Insee Analyses Grand Est · Février 2024 · n° 174

Métropole du Grand Nancy : en 2022, un nombre de créations de sociétés au plus haut depuis dix ans

La métropole du Grand Nancy regroupe vingt communes pour environ 257 000 habitants début 2021. Elle se situe au 18e rang des métropoles françaises (hors Paris) pour sa population. Plus de 136 000 emplois salariés sont répartis au sein de 19 300 entreprises.

En 2022, 3 700 entreprises marchandes non agricoles sont créées dans la métropole du Grand Nancy, les trois quarts sous le statut d’entrepreneur individuel, dont six sur dix sous le régime de micro-entrepreneur. La métropole regroupe 6 % des créations d’entreprises du Grand Est, au deuxième rang des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) derrière l’Eurométropole de Strasbourg (14 %).

Après la crise financière de 2007-2008, les créations d’entreprises ont modérément augmenté : entre 2012 et 2017, elles progressent de 3 % par an. À la faveur de la reprise économique, ont suivi plusieurs années de forte hausse des créations d’entreprises, avec une année 2021 record, où plus de 4 000 entreprises ont été immatriculées (figure 1).

En 2022, le nombre d’entreprises créées dans le Grand Nancy diminue sensiblement, en raison d’une baisse des créations d’entreprises individuelles, surtout parmi les micro-entrepreneurs. Des conditions d’accès plus souples à ce régime ainsi que la crise sanitaire avaient renforcé le recours à ce statut depuis 2019 : les restrictions sanitaires dans le commerce et dans certains services ont fortement favorisé les activités de livraison et de vente à distance en 2020 et 2021.

La baisse des créations entre 2021 et 2022 (-370) correspond globalement au repli du nombre de nouveaux micro-entrepreneurs dans le secteur du transport et de l’entreposage, essentiellement dans la livraison de repas à domicile. En 2022, les créations d’entreprises individuelles classiques atteignent leur plus bas niveau depuis 2012. En revanche, le nombre de nouvelles sociétés s’accroît fortement : 950, soit +14 % entre 2021 et 2022. Il a quasiment doublé en dix ans, témoignant du dynamisme entrepreneurial sous forme de sociétés dans la métropole nancéienne. En 2022, une création d’entreprise sur quatre est une société, contre une sur cinq les deux années précédentes.

Au cours des dix dernières années, les créations d’entreprises dans la métropole du Grand Nancy augmentent de 7,3 % en moyenne annuelle (figure 2), une évolution proche de celle des 21 métropoles françaises hors Paris.

L’évolution des créations dans l’aire d’attraction des villes (AAV) de Nancy est également voisine de celle de l’ensemble des AAV de 200 000 à moins de 700 000 habitants. Néanmoins, la différence de dynamisme entre le pôle et la couronne est beaucoup plus marquée à Nancy : le rythme de création d’entreprises dans le pôle urbain est presque deux fois plus important que dans la couronne.

L’ampleur de la baisse des nouvelles immatriculations dans le Grand Nancy entre 2021 et 2022 contraste avec celle observée pour l’ensemble des métropoles françaises (-9 % contre -2 %). Dans les EPCI de Strasbourg et Metz, le repli est également plus modéré (respectivement -3 % et -4 %). Dans l’AAV de Nancy, les territoires périurbains résistent mieux à la baisse des créations (-2 % dans la couronne, contre -9 % dans le pôle).

Dans la métropole du Grand Nancy, on dénombre 3,2 créations d’entreprises pour 100 actifs résidents en 2022, soit un taux inférieur à celui des métropoles françaises (4 %). Toutefois, les niveaux sont légèrement plus élevés dans le Grand Nancy que dans les métropoles de taille comparable comme Dijon Métropole et l’Eurométropole de Metz (3 %).

En 2022, près de 260 sociétés sont créées dans les activités financières et d’assurance et les activités immobilières. Les entrepreneurs y choisissent de plus en plus cette forme juridique : en 2022, quatre créations sur cinq sont des sociétés dans ces secteurs (figure 3). Elles se sont nettement accrues en 2021 et continuent de progresser en 2022 : en deux ans, le nombre de nouvelles sociétés augmentent de 89 % dans la finance et l’assurance et de 68 % dans les activités immobilières. Ces secteurs rassemblent en 2022 le quart des créations de sociétés.

En dix ans, les créations d’entreprises dans les activités financières et d’assurance augmentent en moyenne davantage sur Nancy que dans l’ensemble des métropoles (+10,9 % contre +8,5 %). L’évolution dans les activités immobilières est quant à elle deux fois plus rapide dans l’intercommunalité de Nancy (20,3 % contre 10,1 %).

Dans la finance et l’assurance, les nouvelles sociétés sont principalement des holdings et des sociétés de gestion de fond pour compte de tiers. Dans l’immobilier, la location de terrains et d’autres biens immobiliers (incluant les mises en location-gérance de fonds de commerce) regroupe à elle seule la moitié des créations de sociétés dans ce secteur.

En 2022, les activités de commerce représentent 12,4 % des nouvelles immatriculations dans le Grand Nancy. Depuis 2012, elles s’accroissent à un rythme annuel moyen modéré, en deçà de celui des métropoles non parisiennes (2,0 % contre 2,6 %).

Ce phénomène provient des créations d’entreprises individuelles classiques en fort repli depuis 2020. Après un recul de plus d’un tiers entre 2020 et 2021, elles sont réduites de moitié entre 2021 et 2022, en raison d’un fort reflux des immatriculations dans la vente à domicile. Cette activité qui avait progressé en 2020 du fait de la crise sanitaire est depuis en perte de vitesse : 110 créations d’entreprises individuelles classiques en 2021 et moins de la moitié en 2022. Les créations sous le régime de micro-entrepreneur diminuent quant à elles dans des proportions moindres (-6,2 % entre 2021 et 2022) et restent majoritaires dans le secteur ; on en compte 260, soit quasiment trois nouvelles entreprises commerciales sur cinq. Avec 130 nouvelles entités commerciales en 2022, les créations de sociétés sont stables, et représentent 13,7 % des nouvelles sociétés.

Les activités spécialisées, scientifiques et techniques continuent de se développer, avec 90 créations de plus en 2022 qu’en 2021, la plus forte hausse en proportion de tous les secteurs. Cependant, sur les dix dernières années, le rythme annuel des créations est encore plus élevé dans l’ensemble des métropoles que dans la métropole nancéienne (9,8 % contre 8,2 %). En 2022, une nouvelle entreprise sur six exerce dans ces activités, contre près d’une sur cinq en moyenne dans les métropoles de province. Dans le Grand Nancy, le nombre de nouvelles sociétés bondit de moitié entre 2021 et 2022 dans ce secteur. Une sur trois l’est dans le conseil pour les affaires et autres conseils de gestion.

Ces activités, avec celles de la finance, de l’immobilier et du commerce constituent les quatre secteurs comptant le plus de sociétés. Ils regroupent 55 % des 950 nouvelles sociétés.

Les activités spécialisées sont également les plus prisées par les micro-entrepreneurs : un sur cinq crée son entreprise dans ce domaine. Comme pour les sociétés, on retrouve en premier lieu le conseil en gestion, suivi par le conseil en relation publique (respectivement 37 % et 22 % des créations). Ce sont des activités en plein essor : depuis 2016, les nouveaux micro-entrepreneurs y ont triplé.

En 2022, comme au plan national, les créations dans les activités de transport reculent significativement pour la première fois en dix ans dans le Grand Nancy : elles sont divisées par deux entre 2021 et 2022. Sur la période 2012-2022, elles progressent cependant de 30 % par an. En 2022, les créations se font essentiellement sous le régime de micro-entrepreneur dans les « autres activités de postes et de courrier » (86 %), qui comprennent en particulier les livreurs à domicile. Dans les autres activités de transports, les immatriculations se font principalement sous forme de sociétés, notamment dans les transports routiers et de voyageurs, et représentent environ neuf créations de sociétés de transport sur dix.

Dans le domaine de la santé humaine et de l’action sociale, les créations d’entreprises redémarrent avec des hausses respectives de 26 % entre 2020 et 2021 et de 16 % entre 2021 et 2022. En effet, les créations avaient marqué le pas en 2020, du fait de la période de crise sanitaire.

Ces activités sont très présentes dans la métropole nancéienne : elles représentent plus d’une création d’entreprises sur dix, près de deux fois plus que dans les métropoles de province. Leur progression depuis 2012 y est en outre plus forte qu’ailleurs.

L’entrepreneuriat dans le domaine de la santé se développe particulièrement, grâce aux entreprises classiques. Les professionnels de santé (médecins, chirurgiens-dentistes, infirmiers, etc.) concentrent les trois quarts des nouvelles entreprises du secteur. En dix ans, ces créations ont presque doublé passant de 160 à 310. Dans le cadre des activités de santé réglementées, les créations d’entreprises ne sont autorisées que sous forme d’entreprises individuelles classiques ou de sociétés.

En 2022, dans le Grand Nancy, hors micro-entrepreneurs, près de 90 entreprises emploient au moins un salarié à leur création. Les nouvelles entreprises employeuses sont essentiellement des sociétés (neuf sur dix). Parmi les 200 postes qui y sont créés, 180 le sont dans des sociétés et le reste dans des entreprises individuelles classiques.

La proportion d’entreprises employeuses à la création est plus élevée dans la métropole nancéienne que dans les grandes métropoles françaises (6,2 % contre 4,3 %) (figure 4). Elles sont particulièrement présentes dans la construction, l’industrie et l’hébergement-restauration (respectivement 17 %, 16 % et 15 %).

En moyenne, les entreprises classiques emploient 2,3 salariés à leur création, très légèrement plus que dans les autres métropoles. Les entreprises du commerce et des activités de soutien aux entreprises embauchent davantage (respectivement 3,7 et 3,4 emplois) : ces deux secteurs totalisent près de la moitié de l’emploi total. À l’inverse, contrairement aux autres métropoles, les entreprises des transports ne recrutent aucun salarié à leur création en 2022.

La proportion de jeunes créateurs d’entreprises individuelles est plus forte dans le Grand Nancy. En 2022, les moins de 30 ans réalisent 48 % des créations dans le Grand Nancy, davantage que dans les métropoles françaises (45 %), et qu’à Strasbourg ou Metz (46 % et 42 %).

Les jeunes créent le plus souvent leur entreprise dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (280 créations), en premier lieu dans les conseils en relation publique ou pour les affaires.

Les créations dans le transport, en chute parmi les jeunes en 2022, sont néanmoins en deuxième position avec 230 nouvelles immatriculations, dont 85 % par des hommes. Enfin, plus de 200 entreprises sont créées par des jeunes dans le secteur de la santé et de l’action sociale.

En 2022, 44 % des entreprises individuelles de la métropole du Grand Nancy sont créées par des femmes, le taux le plus élevé depuis 2015, et proche de celui du Grand Est et de l’ensemble des métropoles (43 %). Dans l’intercommunalité de Nancy, quatre créatrices sur cinq optent pour le régime de micro-entrepreneur.

Avec près de 80 % des créations, les femmes sont plus présentes dans les services personnels (coiffure, soin de beauté, autres services). C’est aussi le cas dans les activités de la santé humaine et de l’action sociale (deux créations sur trois), notamment parmi les médecins, spécialistes comme généralistes. La santé et l’action sociale regroupent une créatrice d’entreprise sur cinq.

Les activités spécialisées, scientifiques et techniques (activité de conseils et de design notamment) attirent également 20 % des créatrices. Ces femmes s’orientent essentiellement vers le régime de micro-entrepreneur (94 %). À l’inverse, seules 1,4 % des entreprises individuelles sont créées par des femmes dans la construction et 13,2 % dans les transports.

Dans l’ensemble, les jeunes femmes créent 21 % des entreprises individuelles dans le Grand Nancy, comme à Strasbourg, soit une proportion plus élevée qu’au niveau national (18 %) et que dans les autres grandes métropoles de la région telles que Metz ou Reims (19 % et 18 %).