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Insee Flash Hauts-de-France · Septembre 2021 · n° 126
Insee Flash Hauts-de-FranceUn dynamisme de l’industrie agroalimentaire, côté belge

Laure Crusson, Pascale Hennebert, Mathieu Lecomte (Insee)

À la frontière franco-belge, l’industrie agroalimentaire concentre 4 % des salariés en Flandre-Occidentale ce qui fait qu’elle est deux fois plus représentée que dans le Nord. Le secteur d’activité se démarque par la part importante d’établissements de moins de dix salariés et un sous-secteur de la fabrication de pain et de pâtisserie fraîche bien représenté. Entre 2010 et 2015, l’emploi dans l’industrie agroalimentaire augmente côté belge tandis qu’il baisse côté français.

Insee Flash Hauts-de-France
No 126
Paru le :Paru le30/09/2021

L’industrie agroalimentaire davantage présente en Flandre-Occidentale

Dans le cadre du projet Interreg « Compétences sans frontières », trois secteurs stratégiques pour l’emploi transfrontalier ont été identifiés en raison notamment des difficultés de recrutement en Flandre-Occidentale. L’industrie agroalimentaire est l’un d’entre eux (encadré).

En 2015, 28 000 salariés travaillent dans l’ de l’. Dans cet espace, le poids de ce secteur d’activité dans l’emploi salarié total varie du simple au double : de 2 % dans le département du Nord (16 100 salariés) à 4 % en Flandre-Occidentale (5 300 salariés). Avec 3 % des salariés travaillant dans ce secteur, les territoires frontaliers de la province du Hainaut se trouvent dans une situation intermédiaire (6 600 salariés).

À un niveau géographique plus fin, des différences existent. Ainsi dans la zone d’emploi de Flandre-Lys où est implanté un établissement de l’entreprise Bonduelle, l’industrie agroalimentaire emploie 7 % des effectifs salariés, une part proche de celle observée dans les arrondissements belges de Furnes (7 %), Ypres (8 %) et Mouscron (9 %) (figure 1).

Figure 1Présence de l’industrie agroalimentaire à la frontière belge

Présence de l’industrie agroalimentaire à la frontière belge
Code géographique Libellé Part de l’industrie agroalimentaire dans l’emploi salarié (en %)
3117 Maubeuge 3,7
3116 Cambrai 0,0
3115 Valenciennes 1,5
3111 Lille 1,4
3114 Douai 1,8
3110 Roubaix-Tourcoing 1,4
3113 Flandre-Lys 6,9
3112 Dunkerque 2,7
BE251 Bruges 0,0
BE252 Diksmuide 0,0
BE253 Ypres 7,7
BE254 Courtrai 2,4
BE255 Ostende 0,0
BE256 Roulers 0,0
BE257 Tielt 0,0
BE258 Furnes 6,8
BE321 Ath 1,8
BE322 Charleroi 0,0
BE323 Mons 0,7
BE324 Mouscron 9,3
BE325 Soignies 0,0
BE326 Thuin 1,5
BE327 Tournai 3,2
  • Lecture : l’industrie agroalimentaire représente 2,7 % des emplois salariés de la zone d’emploi de Dunkerque.
  • Sources : ONSS et RSZPPO, Insee CLAP 2015.

Figure 1Présence de l’industrie agroalimentaire à la frontière belge

en %
  • Lecture : l’industrie agroalimentaire représente 2,7 % des emplois salariés de la zone d’emploi de Dunkerque.
  • Sources : ONSS et RSZPPO, Insee CLAP 2015.

Une majorité d’établissements de petite taille

L’industrie agroalimentaire s’appuie sur un tissu de 1 700 établissements employeurs répartis de part et d’autre de la frontière. Ces derniers sont en grande majorité de petite taille. Un peu plus de six établissements sur dix comportent moins de cinq salariés côté belge contre 55 % sur le versant français. De part et d’autre de la frontière, les établissements de moins de dix salariés représentent un peu moins de 80 % des établissements (figure 2).

Figure 2Répartition par taille des établissements de l’industrie agroalimentaire dans les zones frontalières

Répartition par taille des établissements de l’industrie agroalimentaire dans les zones frontalières
Part des établissements de 1 à 4 salariés (en %) Part des établissements de 5 à 9 salariés (en %) Part des établissements de 10 à 99 salariés (en %) Part des établissements de 100 salariés et plus (en %) Ensemble
Département du Nord 55 22 20 3 100
Province du Hainaut 61 18 17 4 100
Province de Flandre-Occidentale 63 14 19 4 100
  • Lecture : 55 % des établissements de l’industrie agroalimentaire ont entre 1 et 4 salariés dans les zones frontalières du Nord.
  • Sources : ONSS et RSZPPO, Insee CLAP 2015.

Figure 2Répartition par taille des établissements de l’industrie agroalimentaire dans les zones frontalières

  • Lecture : 55 % des établissements de l’industrie agroalimentaire ont entre 1 et 4 salariés dans les zones frontalières du Nord.
  • Sources : ONSS et RSZPPO, Insee CLAP 2015.

L’emploi augmente côté belge, diminue côté français

Entre 2010 et 2015, le nombre de salariés dans l’industrie agroalimentaire augmente dans l’espace frontalier côté belge alors qu’il recule côté français. Ce secteur est ainsi à l’origine de la création de 600 emplois dans les zones frontalières du Hainaut et de 340 emplois dans celles de Flandre-Occidentale, soit des hausses respectives de + 12 % et + 5 %. L’évolution du secteur y est sensiblement supérieure à celle de l’emploi salarié total (respectivement + 2 % et + 1 %). Les plus fortes augmentations se concentrent dans les arrondissements de Mouscron (+ 500 emplois salariés), d’Ypres (+ 280) et de Tournai (+ 230).

Dans l’espace frontalier côté français, l’emploi salarié dans l’industrie agroalimentaire diminue légèrement sur la période (− 1 % soit - 160 emplois salariés) comme l’emploi salarié total (– 0,5 %). Cette évolution cache cependant des disparités. Ainsi, dans les zones d’emploi de Flandre-Lys et de Douai, les effectifs dans l’industrie agroalimentaire reculent de 240 et 150 unités respectivement alors qu’ils progressent de 340 salariés dans celle de Maubeuge.

Le pain et la pâtisserie bien représentés sur le territoire

Dans l’ensemble du département du Nord et de la province du Hainaut, une grande partie des établissements du secteur sont spécialisés dans la fabrication de pain et de pâtisserie fraîche. Ces activités emploient près d’un salarié sur trois de l’industrie agroalimentaire. Entre 2010 et 2015, dans le Nord, elles connaissent un fort développement avec la création de 480 emplois. Les pertes d’emploi du secteur s’y concentrent essentiellement dans deux activités : la fabrication de cacao, chocolat et produits de confiserie (– 160 emplois salariés), et la préparation-fabrication de légumes et fruits surgelés (– 150).

La croissance de l’emploi dans l’agroalimentaire côté belge profite du développement des activités de transformation, conservation et de préparation de la pomme de terre. Dans le Hainaut, ces activités sont aussi très présentes avec notamment l’implantation de Lutosa dans l’arrondissement de Tournai. Elles concentrent près du quart des emplois salariés de l’agroalimentaire de cette province. Entre 2010 et 2015, ce secteur est à l’origine de la création de 600 emplois salariés dans la province du Hainaut et de 250 dans celle de Flandre-Occidentale.

Au cours de la période, 380 emplois ont été également créés dans les activités de préparation-fabrication des légumes et fruits surgelés en Flandre-Occidentale. Dans cette province, la transformation, conservation et préparation de la viande ainsi que la préparation, fabrication de légumes et fruits surgelés sont les activités les plus représentées, chacune employant environ 15 % des salariés de l’industrie agroalimentaire. L’emploi dans la fabrication de pain et pâtisserie fraîche recule dans cette province (− 300) au cours de la période.

Encadré - « Compétences sans frontières » 

L’espace frontalier franco-belge dessine un marché de travail contrasté. En Flandre-Occidentale, le chômage est faible (4 %) tandis que la population active plus vieillissante fait apparaître des besoins de main-d’œuvre plus marqués. À l’opposé, de part et d’autre de la frontière dans le Nord et le Hainaut, plus d’un actif sur dix est au chômage et la population active y est plus jeune. Ce contraste ne s’accompagne pas pour autant par un développement du nombre de travailleurs transfrontaliers. Ce dernier reste ainsi stable au cours de la période récente.

Face à ce constat, le projet européen « Compétences sans frontières » a pour objectif d’améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi. Son action se concentre sur trois secteurs jugés porteurs en termes d’emploi, en raison du nombre de postes vacants et de leurs poids économique : l’industrie agroalimentaire, celle du textile et la construction. Le volet statistique du projet décrit ces trois secteurs pour alimenter des politiques ciblées.

Publication rédigée par :Laure Crusson, Pascale Hennebert, Mathieu Lecomte (Insee)

Définitions

Industrie agroalimentaire : il s’agit des divisions 10 et 11 de la nomenclature NAF rév. 2 : « produits des industries alimentaires » et « fabrication de boissons ».

Espace frontalier franco-belge : l’étude se concentre ici principalement sur les zones d’emploi françaises du département du Nord et les arrondissements belges des provinces de Flandre-Occidentale et du Hainaut jouxtant la frontière franco-belge (figure 1). Seule la dernière partie consacrée à l’analyse des secteurs d’activité est réalisée sur un niveau géographique agrégé, ensemble du département du Nord coté français, et des provinces de Flandre-Occidentale et du Hainaut côté belge.

Pour en savoir plus

Rapport interreg « Compétences sans frontières » sur l’industrie agroalimentaire à paraître

« Une baisse des actifs plus marquée en Belgique d’ici 2030 », Insee Analyses Hauts-de-France n° 108, février 2020

« 100 000 personnes dans la région travaillent dans l’agriculture et les IAA », Insee Flash Hauts-de-France n° 101, juillet 2020