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Insee Analyses Martinique · Mars 2023 · n° 61
Insee Analyses MartiniqueLes écarts de pension de retraite entre hommes et femmes sont plus faibles pour les Martiniquais qu’en France métropolitaine

Bilioniere Maurice, Salibekyan-Rosain Zinaïda (Insee)

Le montant de pension de retraite des femmes nées en Martinique vivant dans un département d’Outre-mer est inférieur de 16 % à celui des hommes. Ces inégalités importantes s’expliquent notamment par les écarts de salaire, le type de profession et la durée de cotisation. Les femmes prennent leur retraite plus souvent pour motif d’inaptitude que les hommes. Elles sont également plus souvent concernées par le minimum vieillesse. Néanmoins, ces inégalités sont moins marquées en Martinique qu’en France métropolitaine et pourraient s’expliquer par la surreprésentation de la fonction publique dans la région.

Insee Analyses Martinique
No 61
Paru le :Paru le07/03/2023

Le vieillissement de la population est source d’enjeux économiques et sociaux importants, en particulier pour les femmes

Le vieillissement de la population en Martinique devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies. Si les tendances démographiques récentes se maintiennent, 286 300 personnes habiteront dans la région en 2042 [Douriaud, 2022 ; pour en savoir plus (1)]. La part des personnes âgées de 65 ans ou plus dans la population totale doublera entre 2018 et 2042 et leur nombre atteindra 120 000. Ce vieillissement de la population aura de nombreuses conséquences économiques, financières et sociales. Ces dernières concerneraient davantage les femmes qui seront plus nombreuses parmi les 65 ans et plus (57 % de la population des 65 ans et plus en 2042). Si les femmes ont une espérance de vie à la naissance supérieure de 4 années à celle des hommes, cet écart se réduit concernant l’espérance de vie en bonne santé : il n’est plus que d’une année. Par conséquent, elles vivent plus longtemps en moins bonne santé que les hommes, ce qui peut entraîner une durée de dépendance plus importante aux âges élevés.

Le nombre de personnes âgées, en particulier les femmes, qui auront besoin d’une aide pour accomplir les gestes essentiels de la vie quotidienne, d’un logement adapté ou d’autres services augmentera fortement : le montant de leurs pensions de retraite sera déterminant dans le financement d’une partie de ces services. Les pensions de retraite ne sont pas les seules ressources nécessaires pour appréhender de manière exhaustive le niveau de vie et les conditions de vie des retraités. L’accession au logement fournit des renseignements sur leur contrainte budgétaire. Être propriétaire permet en effet de s’affranchir d’un poste de dépenses important. En Martinique, 72 % des hommes de 60 à 74 ans sont propriétaires contre 65 % des femmes. De plus, parmi les 75 ans et plus, tranche de la population où les femmes sont plus nombreuses, la proportion des hommes propriétaires est plus élevée (85 % contre 80 %).

Avertissement

Cette étude exploite l’échantillon inter-régimes de retraités (EIR) 2016. Le terme « retraité martiniquais » désigne ici une personne née en Martinique, vivant dans un département/région d’outre-mer (DROM) en 2016 et bénéficiant d’une pension de retraite.

Les pensions de retraite sont plus faibles chez les retraités martiniquais que chez les Métropolitains

Fin 2016, environ 76 000 Martiniquais sont retraités de droit direct d’au moins un régime français : ils ont acquis des droits à retraite au titre de leur carrière professionnelle. Les pensions de retraite perçues par les natifs de Martinique résidant dans un département d’Outre-mer sont plus faibles que celles versées aux retraités vivant en France métropolitaine. Le montant moyen mensuel de leur pension s’établit à 1 420 euros bruts, (1 345 euros nets des prélèvements sociaux) contre 1 650 euros bruts (1 540 euros nets) en France métropolitaine (figure 1). Les retraités martiniquais perçoivent ainsi en moyenne 14 % de moins en net que les retraités métropolitains.

Le montant des retraites des Martiniquais est principalement composé de la pension de droit direct (83 %) qui s’élève à 1 180 euros bruts en moyenne mensuelle. Ce dernier constitue le principal écart de pension entre la Martinique et la France métropolitaine, avec une différence de 260 euros bruts en moyenne par mois.

Au-delà de la pension de droit direct, les retraités peuvent également percevoir des pensions de réversion pour les veufs ou veuves (76 euros), ainsi que des avantages accessoires (85 euros) et une allocation de minimum vieillesse (80 euros).

Figure 1Montant moyen brut mensuel de la retraite et sa composition

(en euros)
Montant moyen brut mensuel de la retraite et sa composition ((en euros))
Territoire Avantage de droit direct Avantage de droit dérivé (pension de réversion) Avantages accessoires Minimum vieillesse Montant total de la pension
Martinique 1 180 76 85 80 1 420
France métropolitaine 1 440 150 50 10 1 650
  • Champ : retraités ayant au moins un droit direct en 2016.
  • Source : Drees - EIR 2016.

Figure 1Montant moyen brut mensuel de la retraite et sa composition

  • Champ : retraités ayant au moins un droit direct en 2016.
  • Source : Drees - EIR 2016.

Écart de salaire, type de profession et durée de cotisation expliquent les inégalités de pension de retraite

Le montant de pension de droit direct des femmes retraitées natives de Martinique vivant dans un Drom est plus faible que celui des hommes : 1 050 euros contre 1 346 euros bruts en moyenne par mois, soit une différence de 296 euros. La pension de droit direct des femmes est inférieure de 22 % à celle des hommes (figure 2). À titre de comparaison, cet écart s’élève à 42 % en France métropolitaine.

Figure 2Écart de pension de droit direct mensuelle entre les hommes et les femmes en 2016

(en euros)
Écart de pension de droit direct mensuelle entre les hommes et les femmes en 2016 ((en euros)) - Lecture : au sein des retraités, les femmes perçoivent une pension de droit direct égale à 78 % à celle des hommes en Martinique. Le premier quartile (Q1) est le montant de pension en dessous duquel se situent 25 % des retraités ; le deuxième quartile (Q2) est le montant de pension en dessous duquel se situent 50 % des retraités ; le troisième quartile (Q3) est le montant de pension en dessous duquel se situent 75 % des retraités.
Statistique descriptive Martinique France métropolitaine
Hommes Femmes Écart (en %) Hommes Femmes Écart (en %)
Pension moyenne 1 346 1 050 22 1 856 1 072 42
Premier quartile (Q1) 663 418 37 1 235 536 57
Deuxième quartile (Q2) 1 270 868 32 1 703 930 45
Troisième quartile (Q3) 2 107 1 638 22 2 333 1 510 35
  • Lecture : au sein des retraités, les femmes perçoivent une pension de droit direct égale à 78 % à celle des hommes en Martinique. Le premier quartile (Q1) est le montant de pension en dessous duquel se situent 25 % des retraités ; le deuxième quartile (Q2) est le montant de pension en dessous duquel se situent 50 % des retraités ; le troisième quartile (Q3) est le montant de pension en dessous duquel se situent 75 % des retraités.
  • Champ : retraités de droit direct d’un régime de base, au 31 décembre 2016.
  • Source : Drees - EIR 2016.

La durée de cotisation, la qualification pendant la période d’activité professionnelle (ou encore le niveau de rémunération) et l’âge de départ à la retraite sont des facteurs déterminant le niveau de la pension de retraite perçue. Seul 47 % des femmes ont eu une contre 55 % des hommes (figure 3). Cela s’explique en partie par la moindre participation des femmes au marché du travail par le passé, mais qui perdure : en 2016, en Martinique, le taux d’emploi des femmes de 15 à 64 ans est de 53 % contre 56 % pour les hommes. Par ailleurs, très peu de retraités ont pu anticiper leur départ à la retraite pour carrière longue, moins de 1 % en Martinique, soit 9 points de moins qu’en France métropolitaine. Ces départs plus tardifs sont liés à une économie où l’emploi informel est très présent. En effet, certains ont pu exercer une activité professionnelle sans que le travail effectué n’ait été déclaré, ne générant donc pas de droits à la retraite.

Figure 3Caractéristiques des retraités de droit direct en 2016

Caractéristiques des retraités de droit direct en 2016
Caractéristique Martinique France métropolitaine
Femmes Hommes Ensemble Ensemble
Effectifs (en milliers) 43 33 76 14 637
Part de carrières complètes (en %) 47 55 50 62
Part des retraités au minimum contributif ou garanti (en %) 51 30 42 26
Part des retraités au minimum vieillesse (en %) 19 15 17 3
Âge moyen à la liquidation 60,9 61,1 61,0 60,4
Part de retraités ayant liquidé à 65 ans et plus (en %) 21 27 23 17
Durée validée en moyenne (en années) 35 36 35 38
Inégalités de pensions de retraites (D9/D1) 9,9 11,7 10,7 4,8
  • Note : le nombre de retraités au minimum vieillesse est rapporté ici au nombre de retraités ayant au moins un droit direct en 2016, soit 17 % en Martinique.
  • Champ : retraités ayant au moins un droit direct en 2016.
  • Source : Drees - EIR 2016.

En Martinique, les écarts de retraite entre hommes et femmes sur le marché du travail portent non seulement sur la participation mais aussi sur le salaire perçu. En effet, en 2017, les femmes salariées gagnent en moyenne 9 % de moins que leurs homologues masculins en équivalent temps plein, c’est-à-dire pour un même volume de travail. Ces écarts de salaire s’expliquent par des différences de statut social et économique : plus souvent en temps partiel que les hommes (15 % contre 6 %) pour élever leurs enfants ou plus fréquemment pour des raisons de maternité, les femmes ont des carrières moins ascensionnelles. De même, bien qu’elles soient plus diplômées que les hommes (21 % sont diplômées de l’enseignement supérieur de niveau bac+2 et plus contre 17 % des hommes), elles ne suivent pas les mêmes types de formation et elles n’occupent pas les mêmes métiers. En effet, les emplois à prédominance masculine sont associés au savoir-faire technique, alors que les emplois à prédominance féminine sont considérés soit comme des fonctions support, soit relevant en grande partie de compétences relationnelles [Lemière et Silvera, 2010 ; pour en savoir plus (2)]. Le plus souvent ces emplois sont moins bien rémunérés que ceux à prédominance masculine. En Martinique, en 2017, 24 % des femmes exercent une profession d’employé administratif contre 6 % des hommes. Pour cette profession, le salaire annuel moyen brut en EQTP est de 32 512 euros. En comparaison, pour le métier de technicien où la proportion d’hommes est plus élevée (5 % contre 1 %), le salaire annuel moyen brut en EQTP est de 39 000 euros.

Les natives de Martinique sont plus souvent concernées par le minimum vieillesse que les natifs

Les différences en termes de déroulement de carrières respectives des hommes et des femmes se traduisent par une plus forte proportion de femmes bénéficiant du minimum vieillesse attribué sous conditions de ressources et d’âge (encadré). En Martinique, les femmes sont plus nombreuses à percevoir une allocation de type minimum vieillesse que les hommes (19 % contre 15 %).

Les prestations sociales, qui incluent les allocations de type minimum vieillesse, pèsent presque six fois plus qu’en France métropolitaine dans les revenus des retraités natifs de Martinique : 17 % des Martiniquais de 62 ans et plus sont concernés en 2016 contre 3 % en France métropolitaine.

Les départs à la retraite par inaptitude sont plus fréquents pour les femmes que pour les hommes

Les motifs de départ à la retraite entre les hommes et les femmes se démarquent : 20 % des natives de Martinique ont été concernés par un départ pour inaptitude au moment de l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite, soit deux fois plus que les hommes (10 %). Par conséquent, les femmes sont moins nombreuses à prendre leur retraite à 65 ans et plus (21 %) que les hommes (27 %).

Les femmes sont plus souvent touchées par le surpoids, l’obésité et le diabète que les hommes, ce qui peut expliquer en partie des départs à la retraite par inaptitude plus fréquents. L’obésité est un facteur de risque pour de nombreuses maladies chroniques (comme les maladies cardiovasculaires, les maladies métaboliques, cancers, troubles musculo-squelettiques…). Elle concerne 25 % des femmes contre 13 % des hommes.

Par ailleurs, les femmes se déclarent plus fréquemment en mauvaise ou très mauvaise santé que les hommes, à structure d’âge comparable. En Martinique, à peine plus d’une femme sur deux se perçoit en bonne ou très bonne santé (52 %) contre 61 % des hommes. En France métropolitaine, 68 % des femmes se déclarent en bonne ou très bonne santé contre 71 % des hommes.

Les écarts de pension entre les hommes et les femmes sont moins élevés en Martinique qu’en France métropolitaine

En Martinique, parmi les 10 % des retraités aux pensions les plus faibles (1er décile, D1), on ne mesure pas d’écart significatif de retraite entre les hommes et les femmes (figure 4). Puis, plus les pensions de retraites s’élèvent, plus l’écart, en faveur des hommes, se creuse. Parmi les 10 % des retraités aux pensions les plus élevées (9e décile, D9), les femmes perçoivent ainsi une pension inférieure de 341 euros en moyenne à celle des hommes. En France métropolitaine, l’écart de retraite entre les hommes et les femmes est nettement plus élevé : il se maintient autour de 500 euros du 1er au 7e décile, puis s’accroît rapidement par la suite pour atteindre 812 euros parmi les 10 % des retraités aux pensions les plus élevées (D9).

En Martinique, la moitié des retraitées perçoivent un montant brut de retraite inférieur à 1 080 euros par mois. C’est 16 % de moins que les hommes, où un retraité sur deux perçoit une pension de retraite inférieure à 1 290 euros. Indépendamment du genre, quatre retraités sur dix disposent d’une pension de retraite dont le montant est inférieur au seuil de pauvreté pour une personne vivant seule en Martinique (1 026 euros en 2016).

En France métropolitaine, la moitié des retraitées perçoivent au total un montant brut de retraite inférieur à 1 260 euros par mois ce qui représente 27 % de moins que parmi les hommes. Fin 2017, les femmes salariées du secteur privé gagnent en moyenne 16,8 % de moins que les hommes en équivalent temps plein, c’est-à-dire pour un même volume de travail. À cet écart de salaire s’ajoutent des inégalités de volume de travail, les femmes étant bien plus souvent en emploi à temps partiel que les hommes. Lorsque ces deux facteurs se combinent à travers le revenu salarial, les femmes perçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 28,5 % à celles des hommes. Plus de 40 % de cet écart résulte des inégalités de temps de travail [Georges-Kot, 2020 ; pour en savoir plus (3)].

Figure 4Écart de pension mensuelle entre les hommes et les femmes en 2016

(en euros)
Écart de pension mensuelle entre les hommes et les femmes en 2016 ((en euros)) - Lecture : en 2016, l’écart de pension de retraite totale entre les hommes et les femmes parmi les 10 % de retraités aux pensions les plus faibles (D1 - 1er décile) est de 10 euros en Martinique et de 469 euros en France métropolitaine.
Déciles Écarts hommes-femmes - Martinique Écarts hommes-femmes – France métropolitaine
D1 -10 469
D2 125 433
D3 101 468
D4 125 469
D5 212 467
D6 253 482
D7 390 508
D8 410 590
D9 341 812
  • Lecture : en 2016, l’écart de pension de retraite totale entre les hommes et les femmes parmi les 10 % de retraités aux pensions les plus faibles (D1 - 1er décile) est de 10 euros en Martinique et de 469 euros en France métropolitaine.
  • Champ : retraités ayant au moins un droit direct en 2016.
  • Source : Drees - EIR 2016.

Figure 4Écart de pension mensuelle entre les hommes et les femmes en 2016

  • Lecture : en 2016, l’écart de pension de retraite totale entre les hommes et les femmes parmi les 10 % de retraités aux pensions les plus faibles (D1 - 1er décile) est de 10 euros en Martinique et de 469 euros en France métropolitaine.
  • Champ : retraités ayant au moins un droit direct en 2016.
  • Source : Drees - EIR 2016.

En Martinique, l’inégalité de distribution des pensions est la même chez les hommes que chez les femmes, avec un de 0,39 pour les femmes et les hommes. En France métropolitaine la situation est différente : elle est plus inégalitaire chez les femmes que chez les hommes (0,32 contre 0,29). Cela pourrait s’expliquer par le poids important de la fonction publique en Martinique (34 %) où on retrouve majoritairement des femmes (64 % hors personnel médical).

Presque sept retraitées martiniquaises sur dix sont mono-pensionnnées du régime général

En Martinique, les retraités sont plus souvent des mono-pensionnés ce qui signifie qu’ils ont cotisé toute leur carrière à un unique régime. Il s’agit essentiellement du régime général (60,2 % contre 50,4 % en Métropole) ou de celui de la fonction publique (19,0 % vs 9,6 %). Les autres régimes quant à eux sont moins représentés (2,2 % contre 5,7 %). Par opposition, en Martinique la proportion de est près de deux fois inférieure à celle de la France métropolitaine (18,6 % contre 34,3 %). Les retraités en Martinique ont ainsi moins souvent mobilisé les passerelles entre le secteur privé et le secteur public durant leur vie professionnelle que ceux vivant en France métropolitaine.

Le constat est d’autant plus valable pour les retraitées martiniquaises qui ont une proportion de mono-pensionnées du régime général supérieure à celle de leurs homologues masculins (66,6 % contre 52,0 %), différence que l’on retrouve en France métropolitaine.

Encadré - Des conditions de vie plus précaire pour les femmes en Martinique

Les femmes sont plus affectées par les privations matérielles et sociales que les hommes (respectivement 42 % et 32 %) en 2018 [Mével, 2020 ; pour en savoir plus (4)]. Elles sont plus souvent dans des situations précaires : 46 % d’entre elles sont en situation de privation pour insuffisance des ressources contre 40 % des hommes. Les femmes se restreignent plus souvent que les hommes dans leur consommation quotidienne qu’il s’agisse de nourriture, vêtement ou loisir (42 % contre 36 %). Elles se retrouvent davantage en situation de découvert ou de crédit. Comparativement aux hommes, elles ont des difficultés pour payer leurs factures d’électricité (28 % contre 25 %) ainsi que leur loyer (13 % contre 10 %).

La position majoritaire des femmes à la tête des familles monoparentales (neuf familles monoparentales sur dix ont une femme à leur tête) aggrave leur situation. Dans ces familles, 40 % des membres vivent sous le seuil de pauvreté en 2019. Cette proportion passe à 30 % lorsque le parent est un homme. En Martinique, les familles monoparentales représentent 31 % de la population [Creignou et Jeanne-Rose, 2022 ; pour en savoir plus (5)].

Publication rédigée par :Bilioniere Maurice, Salibekyan-Rosain Zinaïda (Insee)

Sources

Pour l’analyse des montants de retraite, cette étude s’appuie sur l’échantillon interrégimes de retraités (EIR) de 2016. La direction de la Recherche, de l’Évaluation, des Études et des Statistiques (Drees) du ministère des Solidarités et de la Santé, interroge tous les quatre ans la quasi-totalité des organismes de retraite obligatoire, de base et complémentaire. L’EIR rapproche, personne par personne, les informations provenant des différents régimes de retraite. Il permet ainsi d’avoir une connaissance globale des pensions de retraite, la pension d’une personne résultant très souvent de la somme de plusieurs composantes versées par différents régimes. Dans la présente étude, le champ d’exploitation de l’EIR concerne les retraités natifs de la Martinique qui habitent dans un DROM en 2016, ayant au moins un droit direct, soit 2 956 personnes présentes dans l’échantillon. L’intervalle de confiance (IC) pour la pension moyenne de droit direct (y compris la majoration pour enfant) à 95 % = 1 249 ± 16,9 €.

Définitions

Une carrière est considérée comme une carrière complète si la durée d’assurance tous régimes est supérieure au seuil de durée retenu pour que la pension ne subisse pas de décote (différent selon le régime et selon la génération).

L’indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d’inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé.

Un même individu peut recevoir une pension de plus d’un régime de retraite à la fois ; il est dit polypensionné.

Il est possible d’obtenir une retraite à taux plein par la durée (nombre de trimestres validés), par l’invalidité ou l’inaptitude, ou par l’age (à l’age d’annulation de la décote).

La pension de retraite est composée d’éléments régis par des règles d’attribution différentes. Le premier élément est l’avantage principal de droit direct. Il est acquis au titre de l’activité professionnelle (et plus généralement des trimestres validés) et des cotisations qui y sont liées – son calcul prenant aussi en compte certaines périodes d’interruption involontaire de carrière (comme le chômage ou la maladie) ou d’éducation des enfants. L’avantage peut être transféré au conjoint survivant lors du décès du bénéficiaire, sous certaines conditions. On parle alors d’avantage de droit dérivé, également appelé pension de réversion, qui peut être cumulé à un avantage principal de droit direct.

La pension de retraite totale présentée ici comprend l’avantage principal de droit direct (dont les minimums de pension, comme le minimum contributif), l’avantage de droit dérivé, les majorations pour trois enfants ou plus, ainsi que les allocations du minimum vieillesse et d’autres avantages accessoires (majoration pour tierce personne, pour conjoint à charge, etc.).

La durée d’assurance validée inclut, outre les périodes d’activité professionnelle, les périodes de maladie, chômage, invalidité, les périodes d’assurance vieillesse des parents au foyer, les majorations de durées d’assurance pour enfants. Une carrière est considérée comme une carrière complète si la durée d’assurance tous régimes est supérieure au seuil de durée retenu pour que la pension ne subisse pas de décote (différent selon le régime et selon la génération).

La retraite au titre de l’inaptitude au travail permet d’obtenir une retraite à taux plein dès 62 ans, quel que soit le nombre de trimestres validés. L’inaptitude au travail doit être reconnue par le médecin-conseil de la caisse qui attribue la retraite. Certaines personnes sont considérées inaptes au travail et ne sont pas soumises au contrôle médical, en particulier les personnes reconnues comme invalides et les titulaires de l’allocation aux adultes handicapés.

Pour en savoir plus

(1) Douriaud C. « 286 500 habitants en Martinique dans 20 ans, 212 000 à l’horizon 2070 », Insee Flash Martinique, no174, 2022.

(2) Lemière S., Silvera R. « Ouvrir dans un nouvel ongletUn salaire égal pour un travail de valeur comparable entre les femmes et les hommes : Résultats de comparaison d’emplois », La Revue de l’IRES, no66, 2010.

(3) Georges-Kot S. « Écarts de rémunération femmes-hommes : surtout l’effet du temps de travail et de l’emploi occupé », Insee première, no1803, 2020.

(4) Mével E. « Condition de Vie en 2018 : La privation matérielle et sociale affecte deux Martiniquais sur cinq », Insee Analyses Martinique, no43, 2020.

(5) Creignou A., Jeanne-Rose M. « 27,4 % des Martiniquais vivent sous le seuil de pauvreté en 2019 », Insee Analyses Martinique, no54, 2022.

(6) Seguin S., Sui-Seng S. « Les pensions de retraite les plus faibles des régions françaises », Insee Analyses La Réunion, no69, 2022.