Insee Flash Bourgogne-Franche-ComtéEn Bourgogne-Franche-Comté, plus de décès désormais que de naissances

Mélanie Chassard, Insee

Après plusieurs années d’une croissance démographique atone, la région Bourgogne-Franche-Comté perdrait pour la première fois des habitants à partir du 1er janvier 2015. En deux ans, elle compterait près de 3 700 habitants de moins. En rythme annuel, la population diminuerait ainsi de 0,1 % par an. Conséquence du vieillissement de la population, le solde naturel, proche de l’équilibre en 2015, est devenu largement déficitaire en 2016. Ce déficit ne serait pas compensé par le solde migratoire, lui-même négatif depuis plusieurs années. Selon les départements, les dynamiques démographiques sont contrastées. Le Doubs et la Côte-d’Or continueraient de gagner des habitants, quand la déprise démographique s’accentuerait en Haute-Saône et dans la Nièvre.

Mélanie Chassard, Insee
Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté No 52- Janvier 2018

Au 1er janvier 2017, la Bourgogne-Franche-Comté compterait 2 817 200 habitants (estimation provisoire), soit 3 700 de moins qu’au 1er janvier 2015. En rythme annuel, le nombre d’habitants diminuerait ainsi légèrement, de l’ordre de 0,1 % par an entre 2015 et 2017. Cette baisse ferait suite au ralentissement de la croissance démographique déjà observé au cours des périodes précédentes : après une hausse de  0,3 % par an entre 2005 et 2010, la population régionale n’avait progressé que de 0,1 % entre 2010 et 2015.

Croissance démographique portée par la moitié sud du pays

En France métropolitaine, ce ralentissement intervient aussi, mais de façon moindre. Toutefois, la population continuerait d’augmenter, à un rythme annuel de 0,4 % entre 2015 et 2017. Cette croissance serait portée par les régions de la moitié sud de la France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Occitanie et la Corse notamment où la croissance démographique serait la plus dynamique, dépassant  0,6 % par an. La région PACA ferait exception, avec une croissance démographique qui continuerait de se tasser.

Sur cette période, seules la Bourgogne-Franche-Comté et dans une moindre mesure la région Grand Est perdraient des habitants (figure 1).

En Bourgogne-Franche-Comté, la population diminuerait sous le double effet d’un déficit migratoire et d’un déficit naturel (figure 2). Avec un solde négatif estimé à environ 1 200 personnes en 2015 et en 2016, les migrations résidentielles vers la région ne compenseraient toujours pas les départs. Parallèlement, les décès l’emporteraient sur les naissances. En effet, le moteur naturel, encore positif en 2014, s’est infléchi pour devenir légèrement négatif en 2015 sous l’effet conjugué d’une baisse des naissances et d’une hausse des décès.
En 2016, ce déficit s’accentuerait encore, les naissances reculant encore pour un nombre de décès stable par rapport à 2015. À partir de 2016 et pour la première fois, le déficit naturel deviendrait plus fort que le déficit migratoire.

Figure 1La Bourgogne-Franche-Comté aurait la croissance démographique la plus faible entre 2015 et 2017Évolution annuelle moyenne de la population entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017 par région (%)

en %
La Bourgogne-Franche-Comté aurait la croissance démographique la plus faible entre 2015 et 2017 (en %)
Code région Région Évolution annuelle moyenne 2017/2015
11 Île-de-France 0,46
24 Centre-Val de Loire 0,07
27 Bourgogne-Franche-Comté -0,07
28 Normandie 0,05
32 Hauts-de-France 0,09
44 Grand Est -0,04
52 Pays de la Loire 0,63
53 Bretagne 0,44
75 Nouvelle-Aquitaine 0,49
76 Occitanie 0,76
84 Auvergne-Rhône-Alpes 0,69
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 0,40
94 Corse 1,06
  • Source : Insee, Recensement de la population 2015, estimation de population 2017

Figure 1La Bourgogne-Franche-Comté aurait la croissance démographique la plus faible entre 2015 et 2017Évolution annuelle moyenne de la population entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017 par région (%)

  • Source : Insee, Recensement de la population 2015, estimation de population 2017

Baisse des naissances et augmentation des décès sont loin d’être propres à la région ; les mêmes tendances se manifestant au niveau national. Elles sont dues à la contraction du taux de fécondité depuis 2014, entraînant une diminution du nombre de naissances par femme. Ce phénomène est largement amplifié par le vieillissement général de la population qui compte moins de femmes en âge de procréer. Parallèlement, l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de plus forte mortalité contribue à la hausse du nombre de décès.

Figure 2Au 1er janvier 2017, 2 817 266 habitants en Bourgogne-Franche-ComtéÉvolution générale de la situation démographique

Au 1er janvier 2017, 2 817 266 habitants en Bourgogne-Franche-Comté
Estimation de population au 1er janvier 2017 (provisoire) Population légale au 1er janvier 2015 Période 2015-2017 Solde naturel 2015 Solde naturel 2016
Évolution annuelle moyenne (provisoire) Due au solde naturel (provisoire) Due au solde migratoire (provisoire)
Côte-d'Or 535 800 533 147 +0,2 +0,1 +0,1 +676 +559
Doubs 539 900 536 959 +0,3 +0,4 -0,1 +2 079 +1 878
Jura 259 900 260 587 -0,1 -0,1 -0,0 -165 -204
Nièvre 208 000 211 747 -0,9 -0,6 -0,3 -1 188 -1 320
Haute-Saône 235 600 237 706 -0,4 -0,1 -0,3 -53 -286
Saône-et-Loire 554 100 555 408 -0,1 -0,2 +0,1 -1 185 -1 390
Yonne 339 400 340 903 -0,2 -0,2 -0,0 -516 -766
Territoire de Belfort 144 500 144 483 +0,0 +0,2 -0,2 +220 +331
Bourgogne-Franche-Comté 2 817 200 2 820 940 -0,1 -0,0 -0,1 -132 -1 198
France métropolitaine 64 801 100 64 300 821 +0,4 +0,3 +0,1 +178 651 +163 624
  • Source : Insee, recensement de la population 2015, estimations de population 2016 à 2017, statistiques de l'état civil 2015 à 2016

Le déficit naturel se creuse en 2016

En Bourgogne-Franche-Comté, les personnes âgées de 60 ans ou plus représentent 28 % de la population régionale, soit trois points de plus qu’en moyenne nationale. Les effets du vieillissement de la population y sont donc plus marqués et conduisent à enregistrer 1 200 décès de plus que de naissances en 2016.

Si ces tendances se prolongeaient, le déficit naturel se creuserait encore en 2017. Selon les premières estimations, la région pourrait compter 2 800 décès de plus que de naissances, ce qui, à solde migratoire inchangé, porterait la population régionale à 2 813 200 habitants au 1er janvier 2018, un niveau proche de celui constaté au 1er janvier 2010 (figure 3).

Figure 3En 2016, plus de décès que de naissancesÉvolution du solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 1999

effectifs en milliers
En 2016, plus de décès que de naissances (effectifs en milliers)
Année Naissances Décès
1999 32,0 28,1
2000 33,0 27,4
2001 32,2 27,3
2002 31,6 27,5
2003 31,7 28,3
2004 32,1 26,0
2005 31,9 27,2
2006 32,8 26,7
2007 32,4 26,6
2008 32,6 27,1
2009 32,1 27,6
2010 32,2 27,3
2011 31,4 27,8
2012 31,2 28,4
2013 30,5 28,2
2014 30,2 27,7
2015 29,3 29,5
2016 28,3 29,5
  • Source : Insee, État-Civil

Figure 3En 2016, plus de décès que de naissancesÉvolution du solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 1999

  • Source : Insee, État-Civil

Dans les départements de la région, le Doubs et la Côte-d’Or seraient les seuls à gagner des habitants entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017, grâce notamment à un solde naturel positif. La croissance démographique, de 0,3 % par an, serait plus dynamique dans le Doubs, portée par un solde naturel élevé. En Côte-d’Or, elle progresserait de  0,2 % par an, le département bénéficiant à la fois d’un solde naturel positif et d’un excédent migratoire.

Le nombre d’habitants se stabiliserait dans le Territoire de Belfort, l’excédent des naissances sur les décès compensant des migrations déficitaires.

Dans le Jura et la Saône-et-Loire, la population diminuerait de 0,1 % par an, un taux proche de la moyenne régionale. Toutefois, les deux moteurs de la croissance démographique n’agiraient pas de la même façon : solde migratoire et solde naturel, tous deux légèrement déficitaires, contribueraient à parts égales à la baisse du nombre d’habitants dans le Jura, alors que l’excédent migratoire à l’œuvre depuis plusieurs années en Saône-et-Loire serait insuffisant pour compenser le solde naturel négatif.

Déprise démographique en Haute-Saône et dans la Nièvre

Dans l’Yonne, où les arrivées et départs de population s’équilibrent, le nombre d’habitants diminuerait au rythme de 0,2 % par an en raison d’un excédent des décès sur les naissances. La baisse serait plus soutenue dans la Nièvre et en Haute-Saône. La population haut-saônoise diminuerait au rythme de 0,4 % par an, essentiellement en raison de migrations déficitaires. Dans la Nièvre, département qui compte près de 35 % de personnes âgées de 60 ans ou plus, le déficit naturel expliquerait les deux tiers de la baisse démographique qui serait l’une des plus fortes de France (- 0,9 % par an) (figure 4).

Figure 4Le Doubs et la Côte-d'Or auraient la croissance la plus forteÉvolution annuelle moyenne de la population entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017 par département

en %
Le Doubs et la Côte-d'Or auraient la croissance la plus forte (en %)
Département Évolution annuelle moyenne 2017/2015
01 0,95
02 -0,27
03 -0,25
04 -0,01
05 0,17
06 -0,05
07 0,46
08 -0,74
09 -0,01
10 0,30
11 0,32
12 0,24
13 0,46
14 0,13
15 -0,40
16 -0,14
17 0,46
18 -0,46
19 0,00
21 0,25
22 0,03
23 -0,45
24 -0,21
25 0,28
26 0,78
27 0,48
28 0,03
29 0,11
2A 1,55
2B 0,64
30 0,46
31 1,34
32 0,11
33 1,35
34 1,20
35 1,00
36 -0,82
37 0,36
38 0,59
39 -0,14
40 0,74
41 0,00
42 0,15
43 0,09
44 1,17
45 0,42
46 -0,39
47 0,02
48 -0,33
49 0,45
50 -0,14
51 0,08
52 -0,71
53 -0,15
54 -0,04
55 -0,57
56 0,40
57 -0,16
58 -0,88
59 0,13
60 0,36
61 -0,46
62 0,08
63 0,41
64 0,38
65 -0,16
66 0,80
67 0,27
68 0,24
69 1,04
70 -0,44
71 -0,12
72 -0,06
73 0,44
74 1,51
75 -0,56
76 0,00
77 0,79
78 0,27
79 0,14
80 -0,09
81 0,56
82 0,98
83 0,75
84 0,52
85 0,70
86 0,27
87 -0,14
88 -0,62
89 -0,22
90 0,00
91 0,99
92 0,25
93 1,12
94 0,70
95 0,76
  • Source : Insee, Recensement de la population 2015, estimation de population 2017

Figure 4Le Doubs et la Côte-d'Or auraient la croissance la plus forteÉvolution annuelle moyenne de la population entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017 par département

  • Source : Insee, Recensement de la population 2015, estimation de population 2017

Pour en savoir plus

« Populations légales en Bourgogne-Franche-Comté : 2 820 940 habitants au1er janvier 2015 », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 49, décembre 2017.

« Les communes de Bourgogne-Franche-Comté présentent des évolutions démographiques contrastées », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 50, décembre 2017.

Papon S., Beaumel C., « Bilan démographique 2017 : Plus de 67 millions d’habitants en France au 1ᵉʳ janvier 2018 », Insee première n° 1683, janvier 2018.