Insee Flash Hauts-de-France · Mai 2022 · n° 137

L’industrie textile a perdu 40 % de ses emplois en 10 ans Les grands secteurs économiques des Hauts‑de‑France

En 2018, l’industrie textile des Hauts-de-France emploie 11 680 personnes, soit 0,6 % des actifs occupés de la région (figure 1). C’est un peu plus qu’en France de province (0,5 %). Les Hauts-de-France se placent ainsi en 3^e position, derrière les Pays-de-la-Loire (0,8 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (0,7 %).

Dans la région, la fabrication d’autres textiles, c’est-à-dire de textiles non vestimentaires (principalement les textiles techniques industriels mais aussi les étoffes à mailles, tapis, ficelles…) rassemble plus de la moitié des actifs du secteur, contre seulement 29 % en France de province. En particulier, deux établissements de l’entreprise Maco Production à Tourcoing et à Mouvault emploient plus de 10 % des effectifs régionaux et sont spécialisés dans la fabrication de non-tissé à usage médical.

À l’inverse, la fabrication de vêtements est moins présente dans les Hauts-de-France qu’en France de province (16 % des actifs du secteur contre 25 %).

Entre 2008 et 2018, le secteur a perdu 7 840 emplois (– 40 %), dont plus du tiers dans la fabrication d’autres textiles (figure 2). Il s’agit de la plus forte baisse observée en France de province, où seul un quart des emplois dans l’industrie textile a disparu en dix ans.

Plus de la moitié des emplois de l’industrie textile régionale (58 %) sont occupés par des ouvriers, soit 4 points de plus qu’en France de province. La proportion d’ouvriers y est aussi nettement plus élevée que dans l’ensemble des secteurs (22 %). De même, les cadres sont surreprésentés dans la région (11 % contre 8 % en France de province). Ils sont cependant légèrement moins présents que dans l’emploi total (12 %).

Comme en France de province, le tiers des emplois correspond à des personnes ayant un niveau CAP, BEP ou équivalent, et plus d’un quart à des diplômés du supérieur. Les non-diplômés sont en revanche plus nombreux dans la région (25 % vs 20 %). En comparaison aux autres secteurs des Hauts-de-France, les détenteurs d’un CAP, BEP ou équivalent sont plus présents dans l’industrie textile contrairement aux diplômés du supérieur.

Le secteur est plus masculin dans la région (52 % de femmes contre 64 % en France de province). Cette répartition plus équilibrée s’explique par le poids de la fabrication de tissus techniques, où les hommes sont majoritaires (56 %).

À l’instar des autres secteurs industriels des Hauts-de-France, le textile se distingue, par rapport aux autres régions, par la surreprésentation des salariés et des cadres. Ainsi, la part des indépendants dans l’industrie régionale n’atteint que 5,3 % contre 7,5 % en France de province. L’écart est encore plus important dans l’industrie textile, où les indépendants représentent 5 % des actifs, deux fois moins qu’en France de province (10 %). La faible implantation de la fabrication de fourrure dans la région constitue un élément d’explication puisque les indépendants y sont nombreux.

Parmi les salariés, 92 % sont employés en CDI, soit 2 points de plus qu’en France de province. Par rapport aux autres secteurs industriels, le textile offre des salaires moins attractifs. Le salaire horaire net moyen s’élève à 13,9 €, soit presque 2 € de moins qu’en moyenne dans l’industrie. La proportion importante de cadres dans la région explique en partie le léger écart observé avec la France de province (+ 0,4 €).

En 2018, l’industrie textile régionale rassemble 1 626 établissements. Un quart d’entre eux sont employeurs, avec des effectifs un peu plus importants qu’en France de province (30 employés en moyenne contre 24). Le secteur est peu concentré puisque les dix plus gros établissements rassemblent 29 % de l’emploi, contre 31 % en France de province.

L’industrie textile est bien implantée dans la zone d’emploi de Cambrai. Elle rassemble 3,1 % de l’emploi total de la zone, poids qui positionne celle-ci en première place devant Roubaix-Tourcoing (1,9 %), Saint-Quentin et Calais (1,3 % chacune). Les 1 550 emplois correspondant représentent 13 % des emplois du secteur. Quant aux zones d’emploi de Lille et Roubaix-Tourcoing, elles rassemblent à elles deux près de 39 % des effectifs régionaux. Enfin, 1 100 actifs, soit 9,5 % des emplois du secteur, travaillent dans la zone d’emploi de Saint-Quentin.

Avec une très forte orientation historique sur le textile, l’industrie du Cambrésis est toujours marquée par la présence d’établissements spécialisés dans la dentelle et la broderie. Dentelle Sophie Hallette emploie ainsi plus de 150 salariés et Potencier Broderies entre 50 et 100. Durant la crise sanitaire, plusieurs établissements y ont produit des masques en tissu, comme la Manufacture Française de Textile ou la société André Avio.

Entre 2008 et 2018, la zone d’emploi de Beauvais est la seule à gagner des emplois dans l’industrie textile (+ 134 emplois, soit + 65 %), grâce à l’implantation d’un établissement de la société Kindy en 2017. À l’inverse, Château-Thierry et Saint-Omer, qui a connu la fermeture d’Arques Textiles, sont les zones où la baisse de l’emploi dans le secteur est la plus importante en proportion (– 76 % et – 70 %). En nombre d’emplois, les zones de Roubaix-Tourcoing, Lille et Cambrai ont accusé les pertes les plus importantes (fermeture de Lille Healthcare à Mons-en-Baroeul), de respectivement – 1 830, – 1 130, et – 1 000 emplois.