En Limousin, l’embellie ne s’est pas confirmée

Frédéric Carpentier

Au premier trimestre 2014, l’activité dans les économies avancées s’est tassée. Si l’activité est restée dynamique au sein de la zone euro, elle marque le pas en France. En Limousin, les signes de reprise du quatrième trimestre 2013 ne se sont pas confirmés. L’emploi salarié repart à la baisse. Les effectifs sont en recul dans tous les secteurs sauf les services marchands hors intérim où ils se maintiennent. Le taux de chômage est resté stable, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans diminue mais le chômage de longue durée poursuit sa progression.

Dans l’industrie, les chefs d’entreprises interrogés par la Banque de France (*) jugent que l’activité est restée stable notamment grâce à la demande extérieure. À l’inverse, dans la construction, les perspectives sont toujours aussi dégradées.

Dans ce contexte incertain, les créations d’entreprises toutes catégories confondues conservent leur dynamisme mais les défaillances progressent fortement ce trimestre.

(*) Source : note de conjoncture de la Banque de France mai 2014

Insee Conjoncture Limousin
No 1
Paru le :Paru le22/07/2014
Frédéric Carpentier
Insee Conjoncture Limousin No 1- Juillet 2014

L’emploi salarié repart à la baisse

Au premier trimestre 2014, l’emploi salarié limousin repart à la baisse (– 0,5 %) alors qu’il s’était redressé au dernier trimestre 2013 (figure 1). Au niveau national, l’emploi s’est très légèrement replié (– 0,1 %). Sur un an, les effectifs salariés diminuent de 1,4 % dans la région, un recul nettement plus marqué qu’en France métropolitaine (– 0,3 %). Au final, près de 1 900 emplois ont été détruits en Limousin entre avril 2013 et fin mars 2014. Ainsi, sur une année, le Limousin est, après la Lorraine, la région de France métropolitaine où l’emploi salarié s’est le plus dégradé. Début 2014, les effectifs salariés se sont contractés dans les trois départements limousins : les pertes sont importantes en Haute-Vienne (– 0,8 %), elles sont moindres en Creuse (– 0,3 %) et en Corrèze (– 0,2 %). En rythme annuel, l’emploi salarié s’est fortement replié en Creuse et en Haute-Vienne (– 1,6 %) et dans une moindre mesure en Corrèze (– 0,9 %).

Figure_1Évolution de l’emploi salarié marchand

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs ; données corrigées des variations saisonnières.
  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emploi

Figure_2Évolution de l’emploi salarié marchand par secteur

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs ; données corrigées des variations saisonnières.
  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emploi

Au premier trimestre 2014, hormis dans les services marchands hors intérim où ils demeurent stables (+ 0,1 %), les effectifs s’inscrivent à la baisse dans l’ensemble des principaux secteurs d’activité. L’industrie (– 0,8 %) et l’intérim (– 4,8 %) sont les plus affectés. Sur un an, l’emploi salarié a progressé dans l’intérim, les autres secteurs s’orientent à la baisse. Les pertes sont particulièrement importantes dans l’industrie, la construction et les services marchands hors intérim (figure 2).

Net repli de l’intérim après trois trimestres de hausse

Après trois trimestres consécutifs de hausse, l’emploi intérimaire (figure 3) s’oriente fortement à la baisse au premier trimestre 2014 (– 4,8 %). Il recule nettement dans les trois départements. En France métropolitaine, l’évolution est identique au premier trimestre. Cependant, sur un an, la tendance est plus favorable dans la région (+ 7,4 % contre – 0,5 %). Au total, entre avril 2013 et fin mars 2014, l’intérim est le seul secteur dont les effectifs ont progressé, et ce, dans les trois départements limousins.

Figure_3Évolution de l’emploi intérimaire

  • Champ : emploi en fin de trimestre ; données corrigées des variations saisonnières.
  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emploi

Le taux de chômage reste stable

Au premier trimestre 2014, le taux de chômage en Limousin demeure stable et s’établit à 8,9 % de la population active (figure 4). En France métropolitaine, le chômage suit la même tendance et se stabilise à 9,7 %.

Figure_4Taux de chômage

  • Note : données trimestrielles
  • Source : Insee, taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage localisé

En Limousin comme au niveau national, en rythme annuel, le taux de chômage s’oriente à la baisse mais l’évolution est plus favorable dans la région (– 0,3 point contre – 0,2 en France métropolitaine).

Début 2014, le chômage progresse très modérément en Corrèze (+ 0,1 point) et atteint 7,9 %. Il reste stable en Haute-Vienne (9,4 %) et en Creuse (9,5 %).

Sur un an, le taux de chômage s’est replié dans les trois départements de la région, la baisse est plus prononcée en Creuse (– 0,5 point) qu’en Haute-Vienne et en Corrèze (– 0,3 point).

La demande d’emploi des jeunes se replie

À la fin du mois de mars 2014, 50 379 demandeurs d’emploi de catégories A, B et C étaient inscrits à Pôle emploi en Limousin. Leur nombre progresse de 0,6 % par rapport au trimestre précédent, une hausse moins importante qu’en France métropolitaine (+ 0,9 %). En rythme annuel, la progression est également plus élevée au niveau national que dans la région (+ 4,5 contre + 2,9 %).

Le nombre de demandeurs d’emploi baisse en Creuse au premier trimestre 2014 (– 1,1 %) mais il continue d’augmenter en Haute-Vienne (+ 0,8 %) et surtout en Corrèze (+ 1,2 %). Sur une année, il est en recul en Creuse, mais il poursuit sa progression en Haute-Vienne et en Corrèze.

La demande d’emploi des moins de 25 ans s’oriente nettement à la baisse (– 4,2 %) ; à l’inverse, le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée s’est à nouveau accru.

Les offres d’emploi collectées par Pôle emploi diminuent fortement au premier trimestre 2014 (– 17,8 % contre – 3,3 % au niveau national). La baisse concerne plus particulièrement les offres non durables (moins de 6 mois) qui chutent de 20,6 %, les offres d’emploi durables (plus de 6 mois) reculent de 13,9 %.

Pas de reprise en perspective dans la construction

Le nombre de logements commencés est resté stable au premier trimestre 2014 dans la région après plusieurs trimestres de baisse (figure 5). Au total, sur un an, le nombre de mises en chantier est en net recul (– 8,4 %). Toutefois, les perspectives restent sombres car les autorisations de construction de logements (figure 6) chutent en Limousin au premier trimestre 2014 (– 22,6 %). Le repli est également très marqué au niveau national (– 7,8 %).

La surface de locaux commencés se redresse légèrement au premier trimestre 2014 (+ 6,1 %) mais comme pour les logements commencés, ce rebond fait suite à plusieurs trimestres de baisse, et, au final, en rythme annuel, les mises en chantiers de locaux sont en recul en Limousin (– 2,6 %) alors qu’elles sont en hausse en France métropolitaine (+ 4,2 %).

Enfin, la surface de locaux autorisés à la construction diminue en Limousin comme en France métropolitaine début 2014, mais le repli est plus marqué dans la région (– 20,2 % sur un an contre – 5,4 % en France métropolitaine).

Dans l’ensemble du secteur du bâtiment et des travaux publics, selon l’enquête de conjoncture de la Cellule économique du Limousin BTP, la conjoncture s’est dégradée au premier trimestre 2014 et le niveau des carnets de commandes, jugé très bas, ne permet pas d’envisager une reprise de l’activité.

Figure_5Évolution du nombre de logements commencés

  • Note : données mensuelles brutes, en date de prise en compte. Chaque point représente la moyenne des 12 derniers mois.
  • Source : SoeS, Sit@del2

Figure_6Évolution du nombre de logements autorisés

  • Note : données mensuelles brutes, en date de prise en compte. Chaque point représente la moyenne des 12 derniers mois.
  • Source : SoeS, Sit@del2

Un mois de mars difficile pour l’hôtellerie corrézienne

Au premier trimestre 2014, la fréquentation hôtelière limousine baisse pour le huitième trimestre consécutif. Sur un an, le nombre de nuitées diminue de 2,9 %, soit – 5,7 % en deux ans. De janvier à mars, la fréquentation de la région suit globalement l’évolution nationale (figure 7), marquée par un mois de mars en net recul (– 7,3 % en Limousin, – 6,9 % au niveau national). En Corrèze, le repli de la fréquentation du mois de mars atteint – 14,9 % sur un an. Ainsi au premier trimestre, la fréquentation dans le département baisse 8,2 % sur un an, soit – 11,3 % sur deux ans. Néanmoins, la clientèle étrangère dans les hôtels corréziens reste orientée à la hausse, comme sur l’ensemble de l’année 2013.

En Creuse, la fréquentation se replie sur un an mais reste à un niveau supérieur au premier trimestre 2012. À l’inverse, en Haute-Vienne la fréquentation du premier trimestre 2014 rebondit après un premier trimestre 2013 en recul, mais reste à un niveau inférieur au premier trimestre 2012.

Figure_7Évolution de la fréquentation dans les hôtels

  • Notes : données mensuelles brutes.
  • Suite au changement de méthodes intervenu début 2013, les données 2011 et 2012 ont été rétropolées.
  • Sources : Insee ; DGCIS, partenaires régionaux

Les créations d’entreprises à nouveau orientées à la hausse

Au premier trimestre 2014, les créations d’entreprises s’inscrivent à nouveau à la hausse en Limousin (figure 8). Ainsi, 1 211 entreprises ont été créées dans la région, soit une progression de 8,1 % par rapport au dernier trimestre 2013, une augmentation plus importante qu’en France métropolitaine. Cette progression est autant le fait des créations sous forme traditionnelle (+ 7,6 %) que celle sous forme d’auto-entreprise (+ 8,6%).

Figure_8Créations d’entreprises

  • Champ : ensemble des activités marchandes hors agriculture.
  • Note : les créations d’entreprises hors entrepreneurs sont corrigées des jours ouvrables et corrigées des variations saisonnières (CJO-CVS), les créations sous régime d’auto-entrepreneurs sont brutes. Données trimestrielles.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements - Sirene)

Figure_9Défaillances d’entreprises

  • Note : données mensuelles brutes au 12 mai 2014, en date de jugement. Chaque point représente la moyenne des douze derniers mois.
  • Source : Fiben, Banque de France

Sur une année, le nombre de créations progresse plus fortement en Limousin qu’au niveau national. Dans la région, la dynamique des créations sous forme classique a soutenu la hausse.

À l’opposé, le nombre de défaillances d’entreprises repart à la hausse dans la région début 2014 (+ 3,7 % contre + 0,6 % en France métropolitaine). Ainsi, 700 entreprises ont cessé leur activité entre avril 2013 et mars 2014 (figure 9).

Rédaction achevée le 10 juillet 2014

Contexte national : la croissance revient mais ne décolle pas

Au premier trimestre 2014, l’activité stagne. La croissance reviendrait en France au deuxième trimestre (+ 0,3 %). Au second semestre, la croissance ne décollerait pas : elle resterait moyenne (+ 0,3 % par trimestre). Au total, le PIB progresserait de 0,7 % en 2014, après + 0,4 % en 2012 et 2013. Des facteurs persistants continuent de limiter l’ampleur de la reprise. Le pouvoir d’achat des ménages s’améliore certes, mais trop modestement pour conduire à une franche accélération de la consommation (+ 0,3 % en 2014) et à une reprise de l’investissement en logements neufs. Confrontées à une demande qui ne décolle pas, et avec un taux de marge qui se redresse mais reste bas, les entreprises ne sont pas enclines à investir. Enfin, les exportations françaises ne profiteraient pas pleinement de l’accélération attendue du commerce mondial, pénalisées notamment par l’appréciation de l’euro.

L’emploi total progresserait au premier semestre 2014 (+ 22 000 postes) comme au second semestre (+ 38 000) du fait des emplois aidés. Le taux de chômage augmenterait légèrement d’ici fin 2014 (10,2 %).

Contexte international : les économies avancées ralentissent ponctuellement

Les économies avancées ralentissent au premier trimestre 2014, principalement du fait de la contraction de l’économie américaine. Dans la zone euro, l’activité accélère en Allemagne et en Espagne mais cale en France et en Italie.

Les économies émergentes traversent toujours une zone de turbulences : les attaques monétaires ont cessé mais les resserrements monétaires passés continueraient de peser sur l’activité. Leurs importations ne progresseraient que modérément d’ici la fin de l’année.

À l’inverse, les économies avancées retrouveraient de l’élan d'ici fin 2014. Aux États-Unis, l’activité rebondirait fortement. Au Royaume-Uni, la demande intérieure progresserait vigoureusement malgré un marché immobilier qui s’assagirait au second semestre. La zone euro, et notamment l’Espagne, retrouverait du tonus (+ 0,3 % par trimestre), grâce à une moindre consolidation budgétaire, un redressement de l’investissement et une baisse de l’épargne de précaution des ménages. En revanche, la construction continuerait de peser négativement dans la zone, excepté en Allemagne.

Définitions

Les séries de taux de chômage localisés sont révisées à partir de la publication des résultats du quatrième trimestre 2013. D’une part, le taux de chômage est revu à la baisse au niveau national suite à la rénovation du questionnaire de l’enquête Emploi. Ce nouveau calcul situe le taux de chômage national à un niveau inférieur de 0,5 point par rapport aux données publiées antérieurement. D’autre part, la méthode d’estimation des taux de chômage localisés a été améliorée sur différents points concernant notamment l'emploi au dénominateur des taux de chômage localisés (amélioration de la méthode de passage de l’emploi au lieu de travail à l’emploi au lieu de résidence, information sur les travailleurs frontaliers…). À partir d’avril 2014, les nouvelles séries de taux de chômage régionaux et départementaux sont rétropolées de ces deux effets : elles sont cohérentes sur l'ensemble de la période d'estimation. Pour le troisième trimestre 2013, la prise en compte de ce nouveau mode de calcul induit une diminution du taux de chômage limousin de 0,4 point par rapport aux données publiées précédemment.

Pour en savoir plus

« La croissance revient mais ne décolle pas », Note de conjoncture nationale, juin 2014

« Le chômage s’est stabilisé en Limousin au premier trimestre 2014 », Insee Flash Limousin n°1, juillet 2014

« L’emploi salarié limousin repart à la baisse au premier trimestre 2014 », Insee Flash Limousin n°2, juillet 2014