Insee PremièreEn 30 ans, les disparités de revenu fiscal diminuent entre l’Île-de-France et la province, mais augmentent entre les départements d’Île-de-France

Robert Reynard (Insee)

En 2018, en France métropolitaine, le revenu fiscal par habitant, soit le revenu avant toute redistribution, est supérieur à la moyenne nationale dans la plupart des départements d’Île-de-France, dans cinq départements comprenant une grande agglomération et dans les départements proches de la Suisse.

Entre 1984 et 2018, l’écart entre l’Île-de-France et la province se réduit, mais les disparités entre les départements d’Île-de-France se creusent nettement. La situation relative de la Seine-Saint-Denis se dégrade, tandis que celle de Paris s’améliore.

Entre départements de province, les disparités sont globalement stables, bien que le revenu fiscal moyen progresse significativement dans les départements proches de la Suisse, avec l’essor du travail frontalier. Il augmente également plus que la moyenne nationale dans le Grand Ouest et sur le littoral atlantique, tandis que l’évolution est moins favorable dans les départements du bassin parisien.

Robert Reynard (Insee)
Insee Première No 1825- Novembre 2020

Le revenu fiscal est plus élevé en Île-de-France, dans les grandes agglomérations et près de la Suisse

En 2018, dans 17 départements, le par habitant est supérieur à la moyenne nationale (figure 1a). Parmi eux, il y a les départements de la région Île-de-France, sauf la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise. Cinq de ces 17 départements sont centrés sur de grandes agglomérations (Lyon, Toulouse, Nice, Bordeaux, Strasbourg), quatre départements sont limitrophes ou proches de la Suisse (Haute-Savoie, Ain, Haut-Rhin, Savoie) et deux départements sont situés sur le littoral du sud de la France (Var et Pyrénées-Atlantiques). La plupart de ces départements avec les revenus les plus élevés en 2018 se trouvaient déjà dans la même situation en 1984, à l’exception notamment de certains départements proches de la Suisse (figure 1b).

À l’autre extrémité de l’échelle des revenus fiscaux, dans six départements, le revenu moyen est inférieur d’au moins 20 % au niveau national. Trois d’entre eux sont situés au nord de la France : le Pas-de-Calais, l’Aisne et les Ardennes. La Creuse et l’Aude sont également dans ce cas, tout comme la Seine-Saint-Denis qui a un revenu par habitant inférieur de 25 % à la moyenne nationale. En 1984, les départements ayant les plus faibles revenus fiscaux par habitant étaient pour la plupart localisés au sud du Massif Central et en Corse.

Avec le revenu disponible (qui intègre les prestations sociales non imposables et les impôts directs), les disparités entre départements sont moindres (sources).

Figure 1a - Indice de revenu fiscal moyen par habitant en 2018

indice base 100 France métropolitaine
Figure 1a - Indice de revenu fiscal moyen par habitant en 2018 (indice base 100 France métropolitaine) - Lecture : en 2018, dans l’Ain, le revenu fiscal moyen par habitant est supérieur de 5 % à la moyenne de la France métropolitaine.
Ain 104,7
Aisne 79,1
Allier 85,3
Alpes-de-Haute-Provence 93,4
Hautes-Alpes 92,2
Alpes-Maritimes 117,8
Ardèche 88,6
Ardennes 79,9
Ariège 80,3
Aube 84,8
Aude 79,5
Aveyron 88,1
Bouches-du-Rhône 99,0
Calvados 92,6
Cantal 85,6
Charente 88,0
Charente-Maritime 97,5
Cher 88,4
Corrèze 88,1
Côte-d'Or 96,4
Côtes-d'Armor 91,5
Creuse 77,4
Dordogne 85,7
Doubs 96,2
Drôme 91,3
Eure 88,7
Eure-et-Loir 91,8
Finistère 94,0
Corse-du-Sud 92,0
Haute-Corse 80,9
Gard 86,6
Haute-Garonne 102,2
Gers 87,8
Gironde 101,8
Hérault 92,8
Ille-et-Vilaine 94,3
Indre 83,5
Indre-et-Loire 95,1
Isère 98,5
Jura 93,2
Landes 98,6
Loir-et-Cher 90,9
Loire 85,7
Haute-Loire 85,9
Loire-Atlantique 99,4
Loiret 94,0
Lot 88,9
Lot-et-Garonne 84,4
Lozère 80,9
Maine-et-Loire 86,7
Manche 89,4
Marne 95,2
Haute-Marne 82,8
Mayenne 84,0
Meurthe-et-Moselle 88,6
Meuse 81,9
Morbihan 95,3
Moselle 91,5
Nièvre 84,9
Nord 84,0
Oise 93,2
Orne 82,6
Pas-de-Calais 77,9
Puy-de-Dôme 92,8
Pyrénées-Atlantiques 101,0
Hautes-Pyrénées 86,9
Pyrénées-Orientales 84,5
Bas-Rhin 100,2
Haut-Rhin 105,5
Rhône 108,0
Haute-Saône 84,4
Saône-et-Loire 89,0
Sarthe 86,6
Savoie 105,1
Haute-Savoie 129,4
Paris 197,1
Seine-Maritime 89,3
Seine-et-Marne 100,3
Yvelines 136,3
Deux-Sèvres 86,7
Somme 82,7
Tarn 86,6
Tarn-et-Garonne 83,3
Var 105,5
Vaucluse 90,4
Vendée 92,9
Vienne 84,0
Haute-Vienne 86,6
Vosges 85,5
Yonne 88,7
Territoire de Belfort 90,4
Essonne 106,3
Hauts-de-Seine 160,4
Seine-Saint-Denis 74,8
Val-de-Marne 110,3
Val-d'Oise 97,8
  • Note : un indice supérieur à 100 indique que le revenu fiscal moyen par habitant du département est supérieur à la moyenne de la France métropolitaine.
  • Lecture : en 2018, dans l’Ain, le revenu fiscal moyen par habitant est supérieur de 5 % à la moyenne de la France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 1a - Indice de revenu fiscal moyen par habitant en 2018

  • Note : un indice supérieur à 100 indique que le revenu fiscal moyen par habitant du département est supérieur à la moyenne de la France métropolitaine.
  • Lecture : en 2018, dans l’Ain, le revenu fiscal moyen par habitant est supérieur de 5 % à la moyenne de la France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Les disparités augmentent en période de croissance économique

Dans 18 départements, le revenu rapporté à la moyenne nationale a diminué d’au moins 5 points entre 1984 et 2018. Ils sont presque tous situés en Île-de-France ou dans les régions limitrophes. Les plus fortes baisses ont lieu en Seine-Saint-Denis (– 30 points), dans le Val-d’Oise et l’Essonne (– 21 points), en Seine-et-Marne et dans le Val-de-Marne (– 16 points). À l’opposé, dans 27 départements, le revenu a augmenté d’au moins 5 points par rapport à la moyenne nationale. Outre Paris (+ 26 points), ces départements sont pour la plupart localisés sur l’arc atlantique, au sud du Massif Central, en Corse et à proximité de la Suisse. La Haute-Savoie présente la plus forte progression (+ 36 points).

Globalement, les disparités de revenu fiscal moyen entre départements s’accentuent ou se réduisent au cours de la période 1984-2018 selon les cycles économiques (figure 2). Elles ont tendance à augmenter en période de croissance économique : entre 1987 et 1990, entre 1996 et 2000, puis entre 2013 et 2018. Elles ont tendance à diminuer en période de récession, ou lorsque la croissance économique est plus modérée, le point le plus bas étant atteint en 2013. Néanmoins, ce lien n’est pas systématique : au début des années 2000, les disparités ont diminué, alors que la croissance était relativement forte.

Figure 2 - Disparités de revenu fiscal moyen par habitant entre départements entre 1984 et 2018

Indice de Theil
Figure 2 - Disparités de revenu fiscal moyen par habitant entre départements entre 1984 et 2018 (Indice de Theil) - Lecture : entre 2013 et 2018, les disparités de revenu fiscal moyen par habitant entre les départements augmentent.
Indice de Theil
1984 2,1
1985 2,1
1986 2,1
1987 2,2
1988 2,5
1989 2,3
1990 2,8
1991 2,6
1992 2,5
1993 2,5
1994 2,3
1995 2,1
1996 2,1
1997 2,2
1998 2,3
1999 2,5
2000 2,7
2001 2,5
2002 2,3
2003 2,1
2004 2,2
2005 2,1
2006 2,1
2007 2,2
2008 2,0
2009 1,8
2010 1,9
2011 2,0
2012 1,9
2013 1,8
2014 1,8
2015 2,0
2016 2,0
2017 2,1
2018 2,4
  • Note : indice de Theil des revenus fiscaux moyens, calculé au niveau des départements.
  • Lecture : entre 2013 et 2018, les disparités de revenu fiscal moyen par habitant entre les départements augmentent.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 2 - Disparités de revenu fiscal moyen par habitant entre départements entre 1984 et 2018

  • Note : indice de Theil des revenus fiscaux moyens, calculé au niveau des départements.
  • Lecture : entre 2013 et 2018, les disparités de revenu fiscal moyen par habitant entre les départements augmentent.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

L’écart entre l’Île-de-France et la province se réduit

L’ampleur des disparités de revenus entre les départements de France métropolitaine peut s’analyser comme la somme de trois composantes : l’écart entre le revenu moyen de l’Île-de-France et celui du reste de la France métropolitaine, les disparités entre les départements au sein de la région Île-de-France, et les disparités entre les départements de province.

Depuis le début des années 2000, l’écart entre l’Île-de-France et la province tend à se réduire. En 1984, cet écart contribuait le plus aux disparités globales (figure 3). Entre 1984 et 2000, le revenu fiscal par habitant de l’Île-de-France était supérieur d’environ 50 % à celui de la province. L’écart se réduit à 33 % en 2013 mais remonte à 37 % en 2018.

Figure 3 - Décomposition de l’indice de disparités interdépartementales de revenu fiscal moyen par habitant (Île-de France et province)

indice de Theil
Figure 3 - Décomposition de l’indice de disparités interdépartementales de revenu fiscal moyen par habitant (Île-de France et province) (indice de Theil) - Lecture : les disparités entre départements d’Île-de-France augmentent et contribuent de plus en plus à la hausse globale des disparités entre les départements de France métropolitaine.
Entre départements de province Entre départements d’Île-de-France Entre Île-de-France et province
1984 0,4 0,2 1,5
1985 0,4 0,3 1,5
1986 0,4 0,3 1,5
1987 0,4 0,3 1,5
1988 0,4 0,4 1,7
1989 0,4 0,3 1,6
1990 0,4 0,5 1,9
1991 0,4 0,4 1,8
1992 0,4 0,4 1,7
1993 0,3 0,4 1,7
1994 0,3 0,4 1,6
1995 0,3 0,4 1,4
1996 0,3 0,4 1,4
1997 0,3 0,5 1,4
1998 0,3 0,5 1,4
1999 0,3 0,6 1,6
2000 0,3 0,7 1,7
2001 0,3 0,6 1,6
2002 0,3 0,6 1,3
2003 0,3 0,6 1,2
2004 0,3 0,6 1,3
2005 0,3 0,6 1,2
2006 0,3 0,6 1,2
2007 0,3 0,7 1,2
2008 0,3 0,6 1,1
2009 0,3 0,6 0,9
2010 0,3 0,6 1,0
2011 0,3 0,6 1,0
2012 0,3 0,6 0,9
2013 0,3 0,6 0,8
2014 0,3 0,6 0,9
2015 0,4 0,7 0,9
2016 0,4 0,7 0,9
2017 0,4 0,8 0,9
2018 0,4 0,9 1,1
  • Note : indice de Theil des revenus fiscaux moyens, calculé au niveau des départements.
  • Lecture : les disparités entre départements d’Île-de-France augmentent et contribuent de plus en plus à la hausse globale des disparités entre les départements de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 3 - Décomposition de l’indice de disparités interdépartementales de revenu fiscal moyen par habitant (Île-de France et province)

  • Note : indice de Theil des revenus fiscaux moyens, calculé au niveau des départements.
  • Lecture : les disparités entre départements d’Île-de-France augmentent et contribuent de plus en plus à la hausse globale des disparités entre les départements de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Les disparités de revenu fiscal entre les départements d’Île-de-France ont augmenté significativement entre 1984 et 2018 alors qu’elles étaient faibles en 1984. En fin de période, elles contribuent même presque autant que les disparités entre l’Île-de-France et la province. En effet, au cours des trente dernières années, les évolutions sont divergentes dans les huit départements franciliens (figure 4). L’avance de Paris s’accentue, les Hauts-de-Seine et les Yvelines se maintiennent nettement au-dessus de la moyenne nationale. Dans quatre départements (Val-de-Marne, Essonne, Seine-et-Marne, Val-d’Oise), le revenu fiscal moyen se rapproche du niveau national alors qu’il était nettement supérieur à la moyenne en 1984. Enfin, en Seine-Saint-Denis, où le revenu moyen était initialement le plus faible d’Île-de-France mais proche de la moyenne nationale, le revenu moyen, rapporté à la moyenne de la France métropolitaine, diminue fortement et de façon continue (– 30 points sur la période) ; il s’agit de la plus forte baisse de tous les départements français. Depuis les années 1980, les situations de pauvreté se sont amplifiées dans ce département. Le taux de chômage, qui était proche de la moyenne nationale en 1984, y est désormais supérieur de 3 points. Les nouveaux emplois créés en Seine-Saint-Denis ces dernières années sont souvent occupés par des personnes qui ne résident pas dans le département. Ainsi, le nombre d’emplois dans le département a augmenté de 8,2 % entre 2007 et 2017, alors que le nombre d’actifs occupés résidant dans la zone n’a progressé que de 4,6 % sur la même période.

Entre les départements de province, les disparités sont plus limitées et restent assez stables au cours du temps. Les contributions des départements de province à ces disparités varient peu durant la période, sauf pour la Haute-Savoie, où le revenu moyen a le plus augmenté. Inférieur au niveau national en 1984, il est supérieur de 29 % en 2018. Cela s’explique par l’essor du travail frontalier : le nombre de personnes résidant en Haute-Savoie et travaillant en Suisse a plus que doublé au cours des quinze dernières années.

Figure 4 - Indices de revenu fiscal moyen par habitant dans les départements
d’Île-de-France entre 1984 et 2018

indice base 100 France métropolitaine
Figure 4 - Indices de revenu fiscal moyen par habitant dans les départements
d’Île-de-France entre 1984 et 2018 (indice base 100 France métropolitaine) - Lecture : en 2018, le revenu fiscal moyen par habitant à Paris est supérieur de 97 % à la moyenne de la France métropolitaine tandis que celui de la Seine-Saint-Denis est inférieur de 25 %.
Paris Hauts-de-Seine Yvelines Val-de-Marne Essonne Seine-et-Marne Val-d'Oise Seine-Saint-Denis
1984 171,1 153,3 137,7 126,4 127,0 116,6 119,0 105,1
1985 172,2 154,0 138,3 126,9 127,3 116,7 118,9 104,1
1986 173,2 154,3 138,6 126,8 127,2 116,0 118,2 103,0
1987 174,6 155,7 139,1 127,2 127,0 115,3 117,8 102,0
1988 184,5 159,8 139,8 126,7 125,6 113,4 115,9 100,1
1989 178,3 157,8 139,8 127,9 126,3 113,7 116,4 100,8
1990 190,2 164,4 141,8 129,0 124,9 112,5 115,1 98,5
1991 186,7 163,4 142,0 129,2 126,5 113,0 115,8 99,0
1992 184,4 162,6 141,1 128,4 125,9 111,9 114,7 98,9
1993 185,6 163,5 141,3 128,5 125,6 110,8 114,0 98,1
1994 181,6 160,5 141,1 127,2 124,8 110,4 113,3 97,2
1995 178,1 158,3 139,2 125,7 123,4 109,7 111,9 95,9
1996 179,9 157,6 138,3 124,9 122,1 108,6 110,0 94,3
1997 183,9 160,1 139,5 123,4 122,1 108,4 108,8 91,8
1998 184,7 161,1 140,7 123,1 121,4 108,2 108,4 90,6
1999 192,5 164,7 143,1 122,5 121,9 107,3 107,1 89,4
2000 197,1 165,7 145,1 122,3 120,0 107,3 107,4 88,4
2001 194,5 163,0 141,7 120,9 119,6 107,5 106,5 87,7
2002 188,0 159,7 139,4 119,4 117,2 106,7 105,0 86,3
2003 186,0 157,1 138,5 117,9 116,0 105,9 103,5 84,6
2004 188,2 159,5 138,4 117,2 115,4 106,0 103,1 83,4
2005 186,8 157,6 138,8 116,8 114,9 105,2 102,7 83,2
2006 186,7 155,4 138,8 116,0 113,7 105,7 102,5 82,4
2007 190,3 157,3 139,1 115,1 113,1 104,5 101,9 81,1
2008 183,2 155,5 137,7 115,1 113,5 105,2 102,1 81,3
2009 175,6 152,7 136,1 115,1 114,4 105,7 102,5 81,3
2010 178,5 154,0 136,6 114,3 113,6 104,7 102,2 80,5
2011 180,8 154,2 137,8 113,5 112,2 103,9 101,0 79,3
2012 178,6 153,0 137,3 112,9 112,0 103,4 100,6 79,0
2013 175,0 151,6 136,4 112,1 111,5 103,8 100,8 78,9
2014 177,8 153,0 137,1 111,8 110,9 103,4 100,0 78,4
2015 182,1 154,6 137,1 111,5 110,0 102,1 99,2 77,2
2016 183,3 156,1 136,6 111,1 109,4 102,0 98,7 76,6
2017 188,1 155,5 136,2 110,2 108,1 101,2 98,1 75,3
2018 197,1 160,4 136,3 110,3 106,3 100,3 97,8 74,8
  • Lecture : en 2018, le revenu fiscal moyen par habitant à Paris est supérieur de 97 % à la moyenne de la France métropolitaine tandis que celui de la Seine-Saint-Denis est inférieur de 25 %.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 4 - Indices de revenu fiscal moyen par habitant dans les départements
d’Île-de-France entre 1984 et 2018

  • Lecture : en 2018, le revenu fiscal moyen par habitant à Paris est supérieur de 97 % à la moyenne de la France métropolitaine tandis que celui de la Seine-Saint-Denis est inférieur de 25 %.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Une dynamique plus favorable à l’Ouest, au Sud et à proximité de la Suisse

Les départements où le revenu moyen progresse moins vite qu’au plan national dessinent une vaste zone qui recouvre tout le bassin parisien et s’étend au-delà, notamment vers le nord, l’est et une large partie au nord du Massif Central (figure 5). Dans le bassin parisien, pour une vingtaine de départements, l’augmentation est moins forte d’au moins 5 points par rapport à l’évolution nationale. Pour certains d’entre eux, notamment les plus proches de l’Île-de-France (par exemple l’Eure, l’Eure-et-Loir ou le Loiret), qui présentaient initialement un niveau de revenu supérieur à la moyenne nationale, ce ralentissement les rapproche de la moyenne (figure 6). Mais pour beaucoup d’autres (tels l’Aube, l’Yonne ou l’Oise), un décrochage par rapport à la moyenne contribue à creuser les écarts entre départements.

À l’inverse, les départements de province où la hausse est plus favorable qu’au niveau national se concentrent dans trois espaces bien identifiables : le premier couvre le « Grand Ouest » (Bretagne et Pays de la Loire notamment), le deuxième englobe les départements proches de la Suisse et le troisième dessine une bande qui va du sud du Massif Central au littoral atlantique. Tous ces départements, de même que la Corse, contribuent à réduire les disparités, dans la mesure où le revenu fiscal moyen en 1984 y était inférieur à la moyenne nationale. Les moteurs de la croissance des revenus dans ces trois types d’espaces sont différents : fort dynamisme économique dans l’ouest de la France, essor du travail frontalier près de la frontière suisse, arrivées de retraités dans le sud.

Figure 5 - Évolution des indices de revenu fiscal moyen par habitant entre 1984 et 2018

évolution des indices (en points)
Figure 5 - Évolution des indices de revenu fiscal moyen par habitant entre 1984 et 2018 (évolution des indices (en points)) - Lecture : entre 1984 et 2018, dans l’Ain, l’indice de revenu fiscal moyen par habitant (par rapport à la France métropolitaine) a augmenté de 12,5 points.
Ain 12,5
Aisne -9,4
Allier -3,7
Alpes-de-Haute-Provence 1,1
Hautes-Alpes 0,2
Alpes-Maritimes 3,3
Ardèche 9,7
Ardennes -2,2
Ariège -0,3
Aube -12,9
Aude -0,4
Aveyron 14,0
Bouches-du-Rhône 3,2
Calvados 3,3
Cantal 16,2
Charente 1,2
Charente-Maritime 13,0
Cher -4,5
Corrèze 3,9
Côte-d'Or -4,2
Côtes-d'Armor 7,0
Creuse 6,0
Dordogne 4,8
Doubs 7,6
Drôme 3,2
Eure -11,4
Eure-et-Loir -10,9
Finistère 2,0
Corse-du-Sud 23,8
Haute-Corse 20,5
Gard -1,0
Haute-Garonne 2,0
Gers 10,5
Gironde 3,6
Hérault 4,1
Ille-et-Vilaine 6,0
Indre -4,5
Indre-et-Loire 2,7
Isère -0,4
Jura 4,4
Landes 8,0
Loir-et-Cher -5,3
Loire -4,7
Haute-Loire 14,5
Loire-Atlantique 6,1
Loiret -12,2
Lot 10,5
Lot-et-Garonne 6,6
Lozère 10,4
Maine-et-Loire 3,1
Manche 8,0
Marne -9,7
Haute-Marne -1,5
Mayenne 2,1
Meurthe-et-Moselle -4,4
Meuse -2,7
Morbihan 9,1
Moselle 3,1
Nièvre -6,2
Nord -4,2
Oise -6,7
Orne -0,1
Pas-de-Calais -3,0
Puy-de-Dôme -1,4
Pyrénées-Atlantiques 7,6
Hautes-Pyrénées -0,3
Pyrénées-Orientales 0,2
Bas-Rhin -1,0
Haut-Rhin 3,0
Rhône -1,3
Haute-Saône 3,3
Saône-et-Loire 0,8
Sarthe -3,0
Savoie 5,3
Haute-Savoie 36,2
Paris 26,0
Seine-Maritime -8,4
Seine-et-Marne -16,3
Yvelines -1,4
Deux-Sèvres 4,8
Somme -6,0
Tarn 0,8
Tarn-et-Garonne 5,8
Var 3,5
Vaucluse 1,9
Vendée 11,2
Vienne -2,2
Haute-Vienne -5,2
Vosges -2,1
Yonne -7,8
Territoire de Belfort -3,8
Essonne -20,7
Hauts-de-Seine 7,1
Seine-Saint-Denis -30,3
Val-de-Marne -16,1
Val-d'Oise -21,2
  • Lecture : entre 1984 et 2018, dans l’Ain, l’indice de revenu fiscal moyen par habitant (par rapport à la France métropolitaine) a augmenté de 12,5 points.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 5 - Évolution des indices de revenu fiscal moyen par habitant entre 1984 et 2018

  • Lecture : entre 1984 et 2018, dans l’Ain, l’indice de revenu fiscal moyen par habitant (par rapport à la France métropolitaine) a augmenté de 12,5 points.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 6 - Évolution des indices de revenu fiscal moyen par habitant entre 1984 et 2018, selon le revenu de 1984

évolution des indices
Figure 6 - Évolution des indices de revenu fiscal moyen par habitant entre 1984 et 2018, selon le revenu de 1984 (évolution des indices) - Lecture : dans le Var, l’indice de revenu fiscal moyen par habitant a augmenté entre 1984 et 2018 ; en 1984, le revenu était supérieur à la moyenne de France métropolitaine.
Variations
Ain Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Aisne Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Allier Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Alpes-de-Haute-Provence Stabilité
Hautes-Alpes Stabilité
Alpes-Maritimes Augmentation avec revenu initial supérieur à la moyenne
Ardèche Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Ardennes Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Ariège Stabilité
Aube Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Aude Stabilité
Aveyron Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Bouches-du-Rhône Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Calvados Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Cantal Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Charente Stabilité
Charente-Maritime Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Cher Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Corrèze Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Côte-d'Or Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Côtes-d'Armor Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Creuse Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Dordogne Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Doubs Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Drôme Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Eure Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Eure-et-Loir Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Finistère Stabilité
Corse-du-Sud Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Haute-Corse Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Gard Stabilité
Haute-Garonne Stabilité
Gers Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Gironde Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Hérault Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Ille-et-Vilaine Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Indre Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Indre-et-Loire Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Isère Stabilité
Jura Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Landes Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Loir-et-Cher Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Loire Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Haute-Loire Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Loire-Atlantique Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Loiret Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Lot Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Lot-et-Garonne Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Lozère Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Maine-et-Loire Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Manche Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Marne Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Haute-Marne Stabilité
Mayenne Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Meurthe-et-Moselle Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Meuse Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Morbihan Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Moselle Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Nièvre Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Nord Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Oise Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Orne Stabilité
Pas-de-Calais Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Puy-de-Dôme Stabilité
Pyrénées-Atlantiques Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Hautes-Pyrénées Stabilité
Pyrénées-Orientales Stabilité
Bas-Rhin Stabilité
Haut-Rhin Augmentation avec revenu initial supérieur à la moyenne
Rhône Stabilité
Haute-Saône Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Saône-et-Loire Stabilité
Sarthe Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Savoie Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Haute-Savoie Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Paris Augmentation avec revenu initial supérieur à la moyenne
Seine-Maritime Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Seine-et-Marne Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Yvelines Stabilité
Deux-Sèvres Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Somme Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Tarn Stabilité
Tarn-et-Garonne Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Var Augmentation avec revenu initial supérieur à la moyenne
Vaucluse Stabilité
Vendée Augmentation avec revenu initial inférieur à la moyenne
Vienne Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Haute-Vienne Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Vosges Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Yonne Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Territoire de Belfort Diminution avec revenu initial inférieur à la moyenne
Essonne Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Hauts-de-Seine Augmentation avec revenu initial supérieur à la moyenne
Seine-Saint-Denis Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Val-de-Marne Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
Val-d'Oise Diminution avec revenu initial supérieur à la moyenne
  • Note : l’indice est considéré comme stable si sa variation est comprise entre – 2 et + 2 points.
  • Lecture : dans le Var, l’indice de revenu fiscal moyen par habitant a augmenté entre 1984 et 2018 ; en 1984, le revenu était supérieur à la moyenne de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Figure 6 - Évolution des indices de revenu fiscal moyen par habitant entre 1984 et 2018, selon le revenu de 1984

  • Note : l’indice est considéré comme stable si sa variation est comprise entre – 2 et + 2 points.
  • Lecture : dans le Var, l’indice de revenu fiscal moyen par habitant a augmenté entre 1984 et 2018 ; en 1984, le revenu était supérieur à la moyenne de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations annuelles départementales de population ; DGFiP.

Sources

Seul le revenu fiscal déclaré est analysé ici. Il provient des déclarations des particuliers aux services fiscaux, permettant d’établir l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP - DGFiP). Le revenu moyen est calculé en rapportant la somme des revenus fiscaux à la population du département, issue des estimations de population. Au cours de la période étudiée (1984-2018), les déclarations de revenus ont fait l’objet de nombreuses modifications législatives et réglementaires, qui ont pu provoquer des ruptures de séries dans les données, la plus importante étant la suppression de l’abattement de 20 % sur le revenu imposable pour les traitements, salaires, retraites et pensions, intervenue en 2006. L’impact de ces modifications ne pouvant pas être estimé au niveau départemental, à partir des données disponibles, les comparaisons entre départements sont établies à partir de l’indice de revenu moyen du département, exprimé à chaque date en base 100 pour la France métropolitaine. Ceci revient à considérer implicitement que les effets de ces modifications sont uniformes sur le territoire national.

L’évolution des disparités entre départements sur la période 1984-2018 est analysée à partir des revenus fiscaux. Ceux-ci ne prennent en compte ni les prestations sociales non imposables ni les impôts directs, qui contribuent à réduire les disparités par leur effet redistributif. En effet, les revenus disponibles ne sont pas connus à l’échelle départementale sur 30 ans. En revanche, pour les années plus récentes, la source Filosofi fournit des données sur le revenu disponible des ménages.

Les disparités de revenus entre départements sont mesurées avec l’indice de Theil, appliqué aux indices de revenu moyen (base 100 pour la France métropolitaine), pondéré par le nombre d’habitants. Son niveau n’est pas directement interprétable, mais son évolution reflète la dynamique des disparités.

L’étude porte sur les départements de France métropolitaine. Les DOM ne sont pas pris en compte, car les données ne sont pas disponibles sur toute la période étudiée.

Définitions

Le revenu fiscal (ou revenu déclaré) est constitué des ressources mentionnées sur la déclaration des revenus. Il comprend le cumul des revenus d’activité salariée ou non salariée, des indemnités de chômage, de maladie, des pensions d’invalidité ou de retraite ainsi qu’une partie des revenus du patrimoine. Les pensions alimentaires versées sont exclues ainsi que les revenus exceptionnels et les revenus du patrimoine exonérés d’impôt (épargne logement, etc.).
Il s’agit du revenu avant déductions et abattements accordés par la législation fiscale. Ces revenus sont nets de cotisations sociales et de la contribution sociale généralisée (CSG).

Pour en savoir plus

Debouzy I., Simon A., « Le travail frontalier en forte croissance : 115 000 habitants de la région employés en Suisse », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes n° 101, juillet 2020.

Molina V., « Un niveau de vie et des disparités de revenus plus élevés en Île-de-France et dans les communes denses », Insee Focus n° 196, juin 2020.

Chevrot J. et al., « La Seine-Saint-Denis : entre dynamisme économique et difficultés sociales persistantes », Insee Analyses Île-de-France n° 114, février 2020.

Blasco J., Picard S., « Quarante ans d’inégalités de niveau de vie et de redistribution en France (1975-2016) », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2019.

Brendler J., Hurard C., « En 25 ans, les disparités territoriales de revenu se sont accentuées en Normandie », Insee Analyses Normandie n° 73, décembre 2019.

Behaghel L., « La dynamique des écarts de revenu sur le territoire métropolitain (1984-2002) », Économie et statistique n° 415-416-2008, mars 2009.