Insee
Insee Flash Bretagne · Mai 2023 · n° 97
Insee Flash BretagneQuatre logements sur 1 000 cambriolés en Bretagne en 2022, le plus souvent dans les communes urbaines plus aisées

Gabrielle Gallic, Emmanuel Granier (Insee)

En 2022, en Bretagne, plus de 8 000 cambriolages ou tentatives de cambriolage de logements sont enregistrés par les services de gendarmerie et de police nationale, soit un cambriolage pour 240 logements. Quoique toujours nettement inférieur à la moyenne nationale, le taux de cambriolage connaît une forte hausse en 2022 et dépasse son niveau d’avant la crise sanitaire. L’aire d’attraction de Rennes a un taux de cambriolages inférieur à celui de l’ensemble des aires d’attraction des villes françaises de même taille. Dans la région, le taux de cambriolages est plus important dans les communes urbaines de densité intermédiaire et dans celles où le niveau de vie médian des habitants sont les plus élevés.

Les éléments préparatoires à cette publication ont été réalisés dans le cadre d’une collaboration entre l'Insee et le Ouvrir dans un nouvel ongletService statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).

Dans le cadre de leur activité judiciaire, les services de police nationale et les unités de gendarmerie rédigent des procédures relatives à des infractions. Ces infractions ont pu être constatées suite à une plainte, un signalement, un témoignage, un flagrant délit, une dénonciation, etc., mais aussi sur l’initiative des forces de sécurité. Les cambriolages et tentatives de cambriolages de logements étudiés dans cette publication sont issus de la base statistique communale produite par le SSMSI à partir de ces enregistrements.

Cette publication régionale s’accompagne de deux publications nationales dans les collections de l’Insee et du SSMSI (pour en savoir plus).

Un logement sur 240 cambriolé en 2022

En 2022, 8 160 sont portés à la connaissance des services de police ou de gendarmerie sur le territoire breton ; cela représente un logement cambriolé sur 240. Enregistrant ainsi 4,2 cambriolages pour 1 000 logements, la Bretagne se situe au 11e rang des 17 régions françaises hors Mayotte sur cet indicateur.

Les quatre départements bretons ont un taux de cambriolages pour 1 000 logements inférieur à la moyenne nationale (hors Mayotte), qui est de 5,8 ‰. Il n’existe par ailleurs que peu de disparités entre eux : ce taux est de 3,4 ‰ dans les Côtes-d’Armor, 3,7 ‰ dans le Finistère et 4,7 ‰ en Ille-et-Vilaine comme dans le Morbihan. Dans la région, huit habitants sur dix vivent dans une commune où le taux de cambriolages pour 1 000 logements est inférieur à la moyenne nationale.

Malgré un fort rebond enregistré en 2022, le taux régional de cambriolages pour 1 000 logements demeure nettement inférieur à la moyenne nationale

Sur toute la période de 2016 à 2022, le taux de cambriolages pour 1 000 logements est nettement plus faible en Bretagne qu’au niveau national (figure 1).

Figure 1Cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés pour 1 000 logements entre 2016 et 2022

(pour 1 000 logements)
Cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés pour 1 000 logements entre 2016 et 2022 ((pour 1 000 logements)) - Lecture : en 2016, il y a eu 3,7 cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés pour 1 000 logements en Bretagne et 7,0 pour 1 000 au niveau national (hors Mayotte).
Année Bretagne France (hors Mayotte)
2016 3,7 7,0
2017 4,1 7,1
2018 3,9 6,5
2019 3,5 6,5
2020 (p) 3,0 5,2
2021 (p) 3,0 5,2
2022 (p) 4,2 5,8
  • (p) : données provisoires (courbes en pointillé).
  • Note : pour les années 2020, 2021 et 2022, les taux sont calculés à partir du nombre de logements de 2019, dernier millésime disponible. Pour les années antérieures, ils sont obtenus avec le nombre de logements de l’année correspondante.
  • Lecture : en 2016, il y a eu 3,7 cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés pour 1 000 logements en Bretagne et 7,0 pour 1 000 au niveau national (hors Mayotte).
  • Sources : SSMSI, base communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie ; Insee, recensements de la population 2016 à 2019.

Figure 1Cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés pour 1 000 logements entre 2016 et 2022

  • (p) : données provisoires (courbes en pointillé).
  • Note : pour les années 2020, 2021 et 2022, les taux sont calculés à partir du nombre de logements de 2019, dernier millésime disponible. Pour les années antérieures, ils sont obtenus avec le nombre de logements de l’année correspondante.
  • Lecture : en 2016, il y a eu 3,7 cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés pour 1 000 logements en Bretagne et 7,0 pour 1 000 au niveau national (hors Mayotte).
  • Sources : SSMSI, base communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie ; Insee, recensements de la population 2016 à 2019.

L’évolution du nombre de cambriolages de logements n’est pas régulière sur cette période et la tendance bretonne est relativement similaire à la tendance nationale. En Bretagne, le nombre de cambriolages augmente de près de 900 faits entre 2016 et 2017, pour atteindre 7 800 infractions. Cette hausse est notamment portée par une forte poussée en Ille-et-Vilaine, qui compte 700 cambriolages supplémentaires en 2017. Un recul des cambriolages s’observe ensuite jusqu’en 2020, en Bretagne comme au niveau national. Dans la région, le plancher atteint en 2020 et 2021 (années marquées par des épisodes de confinement), d’environ 5 780 cambriolages annuels, est suivi par un fort rebond en 2022. Ce sursaut après la période épidémique se manifeste dans toute la France (+11,4 % hors Mayotte) mais il est cependant bien plus important en Bretagne (+2 370 faits enregistrés, soit +41,1 %).

L’Ille-et-Vilaine et le Morbihan sont les départements qui contribuent le plus fortement à cette croissance au niveau régional, avec des évolutions respectives de +49,9 % et +45,0 % entre 2021 et 2022. Toutefois, le rebond est marqué aussi dans le Finistère et les Côtes-d’Armor, avec une hausse de près de 32,5 % dans ces deux départements.

Globalement sur l’ensemble de la période étudiée, la Bretagne et les Pays de la Loire sont les deux seules régions où le nombre de cambriolages en 2022 dépasse celui de 2016.

La concentration des cambriolages est plus faible dans l’aire d’attraction de Rennes qu’elle ne l’est dans les autres aires d’attraction des villes de même taille

En 2022, 2 020 cambriolages ont été enregistrés dans l’ de Rennes. Cela représente 24,7 % des cambriolages de la région, dans cette AAV qui compte 18,9 % des logements bretons. Au niveau national, les grandes agglomérations concentrent généralement davantage les cambriolages. En effet, 27,9 % des cambriolages ont lieu dans une AAV de plus de 700 000 habitants (hors AAV de Paris), alors que celles-ci représentent 18,5 % des logements. Ces grandes AAV françaises enregistrent un taux de cambriolages de logements de 8,7 ‰. En regard, le taux de cambriolages de l’AAV de Rennes est de 5,4 ‰, un peu plus faible que celui de l’AAV de Lorient (6,4 ‰), qui est l’AAV bretonne de plus de 200 000 habitants avec le taux de cambriolages le plus élevé (figure 2).

Figure 2Taux de cambriolage par aire d’attraction des villes (AAV) en Bretagne en 2022

(en nombre pour 1 000 logements)
Taux de cambriolage par aire d’attraction des villes (AAV) en Bretagne en 2022 ((en nombre pour 1 000 logements))
Code AAV 2020 Libellé AAV 2020 Taux de cambriolage
538 Pluvigner de 5,7 à moins de 7,6
053 Lorient de 5,7 à moins de 7,6
667 Broons de 5,7 à moins de 7,6
605 Belz de 5,7 à moins de 7,6
013 Rennes de 4,2 à moins de 5,7
187 Dinan de 4,2 à moins de 5,7
255 Ploërmel de 4,2 à moins de 5,7
305 Carhaix-Plouguer de 4,2 à moins de 5,7
057 Vannes de 4,2 à moins de 5,7
656 Malestroit de 4,2 à moins de 5,7
525 Saint-Méen-le-Grand de 4,2 à moins de 5,7
169 Vitré de 4,2 à moins de 5,7
056 Saint-Brieuc de 4,2 à moins de 5,7
149 Morlaix de 4,2 à moins de 5,7
172 Fougères de 2,6 à moins de 4,2
56000 Communes hors AAV du Morbihan de 2,6 à moins de 4,2
531 Châteauneuf-du-Faou de 2,6 à moins de 4,2
474 La Guerche-de-Bretagne de 2,6 à moins de 4,2
257 Guingamp de 2,6 à moins de 4,2
032 Brest de 2,6 à moins de 4,2
431 Guer de 2,6 à moins de 4,2
289 Landivisiau de 2,6 à moins de 4,2
052 Quimper de 2,6 à moins de 4,2
394 Auray de 2,6 à moins de 4,2
229 Loudéac de 2,6 à moins de 4,2
214 Quimperlé de 2,6 à moins de 4,2
556 Pleslin-Trigavou de 2,6 à moins de 4,2
477 Le Mené de 2,6 à moins de 4,2
469 Rostrenen de 2,6 à moins de 4,2
292 Paimpol de 2,6 à moins de 4,2
621 Gourin de 2,6 à moins de 4,2
526 Baud de 2,6 à moins de 4,2
188 Redon de 2,6 à moins de 4,2
35000 Communes hors AAV d’Ille-et-Vilaine de 2,6 à moins de 4,2
567 Quiberon de 2,6 à moins de 4,2
551 Josselin de 2,6 à moins de 4,2
088 Saint-Malo de 2,6 à moins de 4,2
296 Roscoff - Saint-Pol-de-Léon de 2,6 à moins de 4,2
666 Moréac de 2,6 à moins de 4,2
29000 Communes hors AAV du Finistère de 2,6 à moins de 4,2
22000 Communes hors AAV des Côtes-d’Armor de 1,2 à moins de 2,6
207 Pontivy de 1,2 à moins de 2,6
272 Pleyben - Châteaulin de 1,2 à moins de 2,6
533 Pontorson de 1,2 à moins de 2,6
557 Locminé de 1,2 à moins de 2,6
663 Plancoët de 1,2 à moins de 2,6
113 Lannion de 1,2 à moins de 2,6
578 Carnac de 1,2 à moins de 2,6
353 Crozon de 1,2 à moins de 2,6
668 Tréguier moins de 1,2
  • Sources : SSMSI, base communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie ; Insee, recensement de la population 2019.

Figure 2Taux de cambriolage par aire d’attraction des villes (AAV) en Bretagne en 2022

  • Note : pas d'AAV dans la tranche supérieure en Bretagne ni dans les régions limitrophes.
  • Sources : SSMSI, base communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie ; Insee, recensement de la population 2019.

En Bretagne, les cambriolages sont plus fréquents dans les communes de densité intermédiaires...

En France (hors Mayotte), le taux de cambriolages est corrélé à plusieurs caractéristiques territoriales, notamment le [Milin, Silhol, 2023, pour en savoir plus (1)]. En Bretagne, comme au niveau national, les cambriolages sont plus fréquents dans les communes urbaines (4,9 cambriolages pour 1 000 logements) que dans les communes rurales (3,6 ‰).

Or, si au niveau national les communes urbaines denses enregistrent un taux de cambriolages plus élevé (7,6 ‰) que les communes urbaines de densité intermédiaire (5,4 ‰), en Bretagne, il est à l’inverse plus faible dans les communes urbaines denses (4,7 ‰) que dans les communes urbaines de densité intermédiaire (5,1 ‰).

Cette particularité régionale est également illustrée par le fait que les communes-centres des cinq AAV bretonnes de plus de 200 000 habitants (Rennes, Brest, Quimper, Lorient et Saint-Brieuc) ont un taux de cambriolages un peu plus faible (4,4 ‰) que les autres communes composantes de ces AAV (autres communes du pôle et couronne), pour lesquelles le taux moyen est de 5,1 ‰.

… et dans celles où le niveau de vie des habitants est plus élevé

Le médian des habitants d’une commune est également corrélé au taux de cambriolage. Dans les communes bretonnes dont le niveau vie médian se situe sous le premier national de niveau de vie (19 700 €), le taux de cambriolage est de 3,0 ‰, tandis qu’il atteint 5,7 ‰ dans les communes dont le niveau de vie médian est supérieur au troisième quartile (24 000 €).

Publication rédigée par :Gabrielle Gallic, Emmanuel Granier (Insee)

Sources

Le nombre de cambriolages et tentatives de cambriolage de logements par commune de commission est issu de la base statistique communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie nationales (SSMSI). Seuls les cambriolages portés à la connaissance des forces de sécurité intérieure sont inclus dans ces données. Selon l’enquête de victimation Cadre de vie et sécurité du SSMSI, 69 % des victimes de cambriolages déposent plainte auprès des forces de l’ordre, contre 33 % pour les tentatives de cambriolage. Les caractéristiques des communes sont issues du recensement de la population 2019 et du fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2019 (Insee). Les taux de cambriolages communaux en 2020, 2021 et 2022 sont obtenus à partir du nombre de cambriolages des années correspondantes et du nombre de logements en 2019 (dernier millésime disponible). Pour les années antérieures, ils sont obtenus avec le nombre de logements de l’année correspondante. Enfin, les données de Filosofi n’étant pas disponibles pour Mayotte, les résultats sont présentés pour la France hors Mayotte.

Définitions

Le cambriolage de logement est un vol dans un local d’habitation, aggravé quand il est commis par effraction, ruse ou escalade. L’usage de fausses clefs pour entrer dans les lieux est assimilé à une effraction. La tentative de cambriolage (acte manqué, interrompu, etc.) est considérée par la justice comme une infraction caractérisée, elle sera donc jugée au même titre qu’un cambriolage « abouti ».

L’aire d’attraction d’une ville (AAV) est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre. Les aires sont classées en quatre catégories selon le nombre total d’habitants de l’aire. Plus d’informations sur les aires d’attraction des villes en Bretagne.

Le degré de densité d’une commune correspond à son classement dans une des catégories « urbain dense », « urbain de densité intermédiaire », « rural périurbain » et « rural non périurbain ». Cette typologie est issue du croisement de la grille communale de densité (basée sur la distribution de la population sur des carreaux de 1 km de côté) et du zonage en aires d’attraction des villes.

Le niveau de vie d’un ménage est égal à son revenu disponible (revenu dont il dispose pour consommer et épargner) divisé par le nombre d’unités de consommation pour assurer une comparabilité entre des ménages de taille ou de composition différentes. Les unités de consommation (UC) sont calculées selon l’échelle d’équivalence qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Le niveau de vie médian d’une commune est le seuil au-dessous duquel se situe la moitié de ses habitants.

Le 1er quartile (respectivement 3e) de niveau de vie est celui au-dessous duquel se situe 25 % de la population française (respectivement 75 %).

Pour en savoir plus

(1) Milin K. (SSMSI), Silhol J. (Insee), « Moins de cambriolages de logements depuis la crise sanitaire sur une majeure partie du territoire », Insee Focus no 299, mai 2023.

(2) Milin K. (SSMSI), « Ouvrir dans un nouvel ongletDavantage de cambriolages de logements enregistrés dans les communes urbaines, aisées et voisines de fortes inégalités sociales », Interstats Analyse no 60, mai 2023.

(3) Chenu B., Milin K., Poissonnier A. (SSMSI), « Ouvrir dans un nouvel ongletGéographie de la délinquance à l’échelle communale en 2022 », Interstats Analyse no 56, mars 2023.

(4) SSMSI, « Ouvrir dans un nouvel ongletLes cambriolages et tentatives de cambriolage de résidences principales », Interstats, Rapport d’enquête « Cadre de vie et sécurité », décembre 2019.