Les dépenses des ménages en 2011 Enquête Budget de famille - Insee Résultats

Chiffres détaillés
Insee Résultats– No 158
Paru le :Paru le29/09/2014
Maël-Luc Buron, Élodie Kranklader et José Ribera, division Conditions de vie des ménages, Insee
Insee Résultats No 158- Septembre 2014

Le budget des familles en 2011 Analyse et commentaire des principaux résultats de l'enquête « Budget de famille » de 2011.

Maël-Luc Buron, Élodie Kranklader et José Ribera, division Conditions de vie des ménages, Insee

Insee Résultats

Paru le :29/09/2014

Les ménages les plus modestes dépensent davantage pour leur logement et les plus aisés pour les transports

Bien que les disparités selon le niveau de vie s'atténuent au fil des ans en métropole, les écarts restent encore importants entre les ménages les plus aisés et les plus modestes. De forts contrastes persistent pour les dépenses d'alimentation, de loisirs et culture. Cependant, ce sont surtout pour celles liées au transport et au logement que les écarts entre types de ménages sont les plus marqués.

Les dépenses de logement sont celles qui différencient le plus nettement les ménages les plus modestes des ménages les plus aisés. En 2011, pour les 20 % des ménages les plus modestes ces dépenses sont supérieures de 8,3 points à celles des 20 % les plus riches (figure 1). Mais cet écart est dû en partie au fait que les plus modestes sont plus souvent locataires (60 % dans le 1er quintile contre 21 % dans le 5ème quintile).

Or, à la différence de la comptabilité nationale, l'enquête Budget de Famille considère uniquement les consommations effectivement observées chez les ménages et n'impute pas de dépenses de logement aux propriétaires de leur logement (encadré). Le poids des dépenses en logement dans une catégorie de ménages dépend donc de la proportion de propriétaires (accédants ou non) et de locataires dans cette catégorie.

Le logement constitue le premier poste de dépenses des ménages du 1er quintile de niveau de vie (les 20 % les plus modestes), devant l'alimentation. Pour les ménages du 5ème quintile (les 20 % les plus aisés), ce sont les transports qui représentent le premier poste de dépenses (18,3 % de leur budget). Viennent ensuite l'alimentation et les autres biens et services, devant le logement et les loisirs.

Figure 1 - Structure de la consommation selon le quintile de niveau de vie en 2011

en %
Figure 1 - Structure de la consommation selon le quintile de niveau de vie en 2011 (en %)
1er quintile moyenne 5è quintile
Transports 13,9 17,4 18,3
Alimentation (hors alcool) 18,2 16,4 14,2
Logement 20,6 15,7 12,3
Autres biens et services 13,3 14,7 14,4
Loisirs et culture 7,9 9,6 11,8
Restaurants et hôtels 5,1 6,6 8,5
Équipement 4,4 5,9 7,6
Habillement 5,5 5,0 5,3
Communications 4,4 3,3 2,6
Alcool et tabac 3,7 3,0 2,6
Santé 1,9 1,8 1,6
Enseignement 1,2 0,7 0,7

Figure 1 - Structure de la consommation selon le quintile de niveau de vie en 2011

  • Lecture : les ménages du 1er quintile de niveau de vie, c'est-à-dire les 20 % des ménages ayant les niveaux de vie les plus faibles, consacrent en moyenne 20,6 % de leur consommation aux dépenses de logement, contre 12,3 % pour les ménages du 5e quintile. La dépense totale s'entend ici hors impots, gros travaux, remboursements de prêts et prélèvements effectués par l'employeur, transferts financiers entre ménages.
  • Champ : France métropolitaine
  • Source : Insee, enquête Budget de famille 2011.

Le poids des dépenses de logement diminue avec la taille du ménage

À niveau de consommation égal, le logement pèse moins quand la taille du ménage augmente. Il constitue ainsi un poste de dépenses très discriminant entre les différents types de ménages, plus lourd pour les personnes seules (22,8 % de leur consommation en 2011) et les familles monoparentales (19,1 %), que pour les couples avec enfants (12 %) (figure 2). La part de locataires explique là encore une partie des écarts : ils sont 61 % parmi les familles monoparentales, 53 % parmi les personnes seules et 32 % parmi les couples avec enfants. Les écarts tiennent également aux économies d'échelle que le logement permet de réaliser : un couple de locataires dépense en moyenne moins de deux fois ce que dépense une personne seule. Enfin, à niveau de consommation donné, une personne seule effectue moins de dépenses alimentaires ou vestimentaires que ne le fait une famille ; elle peut dès lors consacrer une part plus importante de son budget à son logement.

Figure 2 - Structure des dépenses selon le type de ménage

en %
Figure 2 - Structure des dépenses selon le type de ménage (en %)
Couple sans enfant Couple avec enfant(s) Personne Seule Famille monoparentale
Autres biens et services 15,0 15,2 14,0 13,1
Logement 14,2 12,0 22,8 19,1
Alimentation (hors alcool) 17,6 16,7 14,0 16,3
Transports 18,3 19,0 14,2 14,7

Figure 2 - Structure des dépenses selon le type de ménage

  • Lecture : les ménages composés d'une seule personne consacrent en moyenne 22,8 % de leur budget total au poste logement.
  • Champ : France métropolitaine
  • Source : Insee, enquête Budget de famille 2011.

Entre 1979 et 2011, les écarts de structure de consommation entre groupes sociaux se sont déplacés de l'alimentation vers le logement

L'évolution des postes de consommation diffère selon les catégories de ménages. Pour l'alimentation, une convergence s'est opérée au cours des trente dernières années : en 1979, les 20 % des ménages les plus modestes consacraient 35 % de leur budget à l'alimentation et les 20 % les plus aisés 18 %, soit une différence de 17 points. En 2011, l'écart n'est plus que de 4 points (figure 3). Le constat est identique lorsqu'on compare les structures de consommation des différentes catégories socioprofessionnelles : chez les ménages d'ouvriers, la part des dépenses alimentaires est supérieure de 3,8 points à celle des cadres et des professions intellectuelles supérieures, contre 11 points en 1979. La part des dépenses consacrées à l'alimentation ne peut plus être, comme auparavant, considérée comme un bon indicateur du niveau de vie d'un ménage.

À l'inverse, les disparités selon les groupes sociaux se sont accentuées pour les dépenses de logement (telles que mesurées dans l'enquête, c'est à dire hors loyers imputés) : en 2011, la part qu'y consacrent les cadres et professions intellectuelles supérieures est inférieure de 4 points à celle des ouvriers alors qu'elles étaient équivalentes en 1979.

Les dépenses de transports ont à l'inverse tendance à converger. Cependant, leur part est désormais moins importante dans le budget des cadres et professions intellectuelles supérieures que dans celui des ouvriers, alors que la situation était inversée en 1979.

Figure 3 - Évolution des écarts de structure de consommation entre groupes sociaux, de 1979 à 2011

en point de %
Figure 3 - Évolution des écarts de structure de consommation entre groupes sociaux, de 1979 à 2011 (en point de %)
Principaux postes de dépenses Écart entre le 5e quintile (ménages aisés) et le 1er quintile (ménages modestes) de niveau de vie Écart entre les cadres, professions intellectuelles supérieures et les ouvriers
1979 2011 1979 2011
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées -16,9 -4,0 -11,1 -3,8
Santé -2,8 -0,2 -1,4 0,1
Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles (hors loyers fictifs) -1,5 -8,3 0,2 -4,1
Boissons alcoolisées et tabac -0,5 -1,1 -1,2 -1,8
Enseignement 0,0 -0,5 0,8 0,7
Communications 0,3 -1,8 0,8 -1,2
Articles d'habillement et chaussures 1,5 -0,2 1,2 0,2
Autres biens et services 2,1 1,1 1,3 0,6
Loisirs et culture 3,0 3,9 2,3 3,9
Meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison 3,2 3,2 1,3 1,8
Restaurants et hôtels 5,2 3,4 3,5 4,6
Transports 6,3 4,5 2,3 -1,1
  • Lecture : en 2011, la part moyenne des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées dans la consommation totale des ménages de cadres et des professions intellectuelles supérieures est inférieure de 3,8 points à celle des ménages d'ouvriers.
  • Champ : France Métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes Budget de famille 1979 et 2011.

Les dépenses de transport pèsent toujours fortement sur les budgets et ce, quel que soit le revenu annuel dont dispose le ménage. Par contrainte ou par plaisir, l'achat de véhicule constitue la part la plus importante de ce poste pour les ménages de cadres, soit en moyenne 41 % du poste transports, comme pour les ménages d'ouvriers qui y consacrent 42 %. Toutefois, les frais d'utilisation représentent 33 % des dépenses de transport pour les cadres et culminent à 46 % pour les ouvriers.

Comptabilité nationale et enquêtes Budget de famille : deux sources complémentaires sur la consommation des ménages

Les niveaux de consommation estimés dans l'enquête BDF diffèrent de ceux de la comptabilité nationale.

Des différences de champ expliquent une partie des écarts entre les sources. Par construction, l'enquête BDF ne collecte que les dépenses des personnes résidant en France en ménage ordinaire (c'est-à-dire hors collectivités) tandis que la comptabilité nationale ne distingue pas la consommation des ménages ordinaires de celle des collectivités. De plus, l'enquête estime des dépenses réalisées à l'étranger lors de séjours touristiques mais ne comptabilise pas les dépenses effectuées en France par des touristes étrangers ; la comptabilité nationale ignore les dépenses des touristes français à l'étranger mais inclut celles des touristes étrangers en France.

Les différences entre les deux sources découlent également de différences de concept, et en particulier sur la consommation de logement. Comme le définit la comptabilité nationale, l'achat de logement ou les remboursements de prêts immobiliers sont considérés dans l'enquête comme de l'épargne et non comme une consommation de logement. Mais, l'enquête ne considère que les consommations effectivement observées chez les ménages, alors que la comptabilité nationale rehausse la consommation des ménages propriétaires de leur résidence principale d'un « loyer imputé », à hauteur du service de logement qu'ils se rendent à eux-mêmes.

Enfin, les différences entre les niveaux de dépenses estimés dans l'enquête Budget de famille et la comptabilité nationale découlent également d'une sous-estimation de la consommation dans l'enquête. Les coefficients budgétaires de l'enquête diffèrent également de ceux de la comptabilité nationale, mais d'une façon nettement moins marquée. Ainsi, c'est avant tout pour l'étude des différences de structure de consommation entre catégories de ménages qu'il convient d'utiliser l'enquête BDF.

Avertissement

Les enquêtes «Budget de famille» fournissent une estimation de la consommation moyenne des différents biens et services : elles contribuent donc à mettre au point le compte des ménages, ainsi que les pondérations de l'indice des prix. L'intérêt essentiel de ces enquêtes est qu'elles permettent de comparer les niveaux de vie et les choix de consommation des diverses catégories de ménages.

Sources

Une présentation générale de l'enquête Budget de famille est accessible dans la rubrique « Définitions, Méthodes et Qualité » du site insee.fr.

Définitions

Ménage (au sens des enquêtes auprès des ménages) / Ménage-Unité de vie :

Depuis 2005, la définition d'un ménage, au sens des enquêtes auprès des ménages réalisées par l'Insee, a été sensiblement modifiée. Est considéré comme un ménage l'ensemble des personnes (apparentées ou non) qui partagent de manière habituelle un même logement (que celui-ci soit ou non leur résidence principale) et qui ont un budget en commun.

La résidence habituelle est le logement dans lequel on a l'habitude de vivre.

Font donc partie du même ménage des personnes qui ont un budget commun, c'est-à-dire :

1) qui apportent des ressources servant à des dépenses faites pour la vie du ménage ;

2) et/ou qui bénéficient simplement de ces dépenses.

Remarque :
  • Dans la définition du budget commun, on ne tient pas compte des dépenses faites pour le logement ;
  • La participation occasionnelle à des dépenses communes ne suffit pas à former un budget commun ;
  • Avoir plusieurs comptes en banque différents dans un ménage ne signifie pas faire budget à part.

Dans les enquêtes réalisées avant 2005, les personnes devaient partager la même résidence principale pour être considérées comme des ménages (ou « ménages ordinaires »). Par ailleurs, il n'était pas nécessaire qu'ils aient un budget commun. De fait, un ménage correspondait à un logement (résidence principale). En revanche, depuis 2005, un logement peut comporter plusieurs ménages appelés encore « unités de vie ».

Personne de référence du ménage :

La personne de référence du ménage est déterminée à partir de la structure familiale du ménage et des caractéristiques des individus qui le composent.

Il s'agit le plus souvent de la personne de référence de la famille quand il y en a une, ou de l'homme le plus âgé, en donnant priorité à l'actif le plus âgé.

Remarque :

Depuis 2004, l'Insee a adopté dans la grande majorité de ses enquêtes auprès des ménages une nouvelle définition de la personne de référence d'un ménage, qui ne tient pas compte du sexe des personnes composant ce ménage. Seuls importent le fait d'apporter ou non des ressources au ménage, le fait d'être actif ou non, et l'âge

Niveau de vie :

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage.

Le niveau de vie correspond à ce qu’Eurostat nomme « revenu disponible équivalent ».

Les unités de consommation sont généralement calculées selon l'échelle d'équivalence dite de l'OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Déciles :

Si on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffres d'affaires, etc., les déciles sont les valeurs qui partagent cette distribution en dix parties d’effectifs égaux.

Ainsi, pour une distribution de salaires :

  • le premier décile (noté généralement D1) est le salaire au-dessous duquel se situent 10 % des salaires ;
  • le neuvième décile (noté généralement D9) est le salaire au-dessous duquel se situent 90 % des salaires.

Le premier décile est, de manière équivalente, le salaire au-dessus duquel se situent 90 % des salaires ; le neuvième décile est le salaire au-dessus duquel se situent 10 % des salaires.

Pour en savoir plus