Notes et points de conjoncture de l'année 2020 Des analyses régulières pour éclairer les conséquences de la crise sanitaire

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le15/12/2020
Note de conjoncture- Décembre 2020
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Point de conjoncture du 17 juin – Présentation Insee

Note de conjoncture

Paru le :15/12/2020

Il y a tout juste trois mois, le 17 mars, une large partie de l’économie française était volontairement mise à l’arrêt pour tenter de juguler l’épidémie particulièrement virulente de Covid-19. Depuis le 11 mai, soit il y a un peu plus d’un mois, le reflux de cette épidémie a permis de relâcher progressivement le confinement de la population. À très court terme, c’est ainsi l’évolution de la situation sanitaire qui conditionne la vitesse de reprise de l’économie – tout comme elle l’a auparavant précipitée dans la crise.

Actuellement, le reflux de l’épidémie se poursuit, permettant une accélération du déconfinement. Nous revoyons donc à la hausse notre estimation d’évolution trimestrielle du PIB français au deuxième trimestre 2020, à – 17 % (contre – 20 % estimé dans le Point de conjoncture du 27 mai dernier, et après – 5,3 % au premier trimestre). Plus précisément, selon les derniers indicateurs disponibles, la perte d’activité économique par rapport à une situation « normale » aurait été de 29 % en avril, puis de 22 % en mai, et se limiterait à 12 % en juin.

Cette révision à la hausse tient également à la disponibilité de nouveaux indicateurs « en dur » sur le mois d’avril 2020, qui viennent affiner la photographie de l’économie française en période de confinement, initialement esquissée par l’Insee à partir de données à « haute fréquence » et de remontées directes d’entreprises et de fédérations professionnelles. La production industrielle, tout comme la consommation des ménages en biens, ont ainsi été en avril inférieures d’à peu près un tiers à leur niveau d’avant crise, un ordre de grandeur anticipé dans les Points de conjoncture. Les services aux entreprises auraient en revanche essuyé des pertes un peu moindres que ne le laissaient augurer les informations alors à notre disposition.

Actuellement, les diverses données « à haute fréquence » dessinent un portrait contrasté des modalités de la reprise. Car tous les indicateurs ne reviennent pas de la même façon à la normale... et certains n’y reviendront sans doute pas avant quelque temps. Par exemple, fin mai, alors que la perte d’activité économique aurait été d’un cinquième par rapport au niveau d’avant crise, les déplacements domicile travail estimés à l’aide de données de téléphonie mobile seraient restés 40 % en-dessous de leur niveau d’avant le confinement.

Les montants agrégés de transactions par cartes bancaires, conjugués aux données de caisse transmises par quelques enseignes de la grande distribution, fournissent en temps quasi réel des informations sur la consommation des ménages. Le rebond post-11 mai avait été particulièrement vif (avec une perte limitée à 7 % par rapport au niveau d’avant crise, contre – 31 % en avril). Les nouvelles données disponibles sur les semaines récentes suggèrent que ce rebond est durable, avec une perte de consommation par rapport à la normale qui se limiterait à 5 % en juin.

La reprise économique est donc très nette depuis la mi-mai, après un mois d’avril qui restera sans doute dans les annales comme l’un des pires mois qu’ait connu l’économie française en temps de paix. Cette reprise est favorisée par les divers dispositifs (chômage partiel, fonds de solidarité pour les TPE, indépendants et micro-entrepreneurs, etc.) mis en place pour aider les ménages et les entreprises à traverser la période de confinement : une économie placée « sous anesthésie », comme nous l’avions décrite en avril, c’est une économie certes mise provisoirement en sommeil, mais dans des conditions qui rendent un redémarrage possible.

Les aléas sont donc plutôt à la hausse à très court terme. Mais ce constat ne permet pas de prédire le moment où l’économie sera revenue à son niveau d’avant crise. Le choc a en effet été très hétérogène selon les secteurs d’activité : pour certains secteurs dûrement touchés (par exemple, les transports aériens, la production automobile), les cicatrices seront sans doute plus profondes que pour d’autres. D’une manière générale, les répercussions des protocoles de sécurité sanitaire sur la productivité du travail restent à évaluer. Et les interrogations demeurent sur le comportement à venir des entreprises en matière d’investissement, tout comme sur celui des ménages en matière de consommation : ces derniers ont globalement constitué pendant le confinement une épargne forcée, mais ils peuvent être tentés par l’attentisme, pour des motifs de prudence sanitaire ou de précaution économique, dans un contexte où les craintes sur l’évolution du chômage sont en forte hausse après la perte d’un demi-million d’emplois au premier trimestre. Enfin, l’environnement international restera sans doute durablement incertain, d’autant que la menace d’une deuxième vague épidémique continue de planer dans certains pays dont la Chine