Insee Flash Corse · Mai 2023 · n° 79

Quatre fois moins de cambriolages de logements en Corse que sur le continent

En 2022, en Corse, 340 cambriolages ou tentatives de cambriolages de logements sont enregistrés par les services de police et de gendarmerie nationales, soit 1,3 infractions pour 1 000 logements (figure 1). En France métropolitaine, 5,8 cambriolages sont enregistrés pour 1 000 logements. Ainsi, avec un taux quatre fois inférieur à la moyenne nationale, la Corse est la région française qui apparaît comme la plus préservée. La Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté, qui sont aussi des régions moins touchées, ont un taux de cambriolages supérieur de 2 points à celui de l’île. Par ailleurs, pour chaque type de territoire en Corse et quelle que soit sa densité de population, le taux d’infractions demeure inférieur à celui de la France métropolitaine.

Au niveau national, les cambriolages se concentrent dans les territoires urbains, et plus particulièrement dans les communes urbaines denses où ils atteignent 7,6 infractions pour 1000 logements [Milin K., Silhol J., 2023 ; pour en savoir plus (1) et pour en savoir plus (2)]. En outre, au sein des communes françaises, plus les habitants ont un niveau de vie élevé ou de fortes inégalités de revenus, plus le taux de cambriolages et de tentatives de cambriolage est élevé.

En Corse, l’absence de communes urbaines denses et la faible concentration de population de l’île expliquent en partie ce moindre taux régional d’infractions. De plus, sur l’île, contrairement au reste de la France, le taux de cambriolages semble indépendant du niveau de vie médian au sein des communes, ou des inégalités de revenus dans les intercommunalités.

Parmi les hypothèses permettant d’expliquer ce phénomène, les difficultés d’accès semblent protéger la Corse des cambriolages, avec un territoire largement montagneux et le passage obligé par la desserte maritime ou aérienne. En effet, au niveau national, la facilité d’accès à une commune (zone non montagneuse, présence d’une route nationale sur son territoire) est liée à un niveau de cambriolages plus important [Milin K., 2023, pour en savoir plus (2)].

Sur l’île, le taux de cambriolages de logements est deux fois plus élevé dans les territoires urbains de densité intermédiaire [Caruso D., Dubuis T., 2021, pour en savoir plus (3) – figure 1] que dans les territoires ruraux périurbains (1,8 ‰ contre 0,9 ‰). Les cambriolages dans l’espace rural non périurbain (1,1 ‰) sont également inférieurs à la moyenne régionale (figure 2).

Les taux de cambriolages sont proches dans les deux départements insulaires, avec 1,4 ‰ en Corse-du-Sud et 1,2 ‰ en Haute-Corse (figure 3), comme dans les territoires urbains où il culmine à 1,8 ‰ à Ajaccio et 1,9 ‰ à Bastia. Cependant, les territoires ruraux éloignés des villes sont deux fois plus touchés en Corse-du-Sud avec 1,6 infractions pour 1 000 logements qu’en Haute-Corse. En revanche, dans les territoires ruraux à proximité des villes, les infractions sont plus nombreuses en Haute-Corse (1,1 ‰ contre 0,8 ‰).

En Corse, les cambriolages sont plus fréquents dans les communes ayant une façade littorale, en lien avec la répartition de la population. Leur taux est de 1,5 ‰ alors que celui des communes non côtières est de 0,8 ‰.

Les principales villes insulaires dont Ajaccio, Bastia, Borgo, Biguglia, en bord de mer, mais aussi Corte, enregistrent toutefois moins de cambriolages que les communes continentales partageant les mêmes caractéristiques (taille de la population, niveau de vie médian, inégalités de revenus). Seule la commune de Porto-Vecchio fait exception avec un taux d'infractions proche de celui des villes continentales de même profil mais inférieur encore à la moyenne nationale. Son rôle de centralité locale et le caractère touristique de son économie apparaissent comme des facteurs explicatifs à cette situation.

Le nombre de cambriolages enregistrés diminue en Corse de 10 % en moyenne annuelle depuis 2016, une baisse quatre fois plus rapide qu’en France métropolitaine (−2,5 % par an) (figure 4). Sur l’île, les territoires ruraux périurbains enregistrent le plus fort recul (−18,5 %). Dans les communes urbaines de densité intermédiaire ou, à l’opposé, dans les communes rurales éloignées des villes, la décrue du nombre de cambriolages est plus progressive (respectivement −6,8 % et −8,7 %).

Cependant, entre 2021 et 2022, le nombre de ces infractions se stabilise en Corse. Dans les territoires urbains, qui concentrent plus de la moitié de la population régionale, les cambriolages enregistrés par les services de police et de gendarmerie nationales augmentent de 38,2 % sur un an. À l’inverse, la diminution de ces infractions est plus marquée que précédemment dans les territoires ruraux périurbains et non périurbains (respectivement - 15,4, % et - 27,5 %). Le nombre d’infractions est inférieur à son niveau de 2016 quel que soit le type de territoire.