Insee Focus · Avril 2023 · n° 298

Saison touristique d’hiver 2023 La fréquentation des hébergements collectifs de tourisme aussi élevée qu’avant-crise

Avec 86,0 millions de nuitées, la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme durant la saison hivernale 2023 est revenue à son niveau d’avant-crise (figure 1). Le nombre de nuitées dans les hôtels et les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) est ainsi légèrement supérieur à celui de la saison hivernale 2019 (+1,4 %), qui correspondait à un pic de fréquentation sur la décennie précédente. La hausse de la fréquentation observée en début de saison a été freinée en fin de saison par un enneigement moindre qu' attendu pendant les vacances d’hiver et par les mouvements sociaux de ce début d’année 2023.

Dans les hébergements collectifs de tourisme, deux nuitées sur trois sont passées dans les hôtels et une sur trois dans les résidences de tourisme, villages vacances et auberges de jeunesse. La hausse de la fréquentation hivernale est due à l’hôtellerie, avec près de 800 000 nuitées supplémentaires par rapport à l’hiver 2019 (+1,4 %). Dans les autres hébergements collectifs de tourisme le nombre de nuitées augmente de 400 000, un rythme légèrement plus élevé que celui des hôtels (1,5 % de plus qu’avant la crise). À elles seules, les résidences de tourisme accueillent 22 millions de nuitées entre décembre 2022 et mars 2023.

Si les touristes résidents continuent de soutenir la fréquentation en France (+1,7 %), le retour de la clientèle non résidente, amorcé en fin d’année 2022, se confirme aussi début 2023. La clientèle domestique reste néanmoins plus nombreuse et représente toujours près de trois nuitées sur quatre dans les hébergements collectifs de tourisme entre décembre 2022 et mars 2023 : deux nuitées hôtelières sur trois (67,8 %) et quatre nuitées sur cinq en AHCT (79,9 %) sont le fait de la clientèle résidente.

La clientèle non résidente continue quant à elle de privilégier les séjours en hôtels (18,6 millions de nuitées entre décembre 2022 et mars 2023, 1,9 % de plus qu'avant la crise), au détriment des autres hébergements collectifs (-3,0 %).

La fréquentation hivernale des non‑résidents dépasse son niveau de 2019, en particulier celle des touristes du Royaume‑Uni. La fréquentation hôtelière de ces derniers augmente de 15 % par rapport à l’hiver 2019, ce qui fait plus que compenser la baisse observée en 2019 à la suite du Brexit (figure 2). En effet, cette baisse de fréquentation hôtelière britannique sur l’ensemble de l’année 2019 était estimée à 10 % par rapport à 2018. Par ailleurs, l’hiver 2023 était le premier sans période de confinement depuis la crise sanitaire, après les restrictions de déplacement durant les hivers 2021 et 2022 qui ont fortement freiné la fréquentation touristique. La saison d’hiver 2023 se caractérise ainsi par une reprise marquée de l’activité touristique par rapport à la saison précédente. La clientèle non résidente fait un retour marqué dans les hôtels français, après un hiver 2022 pendant lequel elle était particulièrement peu présente. La fréquentation résidente augmente aussi, mais moins fortement, la clientèle résidente étant déjà revenue fin 2022 à son niveau de fréquentation de 2019.

Les clientèles britannique (3,3 millions de nuitées) et américaine (1,9 million) sont particulièrement présentes dans les hôtels français. De même, les clients en provenance des pays voisins (Allemagne, Belgique, Italie, Espagne et Suisse), souvent frontaliers des massifs de ski français, sont un peu plus nombreux que l’an dernier et représentent près de 6 millions de nuitées hôtelières au total.

Les zones densément urbanisées sont les principales bénéficiaires de la hausse de la fréquentation durant la saison hivernale 2023 (+2,4 % par rapport à la saison 2019). Le tourisme urbain bénéficie à la fois de la hausse des nuitées hôtelières résidentes et non résidentes. Cette fréquentation hivernale augmente également dans les zones rurales, mais à un rythme moins élevé (+1,7 %).

Dans les massifs de ski, la fréquentation hivernale 2023 est plus élevée de 4,0 % que celle de la saison 2019. Le retour de la clientèle non résidente (+3,6 %) s’ajoute au dynamisme du nombre de nuitées résidentes (+4,2 %).

Cependant, la fréquentation hivernale des massifs de ski ne caractérise plus à elle seule la diversification des pratiques touristiques associées à la montagne. Les massifs de montagne sont devenus dans leur globalité un enjeu important de l’activité touristique en France, notamment en hiver.

Avec 18,2 millions de nuitées hôtelières entre décembre 2022 et mars 2023, les Alpes restent de très loin la principale destination touristique de montagne, et leur fréquentation augmente (+4,9 %) par rapport à la saison 2019 (figure 3). L’engouement de la clientèle résidente (+6,7 %) est le principal moteur de cette hausse.

Dans les Pyrénées, la fréquentation baisse sensiblement (-11,5 % par rapport à la saison 2019). La hausse des nuitées non résidentes (+12,0 %) ne compense pas la relative désaffection de la clientèle domestique, en recul de 14,5 %.

Le nombre de nuitées résidentes diminue dans presque tous les autres massifs de montagne, et fait baisser la fréquentation dans le Massif central (-6,0 % par rapport à 2019), les Vosges (-5,6 %) et le Jura (-7,3 %).

Le littoral, traditionnellement moins prisé pendant la saison d’hiver, retrouve à peine sa fréquentation d’avant-crise (+0,6 % par rapport à 2019).

Avec la hausse du nombre de nuitées dans les hôtels et les autres hébergements de tourisme, le chiffre d’affaires du secteur de l’hébergement durant l’hiver 2023 augmente par rapport à l’hiver 2019, en valeur, bien au-delà de l’augmentation des prix (figure 4) : l’indice de chiffre d’affaires croît dans ce secteur de 25 % et l’indice des prix à la consommation correspondant de 10 %. Cette forte hausse résulte de l’évolution des prix du secteur mais aussi d’une croissance de l’activité dans l’hôtellerie haut de gamme. En effet, la fréquentation hôtelière de l’hiver 2023 retrouve son niveau de l’hiver 2019 grâce à la forte hausse des réservations dans les hôtels de 4 et 5 étoiles, qui fait plus que compenser la baisse constatée dans l’entrée de gamme (hôtels de 1 et 2 étoiles).

Le chiffre d’affaires de la restauration, autre secteur économique important pour mesurer le tourisme, augmente aussi, y compris en corrigeant de l’évolution des prix. C’est également le cas de celui des remontées mécaniques, malgré un enneigement plus faible qu’à l’hiver 2019.