Économie et Statistique n° 435-436 - 2010 L'internationalisation des entreprises

Economie et Statistique
Paru le :Paru le03/03/2011
Fabrice Defever et Farid Toubal
Economie et Statistique- Mars 2011
Consulter

Importations de biens intermédiaires et choix organisationnel des firmes multinationales françaises

Fabrice Defever et Farid Toubal

Nous analysons les décisions de sous-traitance internationale des groupes multinationaux français en nous appuyant sur un modèle théorique de la décision d'importation avec firmes hétérogènes inspiré d'Antràs et Helpman. Ce modèle élargit la théorie des échanges internationaux aux stratégies d'organisation des entreprises. Lorsqu'elles importent des biens intermédiaires, les firmes sont confrontées au choix organisationnel entre produire en interne dans l'une de leurs filiales à l'étranger ou confier la production à un sous-traitant étranger. Ce choix dépend de deux dimensions. La première concerne la productivité de l'entreprise. Selon Antràs et Helpman, seules les entreprises les plus productives ont des filiales à l'étranger et importent leurs intrants en interne. Dans notre modèle, nous considérons le cas des entreprises multinationales. Ce qui compte pour les importations de ces entreprises n'est donc pas le coût d'implantation de la filiale mais le coût fixe d'organisation de la production. Nous montrons que les entreprises plus productives externalisent la production de biens intermédiaires si leurs coûts organisationnels dans le cas de l'outsourcing sont plus élevés que ceux associés à l'intégration verticale. La seconde dimension concerne la nature des inputs échangés entre le fournisseur et l'entreprise multinationale. Certains de ces inputs requièrent des investissements d'adaptation à la spécificité du bien final produit par l'entreprise. Le fait de contrôler le processus productif au travers de l'intégration permet de limiter le risque de sous-investissement. Le choix d'une forme organisationnelle correspond à un arbitrage entre les gains en termes de coûts organisationnels et ceux en termes de partage du revenu. Nos estimations montrent que les multinationales les plus productives ont tendance à externaliser la production de biens intermédiaires. Nous montrons également que l'intensité en capital physique et humain joue en faveur de l'intégration.

Economie et Statistique

No 435-436

Paru le :03/03/2011