coût de la main-d'œuvre dans l'industrie entre 2004 et 2019

en euros
Figure 2a - Coût de la main-d'œuvre dans l'industrie entre 2004 et 2019 (en euros)
Allemagne Espagne France Italie Danemark UE28
2000 28,00 15,40 23,70 18,40 25,80
2001 28,58 16,03 25,15 19,38 26,85
2002 29,15 16,65 26,60 20,35 27,90
2003 29,73 17,28 28,05 21,33 28,95
2004 30,30 17,90 29,50 22,30 30,00 19,50
2005 30,85 18,63 30,40 22,78 31,20 20,03
2006 31,40 19,35 31,30 23,25 32,40 20,55
2007 31,95 20,08 32,20 23,73 33,60 21,08
2008 32,50 20,80 33,10 24,20 34,80 21,60
2009 33,18 21,35 33,93 24,95 36,28 22,40
2010 33,85 21,90 34,75 25,70 37,75 23,20
2011 34,53 22,45 35,58 26,45 39,23 24,00
2012 35,20 23,00 36,40 27,20 40,70 24,80
2013 36,00 23,05 36,50 27,28 41,50 25,13
2014 36,80 23,10 36,60 27,35 42,30 25,45
2015 37,60 23,15 36,70 27,43 43,10 25,78
2016 38,40 23,20 36,80 27,50 43,90 26,10
2017 39,50 23,30 37,40 27,50 44,70 26,70
2018 40,30 23,40 38,30 27,90 46,20 27,50
2019 41,20 23,90 39,10 28,80 47,40 28,20
  • Champ : industrie (hors construction), entreprises de 10 salariés ou plus.
  • Source : Eurostat, annual labour cost data.

Figure 2a - Coût de la main-d'œuvre dans l'industrie entre 2004 et 2019

  • Champ : industrie (hors construction), entreprises de 10 salariés ou plus.
  • Source : Eurostat, annual labour cost data.

De 2013 à 2017, la hausse du coût horaire a été modérée en France par la mise en place du (CICE) puis, dans le cadre du , par la baisse du taux de cotisation patronale pour allocations familiales. Elle s’est amplifiée en 2018 avec la modulation ou la suppression de certaines mesures d’allègement du coût de la main d’œuvre (en particulier, le taux de CICE appliqué en métropole est passé de 7 % à 6 %). En 2019, la hausse du coût du travail se réduit à nouveau, en dépit de la hausse des taux de cotisations de retraite complémentaire dans le privé. Finalement, de 2013 à 2019, l’augmentation de 6,9 % du coût du travail horaire en France est plus modérée qu’en Allemagne (14,1 %) et que dans l’ensemble de l’UE (12,9 %).

Les représentent la plus grande partie du coût du travail (77,0 % en moyenne dans l’UE). La part des salaires dans le coût du travail varie selon le mode de financement de la protection sociale : elle est plus élevée dans les pays où ce financement passe par l’impôt sur le revenu comme au Danemark (86,5 %) et plus basse lorsqu’il est assuré par le prélèvement de cotisations sociales comme en France (68,4 %) ou en Suède (67,4 %).

En 2019, dans l’UE, les salaires et traitements bruts dans l’industrie, la construction et les services marchands, pour les entreprises de 10 salariés ou plus, s’élèvent en moyenne à 21,4 euros de l’, allant de 5,0 euros en Bulgarie à 39,8 euros au Danemark. La France se situe au dessus de la moyenne européenne, avec un salaire horaire moyen de 25,5 euros. Les différences de salaire, comme de coût de la main d’œuvre, sont très marquées entre les pays de l’ex UE à 15 et les pays entrés plus récemment dans l’UE.

En 2018, dans l’UE, le salaire horaire moyen des femmes salariées dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des services marchands est inférieur à celui de leurs homologues masculins dans tous les pays. Au sein de l’ex UE à 15, ces sont plus faibles dans les pays nordiques, avec notamment 8,7 % en Suède, alors qu’ils dépassent 20 % en Allemagne, en Autriche, aux Pays Bas et au Royaume Uni. En France, l’écart est de 12,5 %, plus proche des pays les moins inégalitaires. Les écarts de salaire horaire moyen entre les femmes et les hommes ne reflètent qu’en partie les inégalités sexuées sur le marché du travail, lesquelles s’expriment aussi en matière d’activité, de chômage, de catégories socioprofessionnelles et de temps de travail. Ainsi, certains écarts de salaire horaire relativement faibles doivent être mis en regard des taux d’emploi des femmes faibles également (Roumanie, Italie). Par ailleurs, des différences de caractéristiques entre femmes et hommes ne reflétant pas nécessairement des inégalités sexuées peuvent expliquer une autre partie de ces écarts.

Définitions

Coût du travail ou coût de la main d’œuvre : le coût du travail comprend l’ensemble des dépenses encourues par les employeurs pour l’emploi de salariés. Il comprend, en plus des salaires et traitements bruts : les cotisations sociales à la charge de l’employeur (sécurité sociale, chômage, retraite, prévoyance, indemnités de départ) que celles-ci soient obligatoires, conventionnelles ou facultatives, nettes d’exonérations comme les allègements de cotisations sociales ; les frais de formation professionnelle (taxe d’apprentissage, contributions patronales au financement de la formation professionnelle) ; d’autres dépenses liées à l’emploi de salariés comme les frais de recrutement ; les taxes et les impôts relatifs à l’emploi et aux salariés, déduction faite des subventions perçues par l’employeur et destinées à favoriser l’emploi (CICE notamment).

Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : entré en vigueur en janvier 2013, ce crédit d’impôt allège le coût du travail au titre d’une subvention au bénéfice de l’employeur à hauteur de 4 % de l’ensemble de la masse salariale inférieure à 2,5 Smic en 2013, de 6 % à partir de janvier 2014, de 7 % à partir de janvier 2017, et, dans les DOM uniquement, de 7,5 % à partir de janvier 2015 et de 9 % à partir de janvier 2016. En janvier 2018, son taux est ramené à 6 % en métropole. Enfin, en janvier 2019, le CICE est remplacé par une exonération générale de cotisations sociales de 6 points sur les bas salaires, excepté à Mayotte où il reste en vigueur avec un taux de 9 %.

Pacte de responsabilité et de solidarité : il avait deux volets : un volet « solidarité » en faveur du pouvoir d’achat des ménages modestes et un volet « compétitivité » destiné aux entreprises, mis en place fin 2013. Le volet « compétitivité » consistait en trois types de mesures : baisse du coût du travail, baisse des impôts sur les entreprises et simplification de la vie des entreprises.
Les mesures en termes de baisse du coût du travail étaient :
– baisse des cotisations familiales pour les travailleurs indépendants : leurs cotisations ont baissé de 3,1 points en janvier 2015 ;
– maintien et majoration de l’exonération des cotisations patronales versées aux Urssaf, hors cotisations d’assurance chômage, pour les salaires au niveau du Smic (ancienne « réduction Fillon ») ;
– baisse de 1,8 point des cotisations familiales sur les salaires jusqu’à 1,6 fois le Smic, en janvier 2015 ; élargissement de cette mesure aux salaires compris entre 1,6 à 3,5 Smic en avril 2016.

Salaire brut : le salaire brut correspond à l’intégralité des sommes perçues par le salarié avant déduction des cotisations de sécurité sociale à sa charge, de la contribution sociale généralisée (CSG) et de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).

Heures travaillées : les heures travaillées incluent toutes les heures effectivement travaillées, hors congés et absences, quelle qu’en soit la raison. À l’inverse, les heures rémunérées couvrent également les congés payés.

Écart de salaire horaire moyen entre femmes et hommes (gender pay gap GPG) : différence entre le salaire horaire moyen des hommes salariés et celui des femmes salariées rapportée au salaire horaire moyen des hommes salariés.

Pour en savoir plus

« Écarts de rémunération femmes-hommes : surtout l’effet du temps de travail et de l’emploi occupé », Insee Première n° 1803, juin 2020.

« Les facteurs d’écart dans la rémunération salariale entre les femmes et les hommes », in « Le marché du travail en 2018 », Emploi, chômage et revenus du travail, coll. « Insee Références », édition 2019.

« Des salaires plus dynamiques et plus dispersés en Allemagne qu’en France », Insee Focus n° 81, mars 2017.

« Une comparaison du coût de la main d’œuvre en Europe : quelle évolution depuis la crise ? », in Les entreprises en France, coll. « Insee Références », édition 2015.

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