Insee Analyses BretagneRennes Métropole : des jeunes plus souvent en emploi ou en formation qu’ailleurs

Serge Le Guen et Valérie Molina, Insee

En 2013, 109 000 jeunes de 16 à 29 ans habitent Rennes Métropole. Ils résident majoritairement dans la ville centre de Rennes. Ils sont plus souvent étudiants et moins fréquemment concernés par le chômage que dans l’ensemble des métropoles (hors Paris). Toutefois, 11 % d’entre eux ne sont ni en emploi ni en formation, et 5 % sont sortis du système éducatif avec un niveau de formation inférieur ou égal au brevet des collèges, se trouvant ainsi en situation de décrochage scolaire. Bien que moins présents dans la métropole rennaise, ces jeunes connaissent des difficultés pour s'insérer sur le marché du travail.

Serge Le Guen et Valérie Molina, Insee
Insee Analyses Bretagne No 50- Février 2017

Aujourd’hui, les jeunes sont actifs à la fois de plus en plus tôt et de plus en plus tard. D’un côté ils peuvent travailler dès 16 ans comme apprentis. De l’autre, rester plus longtemps chez leurs parents, y compris après la fin de leurs études, en raison de leur durée plus longue et d’une autonomie plus tardive, dans un contexte économique défavorable.

Grâce à un fort dynamisme démographique doublé d’un tissu éducatif dense et d’une offre d'enseignement supérieur attractive, la population des jeunes de 16 à 29 ans est très présente sur Rennes Métropole. Ils sont lycéens, étudiants, stagiaires ou déjà actifs sur le marché du travail. Certains ne sont ni en emploi ni en formation, ou « décrocheurs scolaires » ().

En 2013, 108 800 jeunes de 16 à 29 ans résident dans la métropole rennaise, dont une légère majorité de femmes (51 %) comme dans l’ensemble des métropoles françaises. Ils représentent un quart de la population de Rennes Métropole (figure 1). Cette part est la plus élevée des métropoles françaises, derrière la Métropole du Grand Nancy. Ces jeunes sont de plus en plus nombreux sur le territoire. Leur nombre a augmenté de 5,2 % en 5 ans, soit la plus forte hausse derrière Montpellier Méditerranée Métropole. Cependant, à l’image des autres métropoles et du fait du vieillissement de la population, le nombre de jeunes progresse moins vite que l’ensemble de la population de la métropole rennaise (+ 6,1 %).

Figure 1Un habitant de Rennes Métropole sur quatre a entre 16 et 29 ansCaractéristiques des jeunes de 16 à 29 ans

Un habitant de Rennes Métropole sur quatre a entre 16 et 29 ans ( ) -
Rennes Métropole Ensemble des métropoles (hors Paris)
Nombre de jeunes (hors détenus) 108 800 2 100 000
Part des jeunes dans la population (en %) 25,5 21,6
Evolution du nombre de jeunes entre 2008 et 2013 (en %) 5,2 0,4
Part des étudiants parmi les jeunes (en %) 44,7 38,7
Part des actifs en emploi parmi les jeunes (en %) 41,7 43,1
Part des chômeurs parmi les jeunes (en %) 10,8 13,5
Part des diplômés Bac ou plus parmi les jeunes (en %) 74,1 68,8
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2013

Une part importante d’étudiants dans Rennes Métropole

Près de la moitié des jeunes de la métropole rennaise sont étudiants (45 %, soit la plus forte proportion derrière la Métropole du Grand Nancy). Les jeunes sont ainsi moins souvent présents sur le marché du travail que dans l’ensemble des métropoles. Parmi les 57 100 jeunes actifs, quatre sur cinq occupent un emploi. La part de chômeurs parmi l’ensemble des jeunes est de 11 % sur Rennes Métropole, inférieure à celle de l’ensemble des métropoles (13 %). Cette part a cependant augmenté de près de 3 points entre 2008 et 2013, dans une période de crise économique où les jeunes ont été plus touchés par le chômage que leurs aînés.

La transition entre études et activité se fait aux alentours de 23 ans (figure 2). Avant cet âge, les élèves ou étudiants sont majoritaires. La part des actifs augmente ensuite régulièrement pour atteindre 78 % à 29 ans, proportion en deçà toutefois de celle des 30 à 59 ans (83 %).

Deux tiers des jeunes actifs en emploi occupent un emploi en contrat à durée indéterminée. Bien qu’importante, cette part reste toutefois inférieure à celle de leurs aînés (80 % des emplois pour les 30-59 ans), aussi bien pour les femmes que les hommes.

Figure 2Une majorité de jeunes sur le marché du travail à partir de 23 ansRépartition de l’activité des jeunes par âge (en %)

Une majorité de jeunes sur le marché du travail à partir de 23 ans ( ) -
Eleves, étudiants Actifs en emploi Chômeurs Au foyer Autres inactifs
16 92,3 4,4 1,5 0,1 1,8
17 88,9 7,1 2,2 0,1 1,8
18 81,1 10,6 7,0 0,1 1,2
19 74,6 15,4 8,5 0,3 1,1
20 64,2 25,0 8,9 0,3 1,6
21 58,4 29,4 10,2 0,3 1,7
22 50,7 36,2 10,6 0,7 1,8
23 36,6 47,6 12,7 0,9 2,2
24 22,8 59,9 14,1 0,9 2,3
25 12,9 68,5 15,0 1,1 2,5
26 7,8 71,9 15,7 1,7 2,9
27 6,1 74,2 15,7 1,4 2,6
28 4,4 75,8 14,7 1,9 3,2
29 2,7 78,4 13,3 2,1 3,4
Total 44,7 41,7 10,8 0,8 2,1
  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Figure 2Une majorité de jeunes sur le marché du travail à partir de 23 ansRépartition de l’activité des jeunes par âge (en %)

  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Tout comme leurs aînés, 17 % des jeunes actifs travaillent à temps partiel. Chez les hommes, le travail à temps partiel concerne 11 % des jeunes contre seulement 6 % des 30 à 59 ans. Un écart de 5 points s’observe également pour les femmes, mais dans le sens inverse : 25 % parmi les jeunes de moins de 30 ans contre 30 % pour les 30-59 ans. Les aînées sont plus souvent à temps partiel, notamment à partir du moment où leurs enfants intègrent le système éducatif.

S’agissant des emplois occupés et de leurs qualifications, l’expérience semble primer. Ainsi, les jeunes diplômés du supérieur sont moins souvent cadres (27 %) que leurs aînés (47 %). Ils occupent plus fréquemment des emplois de professions intermédiaires ou d’employés. De même, lorsque les jeunes ont arrêté leurs études au niveau du baccalauréat, ils sont plus souvent ouvriers (28 %) ou employés (45 %) que leurs aînés de même niveau d’études (respectivement 14 % et 34 %).

En 2013, 74 % des jeunes de la métropole rennaise ont au minimum un diplôme de niveau Bac contre 69 % pour l’ensemble des métropoles. Selon ce critère, Rennes Métropole se place en troisième position derrière les métropoles de Toulouse et Nancy. En cinq ans, le niveau de formation a augmenté (72,5 % en 2008). Enfin, la part des femmes parmi les diplômés du supérieur est plus importante chez les 16-29 ans que les 30-59 ans.

Rennes, ville étudiante, accueille 50 % des habitants de la Métropole mais 63 % des jeunes de 16 à 29 ans. Quatre quartiers rennais concentrent 35 % de ces jeunes : d’une part, le Centre, Thabor-St Hélier et d’autre part, les deux quartiers universitaires de Beaulieu-Baud et Villejean-Beauregard. Dans ces deux derniers quartiers, un habitant sur deux a entre 16 et 29 ans (figure 3). À l’inverse, seul un habitant sur cinq est âgé de 16 à 29 ans dans les quartiers du Blosne, de Bréquigny et de Maurepas-Patton-Les Gayeulles. Ces territoires comportent en effet des quartiers de la politique de la ville avec une majorité de logements sociaux plutôt occupés par des familles ou des personnes âgées que par des jeunes adultes.

Figure 3La ville de Rennes concentre une grande partie des jeunesJeunes de 16 à 29 ans par quartiers de Rennes Métropole

La ville de Rennes concentre une grande partie des jeunes ( ) - Lecture : en vert, communes de Rennes Métropole ; en rouge, quartiers de Rennes
Part des jeunes dans la population en 2013 (en %) Evolution du nombre de jeunes entre 2008 et 2013 (en %) Nombre de jeunes
Thabor St Hélier 39,3 5,2 10 292
Centre 42,3 -2,9 9 151
Villejean Beauregard 45,7 9,4 9 548
Beaulieu Baud 48,5 7,0 8 804
Moulin du Comte 37,1 5,5 6 315
Sud Gare 26,2 2,9 4 909
Maurepas Patton Les Gayeulles 23,9 -11,5 4 198
Francisco Ferrer Vern Poterie 23,0 2,1 4 497
Cleunay Arsenal Redon 31,8 9,4 4 689
Le Blosne 21,5 -9,2 3 519
Bruz 22,7 8,9 3 856
Brequigny 21,0 3,4 2 863
Cesson-Sévigné Sud et Ouest 24,1 28,3 3 025
Nord St Martin 34,8 11,7 2 072
Betton 16,3 6,0 1 754
Chantepie 20,2 22,9 2 027
Pacé 17,2 31,5 2 056
Saint-Grégoire 17,5 10,0 1 595
Saint Jacques-de la Lande GQ2 22,4 22,7 1 749
Le Rheu 18,0 5,2 1 460
Chartres-de-Bretagne 18,9 -5,3 1 255
Vern-sur-Seiche 16,6 -12,1 1 164
Mordelles 17,6 -3,7 1 207
Thorigné-Fouillard 16,2 -3,9 1 093
Acigné 17,0 -5,2 989
Saint Jacques-de la Lande GQ1 25,3 8,6 1 051
Noyal-Châtillon-sur-Seiche 16,5 28,1 1 231
Cesson-Sévigné Nord et Est 16,9 -7,4 854
Gévezé 17,9 27,2 857
La Chapelle-des-Fougeretz 16,6 12,6 692
Pont-Péan 15,7 9,7 637
Saint-Gilles 16,1 11,9 646
Romillé 16,4 -5,1 543
Vezin-le-Coquet 14,8 21,6 692
L'Hermitage 15,2 14,8 648
Chavagne 14,9 -10,8 498
Laillé 12,5 25,8 687
Montgermont 17,0 3,9 542
Orgères 13,6 21,9 614
Bourgbarré 14,5 18,1 536
Saint-Erblon 16,4 7,1 440
Corps-Nuds 13,5 16,2 452
Brécé 16,8 -9,7 277
Chevaigné 14,9 5,9 292
Saint-Armel 15,0 21,2 316
Cintré 12,4 20,7 309
La Chapelle-Thouarault 12,8 7,5 266
Saint Sulpice-la Forêt 14,8 -6,8 193
Parthenay-de Bretagne 14,2 30,0 239
La Chapelle-Chaussée 14,6 13,4 179
Langan 14,1 -10,2 114
Bécherel 15,0 -1,7 109
Miniac-sous-Bécherel 14,1 -9,5 86
  • Lecture : en vert, communes de Rennes Métropole ; en rouge, quartiers de Rennes
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2013.

Figure 3La ville de Rennes concentre une grande partie des jeunesJeunes de 16 à 29 ans par quartiers de Rennes Métropole

  • Lecture : en vert, communes de Rennes Métropole ; en rouge, quartiers de Rennes
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2013.

Plus d’un jeune sur dix n’est ni en emploi ni en formation

En 2013, au sein de Rennes Métropole, 11 650 jeunes de 16 à 29 ans sont des NEET (). Ces jeunes n’ont pas d’emploi, ne sont pas en études et ne suivent pas de formation. À parts égales des femmes et des hommes, ces NEET constituent 11 % de l’ensemble des jeunes de la métropole rennaise. Cette part est la plus faible de toutes les métropoles françaises. Ils sont 15 % en moyenne dans l’ensemble des métropoles.

Les profils de ces NEET sont très divers : certains sont en recherche de leur premier emploi, d’autres sont des chômeurs ou des jeunes inactifs découragés par l’évolution du marché du travail.

Plus des trois quarts ont 22 ans ou plus. Entre 16 et 21 ans, beaucoup de jeunes étant encore en formation, la part des NEET parmi l’ensemble des jeunes est faible, de l’ordre de 5 %. Pour les 22 à 29 ans, la part des NEET atteint 15 %. Cette classe d’âge intègre notamment la période consécutive à la fin de la formation initiale. Parmi les NEET, les femmes sont plus souvent inactives (28 %) que les hommes (16 %), à des âges où la présence de jeunes enfants est fréquente. Ainsi, 24 % de ces femmes vivent en couple avec des enfants, alors que cette part n’est que de 8 % pour l’ensemble des jeunes femmes de la métropole rennaise. Quant aux hommes, ils connaissent plus souvent des situations de chômage (84 %, 72 % pour les femmes).

Au sein de Rennes Métropole, 78 % des NEET sont des demandeurs d’emploi. Les trois quarts d’entre eux sont à la recherche d’un emploi depuis moins d’un an.

Un diplôme supérieur au Bac pour près d'un tiers des NEET

Les jeunes NEET ont plus souvent de bas niveaux de diplôme, même si 30 % d’entre eux possèdent un niveau supérieur au Bac (figure 4). Un quart de ces NEET dispose d’un diplôme de niveau inférieur ou égal au brevet des collèges et 20 % ont un CAP ou un BEP.

Figure 4Des niveaux de formation plus faibles pouir les jeunes NEETRépartition des jeunes par niveau de formation (en %)

Des niveaux de formation plus faibles pouir les jeunes NEET ( ) -
Brevet ou moins CAP-BEP Bac Supérieur au Bac
Ensemble des jeunes 16,5 9,4 36,3 37,7
Jeunes "NEET" 25,4 19,6 24,9 30,1
  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Figure 4Des niveaux de formation plus faibles pouir les jeunes NEETRépartition des jeunes par niveau de formation (en %)

  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Une majorité (63 %) des NEET de Rennes Métropole habite Rennes, principalement dans les quartiers du Blosne, de Villejean-Beauregard et Maurepas-Patton-Les Gayeulles. Toutefois, la plus importante proportion de NEET parmi les jeunes de 16 à 29 ans se trouve au Blosne (26 %) et à Bréquigny (20 %) (figure 5). Ces deux quartiers comprennent des quartiers prioritaires de la politique de la ville concentrant des personnes en situation précaire, souvent plus éloignées de l’emploi. À l’opposé, les quartiers plutôt étudiants comme Beaulieu-Baud, le Centre et Thabor-Saint-Hélier hébergent une part de NEET parmi les plus faibles. La part des jeunes NEET dans le quartier Villejean, même s’il s’agit d’un quartier politique de la ville, reste parmi les moins élevées, du fait de son caractère étudiant.

Figure 5 Une part de "NEET" hétérogène sur le territoire de Rennes MétropoleJeunes « NEET » par commune ou grands quartiers

Une part de "NEET" hétérogène sur le territoire de Rennes Métropole ( ) - Lecture : en vert : communes de Rennes Métropole ; en rouge : quartiers de Rennes.
Part des jeunes de 16 à 29 ans NEET(en %) Evolution de la part de jeunes NEET entre 2008 et 2013 (en point)
Rennes Métropole 10,71 1,50
Ensemble des métropoles 15,20 1,70
Thabor St Hélier 7,09 0,25
Villejean Beauregard 8,95 1,50
Centre 6,69 0,84
Beaulieu Baud 4,63 -0,93
Moulin du Comte 7,29 0,06
Sud Gare 11,59 1,22
Cleunay Arsenal Redon 11,59 0,76
Francisco Ferrer Vern Poterie 15,30 3,50
Maurepas Patton Les Gayeulles 17,85 1,42
Bruz 8,71 0,75
Le Blosne 26,41 6,76
Cesson-Sévigné Sud et Ouest 6,24 2,13
Brequigny 20,28 5,29
Nord St Martin 11,47 3,80
Pacé 11,03 2,64
Chantepie 14,65 6,40
Betton 8,38 0,51
Saint Jacques-de la Lande GQ2 16,73 2,74
Saint-Grégoire 9,87 1,55
Le Rheu 9,55 2,64
Chartres-de-Bretagne 14,98 5,24
Noyal-Châtillon-sur-Seiche 16,12 4,01
Mordelles 10,31 0,28
Vern-sur-Seiche 12,14 0,51
Thorigné-Fouillard 11,27 1,52
Saint Jacques-de la Lande GQ1 13,70 -0,98
Acigné 7,04 -1,34
Gévezé 12,55 0,54
Cesson-Sévigné Nord et Est 8,74 -0,94
La Chapelle-des-Fougeretz 15,40 1,89
Vezin-le-Coquet 10,62 2,98
Laillé 9,58 -1,31
L'Hermitage 14,35 2,79
Saint-Gilles 11,28 3,06
Pont-Péan 12,78 3,56
Orgères 8,55 -0,81
Romillé 11,59 3,84
Montgermont 13,20 3,17
Bourgbarré 10,26 3,21
Chavagne 15,14 4,16
Corps-Nuds 11,14 1,37
Saint-Erblon 15,13 5,81
Nouvoitou 10,11 1,60
Saint-Armel 12,22 0,43
Cintré 14,87 7,39
Chevaigné 10,09 3,50
Brécé 13,78 1,20
La Chapelle-Thouarault 15,90 0,86
Le Verger 15,24 5,46
Saint Sulpice-la Forêt 6,12 -1,46
La Chapelle-Chaussée 12,18 3,68
Langan 11,40 1,17
Clayes 10,17 1,21
Miniac-sous-Bécherel 12,79 4,37
  • Lecture : en vert : communes de Rennes Métropole ; en rouge : quartiers de Rennes.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2013.

Figure 5 Une part de "NEET" hétérogène sur le territoire de Rennes MétropoleJeunes « NEET » par commune ou grands quartiers

  • Lecture : en vert : communes de Rennes Métropole ; en rouge : quartiers de Rennes.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2013.

Le plus faible taux de décrocheurs pour Rennes Métropole

Un des enjeux de la politique nationale « Priorité Jeunesse » adoptée en février 2013 est la promotion de la réussite de tous les jeunes. La lutte contre le décrochage scolaire est un des axes de cette politique. Un objectif est de diviser par deux le nombre de jeunes décrocheurs sur la période 2013-2017, en s’appuyant notamment sur la création de « pactes régionaux pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes ». La diminution du taux de sortie précoce du système scolaire est un autre des cinq objectifs européens pour 2020.

Au niveau national, trois profils différents décrivent les situations des jeunes en situation de décrochage scolaire : pour près de la moitié, ce sont des jeunes au faible niveau d’études avec de fort taux de redoublement au collège ; pour un tiers, il s’agit de jeunes avec un bon niveau d’études au collège n’ayant pas obtenu leur CAP, BEP ou baccalauréat ; enfin, pour un cinquième, de jeunes passés par des enseignements spécialisés au collège.

Dans Rennes Métropole, en 2013, près de 5 500 jeunes de 16 à 29 ans sont sortis du système éducatif avec un niveau d’éducation inférieur ou égal au brevet des collèges. Ces jeunes décrocheurs représentent 5 % des jeunes de la métropole rennaise. Rennes Métropole possède ainsi le plus faible taux de décrocheurs de l’ensemble des métropoles (11 % en moyenne).

Contrairement aux NEET, la parité n’est pas de mise parmi les décrocheurs avec une majorité d’hommes (57 %). Leur part dans la population de Rennes Métropole s’établit à 5,8 %, soit 1,5 point de plus que chez les femmes. Cet écart s’explique en partie par le fait qu’elles sont plus diplômées que les hommes. Par ailleurs, la proportion de décrocheurs chez les 22-29 ans est deux fois plus élevée que parmi les 16-21 ans (6,5 % contre 3,2 %).

Les jeunes décrocheurs se distinguent par leur situation familiale. En raison du nombre important d’étudiants, la part de personnes seules est plus élevée parmi l’ensemble des jeunes que parmi les décrocheurs. Un tiers de ces derniers vit en couple alors qu’ils ne sont que 17 % pour l’ensemble des jeunes. Comme les NEET, ils sont plus souvent en couple avec des enfants (20 % comparé à 6 % pour l’ensemble des jeunes).

Près d'un décrocheur sur deux en emploi

Leur situation face au marché du travail est paradoxale. Si le niveau de formation est déterminant pour l’accès à un emploi durable, ne pas avoir de diplôme ne signifie pas nécessairement une exclusion du marché du travail (figure 6). Au total, 45 % sont en emploi : la moitié des hommes et le tiers des femmes. Parmi les jeunes décrocheurs en emploi, 80 % ont 22 ans ou plus.

Figure 6Un chômage plus élevé pour les décrocheursRépartition des jeunes hors élèves et étudiants par niveau de formation (en %)

Un chômage plus élevé pour les décrocheurs ( ) -
Actifs en emploi Chômeurs Au foyer Autres inactifs
Décrocheurs 44,8 34,1 7,6 12,2
Ensemble 73,6 20,1 1,8 3,9
  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Figure 6Un chômage plus élevé pour les décrocheursRépartition des jeunes hors élèves et étudiants par niveau de formation (en %)

  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Les hommes occupent majoritairement des emplois d’ouvriers (57 %) et les femmes d’employées (63 %). La part de ces emplois en CDI s’établit à 57 %, inférieure de 11 points à celle de l’ensemble des jeunes actifs occupés hors étudiants. En outre, les jeunes décrocheurs sont aussi plus souvent à temps partiel (26 % contre 17 %).

Le chômage touche davantage les jeunes ayant un faible niveau de formation. Ainsi, plus d’un tiers des jeunes décrocheurs sont au chômage, alors que cette proportion n’est que d’un dixième pour l’ensemble des jeunes. Représentant 5 % de l’ensemble des jeunes, la proportion de décrocheurs parmi les jeunes chômeurs grimpe à 16 %. Ces jeunes recherchent un emploi depuis moins d’un an pour les deux tiers d’entre eux.

La majorité (60 %) des jeunes décrocheurs habite à Rennes, principalement dans les quartiers du Blosne, de Maurepas-Patton- Les Gayeulles et Villejean-Beauregard mais aussi à Saint-Jacques-de-la-Lande. Comme pour les NEET, la part de décrocheurs la plus élevée se trouve parmi les quartiers de la politique de la ville (figure 7) dans lesquels les qualifications des habitants sont moindres.

Des études nationales indiquent que les risques de décrochage ne sont pas les mêmes selon le milieu social du jeune. La proportion d’enfants de cadres est sensiblement plus faible parmi les décrocheurs et celle d’enfants d’ouvriers y est plus élevée.

Figure 7Des taux de décrocheurs plus élevés dans les quartiers de la politique de la villePart des jeunes de 16 à 29 ans décrocheurs

  • Source : Insee, recensement de la population 2013.

Au-delà des difficultés d’insertion sur le marché du travail, les jeunes peuvent aussi cumuler plusieurs facteurs de vulnérabilité, notamment financière. Fin 2014, en France métropolitaine, les jeunes de 18 à 24 ans ayant un emploi gagnent en moyenne 1 250 euros par mois. Six jeunes adultes sur 10 ne vivant plus chez leurs parents perçoivent des revenus sociaux et près de 70 % bénéficient d’une aide régulière de leurs parents.

L’intérêt du partenariat Insee/Audiar

Rennes Métropole est porteuse d'une volonté politique d’être à l’écoute des jeunes pour tenir compte de leurs attentes. Trois orientations concrétisent cette volonté dans son projet de territoire. Cela concerne l’amélioration de la prise en compte des problématiques des jeunes dans toutes les politiques publiques (Habitat, Emploi/insertion, Mobilité, Culture …). Cela concerne aussi leur accès à l’autonomie en accompagnant la diversité de leurs parcours et le soutien à leur engagement, notamment à travers leur participation à la vie locale et à la mise en œuvre de leurs projets.

Pour repérer les évolutions des besoins spécifiques des jeunes et en promouvoir la prise en compte dans les politiques sectorielles de Rennes Métropole, l’Audiar a souhaité s’associer à l’Insee afin d’apporter aux élus, et au réseau des partenaires concernés par la jeunesse, des connaissances utiles à leur action. L’accent a été mis sur leurs conditions d’insertion scolaire et professionnelle et leur répartition géographique. C’est l’objectif de cette publication.

Henri-Noël Ruiz, Directeur de l’Audiar

Définitions

Décrochage scolaire : une personne est considérée en décrochage scolaire si elle a quitté le système éducatif avec un niveau inférieur ou égal au brevet des collèges et qu’elle ne se trouve pas en formation.

Les comparaisons avec les autres métropoles concernent l’ensemble des métropoles hors Paris.

NEET : Neither in Employment nor in Education or Training, acronyme introduit depuis 2010 par la Commission européenne pour identifier les personnes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Cette classification est utilisée pour mieux appréhender la situation des jeunes vis-à-vis du marché du travail.

La population des jeunes étudiée est celle hors détenus.

Pour en savoir plus

Ouvrir dans un nouvel ongletEmploi et chômage des 15-29 ans en 2014 – Dares Analyses n° 088 – Décembre 2015

Les décrocheurs du système éducatif : de qui parle-t-on ? – France, Portrait social – Édition 2013

Ouvrir dans un nouvel ongletLes principales ressources des 18-24 ans.- Premiers résultats de l’Enquête nationale sur les ressources des jeunes, Études et Résultats n° 965, Drees, juin 2016