Insee
Insee Focus · Février 2023 · n° 290
Insee FocusDes prix de vente de l’électricité aux clients professionnels attendus en forte hausse en 2023

Olivier Dunand, Jean-Charles Faucheux, Bruno Lutinier, Clément Passerieux, Nicolas Studer (Insee)

Les prix des matières premières et de l’énergie ont vivement augmenté en Europe occidentale depuis fin 2021. Fin décembre 2022, les fournisseurs d’électricité estiment que les prix de vente de l’électricité aux clients professionnels devraient augmenter de 84 % en 2023 (en moyenne annuelle par rapport à 2022), avant prise en compte de mesures telles que l'« amortisseur électricité », le « guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité » ou le « plafonnement pour les très petites entreprises ». Cette hausse varierait selon les secteurs d’activité des clients et selon la puissance d’alimentation souscrite.

Insee Focus
No 290
Paru le :Paru le01/02/2023

Dans cette étude, l’évolution des prix de l’électricité vendue aux clients professionnels au cours de l’année 2022 est analysée à partir de celle des indices de prix à la production afférents. En ce qui concerne l’année 2023, elle est estimée à partir des réponses des fournisseurs d’électricité à une enquête spécifique qui leur a été adressée en décembre 2022.

Les prix de l’électricité payés par les clients professionnels ont beaucoup augmenté en 2022

En 2021, la reprise économique à la suite de la pandémie de Covid-19 entraîne un fort accroissement de la demande de matières premières et d’énergie, notamment d’électricité, et a donc enchéri leur cours. Dans le même temps, la mise à l’arrêt de réacteurs nucléaires (16 sur 56 étaient à l’arrêt en décembre 2021) et les tensions autour du gazoduc Nord Stream 2 ont conduit à une baisse de l’offre d’électricité, notamment en France. Les cours des (aussi appelés spot) et des ont en conséquence connu une forte hausse tout au long du deuxième semestre 2021.

Les clients ne relevant pas du tarif réglementé négocient habituellement les conditions de leur contrat avec leur fournisseur d’électricité pour une année civile entière, parfois pour deux ou trois années. Les contrats peuvent prévoir des prix fixes, une modulation saisonnière et/ou des clauses d’indexation sur le marché au comptant. Ainsi, l’évolution des montants des factures dépend surtout des évolutions des marchés à terme de l’année précédente pour les prix fixes et des évolutions du marché au comptant du moment pour les parties variables indexées sur celui-ci.

Pour limiter l’impact des hausses enregistrées depuis mi-2021 sur les marchés à terme et au comptant sur les factures d’électricité des consommateurs, le gouvernement a mis en place en février 2022 un bouclier tarifaire qui limite la hausse des tarifs réglementés de l’électricité à un maximum de 4 % TTC en 2022 (encadré 1). En 2022, un tiers des sites professionnels ayant souscrit un contrat de puissance inférieur à 36 kVA () bénéficie ainsi du tarif réglementé de vente.

Fin février 2022, le début de la guerre en Ukraine a entraîné une nouvelle hausse des marchés au comptant (+ 488,7 % pour l’électricité vendue en gros sur le marché au comptant EPEX – Bourse d’électricité européenne au comptant – en mars 2022 en glissement annuel) et à terme de l’électricité. Par suite, la facture des clients professionnels a fortement augmenté (+ 27,1 % en mars 2022 en glissement annuel) (figure 1), même si celle-ci reste très contenue pour ceux ayant un contrat (C5) car une partie bénéficie du tarif réglementé (figure 2).

Figure 1 – Évolution des prix de l’électricité entre fin 2018 et fin 2022 selon le segment et le marché

glissement annuel, en %
Figure 1 – Évolution des prix de l’électricité entre fin 2018 et fin 2022 selon le segment et le marché (glissement annuel, en %) - Lecture : en avril 2021, l’électricité vendue en gros au prix au comptant EPEX a augmenté de 395,9 % par rapport à avril 2020.
Années Clients professionnels, tous segments Clients professionnels, segments C1-C4 Clients professionnels, segment C5 Électricité vendue en gros sur les marchés au comptant et à terme Électricité vendue en gros au prix au comptant EPEX
2018-10 3,4 4,4 1,1 33,2 33,7
2018-11 3,0 3,7 0,9 11,4 5,2
2018-12 4,3 4,9 2,6 5,9 -3,6
2019-01 6,3 7,4 2,9 51,1 78,7
2019-02 10,6 12,0 5,0 10,3 -8,0
2019-03 12,5 15,3 3,0 -7,1 -31,7
2019-04 12,4 14,7 5,7 18,4 13,3
2019-05 5,0 6,3 2,7 17,7 6,9
2019-06 6,5 7,3 6,3 -7,3 -31,6
2019-07 7,6 9,0 6,5 -12,6 -27,4
2019-08 8,6 9,0 10,0 -24,2 -43,9
2019-09 8,5 9,6 8,5 -25,7 -42,9
2019-10 9,8 10,2 10,4 -27,5 -41,4
2019-11 11,7 12,9 9,2 -21,8 -31,5
2019-12 12,0 13,7 6,8 -20,7 -33,0
2020-01 12,5 13,7 8,0 -27,8 -37,2
2020-02 6,6 6,2 7,8 -25,5 -43,0
2020-03 2,8 1,3 8,9 -12,8 -29,4
2020-04 3,9 2,2 10,0 -30,6 -66,6
2020-05 6,0 3,6 12,9 -30,1 -59,5
2020-06 3,9 1,5 9,8 -11,7 -13,7
2020-07 1,9 0,1 6,4 -13,6 -11,9
2020-08 1,4 1,2 1,3 -5,3 11,1
2020-09 1,5 1,0 2,0 1,3 34,6
2020-10 0,7 -0,3 2,9 -3,2 -1,2
2020-11 -1,4 -3,6 5,3 -10,7 -13,5
2020-12 2,4 1,7 4,8 6,3 33,7
2021-01 2,8 2,2 4,5 9,6 57,2
2021-02 4,6 4,8 3,1 20,3 88,9
2021-03 5,4 5,6 4,2 20,3 110,3
2021-04 5,2 5,9 2,9 56,4 395,9
2021-05 4,9 6,6 1,0 53,1 254,5
2021-06 3,5 5,5 0,2 53,6 193,5
2021-07 5,4 7,3 1,9 59,1 137,5
2021-08 3,0 3,4 3,8 55,6 109,1
2021-09 2,7 3,1 3,3 77,5 186,4
2021-10 3,1 3,9 2,7 135,8 357,9
2021-11 4,0 5,1 1,4 186,7 456,8
2021-12 10,5 12,5 2,8 209,5 483,4
2022-01 15,5 18,3 3,8 321,2 252,2
2022-02 15,5 20,2 -4,8 307,1 265,5
2022-03 27,1 32,3 5,5 323,1 488,7
2022-04 21,8 24,9 9,9 284,0 280,2
2022-05 15,3 17,3 8,5 255,7 266,8
2022-06 7,8 8,8 5,0 236,0 238,3
2022-07 10,3 13,1 2,1 287,3 424,0
2022-08 16,4 20,2 5,1 352,3 563,9
2022-09 12,7 16,2 2,5 263,3 190,6
2022-10 10,6 12,7 4,2 159,7 0,3
2022-11 14,2 16,8 5,2 126,9 -13,5
2022-12 21,7 23,7 13,4 126,9 -5,5
  • Notes :
    - les évolutions observées en février 2022 sont dues à la prise en compte de la baisse de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) ;
    - évolutions de prix toutes taxes comprises hors TVA ; bouclier tarifaire inclus (baisse de la TICFE + répercussion de la hausse du quota d’ARENH sur les factures), hors guichet d’aide au paiement des factures ;
    - le segment C1 correspond à la puissance d'alimentation la plus élevée et le segment C5 à la plus basse.
  • Lecture : en avril 2021, l’électricité vendue en gros au prix au comptant EPEX a augmenté de 395,9 % par rapport à avril 2020.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, indices de prix à la production.

Figure 1 – Évolution des prix de l’électricité entre fin 2018 et fin 2022 selon le segment et le marché

  • Notes :
    - les évolutions observées en février 2022 sont dues à la prise en compte de la baisse de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) ;
    - évolutions de prix toutes taxes comprises hors TVA ; bouclier tarifaire inclus (baisse de la TICFE + répercussion de la hausse du quota d’ARENH sur les factures), hors guichet d’aide au paiement des factures ;
    - le segment C1 correspond à la puissance d'alimentation la plus élevée et le segment C5 à la plus basse.
  • Lecture : en avril 2021, l’électricité vendue en gros au prix au comptant EPEX a augmenté de 395,9 % par rapport à avril 2020.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, indices de prix à la production.

Figure 2 – Répartition de la consommation des clients professionnels par segment

Figure 2 – Répartition de la consommation des clients professionnels par segment - Lecture : 40 % des volumes consommés par les clients professionnels le sont avec des contrats de puissance C1.
Segments Tension Puissance d'alimentation souscrite
(en kiloVoltAmpères)
Part dans la consommation en 2022
(en %)
C1 Haute > 250 kVA 40
C2-C3 Haute > 250 kVA 25
C4 Basse 36 kVA – 250 kVA 18
C5 Basse <=36 kVA 17
  • Lecture : 40 % des volumes consommés par les clients professionnels le sont avec des contrats de puissance C1.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

La répercussion des effets bénéfiques de l’augmentation du quota d’, mesure mise en place par le gouvernement pour élargir l’accès des fournisseurs alternatifs, à un prix régulé, à l’électricité produite par les centrales nucléaires historiques d’EDF, s’est faite majoritairement sous forme de remboursement sur les factures des clients professionnels. Ces remboursements s’étalent sur toute l’année 2022, limitant ainsi la hausse des montants des factures tout au long de l’été 2022.

À la fin de l’été 2022, la moitié du parc nucléaire français était à l’arrêt et les prévisions de remise en service pour l’hiver 2022/2023 étaient pessimistes, les livraisons de gaz russe s’amenuisaient et entraînaient des craintes sur l’approvisionnement pour la fin de l’année. Ces tensions ont provoqué un fort rebond des prix au comptant de l’électricité à un niveau inédit (+ 563,9 % pour l’électricité vendue en gros sur le marché au comptant EPEX en août 2022 en glissement annuel) et donc des prix facturés aux clients professionnels (+ 16,4 % en août 2022 en glissement annuel).

Les cours des marchés de gros ont ensuite chuté jusqu’en octobre 2022 tout en restant à un niveau élevé, à la faveur notamment des températures clémentes observées en France. À partir de novembre 2022, les prix au comptant retrouvent leur niveau de 2021 mais les prix sur les marchés au comptant et à terme restent plus de deux fois supérieurs (+ 126,9 %) à ceux enregistrés un an auparavant, en raison des prix élevés des contrats à terme souscrits à l’été. Au final, les prix de l’électricité vendue en décembre 2022 aux clients professionnels étaient supérieurs de 21,7 % à ceux de décembre 2021.

En 2023, l’augmentation des prix de l’électricité atteindrait 92 % dans l’industrie et l’agriculture (hors mesures gouvernementales)

Selon les prévisions des fournisseurs d’électricité fin décembre 2022, estimées à partir des réponses à une enquête spécifique (sources), les prix de vente de l’électricité fournie aux clients professionnels devraient augmenter de 84 % en 2023 en moyenne annuelle (figure 3), hors mesures « amortisseur électricité », « guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité » et « plafonnement pour les très petites entreprises – TPE » (encadré 2), et en l’absence de nouvelles mesures qui seraient prises dans le courant de l’année ou de gestes commerciaux (« rabais ») de la part des fournisseurs et/ou de renégociations. En comparaison, la hausse aura été de 21 % en 2022 selon les mêmes fournisseurs. La hausse serait plus élevée dans l’industrie-agriculture (+ 92 % en 2023) que dans les secteurs marchands tertiaires (+ 77 %) et non marchands (+ 66 %). En 2022, c’est déjà dans l’industrie et l’agriculture que la hausse des prix a été la plus forte (+ 30 %), suivie du secteur non marchand (+ 26 %) et du secteur marchand tertiaire (+ 11 %). Les prix de vente par les entreprises du secteur marchand tertiaire et les organismes du secteur non marchand sont proches (figure 4).

Figure 3 – Évolution des prix moyens de l'électricité selon les clients et le secteur d'activité

en %
Figure 3 – Évolution des prix moyens de l'électricité selon les clients et le secteur d'activité (en %) - Lecture : le prix moyen de l'électricité augmenterait de 81 % entre 2022 et 2023 pour le segment C4 du secteur marchand tertiaire.
Segments Secteurs marchands de l’agriculture et de l’industrie Secteurs marchands tertiaires Secteur non marchand Ensemble
Entre 2021 et 2022
C1* 44 37 s 43
C2-C3 26 15 31 22
C4 17 11 19 14
C5 7 5 15 7
Ensemble 30 11 26 21
Entre 2022 et 2023
C1* 96 168 s 101
C2-C3 96 114 110 105
C4 84 81 72 80
C5 46 38 30 38
Ensemble 92 77 66 84
  • Notes :
    - le segment C1 correspond à la puissance d'alimentation la plus élevée et le segment C5 à la plus basse ;
    - les données sont provisoires pour 2022 et prévisionnelles pour l'année 2023.
  • s : données couvertes par le secret statistique.
  • * : hors coût d'acheminement.
  • Lecture : le prix moyen de l'électricité augmenterait de 81 % entre 2022 et 2023 pour le segment C4 du secteur marchand tertiaire.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

Figure 4 – Évolution des prix moyens du MWh d'électricité par secteur d'activité entre 2021 et 2023

en euros
Figure 4 – Évolution des prix moyens du MWh d'électricité par secteur d'activité entre 2021 et 2023 (en euros) - Lecture : le prix moyen de l'électricité vendue au secteur non marchand serait de 249 euros en 2023.
Secteurs d'activité 2021 2022 2023
Secteurs marchands de l’agriculture et de l’industrie 80 104 199
Secteurs marchands tertiaires 130 144 256
Secteur non marchand 119 150 249
Ensemble 101 122 225
  • Note : les données sont provisoires pour 2022 et prévisionnelles pour l'année 2023.
  • Lecture : le prix moyen de l'électricité vendue au secteur non marchand serait de 249 euros en 2023.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

Figure 4 – Évolution des prix moyens du MWh d'électricité par secteur d'activité entre 2021 et 2023

  • Note : les données sont provisoires pour 2022 et prévisionnelles pour l'année 2023.
  • Lecture : le prix moyen de l'électricité vendue au secteur non marchand serait de 249 euros en 2023.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

Toujours sans tenir compte des mesures gouvernementales postérieures à l'enquête, les prix de l’électricité devraient doubler en 2023 en moyenne annuelle pour les grandes entreprises qui disposent d’un contrat haute tension ou , les prix de ces segments étant davantage soumis aux prix de marché au comptant que ceux des autres segments. La hausse serait de 80 % pour les clients ayant contracté pour une puissance élevée de basse tension () et de 38 % pour ceux ayant un contrat d’une plus faible puissance (C5). En 2022, les prix avaient augmenté de 43 %, 22 %, 14 % et 7 % respectivement pour les segments C1, C2-C3, C4 et C5. Les prix du C4 deviendraient les plus élevés en 2023, supplantant ceux du C5, qui relèvent pour partie du tarif réglementé (figure 5).

Figure 5 – Évolution des prix moyens du MWh d'électricité par segment de puissance d'alimentation entre 2021 et 2023

en euros
Figure 5 – Évolution des prix moyens du MWh d'électricité par segment de puissance d'alimentation entre 2021 et 2023 (en euros) - Lecture : le prix moyen de l'électricité vendue aux clients ayant souscrit un contrat du segment C4 est de 141 euros du MWh en 2021.
Segments 2021 2022 2023
C1 (hors coût d'acheminement) 61 87 174
C2-C3 96 117 239
C4 141 161 289
C5 159 170 235
Ensemble 101 122 225
  • Notes :
    - le segment C1 correspond à la puissance d'alimentation la plus élevée et le segment C5 à la plus basse ;
    - les données sont provisoires pour 2022 et prévisionnelles pour l'année 2023.
  • Lecture : le prix moyen de l'électricité vendue aux clients ayant souscrit un contrat du segment C4 est de 141 euros du MWh en 2021.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

Figure 5 – Évolution des prix moyens du MWh d'électricité par segment de puissance d'alimentation entre 2021 et 2023

  • Notes :
    - le segment C1 correspond à la puissance d'alimentation la plus élevée et le segment C5 à la plus basse ;
    - les données sont provisoires pour 2022 et prévisionnelles pour l'année 2023.
  • Lecture : le prix moyen de l'électricité vendue aux clients ayant souscrit un contrat du segment C4 est de 141 euros du MWh en 2021.
  • Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
  • Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

Encadré 1 – Les boucliers tarifaires mis en œuvre en 2022 et 2023

En 2022, le bouclier tarifaire se compose de deux mesures pour permettre de limiter la hausse des Tarifs réglementés de vente (TRV) à 4 % TTC :

  • une baisse de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) à la limite des minima fixés par la directive sur la taxation de l’énergie, soit 0,5 euro le mégawatt-heures (MWh) pour les professionnels et 1 euro le MWh pour les particuliers, contre 22,5 euros le MWh en 2021 ;
  • une hausse exceptionnelle du plafond de l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH). Le plafond réglementaire de l’ARENH vendu par EDF aux fournisseurs alternatifs est de 100 térawatt-heures (TWh) au prix de 42 euros le MWh. Pour l’année 2022, le gouvernement a décidé d’ajouter 20 TWh à ce plafond au prix de 46,5 euros le MWh. Cela limite la part d’électricité que les fournisseurs alternatifs doivent acheter sur les marchés de gros à un prix alors beaucoup plus élevé.

En 2023, la hausse des TRV est limitée à 15 %. La réduction de la TICFE est prolongée jusqu’au 31 janvier 2024. En revanche, la hausse du plafond réglementaire de l’ARENH n’est pas renouvelée.

Les TRV sont accessibles à tous les ménages et aux clients professionnels ayant souscrit à un contrat de puissance inférieur à 36 kVA (segment C5), ayant moins de 10 salariés et un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros.

Encadré 2 – Les mesures prises pour atténuer la hausse des prix en 2023

Ouvrir dans un nouvel ongletAmortisseur électricité

À partir du 1er janvier 2023, le gouvernement a décidé de mettre en place « l’amortisseur électricité ». Il est destiné aux très petites entreprises, aux petites et moyennes entreprises (TPE/PME) et aux collectivités territoriales qui ne sont pas éligibles aux Tarifs réglementés de vente (TRV).

Pour la moitié des volumes consommés, le prix de l’électricité hors coût d’acheminement et hors taxes est ramené à 180 euros le MWh s’il est supérieur, dans la limite d’une réduction de 320 euros le MWh et d’un plafond de prise en charge annuelle de 2 millions d’euros.

Ouvrir dans un nouvel ongletGuichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité

Les entreprises pour lesquelles le prix de l’électricité a augmenté de plus de 50 % en 2022 par rapport à 2021 et dont les dépenses d’énergie représentent plus de 3 % de leur chiffre d’affaires 2021 peuvent bénéficier d’une aide au paiement de la facture d’électricité allant jusqu’à 4 millions d’euros.

Pour les entreprises qui présentent des dépenses d’énergie plus importantes, une aide renforcée peut être mobilisée pour un montant maximal de 50 millions d’euros, et jusqu’à 150 millions d’euros pour les secteurs exposés à un risque de « fuite de carbone », soit un risque de délocalisation vers des pays à réglementation moins stricte en matière d’émissions de gaz à effet de serre.

Ouvrir dans un nouvel ongletPlafonnement pour les TPE

Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a annoncé le 6 janvier 2023 que les fournisseurs d’électricité avaient accepté de garantir aux TPE qu’elles ne paieraient pas plus de 280 euros par MWh en moyenne en 2023.

Encadré 3 – La hausse des prix de l’électricité devrait être relativement limitée pour les ménages

Selon les prévisions des fournisseurs d’électricité fin décembre 2022, la hausse des prix de l’électricité fournie au secteur résidentiel serait limitée à 16 % en 2023 en moyenne annuelle en raison du bouclier tarifaire qui limite la hausse des TRV à 15 % TTC et sous l’hypothèse que de nouvelles mesures ne seront pas prises dans le courant de l’année ; la hausse avait été de 5 % en 2022. Les ménages bénéficient d’un marché davantage protégé que les clients professionnels.

Publication rédigée par :Olivier Dunand, Jean-Charles Faucheux, Bruno Lutinier, Clément Passerieux, Nicolas Studer (Insee)

Sources

L’enquête « Observation des prix de l’industrie et des services (Opise) » réalisée par l’Insee permet de calculer des indices mensuels de prix de production de l’industrie afin de mesurer l’évolution des prix de la production des biens et services liés à une activité industrielle et de services déterminée.

L’Insee a conçu « l’Ouvrir dans un nouvel ongletenquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023 » en novembre 2022 et la collecte auprès des fournisseurs d’électricité a commencé le 12 décembre 2022. Ceux-ci devaient déclarer pour 2021, 2022 et 2023 les prix moyens et les volumes d’électricité livrés selon les secteurs (résidentiels, marchands de l’agriculture et de l’industrie, marchands tertiaires et non marchands) et selon les segments de puissance (C1, C2-C3, C4 et C5). Les données de 2022 sont provisoires et celles de 2023 sont prévisionnelles selon le contexte connu à la fin de l’année 2022. Elles sont toutes taxes comprises hors TVA et hors coût d’acheminement pour le segment C1. Les prix relevés sont avant la prise en compte de l'« amortisseur électricité », du « guichet d’aide au paiement des factures » et de mesures nouvelles non arrêtées à la date de démarrage de la collecte.

Un travail de comparaison entre les deux sources a été effectué et a permis de conclure qu’on aboutissait avec ces deux opérations à des évolutions annuelles des prix de l’électricité comparables entre 2021 et 2022.

Définitions

Un marché au comptant est un marché pour une livraison instantanée, en pratique dans le cas de l’électricité généralement le lendemain.

Un marché à terme est un marché dont le dénouement des opérations d’achat ou de vente est différé dans le temps.

Le segment C5 concerne les sites alimentés en basse tension avec une puissance souscrite inférieure ou égale à 36 kVA.

L’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) permet aux fournisseurs d’accéder à l’électricité produite par les centrales nucléaires historiques d’EDF à un prix régulé (42 euros le mégawatt-heure depuis le 1er janvier 2012). Jusqu’en 2021, les volumes d’ARENH souscrits par les fournisseurs alternatifs ne peuvent excéder 100 térawatt-heures sur une année, soit environ 25 % de la production du parc nucléaire.

Le segment C1 concerne les très grands sites qui peuvent disposer, en plus de leur contrat avec un fournisseur d’électricité, d’un contrat d'accès au réseau public de distribution d’électricité (CARD) ou d’un contrat d’accès au réseau public de transport d’électricité (CART) avec le gestionnaire de réseau de transport ou de distribution. Ces sites sont alimentés en haute tension avec une puissance souscrite supérieure à 250 kiloVoltAmpères (kVA).

Les segments C2-C3 concernent les sites alimentés en haute tension avec une puissance souscrite supérieure à 250 kVA.

Le segment C4 concerne les sites alimentés en basse tension avec une puissance souscrite comprise entre 36 kVA et 250 kVA.

Pour en savoir plus

Cornuet F., « Entre janvier 2021 et juin 2022, la hausse des prix de l’énergie a entraîné une perte de pouvoir d’achat, malgré la mise en oeuvre des mesures exceptionnelles », Insee Analyses n° 78, décembre 2022.

Vuillemin T., « La facture énergétique augmente de 46 % dans l’industrie en 2021 », Insee Première n° 1933, décembre 2022.

Note de conjoncture, Insee, décembre 2022.

Meilhac C., « Ouvrir dans un nouvel ongletPrix du gaz et de l’électricité au premier semestre 2022 », Derniers Résultats, SDES, octobre 2022.

Bourgeois A., Lafrogne-Joussier R., « La flambée des prix de l’énergie : un effet sur l’inflation réduit de moitié par le « bouclier tarifaire » », Insee Analyses n° 75, septembre 2022.