Insee Conjoncture Martinique ·
Juin 2025 · n° 34
Bilan économique 2024 - Martinique En 2024, dans un contexte social dégradé en Martinique, les signes de ralentissement
de l’économie se confirment
En 2024, l’activité économique en Martinique se dégrade, confirmant le ralentissement amorcé en 2023. Dans un contexte de mouvement social contre la vie chère en fin d’année, l’inflation persiste, à un rythme moins soutenu que l’année précédente. Malgré des conditions climatiques défavorables, la production agricole est stable, mais elle se réduit fortement pour les tubercules et la viande. L’emploi salarié diminue, la demande d’emploi augmente et le chômage s’élève à 12 % de la population active. Les créations d’entreprises sont en forte baisse et l’investissement s’érode. Les échanges commerciaux se contractent et la fréquentation touristique s’amoindrit légèrement.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Commerce extérieur - Les échanges commerciaux de la Martinique se contractent en 2024 Bilan économique 2024
Philippe Mouty (Insee)
L’année 2024 est marquée au second semestre par un climat social tendu en Martinique, avec le conflit « contre la vie chère ». Dans ce contexte, le déficit commercial demeure stable pour la deuxième année consécutive. Après une forte aggravation en 2021 puis en 2022, due à la reprise économique post-Covid, la balance commerciale, structurellement déficitaire, se stabilise en raison du ralentissement des importations et exportations de produits pétroliers raffinés.
Les échanges commerciaux se contractent, le déficit se stabilise
En 2024, dans un contexte social tendu, lié à un mouvement de lutte contre la vie chère, l’activité économique de la Martinique est fragilisée et les échanges commerciaux régionaux se contractent. Les importations baissent légèrement tandis que les exportations régressent plus fortement.
La balance commerciale en Martinique est structurellement déficitaire en raison des faibles montants des biens exportés par rapport à celui des biens importés. Le solde des échanges commerciaux de la Martinique atteint 3 milliards d’euros en 2024, se stabilisant par rapport à 2023 (-0,1 %). Il s’est aggravé de près de 700 millions en 5 ans (figure 1).
tableauFigure 1 – Valeur des importations et exportations de la Martinique par année
Année | Importations | Exportations | Solde des échanges |
---|---|---|---|
2015 | 2 709 | 504 | -2 205 |
2016 | 2 631 | 441 | -2 190 |
2017 | 2 715 | 365 | -2 350 |
2018 | 2 718 | 369 | -2 349 |
2019 | 2 688 | 384 | -2 304 |
2020 | 2 537 | 298 | -2 239 |
2021 | 2 817 | 326 | -2 491 |
2022 | 3 496 | 434 | -3 062 |
2023 | 3 498 | 494 | -3 004 |
2024 | 3 399 | 397 | -3 002 |
- Sources : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 1 – Valeur des importations et exportations de la Martinique par année

- Sources : Douanes, calculs Insee.
Les importations baissent légèrement
En 2024, les importations de la Martinique s’élèvent à 3,4 milliards d’euros. Elles reculent de 2,8 % en valeur par rapport à 2023. Cette baisse s’explique principalement par la forte diminution des importations d’hydrocarbures (-37,5 %), non compensée par la moindre augmentation des produits pétroliers raffinés (+6,0 %). Ces deux types de produits représentent 18,8 % de la valeur globale des importations. L’évolution de leurs imports s’explique par l’arrêt technique temporaire de la raffinerie en cours d’année (pour une durée d’environ 2 mois tous les 6 ans) et par la baisse du cours du Brent (-2,4 % en 2024 par rapport à 2023). Sur deux ans, ce dernier affiche un repli de 20,1 %. Hors produits pétroliers raffinés, les importations baissent de 4,0 %.
Les importations de matériels de transport qui représentent 13,2 % des importations totales, diminuent de 10,0 %. Le secteur de l’industrie automobile contribue largement à ce repli (-10,4 %).
En revanche, les autres produits industriels, qui constituent un tiers des importations régionales en valeur, progressent de 4,7 % par rapport à 2023. Les importations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac augmentent aussi (+2,1 %). Ces deux produits représentent près de la moitié des importations de la Martinique en 2024 (49,7 %), soit 3,1 point de plus que l’année précédente.
tableauFigure 2 – Montants des importations et des exportations de la Martinique par secteur d’activité en 2024 et leurs évolutions par rapport à 2023
Type d’importations/exportations | Importations | Exportations | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Valeur | Part (en %) | Évolution entre 2023 et 2024 (en %) | Valeur | Part (en %) | Évolution entre 2023 et 2024 (en %) | |
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche | 71,6 | 2,1 | -1,8 | 67,8 | 17,1 | 0,5 |
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets | 214,7 | 6,3 | -37,5 | 21,8 | 5,5 | 0,8 |
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac | 571,2 | 16,8 | 2,0 | 87,7 | 22,1 | -9,7 |
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke | 425,5 | 12,5 | 6,0 | 158,3 | 39,9 | -35,9 |
C3 – Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique | 530,8 | 15,6 | -0,2 | 13,5 | 3,4 | -3,4 |
C4 - Matériels de transport | 449,5 | 13,2 | -10,0 | 22,3 | 5,6 | 8,4 |
dont industrie automobile | 422,0 | 12,4 | -10,4 | 14,1 | 3,5 | 15,2 |
C5 - Autres produits industriels | 1 120,0 | 32,9 | 4,7 | 24,8 | 6,2 | -2,6 |
dont pharmacie | 223,9 | 6,6 | 7,6 | 1,0 | 0,3 | -5,0 |
Autres | 15,9 | 0,5 | -14,6 | 0,9 | 0,2 | -0,5 |
Total | 3 399,2 | 100,0 | -2,8 | 397,1 | 100,0 | -19,7 |
- Sources : Douanes, calculs Insee.
Les exportations régressent
En 2024, le montant total des exportations martiniquaises recule de 19,7 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse est principalement liée au net ralentissement des exportations de produits pétroliers raffinés qui chutent de 35,9 % (figure 2). Ces flux représentent alors 39,9 % des exportations totales, contre 50,0 % en 2023.
Hors produits pétroliers raffinés, les exportations diminuent de 3,4 %, sous l’effet du repli des expéditions de denrées alimentaires (-9,7 %). Les denrées alimentaires représentent 22,1 % des exportations de la Martinique. La fabrication de boissons, qui constitue 82,7 % de ce secteur, recule de 5,9 %, soit une perte de 4,5 millions d’euros. Les autres produits industriels affichent aussi un léger repli (-2,6 %).
À l’inverse, les réexpéditions de matériels de transport progressent de 8,4 %. Elles représentent 5,6 % des exportations totales. Ce secteur est porté par l’industrie automobile, qui en constitue 63,3 % pour un montant de 14 millions d’euros. La grande majorité de ces réexpéditions (84,8 %) est destinée à la France métropolitaine.
Enfin, les exportations de produits agricoles enregistrent une légère hausse (+0,5 %), principalement portée par les exportations de melon (+16,1 %), tandis que celles de bananes restent stables (+0,1 %) et représentent 95,1 % du secteur.
tableauFigure 3 – Répartition des importations de la Martinique en 2024 selon leur provenance
Provenance | Part |
---|---|
France hexagonale | 57,7 |
Union européenne hors France | 12,3 |
États-Unis | 9,2 |
Norvège | 4,6 |
Chine | 2,9 |
Guadeloupe | 1,3 |
Caraïbe | 1,2 |
Guyane | 0,2 |
Autre | 10,7 |
- Sources : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 3 – Répartition des importations de la Martinique en 2024 selon leur provenance

- Sources : Douanes, calculs Insee.
La France hexagonale demeure le premier partenaire
La France hexagonale demeure le principal partenaire commercial de la Martinique (figure 3), fournissant 57,7 % de ses importations (+1,0 point par rapport à 2023) et recevant 43,5 % de ses exportations (+5,5 points). Néanmoins, les échanges avec ce partenaire sont en recul par rapport à l’année précédente, avec une baisse de 8 % des exportations et de 1,1 % des importations. Les approvisionnements métropolitains restent prépondérants pour les denrées alimentaires, les boissons et les produits à base de tabac (79,4 % des importations de ces produits) et pour les autres produits industriels (73,1 %).
L’Union européenne (hors France) est le deuxième fournisseur de la Martinique (12,3 % du total des importations). Les importations en provenance de l’UE augmentent de 10,3 % par rapport à 2023. À l’inverse, en raison du recul des importations de pétrole, les échanges avec les États-Unis diminuent de 7,2 % et représentent 9,2 % des importations martiniquaises en 2024. La Martinique s’approvisionne aussi auprès d’autres fournisseurs : 20,9 % des importations en provenance d’autres pays arrivent du Canada (79 millions d’euros).
La Guyane et la Guadeloupe captent 38,3 % des exportations martiniquaises. Les produits pétroliers raffinés dominent ces échanges, et représentent 82,6 % des exportations vers la Guadeloupe et 74,0 % vers la Guyane. Ils sont suivis par les denrées alimentaires, les boissons et les produits à base de tabac, qui comptent respectivement pour 7,8 % et 18,3 % des exportations vers ces destinations.
tableauFigure 4 – Répartition des exportations de la Martinique selon leur destination de 2015 à 2024
Destination | France hexagonale | Guadeloupe | Guyane | Caraïbe | Union européenne hors France | Autres |
---|---|---|---|---|---|---|
2015 | 172 | 140 | 133 | 20 | 4 | 36 |
2016 | 182 | 111 | 108 | 5 | 7 | 28 |
2017 | 140 | 121 | 69 | 10 | 6 | 19 |
2018 | 156 | 91 | 86 | 16 | 7 | 14 |
2019 | 174 | 79 | 79 | 14 | 8 | 29 |
2020 | 159 | 49 | 53 | 13 | 6 | 19 |
2021 | 174 | 74 | 43 | 5 | 6 | 25 |
2022 | 185 | 115 | 90 | 14 | 6 | 24 |
2023 | 188 | 108 | 135 | 19 | 7 | 38 |
2024 | 173 | 54 | 98 | 32 | 13 | 27 |
- Sources : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 4 – Répartition des exportations de la Martinique selon leur destination de 2015 à 2024

- Sources : Douanes, calculs Insee.
Définitions
Le Brent est un pétrole assez léger, issu d'un mélange de la production de 19 champs de pétrole situés en mer du Nord. Il est coté à Londres. Malgré une production limitée, la cotation du Brent (avec le West Texas Intermediate- WTI) sert de prix de référence au niveau mondial.