Le solde commercial atteint quatre milliards d’euros

Marie-José Durr, Insee

Les échanges extérieurs de la nouvelle région Grand Est progressent en 2015. Les exportations continuent de croître davantage que les importations, entraînant une amélioration du solde commercial, qui atteint quatre milliards d’euros.

Une moindre augmentation des achats de produits pétroliers, pharmaceutiques et sidérurgiques contribue aussi à ce résultat. Les principaux échanges se font toujours à l’intérieur de la zone euro, l’Allemagne restant le premier partenaire régional. Toutefois, la région réalise son solde commercial le plus élevé avec un pays situé hors de cette zone, le Royaume-Uni.

Insee Conjoncture Grand Est
Paru le :Paru le31/05/2016
Marie-José Durr, Insee
Insee Conjoncture Grand Est- Mai 2016

En 2015, les échanges extérieurs de la nouvelle région Grand Est avoisinent les 116 milliards d’euros. Elle se situe, comme en 2014 et en 2013, au deuxième rang des régions après l’Île-de-France (219 milliards), devant l'Auvergne-Rhône-Alpes (110 milliards), le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (103 milliards) et le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (102 milliards). La région contribue pour 12,2 % à l’ensemble des échanges extérieurs de la France.

Les échanges extérieurs en augmentation

Les échanges de la région Grand Est sont passés entre 2010 et 2015 de 99,7 milliards d’euros à 116 milliards d’euros. Avec 20 800 euros échangés par habitant, la région se place au-dessus de la moyenne des régions (14 700 euros), occupant la première position devant la Normandie (20 000 euros) et l’Île-de-France (18 000 euros). En 2015, le solde des échanges extérieurs, différence entre les exportations et les importations, atteint 4,0 milliards d’euros contre 2,7 milliards d’euros en 2014. Le taux de couverture, rapport entre les exportations et les importations, est lui aussi en progression par rapport à 2014, s’établissant à 107 % en 2015. Bourgogne-Franche-Comté et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées sont encore plus performantes avec des taux de 125 % et de 120 %. Au niveau national, le résultat est inférieur, s’élevant à 88 %.

Figure_2Évolution des échanges extérieurs d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine de 2010 à 2015

  • Lecture : en 2015, les importations de la région s’élèvent à 55,9 milliards d’euros et les exportations à 59,9 milliards d’euros (axe de gauche). Le solde commercial apparent, différence entre les exportations et les importations, s’élève donc à 4 milliards d’euros (axe de droite).
  • Source : Douanes, données brutes de collecte, CAF-FAB hors matériel militaire.

Au deuxième rang des régions pour les exportations

Avec 60,0 milliards d’euros d’exportations et 55,9 milliards d’euros d’importations en 2015, la région représente au niveau national 13,5 % des biens vendus et 11,0 % des biens achetés à l’étranger. L’Île-de-France caracole en tête des régions à la fois pour les importations et pour les exportations (136,2 et 83,1 milliards d’euros). Le Grand Est se place au 2e rang pour les exportations et au 3e rang pour les importations, juste après Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

En cinq ans, entre 2010 et 2015, les exportations de la région ont plus progressé que les importations (respectivement de neuf et de sept milliards d’euros). Cette tendance s’est accentuée entre les deux dernières années : de 2014 à 2015, les exportations ont crû trois fois plus vite que les importations (3,2 % contre 0,9 %), comme au niveau national (3,9 % contre 0,8 %).

Figure_1Échanges commerciaux des régions en 2015

  • Note : pour la Corse, les importations et les exportations s’élèvent respectivement à 105 et à 289 millions d’euros.
  • Lecture : en 2015, la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine a importé pour 55,9 milliards d’euros et exporté pour 59,9 milliards d’euros, ce qui positionne la région au-dessus de la droite qui représente l’équilibre entre les importations et les exportations.
  • Source : Douanes, données brutes de collecte, CAF-FAB hors matériel militaire.

Des exportations régionales fortes de produits diversifiés

Les exportations de produits de la région sont pour près de la moitié des produits issus de la branche des « autres produits industriels » (45 % contre 39 % au niveau national). Cette branche, de plus de 27 millions d’euros, comprend des produits de toute nature industrielle, tels que ceux provenant de la chimie, des parfums et cosmétiques (10 %), des produits métallurgiques et métalliques (9 %) et des produits pharmaceutiques (9 %). Elle inclut aussi des produits en caoutchouc, en plastique ou en minéraux pour 5 %, des produits manufacturés divers (5 %) ou encore du textile, de l’habillement, du cuir et des chaussures (4 %) ainsi que ceux du bois, du papier et du carton (3 %). Deux produits sont spécifiques à la région : les instruments à usage médical, optique et dentaire, et les produits de la fabrication de pâte à papier, papier et carton, qui représentent respectivement 28 % et 24 % des échanges français.

Avec une part de 22 % des exportations de la région contre 19 % au niveau national, la branche des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique est également mieux représentée. Parmi les départements de la région, le Bas-Rhin se démarque avec 45 % des ventes dans ce secteur. Ce dernier comprend un produit spécifique régional, les machines agricoles et forestières, dont le poids approche 27 % des ventes nationales.

La branche des matériels de transport est moins présente dans les ventes de la région, 15 %, pour 23 % au niveau national. Pour le département de la Moselle, il constitue en revanche 42 % des exportations. Ce sont pour l’essentiel des ventes régionales de produits de la construction automobile (9 %) et des équipements automobiles (6 %).

L’industrie agroalimentaire (IAA) atteint 13 % des exportations régionales contre 10 % au niveau national. Elle comprend deux produits spécifiques pour la région : les boissons (29 %) et les produits du travail des grains et des produits amylacés (25 %). La Marne, avec 43 %, et le Bas-Rhin, avec 24 %, sont les deux départements régionaux représentatifs des exportations de ce secteur.

Enfin, les produits agricoles ne représentent que 3 % des exportations de la région, dont la Moselle, avec 26 %, est le principal fournisseur.

Progression des exportations

En 2015, les exportations régionales progressent de près de 1,5 milliard d’euros, soit + 2,5 % pour + 0,9 % en 2014. Au niveau national, cette progression est supérieure avec + 4,3 %, pour + 0,1 % l’année précédente.

Les exportations de matériels de transport sont les plus dynamiques (+ 10 %), elles affichaient + 4 % en 2014. Dans la construction automobile, les exportations progressent de 13 % (+ 600 millions d’euros), contre + 5 % l’année précédente. Les ventes d’équipements pour automobiles augmentent plus légèrement (+ 3 % contre + 2 % en 2014).

Les exportations d’équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques augmentent de 2 %. Cette progression est similaire pour les ventes de machines à usage général et le matériel électrique. Elle atteint 5 % pour les appareils de mesure et d’horlogerie. En revanche, les ventes d’équipements électro-médicaux de diagnostic et de traitement baissent de 7 % et les machines agricoles et forestières (27 % des ventes nationales), de 2 %.

Les exportations de la branche des autres produits industriels augmentent modérément (+ 2 %). Le secteur des produits chimiques, parfums, cosmétiques gagne 6 %, avec les ventes de produits chimiques divers (+ 7 %) et les produits chimiques de base (+ 4 %). A contrario, les produits métallurgiques et métalliques reculent de 6 %, par la chute des ventes de produits sidérurgiques (- 12 %) non compensée par les métaux non ferreux (+ 4 %). De même, les produits pharmaceutiques reculent de 4 %. Les produits manufacturés divers gagnent 9 %, compte tenu d’une hausse de 6 % des ventes des instruments à usage médical, optique et dentaire (28 % des ventes nationales) et de la joaillerie, bijouterie et instruments de musique (+ 25 %). Les exportations du secteur du textile, habillement, cuir, chaussures augmentent de 11 % en raison d‘une bonne performance dans l’habillement (+ 14 %) et les chaussures (+ 20 %).

Dans l’industrie agroalimentaire, la progression est plus modérée encore avec + 2 %, mais elle est supérieure à 2014 (+ 1 %). Dans ce secteur, la hausse est significative dans les boissons (+ 7 %). Les ventes des produits du travail des grains et des produits amylacés reculent comme en 2014 (- 5 %) et celles des produits laitiers et glaces diminuent plus fortement (- 8 %, contre + 4 % en 2014).

La vente des produits agricoles baisse légèrement en 2015, à - 1 %. En 2014, la baisse dans ce secteur atteignait - 20 %.

Figure_3Évolution 2015/2014 des exportations des principaux produits d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

  • Lecture : en 2015, 2 151 millions d’euros de produits sidérurgiques ont été vendus à l’étranger, en baisse de 12 % par rapport à 2014.
  • Source : Douanes, données brutes de collecte, CAF-FAB hors matériel militaire.

Une moindre hausse des importations

En 2015, les importations de la région augmentent de près de 1 %, avec 508 millions d’euros, soit moitié moins qu’en 2014 (+ 2,4 %). Au plan national, la tendance est identique cette année (+ 1,2 %), après une baisse en 2014 (- 0,6 %).

Cette moindre augmentation des importations régionales en 2015 résulte, en partie, d’un recul des achats de produits pétroliers de 27 % (- 657 millions d’euros), consécutif au reflux du prix du pétrole, alors que 2014 était marqué par une augmentation (+ 32 %). Pour les produits manufacturés, les importations de produits pharmaceutiques (20 % des achats nationaux) ont aussi sensiblement diminué de 18 % (+ 6 % en 2014). Les importations de textiles, habillement, cuir et chaussures progressent, + 13 % après + 8 % en 2014, comme les produits du bois, papier, carton, + 6 % pour - 1 % en 2014, et les produits manufacturés divers, + 6 % contre - 7 % en 2014. Dans le secteur des produits chimiques, parfums et cosmétiques, les importations augmentent de 4 %, mais moins qu’en 2014 (+ 5 %). Les achats de produits chimiques de base progressent (+ 5 %), contrairement aux produits chimiques divers (- 4 %).

Dans la métallurgie, les achats de produits sidérurgiques (20 % des achats nationaux) diminuent de 1 %, tandis que ceux des ouvrages en métaux (coutellerie, outils et quincaillerie) et des métaux non ferreux progressent respectivement de 1 % et de 3 %. Les achats de produits en caoutchouc, plastique et produits minéraux augmentent légèrement (+ 2 %), parmi lesquels les articles de joaillerie et bijouterie et instruments de musique (+ 35 %).

C’est dans la branche des matériels de transport que la hausse est la plus forte : + 17 %, soit trois fois plus qu’en 2014. Les achats de produits de la construction automobile bondissent de 25 % et ceux des équipements automobiles, qui représentent 18 % des achats nationaux, de 9 %.

Dans le secteur des équipements mécaniques, du matériel électrique, électronique et informatique, les importations d'appareils de mesure d’essai, de navigation et d’horlogerie, et celles de machines d’usage général, deux produits spécifiques de la région, représentent respectivement 20 % et 19 % des achats nationaux. Entre 2014 et 2015, elles ont respectivement progressé de 10 % et de 1 %. Les achats de matériel électrique, qui représente un poids important dans ce secteur, avancent modérément (+ 2 %). Dans l’agroalimentaire, les importations de produits agricoles reculent (- 2 %) mais moins vigoureusement qu’en 2014 (- 8 %), tandis que dans l’industrie agroalimentaire, elles remontent (+ 3 %).

Figure_4Évolution 2015/2014 des principales importations de produits d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

  • Lecture : en 2015, 4 600 millions d’euros de produits automobile ont été achetés à l’étranger, en croissance de 25 % par rapport à 2014.
  • Source : Douanes, données brutes de collecte, CAF-FAB hors matériel militaire.

Consolidation des exportations vers la zone euro

La région échange en 2015 près des trois quarts de ses produits avec l’Union européenne (73 %), soit une intensité supérieure à celle du niveau national. Parmi les dix premiers partenaires commerciaux de la région, six appartiennent à la zone euro. Les quatre premiers regroupent près de la moitié des échanges (48 %). L’Allemagne, qui est de loin le premier pays partenaire (27 % des exportations et 29 % des importations), est suivie de l’Italie, de la Belgique, et de l’Espagne. Les deux premières puissances économiques mondiales, les États-Unis et la Chine, rejoignent le groupe à la 6e et à la 9e place. Les Pays-Bas occupent la 7e place et l’Autriche ferme la marche. Le Royaume-Uni, hors zone euro (5e place), se distingue par un solde commercial apparent excédentaire, près de deux fois supérieur à celui de l’Espagne, et de cinq fois celui des Pays-Bas et de la Belgique.

Les exportations progressent de 3 % entre 2014 et 2015 vers l’Union européenne et vers les principaux pays partenaires de la zone Euro : l’Espagne (+ 22 %), l’Italie (+ 7 %), un peu moins vers l’Allemagne (+ 1 %) et la Belgique (+ 1 %). Les ventes augmentent aussi vers la Suisse (+ 6 %) et s’intensifient vers les États-Unis (+ 24 %), mais reculent vers l’Autriche (- 5 %) et vers la Chine (- 7 %).

La région importe davantage de produits d’Espagne (+ 19 %) et des États-Unis (+ 12 %), mais moins d’Autriche (- 19 %), de Suisse (- 11 %) et des Pays Bas (- 9 %).

Figure 5Soldes commerciaux apparents avec les principaux partenaires d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine en 2015

en millions d'euros
Soldes commerciaux apparents avec les principaux partenaires d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine en 2015 (en millions d'euros)
Exportations Importations Solde commercial apparent
Royaume-Uni 5 050 1 759 3 291
Espagne 4 296 2 533 1 763
Pays-Bas 3 353 2 618 735
Belgique 3 824 3 159 665
Italie 4 595 4 345 250
Allemagne 16 029 16 439 -410
Autriche 823 1 780 -957
États-Unis 2 633 3 596 -963
Suisse 2 403 3 449 -1 046
Chine 1 182 3 045 -1 863
  • Source : Douanes, données brutes de collecte, CAF-FAB hors matériel militaire.

Figure 5Soldes commerciaux apparents avec les principaux partenaires d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine en 2015

  • Source : Douanes, données brutes de collecte, CAF-FAB hors matériel militaire.